Oh que cette série va être serrée ! Deux équipes qui possèdent deux des meilleurs joueurs de la ligue : Damian Lillard v Anthony Davis, un combat très alléchant. Ces deux équipes ont faim. Portland arrive en favori dans cette série. Une année bien gérée et une fin de saison très positive. La dynamique est très bonne depuis le All Star Game avec leur belle série de 13 victoires en Février et Mars, mais les derniers matchs ont été un peu plus laborieux avec quatre défaites sur les cinq derniers matchs de saison régulière. Toutefois, les Blazers sont prêts pour les playoffs, quasi au complet, et menés d’un main de maitre par un Damian Lillard de feu. Du côté de la Louisiane, quel soulagement de se qualifier en playoffs. Avec la blessure de Demarcus Cousins, peu croyaient encore à la qualification des Pelicans. Finalement, Davis et ses coéquipiers se sont battus et sont fièrement installés à leur 6ème place. L’arrivée de Mirotic n’a apporté que du positif, et la ligne arrière composée des Rondo, Holiday, Moore se porte très bien. Cela faisait depuis la saison 2008-2009 que les Pelicans n’avaient connu de saison à 48 victoires ou plus. En cette fin de saison, la dynamique est bonne pour les Pels avec un bilan parfait de 5 victoires sur les 5 derniers matchs, contre des équipes de qualité (San Antonio, LAC, Golden State). Cette série de playoffs s’annonce donc passionnante.
Les oppositions
Meneurs de jeu
On commence extrêmement fort avec les meneurs de jeu puisqu’on va parler d’un des meilleurs joueurs de la ligue en cette saison 2017-2018, peut être le meilleur meneur de la NBA en attendant le retour de blessure de Stephen Curry : Damian Lillard. La saison de Lillard est exceptionnelle : 26,9 points, 6,6 passes et 4,5 rebonds. Fluide, rapide, clutch, leader, Lillard est fort, très fort cette saison. Lui qui a longtemps été un vilain petit canard, que l’on n’appréciait pas à sa juste valeur, est enfin reconnu par les fans et par ses pairs comme l’un des tout meilleurs meneurs de la ligue. Si l’an passé ses stats étaient aussi grandioses, il a réussi en 2018 à devenir leader et à rendre ses coéquipiers meilleurs. On le sent à l’aise, serein, confiant. On ne se fera pas taper sur le doigts si on dit que Dame est dans son prime. Mieux encore, il cartonne depuis le All Star Game avec 28,6 points de moyenne avec des victoires importantes. Lillard connaît les playoffs et sait se sublimer dans les moments chauds. Hâte de voir des fins de matchs serrés, pour que l’on voit si Lillard imposera son Dame Time.
Face à lui, on retrouve un joueur que l’on considère désormais comme un vétéran : Rajon Rondo. L’ancien de Boston, champion en 2008, a presque retrouvé son niveau d’antan : il est précieux pour son équipe, retrouve ses sensations à la passe, et rentre même quelques shoots importants longue distance. On le sent tellement à l’aise avec Anthony Davis que cela fait plaisir à voir. Il facilite le jeu comme le dit AD : “Rondo me rend le jeu plus facile honnêtement. Je n’ai pas vraiment besoin de forcer des shoots. Je vais juste sur le terrain et je joue”. C’est dans ce registre là qu’il est le meilleur, dans ce rôle de facilitateur du jeu, de passeur, d’organisateur. Rondo est un réel meneur de jeu, dans le sens propre de “jeu”. Certes ses statistiques sont modestes (8,2 points, 8,3 passes, 4 rebonds) mais sur le terrain, il est clairement en forme et est une des clés de la bonne forme des Pelicans. Toutefois, face à Lillard, le duel est très déséquilibré. On a face à nous deux meneurs totalement différents : l’un est un phénomène, un gros scoreur et leader de son équipe, l’autre est un meneur passeur, discret, qui ne se soucie pas de statistiques mais bien de délivrer les meilleures passes possibles. Il n’y a pas vraiment de duel sur ce poste. Cependant, Rondo est un défenseur honorable, et face à Damian Lillard, il devra tout faire pour forcer Dame à prendre des shoots difficiles afin de baisser son pourcentage au maximum. De son côté, Lillard n’est pas très actif défensivement, mais il devra essayer de lire les passes de Rondo et de le gêner le plus possible pour trouver AD. Large avantage pour Portland sur ce poste de meneur de jeu.
