Il y a 72h, cette preview sommeillait patiemment, attendant son heure, et puis New-York et Sam Presti entrèrent en marche.
Il y a un peu plus d’un an désormais, la foudre avait ironiquement frappée en Oklahoma. Kevin Durant, ex-MVP, leader de la franchise avait fait son choix, celui d’abandonner son équipe pour rejoindre un de ses principaux concurrents à l’Ouest – Golden State.
Le Thunder de son côté, restait dans un état de désemparement général. Alors que la franchise avait transféré Serge Ibaka contre Victor Oladipo pour se permettre financière de prolonger à long termes, celui qui, est probablement l’attaquant le plus instopable de la ligue, ils se retrouvaient complètement démunis sur les Ailes et privé de l’enfant prodige. Ni une, ni deux, la franchise tentait de prolonger ses cadres afin de sauver les meubles. Les prétentions du groupe étaient forcément revues à la baisse puisque la bataille n’était désormais plus pour s’adjuger le titre NBA, mais pour parvenir en Playoffs.
Si la saison n’a pas été parfaite, elle a en revanche était le théâtre d’un véritable show Russell Westbrook. Seul à la tête de l’équipe, l’insatiable meneur supersonique a enchainé les triples doubles et pointes au scoring. Non sans déchet, évidemment, mais quel spectacle avons-nous eu. 42 fois, il a compilé des matchs à plus de 10pts/rbds/asts. Au point de valider un triple double de moyenne avant la fin de l’exercice, rejoignant Oscar Roberson, et battant son record. A la fin, c’était une 6eme place pour le Thunder qui recevait le droit de tomber face aux Rockets de James Harden, lui aussi ancien de la franchise. OKC n’avait pas les armes et du s’incliner face à l’armada de pistolero du Texas. Pas de quoi pavoiser certes, mais la marche était trop haute pour un effectif encore décimé par le départ d’un de ses leaders.
Finalement, la fin de la saison voyait la NBA donner à RW sont premier trophée de MVP, il était désormais temps de fourbir ses armes pour un été qui s’annonçait compliqué.
1- Le roster/l’état des finances
La situation à l’orée de l’été paraissait complexe pour le Thunder. La franchise possédait des lacunes certaines et bien exploitées par ses adversaires, et ce avec une marge financière absolument misérable. Avec quelques millions de disponibles et le cas Andre Roberson sur lequel statué, il n’était pas évident d’imaginer un scénario dans lequel le Thunder sortirait meilleur que l’année précédente.
Il faut dire qu’avec les contrats de Westbrook, Oladipo (21M !), Steven Adams et Enes Kanter, les investissements étaient déjà élevés. Et cela allait très bien tant que la franchise sauvait son groupe, mais pour aller plus loin, cela devenait forcément très compliqué. Surtout que la côte d’Oladipo & Kanter n’était pas spécialement élevée, et que la paire Westbrook / Adams apparaissait comme intouchable. Pourtant, Sam Presti oblige, l’été a pris un tournant tout à fait inattendu. Alors que les rumeurs parlaient d’un Paul George à Cleveland, à Boston, voire à Houston, le Thunder a pris tout le monde de vitesse en récupérant l’ailier d’Indiana – le tout contre la modique somme de Oladipo + Sabonis. Un prix dérisoire lorsque l’on sait que des échanges en triangle incluant Kevin Love ou le Tour de draft des Nets + des joueurs étaient dans la balance. Si le fin mot de l’histoire viendra sûrement avec le temps, toujours est-il que Paul George débarque à OKC, le tout en réduisant la masse salariale de la franchise, qui a ensuite pu conserver André Roberson. Coup double donc, qui permet au Thunder, un an après le cataclysme de revenir dans la course des meilleures franchises de l’Ouest. En tout cas sur le papier.
Pour compléter l’été, le management a fait l’acquisition de Raymond Felton, un renfort Kinder Surprise tant le niveau du meneur dépend très souvent de son été et récupéré Patrick Patterson pour apporter un peu de stretch laissé vacant par le départ de Serge Ibaka dans la raquette, auquel s’ajoute la draft de Terrance Ferguson un potentiel sniper qui pourrait faire du bien pour profiter des décalages provoqués par Westbrook et Paul George.
