Je crois bien que depuis que j’écris pour QiBasket, c’est la première fois où je ne commence pas ma preview des Cleveland Cavaliers par “L’année passée n’a pas été rose pour les fans des Cavs” parce que oui (!), la saison passée, Cleveland a régalé ses fans et les observateurs de la ligue et sans que LeBron James y soit pour quelque chose !
Le début de saison a été très réussi. Malgré un voyage dans la conférence Ouest compliqué dès le départ (Nuggets, Clippers, Lakers, Suns bilan 2-2) leur continuité dans les résultats les a menés jusqu’à la 3ème place de la conférence Est, à égalité avec les seconds (Chicago Bulls) en février 2022. Mais Cleveland est une terre de poissards et Darius Garland, sur qui reposait pratiquement l’entièreté du jeu offensif des Cavs se blesse le 11 février, revient, puis se reblesse aussitôt au dos. De quoi compliquer singulièrement les choses pour la troupe de Bickerstaff.
La récompense est la présence de 2 joueurs sélectionnés au All Star Game : Darius Garland et Jarrett Allen
Les Wine and Gold s’accrochent et gagnent le droit de disputer le Playin. Problème, deux têtes d’affiche de la conférence s’y sont perdus (Brooklyn et Atlanta) et vont tamponner prématurément le passeport pour Cancun des Cavaliers, laissant un goût doux amer dans la bouche de tout l’Ohio.
On se demande ce qu’aurait pu donner cette équipe sans la caravane de blessures (particulièrement celle de Rubio). C’est râlant, certes, mais l’essentiel était déjà acquis : un jeu positif, une envie de bien faire en défense, un rookie volé proche de son titre de ROY, Jarrett Allen qui justifie chaque dollar de son contrat, Kevin Love qui court et enfin un nouveau patron sur le terrain : Darius Garland.
Bref une équipe qui a fini sa phase de reconstruction et qui devra confirmer toute la bonne impression laissée la saison dernière.
In & out : le point sur le roster
Le point sur le roster actuel :
Meneur : Darius Garland, Ricky Rubio, Raul Neto, RJ Nembhard
Arrière : Donovan Mitchell, Caris LeVert, Lamar Stevens
Ailier : Isaac Okoro, Cedi Osman, Dylan Windler
Ailier-fort : Evan Mobley, Kevin Love, Isaiah Mobley
Pivot : Jarret Allen, Robin Lopez
Phase de l’équipe : Compétitif, s’installer dans le top 5 de l’Est
Bien sûr, cette année, l’effet de surprise ne marchera plus, mais l’équipe a les armes pour aller chercher une place dans le top 5 de l’Est. Le front office a bien compris qu’ils étaient à la croisée des chemins et qu’il fallait poser un geste fort pour sceller le destin de toute l’équipe. On ne peut pas encore parler de contender de par le manque d’expérience, la faiblesse du poste 3, ou par certaines inconnues, mais on ne compte pas jouer les modestes quant à ses ambitions sur les bords du lac Erié.
Tout autre résultat qu’un top 5 serait un échec pour le front office et le coaching staff, ni plus ni moins.
Les tendances de l’été
Du vétéran
Les fans des Cavs avaient encore en souvenir ce déplacement chez les Pels et la blessure de Ricky “Jesus” Rubio. Tout le restant de la saison, on a vu les réseaux sociaux prier pour le retour du meneur qui constituait un binôme parfait avec Garland et pour mener la second unit. Le front office l’a vu également et a tout mis en œuvre pour faire revenir le vétéran, et ce pour trois saisons. Même si la blessure est compliquée et qu’il faudra encore du temps pour qu’il recouvre de celle-ci, le move est malin pour le vestiaire et gageons qu’il portera ses fruits pour la seconde partie de la saison et la suivante.
Pour patienter, les Cavs ont fait venir un profil similaire en la personne de Raul Neto pour épauler Darius Garland et assurer des périodes de repos au jeune patron. Une signature d’un an qui permettra d’assurer un intérim de qualité.
Autre vétéran précieux pour un vestiaire, Robin Lopez qui a aussi signé pour une saison. L’ami des mascottes pourra sans aucun doute apporter un peu plus sur le terrain qu’Ed Davis et permettra d’avoir un peu plus de profondeur sur un poste clé du jeu des Cavs vu leur propension à utiliser des joueurs de grands formats.
Soldat sérieux
C’est tombé très récemment mais les Cavs ont décidé de prolonger un précieux soldat en la personne de Dean Wade. 18.5 millions sur 3 ans pour un profil assez similaire à Lauri Markkanen parti pour Utah. Il n’a pas son talent naturel mais celui qui fut non drafté est un bosseur et une rotation sérieuse dans la perspective de pouvoir à nouveau revoir le tall ball des Cavs.
Une étoile de plus
Le 1er septembre et la rentrée des classes c’est quelque chose ! On essaye tout de suite de se mettre en valeur dans la cours de récréation ou en classe. Et bien Koby Altman, Président des opérations basket, est arrivé avec une surprise dans son cartable, pour tout l’Ohio.
