JÉRÉMY PEGLION / FONDATEUR QI BASKET
Il est bien évidemment trop tôt pour pronostiquer quoi que ce soit. Et il est très certainement même tôt pour se pencher pleinement sur ce type de sujets. Toutefois, il faut bien le dire, de nombreuses équipes vont arriver au bout d’un cycle cet été, et des choix seront à faire. Des choix, et aussi des prières, parce que la compétition pour signer de nouveaux joueurs sera rude.
Cet été fut plein de rebondissements, entre arrivées et départs chocs, la ligue a été redessinée dans ses grandes largeurs. Pourtant, à posteriori, le marché ne semblait rien comparé aux potentiels mouvements que nous pourrions avoir cet été. La liste de noms clinquants sera légion, et si l’avenir de certains semble indéfectible de leur franchise actuelle, difficile d’être pleinement serein du côté des General Managers, probablement encore choqués des départs de Kevin Durant, Dwyane Wade, ou Al Horford.
Dans les joueurs disponibles cet été, l’un d’entre eux retient toutefois particulièrement notre attention, c’est Chris Paul. Considéré comme l’un, si ce n’est le meilleur meneur en NBA sur la décennie en cours, il n’en a pour autant toujours pas reçu les lauriers sur le plan collectif. Toutefois, l’horloge tourne pour le natif de Caroline du Nord, désormais âgé de 31 ans. En dépit d’une santé solide, qui laisse supposer qu’il est encore dans ses belles années, il sait qu’il ne lui reste plus très longtemps pour s’imposer en tant que leader, et les Clippers, aussi bons soient-ils en saison régulière, peinent à s’imposer quand viennent les joutes de post-saison. Dans une franchise qui plafonne, et n’a jamais su développer une culture de la gagne, Paul pourrait bientôt se poser des questions.
Des questions qui seront forcément alimentées par la situation contractuelle de la franchise. En effet, avec CP3 et Blake Griffin en fin de contrat, difficile d’imaginer le meneur rester si son compère venait à partir. Du coup, un monde où Paul est un Clippers en 2017-2018, s’accompagne d’une prolongation aux côtés de l’ailier fort, ce qui signifie aussi une hausse d’une masse salariale déjà saturée.
Or si les Clippers sont bien capables d’étriller le reste de la ligue durant la saison régulière, l’effectif semble en l’état un peu faible pour en faire un prétendant du calibre des Warriors et des Cavs. Et c’est là que le bas blesse. Si Griffin a encore de la marge, CP3 en possède beaucoup moins, et c’est sans l’ombre d’un doute qu’on imagine, qu’il se penchera sur le projet d’autres franchises.
A ce propos, et même si, on le répète il est évidemment trop tôt pour faire une quelconque prévision, quelles franchises (autres que les LAC) en l’état pourraient l’intéresser ?
1 – San Antonio, of course !
On le sait, San Antonio est une destination de rêve pour tout agent libre qui souhaite jouer le titre, tous les ans. Malgré la perte récente de Tim Duncan, les Spurs démontrent en ce début de saison qu’il faudra encore compter sur eux pour les Playoffs. Pour Chris Paul, jouer aux côtés de Kawhi Leonard et LaMarcus Aldrige, est forcément alléchant, au point de créer un nouveau Big Three, aux qualités effrayantes. Une arrivée qui tomberait à pic, d’une part en raison du déclin de Tony Parker, qui devient trop léger pour affronter un poste hyper-compétitif soirs après soirs. D’autre part, parce que l’actuel meneur des Clippers est un féroce défenseur, dans une équipe déjà très solide de ce côté du terrain. De plus compte tenu du QI basket du garçon, difficile de ne pas baver à l’idée de l’utilisation que pourrait en avoir Gregg Popovich. Une affaire à suivre, pour sûr.
Ombre au tableau, la signature de Pau Gasol, disposant d’une option sur sa seconde année de contrat, d’un montant de 16M. L’Espagnol pourrait fermer la porte à cette association en quelques secondes.
2 – Indiana Pacers
La franchise de Paul George est l’une des grosses côtes de l’est, pourtant, elle n’a pas encore utilisée une part importante de son cap salarial. Avec beaucoup de talents, et beaucoup de jeunesse, elle pourrait être un choix intéressant pour Chris Paul. Toutefois, avant de rêver à ce genre d’associations, Larry Bird va devoir prier pour une bonne saison de ses ouailles, qui réalisent à l’heure actuelle un départ poussif.
