Alors que tous les yeux sont rivés sur les Nets et les Bucks pour un affrontement semblable à King Kong vs Godzilla, la seconde demi-finale de l’Est vaudra également le détour. Après des premiers tours gérés d’une main de maître par les deux équipes, les Hawks et les Sixers se donnent rendez-vous pour une série qui, pour bon nombre de personnes est courue d’avance.
Les Sixers n’ont pas pour intention de finir leur saison prématurément. Après une régulière que l’on peut qualifier de très propre, le premier tour se devait d’être une formalité. Et il l’a été. Seule point noir, et non des moindres, l’état physique de Joël Embiid, qui n’a pas participé à la fin de la série.
De l’autre côté, après un début de saison mi-figue mi-raisin qui conduira au licenciement de Lloyd Pierce, les Hawks ont redressé la barre, jusqu’à étriller les Knicks au premier tour de Playoffs. Si la qualification des faucons n’a rien d’une surprise tant leur force de frappe semblait au dessus des joueurs du MSG, les voir s’imposer si “facilement” n’apparaissait pas souvent dans les brackets. Au final, les Nets, Sixers et Hawks ont atteint les demi-finales de conférence en s’imposant tous sur le même score. Qui aurait pu le prévoir avant le début des Playoffs ?
Le révélateur du 1er tour
Reprenons le déroulé des deux séries, qui ont pour le moins été…rapides et sans ambiguïtés. Les Sixers avaient une position d’ultra favori à l’aube du 1er match face aux Wizards, sortis vainqueurs du play-in de l’Est. Et sans surprises, Washington n’a pas trouvé les solutions pour se défaire du monstre Philly. Impulsé par un Westbrook omniprésent, l’équipe de la capitale était réputée pour jouer vite, en étant l’une des meilleures équipes en transition offensive en régulière : 1ère à la Pace, 1ère en points par match en transition. Il fallait donc appuyer sur ce style de jeu pour essayer de faire trembler les Sixers et leur défense de fer. Cet aspect du jeu a grandement été exploité par les hommes de Brooks (1ère durant les playoffs en possessions jouées en transition), mais avec un peu moins de réussite (1,14 point par possession en régulière, 1,03 en PO). Et face à ces Sixers trop complets, impossible de tenir. Un sursaut d’orgueil lors du game 4 empêchera le sweep, mais c’est tout comme.
Du côté de la Géorgie, le 1er tour était bien plus attendu qu’en Pennsylvanie. Et il tiendra toutes ses promesses. Avant la série, plusieurs questions trottaient dans la tête des observateurs : Que donnera Young dans une configuration PO ? Comment défendre Randle ? Quels visages pour Bogdanovic, Capela ou Hunter ? Tous ces points ont trouvé des réponses positives. Young a survolé la série ( 29pts, 9,8 passes à 44% au shoot et 34% longue distance) et a exposé l’ignoble défense new-yorkaise sur Pick & Roll. Julius Randle a connu une série horrible, poussé par une simple mais non moins excellente défense de MacMillan expliquée ici par @JeremyQIBasket. Concernant le dernier point, Capela s’est régalé face au duo Gibson – Noël (10pts, 13,4 rebonds, 2,2 blocks en 34 minutes par match), Bogdanovic a comme prévu eu quelques coups de chaud et Hunter a tenu son rang de couteau suisse. Impressionnants défensivement (2ème rating défensif des PO) mais bien aidé par la qualité offensive des Knicks proche du néant, les Hawks pourront-ils reproduire cet exploit face à une équipe bien plus équipée que New York ? Rien n’est moins sûr.
Affrontement en saison régulière
Comme pour beaucoup de séries, les affrontements en régulière laissent apercevoir qu’un petit échantillon de ce a quoi la série pourrait ressembler. Ce n’est même pas toujours le cas. En effet, on vous rappelle que les Knicks avaient sweepé les Hawks en saison régulière. Cela a déjà été répété de nombreuses fois, la régulière et les playoffs sont deux sports différents.
