37pts, 13rbds, 5asts, 2stls et 4 blks pour Joel Embiid. 36pts, 7rdbs à 7/12 à 3pts pour Seth Curry. Vu de la ligne de statistiques, cela ressemble à une bonne soirée pour les Sixers. A domicile pour reprendre la main sur une série dont ils sont ultra-favoris, on pensait que c’était le moment d’achever la belle rébellion des Hawks et de Trae Young. D’autant que la première mi-temps fut l’occasion d’une démonstration des hommes de Doc Rivers. Et de chaque côté du terrain. Parti sur les chapeaux de roues dès le 1er quart temps, ils s’offraient le luxe de virer avec 22 points d’avance à la pause (62-40).
Après la pause, justement, l’écart va même atteindre les +26 sur deux lancers du pivot de Philadelphia. Et puis, petit à petit, Trae Young et les siens vont grignoter l’avance adverse pour revenir à une portée plus acceptable, suite à deux lancers du lutin déjà à 26pts (-18).
Un choke historique
Toujours à +18 à l’entrée du dernier acte, les Sixers vont alors s’effondrer. Exploit des Hawks ou véritable sabordage des locaux ? On vous laisse choisir. La vérité est sûrement à mi-chemin. Mais on penchera tout de même pour la seconde option.
A cheval sur la fin du 3eme et le début du 4eme, Atlanta inflige un 15-2 sanglant à l’adversaire, couronné par un 3pts de Danilo Gallinari, très en verve en sortie de banc.
Seth Curry met fin à la disette des siens en répondant à l’italien, et Doc Rivers renvoie Embiid pour remplacer un Dwight Howard à la peine. Justement, le pivot rentre directement un fadeaway et Curry continue de décocher des tirs assassins pour stabiliser l’écart.
Le problème, c’est que Lou Williams garde justement les siens dans le match en attendant le retour de l’artillerie lourde. Avec 11pts consécutifs, l’ex-Clipper frappe un grand coup, et ramène Atlanta à -11.
Sauf que voilà, alors que les deux équipes se rendent les coups et que Ben Simmons remet les Sixers à +10 avec 4:23 à jouer, plus aucun point ne sera inscrit par Philadelphie. Accablant pour Philly. Surtout que les Hawks alignent des défenseurs facilement attaquables : Trae Young, Lou Williams, Danilo Gallinari voire John Collins.
Quelques fois, on peut être tenté d’analyser la stratégie mise en place par l’adversaire. La vérité, c’est que les Sixers ont juste assisté impuissants à leur propre naufrage. Ils vont tout cumuler. Se faire dominer au rebond, rater leurs lancers (Ben Simmons termine à 4/14), s’en remettre à un Tobias Harris pourtant transparent tout le match (2/11 au tir). A quelques minutes du termes, les regards paraissent mi-excédés, mi-paniqués. Harris secoue la tête, Rivers semble voir la résurgence de quelques cauchemars récents. Il tente bien quelques changements, sortir Ben Simmons pour Shake Milton. Puis Fukan Korkmaz, toujours bien trop responsabilisé pour Thybulle. Rien n’y fait, Trae Young découpe toujours leur défense et continue de scorer ou de trouver des solutions chez ses coéquipiers.
Et les Hawks arrivent à -2 sur ce floater de Young, qui vient d’éliminer Thybulle comme s’il s’agissait d’une opposition anonyme. L’action suivante, il obtient 3 lancers, à nouveau sur ce dernier. Il n’a que 22 ans, il fait 1m85, mais il est navigue au milieu des défenseurs élite de Philly avec une facilité déconcertante. Et eux restent muets. Inaptes à le contenir, inaptes à sanctionner en retour. Les Sixers viennent de passer derrière, ils y resteront. Danilo Gallinari s’en assurera en profitant d’un mismatch sur Curry pour planter un fadeaway. La messe est dite.
Déjà trop tard pour ce groupe ?
Cette défaite pose un problème majeur. Cette série dans son entièreté, en vérité. Les Sixers sont menés 3-2, avec un match à l’extérieur à jouer. La série n’est pas terminée, ils peuvent toujours la gagner. Mais le mal est fait, peu importe l’issue désormais.
Le mal est fait parce qu’ils ne devaient pas se retrouver dans cette situation. La série était supposée leur appartenir. Ces Hawks sont talentueux, indubitablement. Surprenants, assurément. Mais ils ne sont pas supposés matcher la défense élite de Philly, ni leur star-power.
Ainsi, quelle que soit l’issue de la série, les Sixers me semblent déjà avoir perdu leur campagne. Parce que leur statut de favori est égratigné. Parce que leurs problèmes demeurent toujours malgré un roster plus équilibré et un adversaire à qui on annonçait une sortie express.
Ben Simmons ne joue pas comme le All-Star qu’il est. Son blocage aux lancer-francs en fait une cible facile pour remonter des déficits. Le défendre reste trop facile pour une équipe disciplinée, même pour une équipe privée de plusieurs défenseurs clés. Giannis, longtemps raillé pour être limitable en Playoffs n’a jamais connu de telles difficultés. Et cette nuit, ses 28,6% aux lancers ont tué les siens. Au même titre que la disparition de Tobias Harris, ou le mutisme de Joël Embiid dans les ultimes minutes.
Le géant n’a pas démérité, tout comme Seth Curry a fait bien plus que ce qu’on lui demande. Tout cela n’a pas suffit. Et désormais, c’est toute la construction de cet effectif qui apparaît bancale. Non pas qu’on le découvre, l’association Simmons-Embiid n’a jamais paru faite pour optimiser les deux joueurs en attaque. Sauf qu’alors que de l’autre côté du tableau, les Nets décimés montrent qu’ils savent trouver les ressources pour vaincre, les Sixers grands favoris montrent encore et encore les mêmes fragilités.
A regarder les yeux des joueurs alors que Trae Young (39pts) plantait les ultimes lancers, il était difficile de ne pas sentir le poids terrible de cette rencontre. Difficile de ne pas compatir pour un Joël Embiid proche de la rupture.
Or, le coût de cet échec pourrait être élevé une fois l’été arrivé. Car si l’échange de Simmons apparaît comme de plus en plus nécessaire pour lancer une nouvelle ère à Philadelphie, sa côté pourrait bien sortir largement amoindrie de cette campagne. S’il y a quelques mois, le joueur semblait être une contrepartie intéressante, à-même peut être de permettre d’aller chercher un joueur du calibre de James Harden, des doutes pourraient bien s’insinuer dans la tête des GMs au moment de tenter le pari Simmons.
Et tout cela, les Sixers ne le doivent qu’à eux-mêmes. Et à cette nouvelle démonstration de leur incapacité à réellement maîtriser une série de Playoffs. Désormais, les joueurs doivent tenter de laver l’affront. Éviter de sortir prématurément. Mais quoi qu’il se passe dans les matchs suivant, il paraît impossible de faire oublier cet écueil.