Il l’a fait. LeBron James a dépassé, hier soir, Kareem Abdul-Jabbar et ses 38.387 points inscrits au classement des scoreurs les plus prolifiques de l’histoire de la NBA. Un de ses records que l’on a longtemps observé comme étant intouchable, ou presque.
38.387 points inscrits par l’ancien pivot iconique des Bucks et des Lakers, armé de son skyhook légendaire, en 20 saisons entre 1969 et 1989, lorsqu’il raccrochera les sneakers alors âgé de 42 ans. Il aura donc fallu patienter 24 ans, et rien de moins que l’un des tout meilleurs joueurs de l’histoire de la balle orange, pour voir ce record tomber.
A 38 ans, après 20 saisons sur les parquets depuis la saison 2003-04, LeBron James se hisse seul au sommet de la pyramide, avec des chiffres à vous donner le vertige, et un maître mot : constance. Si l’on excepte sa saison rookie à 20,9 points de moyenne, LeBron James n’est jamais passé, en 19 ans, sous la barre des 25 points de moyenne sur une saison. Si l’on compte uniquement la saison régulière, la dernière fois que LeBron est passé sous la barre des 10 points sur un seul match remonte au 5 janvier 2007, il y a 16 ans.
Et dire que certains ont prétendu qu’il n’était pas un scoreur… Après tout, sur ce point, libre à vous de penser ce que vous voulez, mais il est vrai que j’ai personnellement tendance à considérer que quand il y a besoin de remonter à une époque où la chanson la plus écoutée était Marly-Gomont de Kamini pour trouver trace d’un match à moins de 10 points, c’est que le joueur concerné est plutôt doué pour mettre la balle dans le panier où il veut, quand il veut.
Dans sa course à la greatness, LeBron James a délivré toutes sortes de performances, dont on se souviendra bien longtemps après que le King ait raccroché les baskets. Petit tour d’horizon de quelques unes d’entre elles, où le scoreur qu’est LeBron a parlé – saison régulière et playoffs confondus parce qu’après tout, pourquoi se limiter ?
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1. Le premier match à 40 points
Date : 27 mars 2004
Match : Cleveland Cavaliers vs New Jersey Nets
Contexte : Saison régulière
Performance au scoring : 41 points, 15/29 aux tirs, 1/2 à 3pts et 10/10 aux lancers-francs
On vous l’a précisé en introduction : à ce jour, la saison rookie de LeBron James est la seule de sa carrière où il terminera en dessous des 25 points de moyenne, culminant à 20,9 points par match. Mais n’allez pas penser que cette première saison dans l’élite allait être exempte de tout carton offensif, loin de là.
Ce 27 mars 2004, après une défaite face aux 76ers où il ne scorera que 16 points, LeBron James et les Cavs enchaînent en back-to-back, à la maison, face aux Nets de Jason Kidd et Richard Jefferson, Finalistes NBA la saison précédente. L’occasion pour un LeBron James âgé de 19 ans et 88 jours, tout fringuant et bondissant, d’enfiler le bleu de chauffe et, pour la première fois de sa carrière, de franchir la barre des 40 points marqués sur un match.
Et oui, c’est important de préciser 19 et 88 jours puisqu’à ce jour encore, LeBron James reste le joueur le plus précoce de l’histoire à avoir inscrit 40 points sur un match, devant Kevin Durant et ses 19 ans et 200 jours, en 2008.
2. Le premier match à 50 points
Date : 20 mars 2005
Match : Cleveland Cavaliers vs Toronto Raptors
Contexte : Saison régulière
Performance au scoring : 56 points, 18/36 aux tirs, 6/12 à 3pts et 12/13 aux lancers-francs
Rassurez-vous, on ne va pas faire tous les paliers jusqu’à 100. Toute façon, LeBron n’a jamais mis 100 points dans un match – loser. Mais si passer la barre des 20 ou 30 points a déjà, en soi, quelque chose de grisant pour un joueur de basket, que doit-on dire de la perspective d’en mettre 50 sur un même match ? Si ces dernières années, et cette saison plus encore, la chose a tendance à se banaliser, ne nous trompons pas : la performance reste totalement folle.
Et près d’un an après être devenu le plus jeune joueur de l’histoire de la Ligue a avoir inscrit 40 points sur un match, LeBron James ira également inscrire son nom dans les livres d’histoire comme joueur le plus précoce à en inscrire 50 (20 ans et 80 jours pour être précis). LeBron s’arrêtera à 4 petits points seulement des 60, en scorant 56 points… Sur 105. A 20 ans ? 56 points ?
Ce match, s’il reste historique dans l’histoire de LeBron James, reste également comme symptomatique de cette époque des Cavaliers. Car malgré cette performance historique de celui qui était déjà, du haut de ses 20 ans, le franchise player incontesté des Cavs, ceux-ci finiront par s’incliner contre les Raptors. Hormis James, seul Drew Gooden parviendra à surnager avec 24 points : le reste de l’équipe culminera, en cumulé, à 18 petites unités.
Au moins, il restera l’Histoire.
3. Premiers playoffs, premiers cartons
Date : 28 avril 2006
Match : Cleveland Cavaliers vs Washington Wizards
Contexte : 1er tour de playoffs 2006
Performance au scoring : 41 points, 16/28 aux tirs, 3/5 à 3pts et 6/9 aux lancers-francs
Enfin. Après deux saisons à blanc, enfin LeBron James découvrait les playoffs, et leur saveur toute particulière, dans un premier tour disputé face aux Washington Wizards de Gilbert Arenas. Si cette première série restera dans l’histoire pour les doux mots que LeBron prononcera à l’Agent Zero lors de la prolongation de l’ultime match 6 de la série (“If you miss this, you’re going home“), elle est surtout l’occasion pour le King de démontrer qu’en playoffs aussi, il sait montrer les crocs, lui qui sort d’une saison régulière à 31,4 points de moyenne.
