Le meilleur joueur de Los Angeles à l’heure actuelle ne s’appelle ni Anthony, ni LeBron, et encore moins Westbrook, mais bien George. Depuis le début de la saison, le niveau de basket de l’équipe violette et or de Los Angeles nous donne des haut-le-cœur, de quoi enfermer Vogel et les siens dans une mauvaise dynamique. Les Angelinos enregistrent un triste bilan de 12 victoires pour 12 défaites. Parmi ces victoires, 8 partagent un point commun : elles ont été glanées face à des équipes faisant partie des huit pires bilans de la ligue. Dans une équipe entassant cinq futurs Hall of Famers dans ses rangs, on ne s’attend pas seulement à des victoires face aux terribles Pistons, Rockets, Kings ou autres Spurs. Ce n’est que le début de la saison, certes. D’autres équipes ont du mal à intégrer et organiser leurs nouveaux arrivés, d’accord. Force est de constater cependant que les signaux envoyés par les Californiens sont particulièrement inquiétants. Nous le savons depuis cet été, cette équipe n’a pas été pensée pour rouler sur la saison régulière. Il ne faut pour autant pas se contenter d’un tel néant, et penser que LeBron et AD pourront inventer je ne sais quel tour de magie, pour rendre ces Lakers bons. La préparation se fait en amont, et si les jaunes ne se battent pas, la mayonnaise ne prendra jamais. Si tout n’est pas à jeter chez les Lakers, il n’y a malgré tout pas grand chose à garder. Petit point de la situation chez les purple & old !
Le supporting cast en perdition
Plus les matchs passent et plus les Lakers ont des allures de réserve de joueurs pour les Shangaï Sharks. Aux côtés de joueurs comme LeBron, AD et Westbrook on ne demande qu’à avoir des coéquipiers qui défendent et qui marquent des trois points. Or, le “reste” de l’équipe ne tourne qu’à un faible 34% à trois points, malgré 17 tentatives en moyenne chaque nuit. Résultats des courses : les Lakers ont le 23ème offensive rating de la ligue. Ce n’est évidemment pas le seul facteur à prendre en compte, mais le manque d’efficacité du supporting cast impacte logiquement le niveau offensif global de l’équipe.
Le deuxième problème réside dans le manque de stabilité parmi ces joueurs. L’absence de rôles définis empêche aux hommes de Vogel d’instaurer une quelconque dynamique positive. Cette instabilité réside autant dans la qualité très fluctuante des matchs de chacun, mais également dans l’incapacité de Vogel de mettre ses joueurs dans les bonnes conditions.
Sur cette séquence, le manque de volonté et d’organisation est criant, ce qui laisse Anthony Davis seul face à ses responsabilités. S’il est évidemment capable de créer pour lui-même en iso, il n’en demeure pas moins anormal de se reposer autant sur lui, surtout lorsque l’on sait que son apport offensif est bien moins impactant cette saison. Avec le niveau offensif de son supporting cast, Vogel peine à trouver la solution idéale pour le rôle de 3&D, et se retrouve obligé de choisir la “moins pire” option.
Voici les huit joueurs avec le plus grand nombre de minutes jouées par match. On constate que le nombre de points inscrits pour 100 tirs tentés est terriblement faible chez les Lakers. En comparaison avec une équipe qui tourne bien, et vise le titre comme les Nets, le gouffre est très important. Dès lors, en voyant ces chiffres, on pourrait en déduire que Malik Monk serait l’option la plus viable. Seulement, le niveau de la 2nd unit deviendrait automatiquement très faible offensivement.
L’énigme Westbrook
Il est aussi excellent que mauvais, certainement le joueur le plus frustrant à voir évoluer dans la grande ligue. Sur les cinq derniers matchs, Russ tourne en 21.4 points, 6 rebonds, 8 passes, 3.2 pertes de balle, à 48.7% de réussite au tir et un +/- de 4. Ces statistiques sont évidemment bonnes, mais elles s’inscrivent rarement dans la durée. À l’image de sa carrière, les bonnes périodes durent aussi longtemps que les mauvaises. On doit bien sûr prendre en considération le temps d’adaptation nécessaire pour intégrer l’équipe, d’autant qu’il n’est pas le seul nouvel arrivant. Cependant, rien n’excuse certains errements défensifs lunaires, accompagnés de beaucoup de pertes de balle qui coûtent cher.
Avec 4.7 ballons perdus chaque soir Westbrook est responsable d’un peu moins d’un tiers des ballons perdus par les Lakers. Le match symptomatique de RW arrive en début de saison, dans une défaite face au Thunder… Ce soir-là Russ signait un quadruple double : 20 points, 14 rebonds, 13 passes, et 10 pertes de balle. Voilà un petit florilège des turnovers de ce soir là :
Les Lakers prennent donc plus de points à cause de ballons perdus lorsque Russ foule le parquet. Malgré tout, les chiffres de RW en défense ne sont pas si mauvais, mais dans une équipe en difficulté comme celle-ci, être moyen ne suffit plus. Là où des joueurs comme KCP ou Caruso faisaient du bon travail de l’ombre en défense, les présences de Melo ou encore Bradley rendent la moindre nonchalance défensive très coûteuse. La faute retombe donc facilement sur Westbrook, et même s’il n’est pas le principal fautif, il n’en demeure pas moins indemne de tout reproches.
Offensivement le constat est le même depuis ses débuts : son tir de loin n’est pas respecté et ne le sera jamais. Ce qui a pour conséquence directe de permettre aux défenses adverses de cerner AD plus facilement. Le constat a déjà été fait à de multiples reprises et ne changera pas cette année. On peut accorder à Russ le fait que sa sélection de tirs est moins catastrophique que les années passées, cependant certaines séquences offensives restent très symptomatiques de son manque de possibilités. Dans une NBA où les arbitres favorisent de plus en plus les défenses, le fait de foncer dans le tas pour rapporter des lancers francs ne fonctionne plus aussi bien. Certes, le Brodie a apporté plus de pace aux Lakers, qui sont passés de la seizième à la troisième place par rapport à l’an passé, mais force est de constater que le jeu rapide ne marche pas pour le moment.
Des perspectives positives pour la suite ?
À vrai dire, la réponse est à la fois oui, et non. Les Lakers peuvent difficilement faire pire que ce début de saison. Lorsque l’on se penche sur l’extrême facilité de leur calendrier jusqu’ici, le fait de voir un bilan à l’équilibre est assez inquiétant.
SOS = Strenght of schedule
S’ils ont eu le 3ème calendrier le plus simple jusqu’ici, les Lakers devront redresser la barre en ayant le 4ème calendrier le plus compliqué à venir de la ligue, de quoi donner quelques inquiétudes supplémentaires au sujet des Californiens.
Cependant cette équipe reste taillée pour les playoffs : il reste du temps pour trouver une identité et créer une bonne dynamique. Malheureusement Vogel semble dépassé par les évènements, et les joueurs ne dégagent pas de signaux positifs. Si les Lakers arrivent en postseason dans ces conditions, tout porte à croire qu’ils ne seront pas champions.
Sur les 20 dernières années, toutes les équipes championnes ont vu leur offensive ou defensive rating, au minimum dans le top 10 de la ligue. Les Lakers à l’heure actuelle sont très loin de pouvoir atteindre ce palier. Il va falloir un grand déclic au sein de l’effectif pour pouvoir redresser la barque, et espérer ramener un trophée à la Crypto.com Arena en fin de saison.