Avantage Portland
Postes extérieurs
Commençons par le duo des Blazers McCollum-Turner. Voila l’arme offensive numéro deux du côté de Portland avec McCollum, qui a, comme son compère Lillard, réalisé une très belle saison régulière. 21,4 points, 4 rebonds, le shooteur de 26 ans a été plutôt régulier tout au long de l’année avec notamment un gros mois de Janvier avec quasiment 24 points de moyenne. Des statistiques comme celle-là pour un numéro 2, c’est fort. On ne parle pas assez de McCollum mais c’est un joueur bourré de talent. Même ses pairs, comme Dwyane Wade, en disent tout le bien du monde. Bien sûr, on connait ses qualités de shooteurs, mais il ne faut pas le restreindre à cela. Il possède un handle de très haute qualité. Il bouge vite, sait pénétrer, ce qui le rend difficilement défendable par les extérieurs et les intérieurs adverses. C.J reste tout de même un shooteur, et comme tout shooteur, il peut prendre chaud et sortir des matchs à 40 points à 60% mais aussi passer totalement à travers et forcer ses tirs. Mais durant cette saison, il s’est montré très régulier avec 47 matchs à plus de 20 points. Toutefois, face à la Nouvelle Orléans, il n’est pas au meilleur de sa forme : lors des quatre confrontations en 2017-2018, il ne tourne qu’à 17,5 points à 35%. Mais les playoffs sont un autre monde. Il est fort probable qu’il chauffe sur un ou plusieurs matchs, ce qui sera extrêmement positif pour Portland. Avec lui, à l’aile, on retrouve Evan Turner. Duo complémentaire car si McCollum possède un bon bagage offensif, on ne peut pas dire que la défense soit son fort. Turner lui c’est l’inverse. Fort défenseur, il a plus de mal à aider au scoring depuis plusieurs années. 8,2 points, 3 rebonds cette saison, on est bien loin de ses années à Philly avec ses 17 points et 6 rebonds. Mais Turner ne fait pas une mauvaise saison pour autant. Au contraire, sa saison est très correcte. Il connait son rôle, celui de défendre, et il le fait bien. En effet, Evan Turner est un réel compétiteur et est primordial dans le jeu défensif des Blazers. Si Portland est la 8ème défense de la ligue, c’est en grande partie grâce aux efforts de Turner. Son impact dépasse les simples statistiques qui lui sont flatteuses. Ses qualités athlétiques en font un défenseur redoutable. Sa polyvalence et sa vision du jeu le rendent presque vital dans l’attaque de Portland. Et oui, il n’y a pas que Lillard et McCollum qui contribuent au bien être de l’attaque des Blazers. Surtout, il sera très précieux pour défendre sur la ligne arrière des Pelicans. Cette ligne, quelle est-elle ?
On a donc Rondo en tant que meneur de jeu, et à côté de lui, on retrouve deux joueurs qui ont réalisé de très belles saisons, dont un qui est sorti du placard : Jrue Holiday et E’Twaun Moore. Le premier est revenu à son meilleur niveau. On a eu la chance de revoir le vrai Holiday. Signé pour 5 ans à 126M$, les Pelicans ont fait confiance à Holiday et ce dernier a prouvé qu’ils ont eu raison. Cette saison est de grand niveau pour le meneur de 27 ans : 18,8 points, 5,8 passes, 4,5 rebonds. C’est certes sa meilleure saison au scoring de sa carrière, mais c’est aussi l’une voire la meilleure saison visuellement. Si on le sentait ailleurs les saisons précédentes, en 2018, il est concentré et ça ne rigole plus du tout. Il a enchaîné les belles performances avec plusieurs matchs à plus de 30 points. La présence de Rajon Rondo lui a permis de se concentrer sur le scoring, et ça marche. On le sent libéré, plus serein dans son jeu. Il est en forme, ce qui lui permet d’être présent offensivement et défensivement. C’est clairement l’un des meilleurs défenseurs two-way de la saison. Avec la blessure de DeMarcus Cousins, il a su prendre ses responsabilités pour être le numéro 2 derrière Anthony Davis. La saison d’Holiday est une réussite. Il se sent à l’aise et c’est de très bon augure pour les playoffs.