Si le Thunder n’est pas revenu où il était en 2015/2016, toujours est-il que son duo RW-PG a de quoi inquiéter ses adversaires, parce le groupe du Thunder va posséder certaines qualités qui ont fait trembler les Spurs & les Warriors il y a un peu plus d’un an, à savoir des qualités athlétiques hors norme, et beaucoup de taille sans pour autant perdre de mobilité. Ce combo de puissance avait failli faire tomber les Warriors, même si ceux-ci ce sont, comme on l’a dit, lourdement renforcés depuis. Par ailleurs, l’équipe a essayé d’upgrader sa capacité à créer pour autrui. L’an passé, Wesbrook a été critiqué pour sa tendance à ne pas assez lâcher la gonfle ou partager les tirs. Une critique parfois vraie tant c’est une faiblesse inhérente à son jeu depuis le début de sa carrière, mais aussi souvent contrainte par le manque de capacité de ses coéquipiers à porter la balle et créer les uns pour les autres. En ajoutant Paul George, véritable menace offensive et Raymond Felton qui peut driver une équipe par séquence, le groupe s’en voit renforcé en attaque.
Et puis lundi, la foudre tomba à nouveau, mais cette fois pas sur le Thunder, non cette fois il la fit pleuvoir. Alors qu’on pensait Melo contraint à l’immobilisme ou un départ dans le Texas, il accepta finalement de rajouter 2 franchises à sa shortlist. D’un côté Cleveland, de l’autre OKC. Et y a pas à dire, Sam Presti a dégainé bien plus vite que les Texans : exit Enes Kanter et Doug McDermott, bienvenu Carmelo Anthony qui vient former un big three paré au combat pour la saison à venir. Une tentative qui pourrait devenir un one shot, certes, mais qui continue de montrer que l’Ouest est prêt à s’armer pour tenter de contrer l’hégémonie des Warriors.
Meneurs – Russell Westbrook – Raymond Felton – Semaj Christon
Arrières : Andre Roberson – Alex Abrines – Terrence Ferguson
Ailiers : Paul George – Kyle Singler – Jerami Grant
Ailiers forts : Carmelo Anthony – Patrick Patterson – Nick Collison – Josh Huestis
Pivots : Steven Adams – Dakari Johnson
2- Le coaching/style de jeu
Billy Donovan n’avait pas franchement séduit lors de son arrivée à Oklahoma City, même s’il a finalement été sauvé par la démonstration de son Thunder durant les Playoffs suivant (2015/2016), sa troupe avait passé le premier tour, avant de marcher sur les Spurs et mener 3-1 contre les Warriors. Malgré la perte de Durant et Ibaka, on attendait certainement plus de Donovan pour le dernier exercice. Certes le groupe manquait de talent et allait se reposer sur un énorme Russell Westbrook, mais on a pas eu l’impression de voir le fond de jeu d’OKC se bonifier au fil de l’année.
On espère voir l’arriver de Paul George, Melo et Patterson densifier le jeu de son équipe, mais en attendant, à quoi va-t-elle ressembler ?
Comme le Thunder d’il y a 2 ans, cette équipe est très moderne, avec beaucoup de joueurs pouvant évoluer arrières/ailiers/ailiers-fort. En constituant un trio parmi les plus talentueux en NBA, l’équipe va pouvoir compenser la relative faiblesse offensive que sévissait aux côtés de son leader. L’équipe aura peut être besoin d’un renfort supplémentaire sur le banc, à la création voire pour épauler Steven Adams dans la raquette, mais quoi qu’il en soit, les options seront nombreuses si cette équipe reste en forme.
Offensivement, en ajoutant deux dangers de premier plan, il y aura plus d’espace dont profiter pour filer vers le panier, ou décocher une flèche derrière l’arc. Surtout, cette équipe peut se permettre du déchet et de la prise de risque offensivement. En ayant une vraie présence dans la raquette pour jouer le rebond offensif, et des ailiers très athlétiques à même de faire de même, le Thunder devrait à nouveau être capable d’arracher des secondes chances dans les plus hautes normes de la ligue, tout en étant très dur à tenir en transition. Une fois encore, on devrait aussi avoir une équipe qui s’appuie énormément sur la capacité de création de Wesbtbrook. Si initialement on pouvait penser que le duo Westbrook/George allait parfois manquer de soutien, l’arrivée de Carmelo qui devra accepter son statut de 3eme option de l’équipe change radicalement la donne. D’une part, parce qu’il apporte une force au scoring dominante à surveiller, ce qui va impacter les 2 larons, mais en plus, il a prouvé avec Team USA qu’il était un véritable danger sans ballon, suffisamment pour créer encore plus d’espace pour les pénétration à répétition du MVP en titre.