Si la franchise arrive à se racheter des intentions défensives, et trouver un arrière à même de cohabiter avec un meneur de jeu (oui, Monta Ellis doit être 6eme homme… ou partir), alors elle pourrait afficher un effectif très compétitif, capable de tenter un joueur en quête du titre à court, ou moyen termes.
3 – Utah Jazz
On parle rarement du Jazz comme d’une destination de rêve. Il faut bien le dire, la franchise n’est pas la plus sexy de la ligue. Néanmoins, le groupe mis en place sous la houlette de l’excellent Quinn Snyder au coaching, possède de vraies qualités. Une défense de fer, et de nombreux talents. Une équipe capable de jouer les Playoffs et de faire souffrir n’importe quelle équipe en imposant un duel physique, étouffant. Pourtant, on ne peut nier le manque de talent offensif, et certains soucis lorsqu’il s’agit de trouver un tir ouvert. Dans une équipe pareille, Paul pourrait utiliser sa formidable vision de jeu, sa maîtrise du tempo pour donner de la constance à l’attaque du Jazz. Dans le même temps, on l’imagine comme un poisson dans l’eau de l’autre côté du terrain.
La difficulté résidera tout de même dans la gestion du salary cap. Même en se débarrassant des contrats d’Alec Burks et de Boris Diaw, il sera compliqué d’absorber le contrat du meneur des Clippers, tout en prolongeant Gordon Hayward, Derrick Favors & une flopée de role player. Un défi qui n’est néanmoins pas impossible, si la franchise est prête à payer la luxury tax !
4 – Atlanta Hawks
Les Hawks semblent très bien s’adapter au remplacement d’Al Horford par Dwight Howard. L’avènement de Dennis Schröeder à la mène, à tout l’air également de fonctionner sans accrocs. Aussi, si l’on imagine que la priorité de l’été sera de conserver Paul Millsap, Atlanta possèdera toujours de l’argent à dépenser. En cas de bonne saison, sera-t-elle prête à prendre le risque de pousser son jeune meneur, tout juste prolonger, vers la sortie, pour laisser la place à CP3 ? Rien n’est moins sûr, mais vu les qualités équilibrées de l’effectif, et l’excellente gestion du groupe par Mike Buldenhozer, la franchise de Géorgie aura de quoi attirer des agents libres.
Notamment Chris Paul, qui pourrait former un quatuor détonnant avec Bazemore, Millsap et Howard.
5 – Chicago Bulls, paris risqué !
Le choix de ramener Rajon Rondo & Dwyane Wade dans une équipe qui manquait déjà de spacing en attaque, a posé de nombreuses questions sur la direction prise par la mythique franchise de Chi-Town. Pourtant, ce choix, risqué en apparence, a été géré avec précaution par le staff, se donnant la possibilité de repartir de zéro dès l’année suivante. Aussi, en cas de bonne saison, Paul pourrait très bien s’engager aisément à Chicago, et partir pour une saison aux côtés de Wade, Butler et Robin Lopez.
Une équipe qui ne serait pas en manque de talent, des deux côtés du terrain. Néanmoins, cela ne semble pas l’option la plus solide pour Chris Paul, surtout qu’il s’engagerait dans une équipe programmer sur du très court terme.
Bonus – New-York Knicks
Les Knicks, c’est la franchise de tous les fantasmes, alors on va se prendre à jouer le jeu. Déjà, parce que New-York aura de l’argent à dépenser, et qu’il n’y a rien de moins sûr que de voir Rose conservé l’an prochain. Ensuite, parce que même si l’effectif semble encore en recherche, il possède un talent fou avec Melo, Porzingis et Noah. En outre, Lee serait un parfait complément pour Chris Paul.
Alors certes le banc est faible, certes Melo n’est plus une superstar, certes les Knicks sont bons pour se planter, mais il faut bien le dire, CP3 aux Knicks, avec ce roster là, ça règle pas le problème du banc, mais ça a quand même une sacrée gueule.
Le mot de la fin.
Bref, bref, bref. Cet article n’a rien de prophétique, mais il soulève quand même quelque chose, à savoir que Paul aura du choix. Et beaucoup. Son passage à Los Angeles n’a rien d’une réussite pour l’instant, et la ligue, les fans, ne verraient probablement pas d’un trop mauvais œil un autre destination pour le prodige de Caroline du Nord. Mais avant de s’engager là dessus, observons la saison des Clippers, qui se battront pour conserver leur groupe, et réalisent par la même occasion un magnifique début de saison, avec un défense absolument fantastique.