Sur le poste 2, il pourrait très bien rendre la vie compliquée à McCollum si ce dernier défend sur lui, et même à Evan Turner. Holiday aura un rôle majeur dans l’attaque de NOLA. Il est le leader des extérieurs et se devra d’être à 100% pour rivaliser avec McCollum. Défensivement, son physique lui permettra également de s’opposer à C.J McCollum et Damian Lillard pour épauler Rondo. Puis, Holiday sera aux côtés d’E’Twaun Moore. Ce dernier est encore très peu connu mais il a apporté de belles choses cette saison. Shooteur, E’Twaun Moore est un joueur très discret mais drôlement efficace. Dans la ligue depuis 2012, passé notamment par Chicago et Orlando, il a toujours été cantonné à un back-up, ce qui lui allait très bien et qu’il faisait également bien. Mais cette saison, Alvin Gentry décide de le placer dans le cinq majeur. Ce choix aurait pu être étonnant mais il s’est révélé judicieux : 12,5 points à 50% et 42% à trois points, sa meilleure saison statistique. Moore est un shooteur adroit, discipliné, sérieux, un réel plaisir pour son équipe et son coach. Placé dans le coin, il peut vite se faire oublier et enchaîner les trois points. Il est capable de sortir des matchs à 30 points comme contre Houston, s’il vous plaît, en Décembre dernier avec 36 points à 15/20 au tir. En somme, ce duel d’extérieurs se révèle donc passionnant, équilibré. Durant la série, il ne serait pas surprenant de voir le duo McCollum-Turner prendre le dessus et marcher sur Holiday-Moore, et vice versa.
Egalité
Postes intérieurs
Si les deux équipes s’opposent sur un domaine, c’est bien le jeu intérieur. Portland joue énormément avec son duo d’arrières Lillard-McCollum quand les Pelicans utilisent leur pièce maîtresse à l’intérieur, le meilleur à son poste aujourd’hui en NBA : Anthony Davis. Celui-ci est l’âme de NOLA. C’est son équipe. Si l’an passé, AD n’avait pas réussi à amener son équipe en playoffs, cette année, il a su convertir ses statistiques impressionnantes en victoires. 28,1 points, 11,1 rebonds, 2,6 contres. C’est à la fois sa meilleure saison individuelle et collective. Réel leader, il est fort, puissant, il aide ses coéquipiers, il ose prendre ses responsabilités. C’est sans discussion possible l’un des cinq meilleurs joueurs de l’année. Dans cette série, AD se sentira clairement au dessus de ses adversaires. On a du mal à voir qui pourrait défendre sur lui, à part Al-Farouq Aminu. Ce dernier aura donc la lourde tâche de défendre sur lui. On sait qu’Al-Farouq Aminu est un très fort défenseur, mais aller se coltiner AD sur 5, 6 voire 7 matchs, cela va être très compliqué. L’ailier des Blazers ne sera pas seul à s’occuper de Davis, loin de là, le bon Jusuf Nurkic devra également gonfler les muscles et défendre sur AD à l’intérieur. Ce qui est bien pour Portland, c’est qu’il pourront se relayer : Aminu qui défend au large sur Davis, et Nurkic qui défend dans la peinture. Et étonnamment, ça ne fonctionne pas si mal que ça : lors des 3 confrontations où Davis a joué, Davis a été plutôt discret et relativement muselé avec 24,7 points et 8 rebonds. Il semblerait que le grand Nurkic rende la vie un peu moins rose à AD. Mais ne vous y trompez pas, AD garde l’avantage et de loin sur les intérieurs des Blazers. Il sera épaulé au début du match, normalement, par le vétéran, qui a fait son grand retour en NBA : Emeka Okafor. Après 5 ans d’absence, il retrouve les parquets NBA le 5 février 2018 face à Utah avec 8 rebonds et 4 points pour 8 minutes de jeu. Il convainc les dirigeants des Pelicans qui lui signent un second contrat de 10 jours, puis un contrat garanti jusqu’à la fin de la saison. Il devient même titulaire au poste de pivot et donne tout pour que les Pels se qualifient, pour ainsi regoûter aux playoffs, chose qu’il n’a plus connu depuis 2011. Dès lors, on s’interroge sur le rôle qu’aura Okafor en playoffs. Il sera très probablement titulaire,et laissera rapidement sa place à Mirotic. Okafor ne sera pas une menace à proprement parler car Davis va monopoliser la défense des Blazers. Clairement, Portland va souffrir à l’intérieur avec Davis mais Nurkic et Aminu ne se feront pas marcher dessus pendant toute la série, et pourraient bien être surprenants.