Pour passer un cap, il faudra aussi que certains joueurs acquièrent une certaine régularité. Grant doit peser plus sur les matchs, tandis que Roberson se doit de progresser sur tous les aspects de son tir. Médiocre aux LFs et trop souvent en échec même lorsque ses tirs sont grands ouverts, sa mission est de ne plus être un poids lourd en attaque, de remontrer ce qu’il avait semblé être capable de faire durant les Playoffs 2016. Un autre joueur qui sera déterminant, c’est Steven Adams. Toujours solide, il doit toutefois utiliser la présence de PG13, et des prises à 2 supplémentaire qu’il va générer pour redevenir un second couteau fiable.
Il va falloir aussi que les rotations comblent la faiblesse du banc. Felton, Grant, Johnson ne sont pas ou plus (pour le 1er) des éléments de banc incontournable. Donovan se doit d’avoir toujours l’un des membres de son Big Three avec le banc pour éviter que des avances acquises leur échappe comme c’était souvent le cas l’an passé.
On peut fantasmer de ce que ce groupe serait avec plus de système, mais on devrait tout de même avoir beaucoup de séquence basées sur le l’isolation, le tir en première intention et majoritairement du Pick&Roll. L’an passé, le seul basket sur lequel la franchise était supérieure au reste de la NBA, c’était l’isolation : c’est dire la prégnance de Westbrook dans le jeu. La recette devrait être grosso modo la même en attaque l’an prochain, avec une meilleure efficacité sur P&R et sur les Put-back. Comme mentionné plus haut, l’arrivée de George devrait créer des espaces supplémentaires, à l’équipe de progresser pour augmenter son efficacité au spot-up. Ce qui passe notamment par la faculté de certains joueurs clés de la rotation à prendre leurs tirs ouverts, et les rentrer. L’arrivée d’Anthony ajoute une menace supplémentaire, et désormais faire des prises à 2 va devenir mission impossible.
Venons-en à la défense maintenant. De ce côte, et on l’a déjà balayé, l’équipe peut être une véritable plaie. Avec de véritables athlètes à quasiment tous les postes, des joueurs interchangeables et plus grand que la moyenne, cela peut vite, si l’équipe est disciplinée, devenir un des meilleurs rosters de la ligue de ce côté du terrain. Si les pertes d’Ibaka et KD ont été un coup dur des deux côtés du terrain, l’addition de George qui est l’un des meilleurs 2-way players de la ligue a de quoi donner une densité énorme à l’équipe. Le quatuor George – Grant – Roberson – Adams aligné en même temps peut étouffer n’importe quelle attaque. Surtout si Westbrook se responsabilise et prends moi de risque sur ses positions. Certains diront que l’ajout de Melo va lourdement affaiblir le roster de ce côté là, mais Anthony motivé peut être un défenseur honnorable, et il y a tellement de qualités physiques que le groupe peut combler ses faiblesses. En effet, la mobilité d’Adams, capable de défendre sur les extérieurs permet à son équipe de continuer à jouer grand face au small-ball, et donc de profiter de sa force de dissuasion lorsqu’il revient sur dans la raquette. L’équipe craint moins les mismatchs que la moyenne, et pourra défendre la ligne des 3pts avec efficacité, avec beaucoup d’extérieurs grands et mobiles. Même si on peut douter que l’équipe sera toujours au top de ce côté en saison régulière, elle possède une vraie capacité à s’imposer de ce côté en Playoffs, lorsque l’intensité et la concentration augmentera.
Ce point est d’ailleurs intéressant. Si la franchise sera sûrement dure à jouer en saison régulière, elle semble capable de franchir un cap en fin de saison (si les blessures ne viennent pas s’en mêler). Le groupe tel qu’il est, possède en tout cas beaucoup de qualités pour devenir dur à manœuvrer dans les joutes de fin d’années, toutefois, quelques faiblesses subsistent.
Tout d’abord, le banc n’a pas une profondeur abyssale. On a l’impression qu’une ou deux bonnes rotations supplémentaires n’auraient pas été de trop, car la moindre blessure de cadre sera compliquée à compenser. Cet aspect est d’ailleurs indubitable lorsque l’on regarde le poste 4. Patrick Patterson est le seul joueur d’impact de l’équipe à cette position. Carmelo devrait y prendre l’essentiel de ses minutes, mais si blessura : Nick Collison a tout du vétéran dans sa dernière saison et Huestis paraît un peu léger. Idem, au poste 5, où le départ de Kanter laisse Adams seul avec Dakari Johnson. On peut s’attendre à voir l’équipe évoluer régulièrement avec 3 ailiers en même temps sur le terrain, mais toujours est-il qu’une blessure à l’intérieur pourrait vite rendre la saison délicate. En outre, malgré l’ajout de quelques tireurs, l’équipe manque de véritable 3&D, de joueurs dont la présence offensive ne coûte pas de l’autre côté du terrain, et vice versa lorsque l’on pense à Roberson ou Jerami Grant qui, malgré de bons pourcentages est trop timoré en attaque. Enfin, on l’a déjà effleuré, mais le coaching staff interroge. En dépit des Playoffs 2015/2016, le travail de Billy Donovan paraît finalement dans la lignée de celui de Scott Brooks, c’est à dire assez pauvre sur le plan tactique, pauvre dans la mise en place d’une identité. Quoi qu’il en soit, le Thunder 2017/2018 lui donnera des armes intéressantes, de quoi revenir au premier plan pour OKC.