Dans cette opposition Sixers- Hawks, avantage Philly. Trois rencontres ont eu lieu, et les hommes de Rivers en ont remportés deux. Pourtant, ça n’avait pas très bien débuté. Dans un match où il y avait beaucoup d’absences (Simmons, Harris, Curry côté Sixers et Bogdanovic et Gallinari coté Atlanta), des Hawks très collectifs (6 joueurs à plus de 10 points) emporteront plutôt facilement la victoire (112 – 94). Il faut dire que le cinq des 76ers était composé de Maxey, Dakota Mathias, Danny Green et Mike Scott. Pas de quoi faire rêver.
Les deux rencontres suivantes seront aussi des formalités, mais en faveur de Philly cette fois-ci. Deux rencontres coup sur coup, comme cette dernière saison nous a beaucoup donné l’opportunité de voir, et deux blow-out d’Embiid & co : 127 – 83 le 28 avril et 126 – 104 le 30. Ces deux scores très en faveur des Sixers sont aussi explicables. Lors de la première rencontre, les Hawks jouaient sans Young, Hunter, Huerter, Reddish et Bogdanovic. Dur de scorer dans ces conditions, en sachant que tous les forces défensives jouaient côté Philla. Dans le second match de cette “mini” série, Trae Young était revenu, mais le reste des absents n’ont pas endossé leur maillot.
Très dur donc de tirer quelconque conclusion. En effet, lors de la série du 1er tour, les Hawks ont pu compter sur des rôles players en pleine forme physique, ce qui n’était pas le cas sur les trois rencontres de régulière. Le seul duel (et non des moindres) qui a pu être observé sur les trois rencontres était la bataille des pivots. Malgré des récurrences d’absences d’un côté comme de l’autre depuis leur arrivée en NBA, ce ne fût pas le cas lors des affrontements entre les deux équipes cette saison.
Les stats sont bien évidemment faussées par les blow-out respectifs des uns et des autres, mais quelques enseignements sont à tirer. Sur les trois rencontres, le pivot camerounais tourne en 19,6pts – 8rebds en moins de 24 minutes de jeu. De son côté et sans surprise, le suisse a des statistiques moins ahurissantes : 10,6pts – 11,3 rebonds. Mais ce qui est intéressant à observer est le jeu proposé par Philly et son pivot lorsque les deux big se retrouvent ensemble sur le terrain. Lorsque les deux sont en match-up direct, les statistiques d’Embiid sont plus que correctes : 9,7 points à 48% au shoot pour 5,4 minutes en tête à tête. Le #21 des Sixers n’hésite pas à étirer la défense en sa présence, ce que n’ont pas su faire les Knicks de Noel et Gibson, le laissant dans son rôle privilégié de rim protector. Il n’hésite pas à dégainer longue distance (1,3 tentatives par match par match lorsqu’il est défendu par Capela), où à tenter de nombreux fade-aways difficile techniquement. Cependant, dès que le suisse n’est plus sur le parquet, Embiid agresse le cercle, et sans surprise, trouve deux points faciles.
Si cette alternance de type de jeu n’a pas pu être énormément répétée à cause des blow-out, il est fort probable de les revoir en plus grand nombre pendant la série.
Match-up et clés de la série
La présence ou non de Joel Embiid & les conséquences
Jusqu’au début du game 4 des Sixers, alors que de l’autre côté les Hawks menaient 3-1, les prévisions d’une demi-finale de conférence entre les deux équipes ne laissaient quasiment aucune chance aux faucons de s’en sortir. Mais à la fin du 1er quart-temps, une mauvaise chute d’Embiid plonge les fans des Sixers dans le doute.
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Le résultat des examens annonce une torsion du genou. Peu d’informations sortent sur l’état de santé du pivot, et il ne jouera pas le game 5 qui verra ses coéquipiers composer leur ticket pour le tour suivant. A l’heure où ses lignes sont écrites, le joueur est “questionnable” pour le game 1.