Alors qu’on pensait Donovan Mitchell en bonne voie pour rester à Utah ou partir aux Knicks, il n’en fut rien. Bon, les Knicks ont l’habitude, mais pour le reste de la planète basket c’est un sacré séisme. Cleveland envoie Collin Sexton en sign and trade, Lauri Markkanen, son nouveau rookie Ochai Agbaji, 3 first picks et 2 swaps de picks (oui, ça reste Danny Ainge en face).
Un triple All Star qui débarque dans le Mid East c’est pas tous les jours la fête mais là, les fans ont certainement ouvert une petite méthode Champenoise pour se remettre de leurs émotions.
Focus sur la saison 2022-23 des Cavaliers
C’est forcément une saison à double tranchant pour le jeune roster des Cavs. Confirmer n’est jamais simple et en plus de devoir se remontrer sous un jour tout aussi séduisant, il faudra justifier l’arrivée d’un joueur All Star. Celui-ci doit permettre au jeu offensif de se reposer sur plusieurs épaules. Certains devront aussi prouver leur valeur, surtout Caris LeVert.
Caris LeVert
Je commence par lui car il représente la plus grande incertitude individuelle du roster. Lors de son arrivée en provenance des Pacers lors de la trade deadline, le front office, qui lorgnait sur son profil depuis des années, a vendu à la fanbase un joueur capable de se créer un shoot en toutes circonstances et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est mitigé. Caris n’a pas vraiment convaincu mais ne s’est pas complètement grillé non plus. Il lui reste une belle cartouche à tirer pour justifier ses 18.7 millions annuels et surtout assurer son futur contrat, que ce soit dans l’Ohio ou ailleurs. Un joueur en année contrat est toujours intéressant à surveiller et si Caris veut s’assurer une fin de carrière dorée, cela passera par une saison pleine, que ce soit en attaque, mais aussi en défense, où l’effort devra être à la hauteur du salaire espéré.
Isaac Okoro
La problématique n’est pas tout à fait la même pour le jeune Isaac Okoro mais, alors qu’on le pensait ancré dans le young core, il n’y est plus cité et ce pour une raison : son trop faible apport offensif. S’il possède une bonne faculté à aller jusqu’à l’anneau, il faudra être beaucoup plus précis dans la finition au cercle mais également être une menace plus efficace de loin.
Sa défense de fer sauve sa place pour le moment mais si l’équipe s’améliore collectivement sur ce point, on sentira moins son impact en défense et il faudra trouver un autre axe pour briller. Il en a les capacités et nul doute que l’été a été studieux pour l’ancien d’Auburn. A lui de devenir un PJ Tucker plus moderne.
Darius Garland et Donovan Mitchell
On espère que JB Bickerstaff aura des réponses à bien des questions concernant l’association des deux joueurs sur le terrain. En défense : quelle sera leur aptitude à servir de premier rempart pour éviter que les grands ne doivent systématiquement venir en aide et créer des décalages évident pour les attaques adverses ? En attaque : comment éviter que Darius Garland ne retombe dans sa timidité offensive de début de carrière ?
En effet, si Darius Garland ne s’est jusqu’ici pas imposé pour sa défense, que dire de Donovan Mitchell qui multipliait les journées portes ouvertes du côté de l’Utah ?
En attaque, on attend un duo efficace en zone de conclusion où chacun pourra s’exprimer en fonction de la forme du moment ou de l’opposition. Il faudra travailler l’alchimie et la confiance mutuelle pour éviter une cannibalisation des performances offensives. Pas toujours le plus facile à mettre en place.
Une chose est sûre, lors des moments plus tendus en fin de match, les Cavs auront une solide arme supplémentaire qui a tant fait défaut la saison passée et rien que pour ça, on peut se satisfaire du trade au lieu de le craindre.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Cleveland a sécurisé Mitchell, Garland, Mobley, Allen jusque fin 2026 minimum. L’an 1 de cette nouvelle ère démarre cette année et il ne faudra pas mettre du plomb dans l’aile du projet de reconstruction qui a atteint une certaine limite. Il n’y a plus des masses de picks de draft ou de contrat poubelle pour se sauver. On est pas dans le win now mais plutôt dans le win or it will suck.
Les observateurs seront certainement très attentifs à la façon dont JB va coacher car, on le sait, il y a encore des fameux trous d’airs et la marge d’erreur va se réduire fortement. Il sera le premier à sauter s’il y a le moindre couac dans le plan qu’Altman a servi sur un plateau d’argent.
La Rocket Mortgage Fieldhouse va vrombir de plaisir mais pourra aussi se montrer impitoyable si les hommes ne sont pas à la hauteur de l’évènement (demandez aux joueurs des Browns) mais Dan Gilbert pourrait bien réussir son pari de faire revivre le basket sans LeBron en sauveur de la nation…Alors que peut-être…non laissons les se concentrer sur cette saison d’abord, il sera encore temps de fabuler plus tard.