What Kobe means to me
Il est dans les environs de 20H15, ambiance pesante de fin de week-end en ce dimanche 25 janvier 2020, un tweet énigmatique m’interpelle.. c’est quoi cette histoire avec Kobe ? Je regarde les commentaires, Kobe serait mort.. Stupeur et consternation.. Intestins qui se nouent… Humidification des globes oculaires…
Ma réaction me surprend, étant d’un naturel pragmatique et n’ayant jamais été un « Kobe Lover », étant même plutôt historiquement du camp opposé, tenant particulièrement à une Franchise rivale se situant dans le Massachussetts.
Je suis avec cette info, j actualise twitter frénétiquement, attends le démenti avec fébrilité, je mets BeIN Sport ou je trouve un journaliste effondré en plateau… ça me touche. C’est donc vrai, c’est arrivé. Je pense aussi aux étapes du deuil que les soignants connaissent bien théorisé par Elisabeth Kübler-Ross. L’étape numéro une est la sidération, je suis en plein dedans.
La nuit est courte, agitée. Je cherche à comprendre en quoi cette disparition aussi soudaine que tragique m’impacte.
Kobe à travers les âges
J’ai d’abord l’image de sa draft par les Hornets et envoyé de suite aux Lakers. Jeune homme impétueux, sorti de high school zappant la fac, annoncé comme un énième successeur de Jordan. Je voyais Kobe comme un Iznogoud, ce « héros » de BD qui veut « être calife à la place du calife ». Il incarnait dans ses jeunes années en Nba ce que je n’aimais pas : La hype, l’individualisme, le côté « Bling-bling » de L.A, jeune, beau, riche, sucess story à l’américaine.
Malgré ses défauts, le joueur progresse, gagne et impose un respect tant il est dédié à son sport. On lui pardonnerait presque son égo démesuré, ses embrouilles avec le Shaq et le drama permanent des Lakers de cette époque. Obligé de constater avec le temps, qu’effectivement, c’est bien le joueur se rapprochant le plus de MJ que cela soit par la faculté à marquer, le style de jeu, et la note artistique sur le terrain. Qu’on le veuille ou non il y a chez Kobe une classe, une élégance, un coté esthétique rare.
Kobe au fil des ans gagne en maturité. Son discours très juste en hommage au « King of pop » en 2009, illustre ce nouvel aspect de sa personnalité.
Bien-sur il y a eu les 81 pts contre Toronto, les bagues, les titres olympiques. Étrangement je retiendrais son dernier match en carrière contre le Jazz. Saison abominable des Lakers, Kobe physiquement n’est plus lui-même, la fin de carrière est annoncée depuis un moment, le match n’a que peu d’intérêt sportivement parlant. Je veux pourtant revoir en action celui qui m’a brisé le cœur de supporters en 2010 une dernière fois. L’improbable se produit, Kobe redevient l’espace de 48 minutes lui-même, le scoreur insatiable et élégant. La victoire, soixante points et clap de fin. C’est beau.
Kobe au quotidien
Ayant été entraineur, Kobe était partout. Pas un entrainement sans voir un maillot réplica du « Black Mamba » que cela soit en Picardie, en Bourgogne, en Paca et en Basse-Normandie. Il est omniscient. Adulé par grand nombre de gamins. Kobe c’est un rêve. Le summum du basketteur. Un graal inatteignable.
Kobe c’est aussi une plaie pour l’éducateur que je suis qui essaye d’inculquer les fondamentaux offensifs collectifs. Souvenirs : « Pourquoi tu fais pas la passe ? Je veux mettre des points comme Kobe ! ».
« I Wanna be like Mike » 2.0.
J’ai forcément une pensée pour tous ces gamins devenus adulte qui ont perdu leur idole, Earvin, Nicolas, Mike…
Kobe et le Basket mondialisé
Kobe incarne par son prénom la globalisation de la NBA. Lui, fils d’un joueur de basket-ball qui a connu l’Italie et la France, parlant plusieurs langues, Italien, Français, Espagnole. Luka Doncic révélait il y a peu que le Mamba lui avait parlait en Slovène lors de sa venue au Staples Center. On le savait proche des joueurs européens, lui qui a eu pour coéquipier Ronny Turiaf, Pau Gasol, Vujacic, Radmanovic… et qui n’a pas été le dernier à rendre hommage à la carrière des légendes NBA internationales que sont Tony Parker, Dirk Nowitzki et Manu Ginobili. Fan de sport, on l a parfois aperçu avec un maillot de « soccer », sport qu’il avait appris à apprécier lors de sa jeunesse en Europe.
Kobe : incarnation d’une époque
Il représente 20 ans dans la grande ligue. Toutes passées sous le maillot « Purple and Gold ». Un repère, une valeur sure. Kobe c’est aussi une madeleine de Proust. Souvenirs d’une adolescence et d’une époque un peu moins anxiogène. D’une Nba plus littéraire en France aussi (Mondial Basket, 5 majeur, Basket Hebdo…) De « top 10 » regardés sur internet au prix d’une image horrible, un temps de chargement dantesque et d’une ligne de téléphone fixe occupée qui mettait en rogne les autres membres de la famille. C’est aussi le souvenir de la chronique radio NBA dans Europ’sport de Thierry Bretagne le jeudi soir qui nous contait ses exploits…
Avec la disparition de Kobe c’est un peu tout ça qui vacille et se ternit. Mais la légende du #8 #24 Angelino, elle, est immortelle.
Kobe est mort, Vive Kobe !
Article par @goumiondatwitt