Deux saisons mouvementées, deux bonnes dynamiques avant l’arrivée des play offs, mais deux résultats différents. Le préambule à cette série entre Atlanta et Miami est autant porteur de promesses que de doutes. Avec d’un côté un Heat premier de conférence, qui retrouve un effectif au complet et en santé face à des Hawks portés par un Trae Young étincelant, victorieux du play in, mais diminués par les blessures et l’irrégularité, autant offensive que défensive. 3 victoires sur 4 possibles pour Miami lors de chacune des oppositions de la saison régulière, une correction infligée d’emblée dans la nuit de dimanche. La tâche est-elle insurmontable pour les Hawks ?
Des Hawks avec du plomb dans l’aile
La défense de la peinture, le nombre de possessions jouées à travers le rebond sont autant d’éléments clés nécessaires de surveiller au cours d’une série.
Exister sans Capela
Si les Hawks veulent pouvoir exister au barrage de tir à 3pts proposé par le Heat, et à l’agressivité de Bam Adebayo, cela devra passer par un Clint Capela au niveau, mais surtout en forme. Blessé lors du play in face à Charlotte et rarement à 100% tout au long de la saison, il n’en reste pas moins le pilier défensif d’une équipe d’Atlanta qui ne trouve que peu de solutions pour tenir le jeu agressif d’Adebayo et Butler. Sans Capela, il incombe à Okongwu, également peu épargné par l’infirmerie, de hausser le ton. S’il a progressé dans l’ensemble de ses statistiques (8.2 points, 5.9 rebonds), le défi n’en reste pas moins élevé et déséquilibré pour le sophomore. À ses côtés, John Collins sera en vis-à-vis direct avec Bam Adebayo. Certes, Collins est également diminué par les blessures, mais est forcé de revenir pour aider le collectif amoindri des Hawks. Touché au doigt et à la voûte plantaire, cela ne l’a pas empêché d’être généreux dans l’effort lors du premier match. Assez pour sauver le match ? Non. Mais assez pour donner un motif d’espoir à Atlanta. 10 points, 4 rebonds pour 21 minutes de jeu et une bonne défense sur Adebayo, Collins assure un niveau plancher qui manque cruellement aux Hawk sur son poste intérieur.
Si le secteur intérieur des camarades de Young est en difficulté, la défense extérieure a quant à elle complètement sombré hier soir. Le problème ne date pas d’hier soir, les Hawks ont un defensive rating de 113.1, et proposent une des pires défenses loin du ballon (la pire actuellement). Collins et Capela ont le meilleur defensive win share de leur équipe avec respectivement 1.9 et 1.3. Derrière eux ? Un naufrage collectif, même Deandre Hunter pourtant impérial dans ce domaine l’an dernier semble avoir régressé car également mis à mal par son corps. Atlante propose « trop » de joueurs négatifs en défense : Young, Huerter, Bogdanovic, Gallinari. Dans une époque où les équipes qui prétendent au titre s’appuient avant tout sur une bonne défense, la 16ème défense des Hawks est à la rue. Sur le premier match de la série, Nate McMillan (pas le plus inspiré certes) n’est parvenu à trouver aucune solution face au barrage longue distance de Miami, qui propose de nombreuses options à 3pts.
Vivre par l’attaque ?
Le système de défense en zone historique du Heat laisse naturellement des zones du terrain plus exploitables que d’autres. Une interdiction de circuler dans la raquette et au drive, qui implique de laisser la part belle à l’adversaire à 3pts. Encore faut-il qu’il mette ses tirs. Atlanta prend peu de tirs, et en met peu (17ème en fréquence, 22ème en réussite), et s’appuie essentiellement sur les exploits offensifs de Trae Young. S’il sort de sa meilleure saison en carrière (28 points, 9.7 passes et 38% à 3 points), il a été dévoré par la défense du Heat incarnée par Butler et Lowry, qui se sont relayés sans cesse pour forcer les tirs difficiles et les turnovers. Atlanta propose un cinq très à l’ancienne avec seulement deux porteurs de ballons, deux joueurs non shooters. Dans une aire où la polyvalence est de mise, il semble compliqué, voire impossible de demander aux joueurs des Hawks de faire des choses dont ils sont incapables.