Avantage New Orleans
Le banc
Là aussi, quand on s’intéresse aux rotations des deux équipes, le combat sera plutôt équilibré. Côté Portland, on pourra compter sur le back-up de Lillard, Shabazz Napier, qui grandit doucement et devient un vrai meneur NBA, qui colle parfaitement au jeu des Blazers. Avec ses 8,7 points par match, il apporte sa vitesse, son explosivité lorsque Lillard doit se reposer. Toutefois, gros manque pour les Blazers sur le banc, c’est Maurice Harkless. L’ailier est blesé au genou depuis la fin mars et devait revenir pour le début des playoffs. Finalement, il va manquer ce premier tour, ou peut être revenir sur un potentiel match 6 ou 7 s’il est prêt et que son équipe sent le besoin de le faire revenir. Son absence est dommageable car son apport défensif aurait été plus qu’utile dans cette série pour défendre à la fois sur Mirotic voire un AD par séquence. Le poste 3 n’est que peu alimenté, et s’avère être un réel point noir pour Portland. On retrouvera ensuite Ed Davis à l’intérieur, qui aura la tâche de prendre le relais de la défense sur Davis, tout comme Zach Collins. Enfin, Pat Connaughton entrera en jeu sur la ligne extérieure. Un banc limité, cohérent certes, mais peu efficace et peu expérimenté en fin de compte. Du côté de la Louisiane, le banc est composé d’un jeune joueur (Ian Clark) qui a connu les finales NBA avec les Warriors, et qui, à 26 ans, est l’un des plus expérimentés de l’équipe en playoffs. Sa saison a été plus que correcte avec ses 7,4 points en 20 minutes. Solomon Hill et Darius Miller viendront compléter la ligne arrière. A l’intérieur, on retrouve Cheick Diallo qui a été très intéressant cette année. Il apporte un bonne rotation à l’intérieur depuis la blessure de DMC. Le malien ne jouait presque pas jusqu’à la blessure de Cousins. Depuis, il tourne à 8 points et 7 rebonds sur le mois de Mars, ce qui est non négligeable. Mais, clairement, l’apport principal du banc s’appelle Nikola Mirotic. Arrivé en Février, en provenance des Bulls, il s’est très bien intégré au collectif des Pelicans. Libéré des problèmes des Bulls, on le sent épanoui à NOLA. Avec ses 14,2 points et 8,2 rebonds, il est devenu primordial dans le jeu des Pels. Gentry l’utilise très souvent avec Anthony Davis pour avoir deux intérieurs qui courent, mobiles, qui peuvent tirer à trois points. La présence de Mirotic, mais aussi celle de Ian Clark, font pencher la balance du côté des Pelicans.
Avantage New Orleans
Le coach & Physionomie du match
On a été très critique avec Alvin Gentry depuis des années. Cet été, on pensait même le voir quitter son poste. Pourtant, cette saison, il a réussi à créer un vrai collectif, gérer les égos, les rotations, donner sa confiance à E’Twaun Moore, et parfaitement gérer la blessure de DMC. On n’aurait pas imaginé Gentry aussi bon cette saison. Toutefois, face à lui, Terry Stotts est un gros client. En place depuis 2012, il connait parfaitement son effectif. Il connait les défauts, les limites de ses cadres, mais aussi les petits détails qui font basculer un match. On se souvient de la série face à Golden State en 2016, en demi-finale de conférence, où, malgré une défaite 4-1, son équipe avait été très intéressante à voir et avait titillé les Warriors. Dans cette série, Stotts a plus d’expérience que Gentry et connait mieux son équipe, qui a déjà joué ensemble en playoffs. Il sera curieux de voir cet affrontement de style : un jeu très rapide avec une forte cadence pour les Pels, et un rythme très lent, un jeu demi-terrain côté Portland. Une opposition de style qui penche à l’avantage des Blazers, qui peuvent également courir alors que NOLA a plus de mal à jouer demi-terrain. Le money time sera aussi très important dans cette série, et on sait ô combien un certain Dame Lillard aime les fins de matchs serrés.
Avantage Portland
Rappel des confrontations en saison régulière (2-2)
24 Octobre 2017 : Portland Trail Blazers 103 – New Orleans Pelicans 93
2 Décembre 2017 : Portland Trail Blazers 116 – New Orleans Pelicans 123
12 Janvier 2018 : New Orleans Pelicans 119 – Portland Trail Blazers 113
27 Mars 2018 : New Orleans Pelicans 103 – Portland Trail Blazers 107
Calendrier
Game 1 : Dimanche 15 Avril à 4h30 @ Portland
Game 2 : Mercredi 18 Avril à 4h30 @ Portland
Game 3 : Vendredi 20 Avril à 3h @ New Orleans
Game 4 : Samedi 21 Avril à 23h @ New Orleans
Game 5 (si nécessaire) : Mardi 24 Avril @ Portland
Game 6 (si nécessaire) : Jeudi 26 Avril @ New Orleans
Game 7 (si nécessaire) : Samedi 28 Avril @ Portland
Pronostic
Il est tellement dur de donner un pronostic pour cette série tant elle semble ouverte. On peut se dire que Lillard et McCollum ont plus d’expérience et savent comment gagner une série, ce qui pourrait jouer en leur faveur. Mais il est fort probable qu’Anthony Davis explose la raquette des Blazers et que la série bascule côté NOLA, surtout si à côté Holiday continue à être si bon. Toutefois, je me dis que s’il y a un match 7 à Portland, Lillard va vouloir montrer qui il est, et que le Moda Center est sa maison.
Portland 4-3