En NBA, on a toujours cherché la recette de la formule magique. A défaut d’arriver à la trouver, on a ajouté des ingrédients qui viennent petit à petit garnir le bouillon à respecter pour se donner un maximum de chances de réussir dans sa quête – la plus importante étant celle du titre. Ainsi, la liste de course d’un bon GM qui veut se mettre dans une situation idéale, contient un certains nombres de trous à essayer de remplir. On trouve par exemple l’importance de garder un groupe ensemble, lorsqu’il a du succès, de posséder des vétérans pour encadrer les joueurs plus jeunes et guider le vestiaire vers son objectif. Plus récemment, suite aux nombreuses précautions de Gregg Popovich, on a aussi a appris qu’il était important de limiter les minutes des stars, ou qu’il ne fallait pas hésiter à laisser son franchise player dans les back-to-back trop éreintants. D’autres préceptes sont également de mise : lorsque vous gagnez un titre, n’oubliez pas d’ajouter un brin de sang neuf dans le vestiaire ou encore, faites attention au mode de vie de vos joueurs : l’alimentation, le sommeil sont cruciaux pour préserver ses joueurs. Certains points paraissent évidents : comment la NBA a pu mettre tant de temps à essayer de réguler les régimes et cycles de sommeil de leurs joueurs alors que dans certains sports c’est une base, avant même le niveau professionnel ?! Dans d’autres cas, c’est un peu plus délicat : lorsque vous avez gagné une fois, vous pouvez selon votre fort intérieur penser soit que vous devez garder l’exact même bande ensemble, ou pas. Il semblerait pourtant que la bonne formule penche vers un léger renouvellement, quitte à parfois laisser s’en aller des joueurs qui vous semblaient importants, avec les risques que cela comporte. De fait, on peut comparer dans l’histoire récente le succès du Heat, qui s’améliore entre 2011 – 2012 et 2013, aux Spurs qui ont parfois gardé le même effectif et jamais réussi dans la quête du repeat. Peut-être dans cette optique de recherche de la formule magique était-ce un élément majeur qui séparait 2 philosophies.
Toutefois, une récente déclaration de Ray Allen (que je vais vous partager), laisse sous-entendre qu’un autre point a parfois pu être oublié par certaines équipes, et que ce fut le cas du Heat (mais on imagine que les Lakers 2003-2004 ont eu un problème semblable), alors double champions NBA en titre : la formule magique peut changer d’une année sur l’autre. Voyez vous-même :
« C’était certainement dur pour tous les joueurs », admet-il. « Je ne pense pas que l’organisation se soit ajustée. La plupart des gars avaient disputé tellement de Finales et moi, en tant que vieux joueur, j’avais tellement joué lors des cinq ou six dernières saisons, que je ne pense pas que la franchise et le staff se soient suffisamment ajustés. Nous avions la plus vieille équipe de NBA et puis nous avions un calendrier horrible. Chaque période de vacances, nous étions loin de chez nous. Nous étions tout le temps en train de nous battre pour essayer de récupérer, pour dormir et reposer nos corps. Ça nous a épuisés mais nous étions toujours bons, et nous avons atteint les Finals. »
Dans la déclaration récente de Ray Allen, on entend 2 choses. D’abord, pour la première fois depuis 3 ans, la franchise n’avait pas fait un travail suffisant pour se renforcer. Les joueurs récupérés n’ont pas joué, et on comptait à nouveau sur des joueurs avec un an de plus sur un compteur déjà élevé, avec une fatigue physique et mentale qui aurait pu appeler à l’ajout de nouvelles pièces utiles (désolé Greg Oden).
Le second point, et c’est là le point crucial, c’est qu’il faut comprendre que cette déclaration est à la fois basée sur un ressenti de l’époque, mais aussi en connaissance de l’évolution que la NBA a suivi sur ces dernières saisons. Ray Allen sous-entend ici que l’erreur du Heat, se trouvait aussi dans son incapacité à reposer ses vieux joueurs : notamment à la manière des Spurs qui étaient alors les seuls à prendre ce genre de mesures de manière régulière (et pas une fois dans la saison), mais aussi car le staff de Miami n’a pas su comprendre que l’équipe construite en 2010 et qui avait eu besoin de se forger une identité rapidement et en incorporant régulièrement de nouvelles pièces n’avaient peut être plus besoin de cette même quantité élevée d’entraînements, particulièrement après 3 finales consécutives, 2 titres, et un 1 groupe qui on le rappelle n’avait pas connu de fort renouvellement cette saison. Selon lui, maintenir des trainings réguliers et rugueux ont tout simplement poussé le Heat vers une chute en saison régulière, et un blow-out (ou presque), en finales contre des Spurs qui eux aussi possédaient un grand nombre de vétérans.
Sur ce point, il faudrait alors comprendre 2 choses : l’entraînement qui peut apparaître comme indispensable pour un sportif professionnel est potentiellement surcôté dans un NBA où les matchs s’enchaînent, notamment dans des équipes de vétérans qui connaissent déjà les books et la routine de la grande ligue – mais aussi qu’évidemment, vous ne pouvez trouver de formule magique puisque vous gérez votre groupe en fonction de chacune de ses individualités et ses profils. Ainsi, la bonne gestion de 2013 n’est pas celle de 2014, et ainsi de suite. Entre ces 2 dates, les rosters, identiques avaient eu d’autres besoins, et probablement que trop attachés à la recette des années précédentes, le staff n’a pas su comprendre que la vérité d’hier n’était pas celle d’aujourd’hui.
En somme, la NBA a ses préceptes, ses petites recettes de grand-mère, mais chaque cas est différent, et, dupliquer les raisons d’une réussite d’une franchise vers une autre, n’est pas gage de succès quand, reproduire un schéma d’une année sur l’autre peut avoir des conséquences diamétralement opposées au sein d’une même équipe. Merci pour le message, Ray.