Trae Young ne sera peut-être pas aussi bien défendu sur l’ensemble de la série, mais son équipe a terriblement besoin de lui pour espérer survivre. Ses maigres 8 points avec notamment un 0/7 à 3 pts, et ses 6 turnovers scellant le match dès la mi-temps. Sans Capela pour être une menace au alley oop, et avec un Collins bien peu bondissant, ajoutez à cela un Bam qui se fait un plaisir de se consacrer uniquement aux tâches obscures, et vous obtenez un meneur qui ne peut que prendre des tirs longue distance, ou s’appuyer sur des floaters.
Le gros axe de travail possible pour les Hawks reste cependant leur attaque du cercle, où ils ont réussi à générer 13 lancers francs. Atlanta a tout intérêt à adapter son plan de jeu en cours de match, si comme dimanche soir les tirs ne rentrent pas. Est-ce risqué d’attaquer une raquette Adebayo Tucker ? Tout autant que tenter de composer avec un duo Lowry/Butler. Le Heat sur l’ensemble de la saison est dans le bottom three des équipes qui concèdent le plus de lancers francs, et Atlanta provoque beaucoup de fautes en étant la 6ème équipe au free throw rate. Le seul espoir semble venir de là.
Un Heat au complet
Il va sans dire que depuis 2 ans, la NBA court après la santé de ses joueurs entre blessures et Covid-19.
Enfin du congé pour le staff médical
Si vous suivez le Heat et connaissez son historique récent, vous savez que l’infirmerie du Heat semble être le meilleur hôtel de Floride tant elle est souvent au complet. Le Heat a couru toute la saison pour récupérer des joueurs en forme, en s’appuyant sur le coaching de Spoelstra et sa capacité à révéler le plein potentiel de son équipe. De Max Strus à Gabe Vincent en passant par la révélation qu’est Omar Yurtseven, le Heat a fait le dos rond et n’a eu de cesse de modeler son jeu, avec les joueurs présents pour terminer à une confortable seconde place. Cela a pénalisé sa fin de saison, car une fois l’infirmerie vidée, il a fallu reprendre le plan de jeu initial. Cela a entraîné une série de défaites frustrantes mais logiques (tout en ayant donné du travail à certains médias, mais c’est un autre débat…).
Arrivé en play offs, le Heat dispose de tous ses joueurs et propose un banc de role players très complémentaires, qui proposent un style de jeu différent du cinq majeur. Cela s’est notamment ressenti face aux Hawks, où le cinq majeur n’a pas eu à rester longtemps sur le terrain grâce aux efforts fournis par les remplaçants, grâce à la bonne défense de Vincent, Strus permettant de couvrir les largesses défensives de Tyler Herro notamment. Bien sûr lorsque l’adversité augmentera (si les Hawks parviennent à trouver les clés pour survivre), le temps de jeu du banc diminuera.
Big Face Coffin
L’alpha de cet effectif qu’est Jimmy Butler est la clé de la série contre Atlanta, tant sa très bonne défense et sa capacité à driver sont fondamentales dans le système de jeu du Heat. Lors du premier match, il n’a pas eu à forcer son jeu, se concentrant sur sa défense agressive sur Trae Young, en perforant la raquette diminuée des Hawks, et aboyant sans cesse. Si son shoot n’est toujours pas fiable à longue distance, il compense aisément de par son agressivité et ses capacités athlétiques qui permettent notamment à Miami de provoquer beaucoup de lancers francs (5ème équipe au FT Rate). Il sait surtout très bien trouver ses shooters dans les corners, ou via système. Encore une fois, Atlanta est coincé. Faire sortir les intérieurs à chaque attaque revient à s’exposer à des alley oops. Trop venir en aide revient à libérer des shooters à fort volume, comme Duncan Robinson qui a foudroyé l’équipe de Géorgie lors du premier match (8/9 à 3pts). Encore une fois, l’ensemble de la défense de Atlanta semble reposer sur les épaules de Deandre Hunter.