3- les perspectives
a) Si tout va bien
Si tout va bien, les ajout de Paul George et Melo font passer un cap en attaque au Thunder – à la hauteur du talent offensif de ces derniers. L’équipe est moins dépendante de Westbrook, reste en bonne santé et voit certains éléments clés de sa défense franchir un cap en attaque. Tout en trouvant une vraie discipline, le groupe montre les prémisses d’un fond de jeu qui lui a parfois fait défaut. En progression dans l’ensemble des secteurs offensifs, ils peuvent se mêler à la lutte pour le top 3 de la conférence. Dans l’euphorie générale, Terrance Ferguson s’avère se muer en ce 3&D qui manque à la franchise et apporte son écot soir après soir. A la fin de la saison, l’équipe est en position de partir avec l’avantage du terrain au 1er tour, tout en évitant des équipes qui pourraient les mettre en difficulté, afin de fourbir les armes pour un second tour à leur portée, voire des finales de conférences, celles que Melo n’a pas vu depuis bien longtemps.
b) Si tout va mal
L’arrivée de Paul George n’a pas l’impact attendu. L’équipe progresse encore en isolation mais pas dans l’ensemble des secteurs du jeu. L’équipe est certes forte en saison régulière, mais Anthony a trop souvent recours à l’isolation et ralenti le rythme infernal du Thunder, de quoi se situer entre la 4eme et 6eme place. Le groupe n’est pas épargné par les blessures et peine à intégrer ses nouveaux joueurs. La défense de l’équipe n’est pas non plus aussi féroce qu’espérée, et on ne retrouve toujours pas la meilleure version d’Adams et Roberson. Au final, l’équipe ne fait pas la saison attendue, et aborde l’été 2018 avec peu d’arguments pour conserver son trio.
Pronostic : 3ème place (53-58 victoires) : Le trio du haut est bien difficile à classer derrière les Warriors. Les blessures seront cruciales, entre des équipes aux identités bien différentes.
La saison du Thunder devrait les mener sans trop de soucis vers la post-saison. Les arrivées estivales sont d’aussi belles additions qu’elles étaient difficilement imaginables. Il faut espérer que Westbrook prenne en compte l’arrivée d’autres joueurs dominant à ses côtés, et use de ses qualités à bon escient. Les attentes seront toutefois élevées, et l’équipe 2015/2016 reste, peut-être, encore au dessus de celle-ci. Si cet exercice a pour objectif de séduire l’ex-Pacer, il va pourtant conserver le cap pour ne pas connaître un nouvel été compliqué. Le cas Anthony détenteur d’une option sera aussi intéressant. Il ne serait pas étonnant de voir OKC faire parti du haut du panier, et entrer dans les prétendants à la finale de conférence, bien que l’effectif semble posséder un banc un peu court (en l’état) pour être le mastodonte de la conférence, rival invétéré des Warriors. En tout cas, il ne sera pas bon pour les organismes de les affronter sur une série, surtout au complet.
L’avis de @OKCThunderFR
(Propos recueillis avant l’échange de Carmelo Anthony)
Quelles étaient vos attentes cet été ?
Qu’attendez-vous pour la saison prochaine ?
La saison prochaine sera d’autant plus importante avec la possibilité de perdre Russell Westbrook et Paul George le même été… Le titre est la meilleure solution pour convaincre quiconque de rester, cependant, vu la jungle que représente la conférence Ouest, il faudra y aller step by step et commencer par atteindre les finales de conférence. Cependant, cette saison devrait être très intéressante et agréable à suivre du côté des fans du Thunder.
Où pensez-vous vous situer dans votre conférence ?
Avec les ogres que représentent les Warriors, les Spurs et les Rockets, la 4ème place semble être la place qui nous attend, mais pourquoi ne pas tenter d’aller les titiller ? Tout reste possible, car si la sauce prend dans cette équipe à l’énorme potentiel offensif et défensif, le Thunder pourrait embêter n’importe qui dans la NBA actuelle. Cependant, attention aux Timberwolves, aux Nuggets et aux Clippers qui peuvent également en embêter plus d’un, y compris le Thunder.