Automatiquement, plusieurs questions se posent. A quel point l’absence d’Embiid est-elle préjudiciable ? Perdre un candidat dans la course MVP pour le moment le plus attendu de l’année aura forcément un impact plus négatif que positif. Si les Sixers utilisent le même 5 de départ que face aux Wizards lors du game 5, Embiid sera remplacé numériquement par Thybulle en starter. Cette titularisation amène plusieurs choses :
- Rivers a choisi de ne pas remplacer numériquement son pivot athlétique par un autre pivot athlétique (Howard)
- Il n’a pas décidé d’ajouter un porteur de balle sur le terrain pour décharger Simmons de la création et lui permettre de prendre place dans la raquette (Maxey ou Hill)
- La logique de défense étouffante est conservée, Mathysse Thibulle étant potentiellement le meilleur joueur de ce côté du terrain de l’effectif
Dans la configuration Simmons – Green – Curry – Thybulle – Harris, Simmons est évidemment porteur de balle numéro 1. Il jouera comme un Point Center, à l’instar d’un Jokic, le shoot en moins. Curry pourra le décharger de temps en temps de la création, et l’un des membres du duo Hill/Maxey devrait rapidement entrer en jeu. Dans le game 5 face aux Wizards, George Hill a été le premier remplaçant côté 76ers a posé le pied sur le parquet.
Dans cette situation, quid de Clint Capela ? Sans surprise, Capela a du mal à défendre loin du panier. Dans un ultra small-ball comme celui-ci, MacMillan sera-t-il forcé de réduire son temps de jeu ? Devra-t-il coller à celui de Dwight Howard car son impact défensif sera négatif pour son équipe ? Ces questions nécessiteront une adaptation rapide de la part du coach des Hawks, et même si ce dernier a plutôt bien réagi lors du game 3 à domicile de son équipe, il n’est pas réputé pour sa réactivité et ses prises de décisions rapides (cf le game 2 face à NY où sa non-réactivité permettre aux Knicks de prendre le large).
L’axe Young – Capela en difficulté ?
Face à NY, le Pick & Roll Trae Young/Clint Capela a fait un carton. Que ce soit pour le meneur ou le pivot, les Knicks n’ont pas trouvé les solutions pour les tenir. Young a majoritairement été défendu par Reggie Bullock (5,4min/match) et par Rose (3,1min/match). Sans vouloir manquer de respect aux extérieurs new-yorkais, Young aura cette fois-ci un tout autre spécimen sur le dos. Matisse Thybulle est l’un des meilleurs défenseurs de sa génération, voire (déjà) de la ligue. Durant cette post-season, sur six tentatives tentées sur sa tête par match, 1,6 est convertie, soit 23,3%. A titre d’exemple, il défendait en moyenne 2,4min/match sur Beal, forçant ce dernier a shooté à 27%.
Sa défense du pick & Roll va être essentielle. Young jouait face à NY plus de 14 possessions de ce type par match (3ème total des PO) et il en ressortait 1,08 point inscrit par possession (7ème total parmi les joueurs à plus de 5 picks & roll par match).
D’autant plus que son partenaire principal est Capela, qui remplit à la perfection son rôle de rim runner. Il est le 6è de cette post season en “screen assists”, et pratique 2,8 pick & Roll en tant que rollman par rencontre. Mais lui aussi va vivre une autre série : Exit Noel et Gibson, welcome le small ball ou le duo Embiid/Howard. L’adaptation de cette recette offensive connue mais drôlement efficace sera surement la clé de la série. Si les Hawks veulent survivre, la bonne tenue de ce système et la réussite des shooteurs placés dans les corners attendant le kick-out est déterminante.
Pronostic & mot de la fin
Cette série n’est pas la plus sexy de sa conférence, mais elle n’est pas inintéressante pour autant. La présence ou non de Joel Embiid conditionnera beaucoup de choses. Avec lui, difficile de voir les Hawks répondre à la force de frappe des Sixers, que ce soit d’un point de vue défensif ou offensif. Défensivement, les Sixers ont la capacité d’étouffer Trae Young. Dur de voir les faucons s’en sortir si tel est le cas. De l’autre côté, l’armada offensive de Philly devrait causer énormément de fil à retordre aux défenseurs géorgiens, pas réputés pour être les plus vaillants (Collins, Bogdanovic, Gallinari ou Lou Williams).
Dur de voir les Hawks s’en sortir. Sans surprise, la rédaction de QiBasket voit Philadelphie rejoindre assez facilement les finales de conférence. Ils attendront tranquillement, accompagnés de leur popcorn le vainqueur du duel de titans entre les Bucks et les Nets. Mais attention, il ne faut pas vendre le faucon avant de l’avoir tué.