Butler est le joueur qui bénéficie le plus de l’apport complémentaire de Lowry et Herro. Avec d’un côté un floor général très bon passeur, shooter et défenseur, et de l’autre un Tyler Herro excellent dans son rôle de dynamiteur en sortie de banc. Le Heat diffuse la responsabilité, permettant à Butler de se concentrer sur ce qu’il fait le mieux. Ne soyez donc pas étonnés si Jimmy Bucket n’est pas la première option sur l’ensemble de la série, il devrait cependant en être le logique meilleur défenseur.
Le maître et l’élève
Spoelstra et McMillan ont l’habitude de se croiser au mois d’avril, cela termine cependant rarement comme Nate le voudrait. Spoelstra est un des meilleurs coachs de la ligue depuis de nombreuses années. Sa capacité à adapter ses plans de jeu d’un match à l’autre, de responsabiliser ses joueurs au bon moment et de renverser des fins de matchs, font de lui un des meilleurs atouts du Heat. Même si son équipe a infligé une véritable correction aux Hawks, cela découle avant tout d’une analyse des forces et des faiblesses de l’adversaire. Il a su placer les bons role players face à Young pour reposer Butler et Lowry, impliquer Dewayne Dedmon et Adebayo en attaque pour châtier la peinture adverse, tout en empêchant les Hawks de revenir au score.
McMillan n’est historiquement pas un coach qui adapte son plan de jeu en plein match. Il prépare bien ses oppositions et ses joueurs, mais ne réagit que peu lorsque le cours du match se renverse. Pourquoi s’inquiéter lorsque l’on a un des meilleurs meneurs de la ligue ? C’est pourtant un des facteurs clés de la série pour une équipe des Hawks qui doit faire ce qu’elle ne sait pas faire, et s’appuyer sur des joueurs parfois peu responsabilisés pour espérer survivre. Nous en revenons toujours au même point : Atlanta ne peut pas espérer tenir longtemps si elle doit compter sur son trio Young/Collins/Capela à 100% pour l’emporter. McMillan doit responsabiliser en attaque les très bons joueurs que sont Huerter, Bogdanovic, comme il a su impliquer Gallinari sur le premier match.
Ne pas s’adapter, c’est envoyer Trae Young dans la tranchée et s’étonner que son équipe soit en panne d’adresse. Celui qui doit élever son niveau de jeu est davantage le coach que les joueurs du côté d’Atlanta.
A quoi s’attendre dans cette série ?
Il semble compliqué d’espérer mieux qu’une série qui se termine en 5 matchs tant l’écart est logique et cruel entre une équipe au sommet de sa conférence et une autre qui, or play in n’aurait pas dû accéder aux play offs. Il n’empêche que le run de fin de saison d’Atlanta est une source logique d’espoir pour Trae Young et son escadron. Atlanta ne devrait pas shooter aussi mal que lors de son premier match, mais cela sera-t-il assez pour espérer ne pas être sweepé ? Difficile à dire. Cela dépendra encore une fois du retour en forme de Collins et Capela, de la capacité d’adaptation de McMillan, et de la réussite de Young.
Le Heat est arrivé avec des certitudes, les Hawks avec des doutes, et ceux-ci semblent peu prêts à corriger la mire maintenant. Bien sûr en NBA rien n’est écrit à l’avance, mais il y a trop de facteurs aléatoires du côté d’Atlanta. Miami peut se permettre sur un ou plusieurs matchs de baisser le ton en défense, d’être moins efficace en attaque voire même d’être moins concerné par l’enjeu. Atlanta doit dépasser son plafond pour espérer résister. Nous nous attendons logiquement à un Trae Young game mais cela sera-t-il suffisant ?
Match-up
Miami Heat : 95%
Atlanta Hawks : 5%