Lors du match 3, LeBron se fâche, alors que la série est à égalité. 41 points, et l’action du match pour venir faire triompher les siens, alors que Cleveland est mené d’un point à 23,4 seconds du buzzer. Une isolation poste haut, en dribble, comme on en fait plus depuis bien longtemps en NBA, après s’être assuré d’être défendu par Antonio Daniels. Après l’avoir éliminé sur son jeu d’appuis, LeBron s’élance vers le cercle et y rencontre le coffre de Michael Ruffin – non, ce nom n’a pas été inventé. Contact, tir en 2 temps sur la redescente, game winner.
Pour être sûr d’avoir marqué les esprits, LeBron réitèrera au match 5, remporté par les Cavs, avec 45 points, à 14/23 aux tirs et 17/18 aux lancers-francs. Plus de 35 points de moyenne sur la série, merci au revoir.
4. Playoffs 2007, LeBron met Detroit à terre
Date : 31 mai 2007
Match : Cleveland Cavaliers vs Detroit Pistons
Contexte : Match 5 des Finales de Conférence Est 2007
Performance au scoring : 48 points, 18/33 aux tirs, 2/3 à 3pts et 10/14 aux lancers-francs
Vous le constaterez au fil de la lecture de cet article, c’est en post-saison que certaines des plus grosses performances au scoring de LeBron James ont pris place. S’il était parvenu à se défaire des Wizards lors de ses premiers playoffs, LeBron n’arrivera en revanche pas à passer l’obstacle des Pistons, non sans opposer de résistance (4-3 pour les Pistons).
Pour la deuxième campagne de playoffs de l’ère James, Cleveland retrouve Detroit, cette fois-ci en Finales de conférence. Des Pistons qui ont terminé en tête de conférence avec 53 victoires, contre 50 pour Cleveland, et qui, malgré la perte de Ben Wallace à l’été 2006, restent de sacrés clients. A 2 partout dans la série après 4 matchs, ce n’est pas LeBron James qui vous dira le contraire. Le match 5, disputé au Palace d’Auburn Hills, sera le tournant de la série, et l’amorce de la chute des Pistons.
Un match épique, comme les playoffs savent en faire, et un match à part entière dans l’histoire de LeBron James. 48 points donc, à 18/33 aux tirs. Mais surtout, 29 des 30 derniers points de son équipe inscrits. C’est bien simple, il reste alors 2’49 minutes à jouer dans le 4ème quart-temps, et Drew Gooden vient d’inscrire un lancer : à partir de là, l’intégralité des points des Cavaliers sera l’œuvre de LeBron James. On vous a précisé qu’il y avait eu 2 prolongations ou pas ? Légendaire.
Les Pistons se relaieront, mais rien n’y fera. Billups, Hamilton, Wallace, Prince : rien. LeBron bataillera pour ramener les siens et pousser le match jusqu’à la prolongation, puis entretiendra l’espoir jusqu’à la dernière action de cette deuxième prolongation. Et ce dernier drive, face à Billups, qu’il terminera en plein trafic avec le game-winner qui fera basculer la série. 3-2 Cleveland, qui terminera la série à la maison, et finalera vers les premières Finales NBA de son histoire.
5. Le premier festival au Madison Square Garden
Date : 5 mars 2008
Match : Cleveland Cavaliers vs New York Knicks
Contexte : Saison régulière
Performance au scoring : 50 points, 16/30 aux tirs, 8/10 à 3pts et 9/12 aux lancers-francs
Dans la mythologie NBA comme dans toutes les autres, il y a des lieux sacrés, où les héros sont destinés à produire des choses extraordinaires. Dans le folklore des salles NBA, s’il ne fallait en garder qu’une, nul doute que le Madison Square Garden se posera en principal favori. Que cela relève du mythe ou d’un fantasme, la NBA vit depuis de longues années avec cette idée qu’une grande star doit marquer de son empreinte la demeure des New York Knicks au moins une fois dans sa carrière.
Mettre 50 points, c’est bien, très bien même. Mais mettre 50 points au Madison Square Garden ? Pour un grand nombre de basketteurs, on est ici dans le registre du rêve le plus pur, même pour les joueurs NBA. Et si vous ne me croyez pas, voyez plutôt ce qu’avait à en dire LeBron après ce match du 5 mars 2008, duquel il ressortira avec 50 points, des étoiles dans les yeux :
“J’ai rêvé de bien jouer dans cette salle, ça dépasse tout ce dont je pouvais rêver (…). Recevoir une standing ovation dans la plus grande salle de basket du monde, c’était un rêve devenu réalité pour moi. C’est l’une des meilleures choses qui me soient arrivées.” – LeBron James
50 points tout rond et un final en beauté. A 3’50 de la fin du match, Cavaliers et Knicks sont au coude-à-coude, 99-98 pour les visiteurs de l’Ohio. Le moment où LeBron décidera d’appuyer sur la détente pour fusiller Big Apple. Un premier tir à trois-points, planté juste devant Spike Lee. Puis, un autre, quelques mètres plus haut. Puis encore un autre, en tête de raquette. 2’08 restants à jouer, et les Cavs viennent de s’envoler 110-99 avec un 9-1 infligé par le seul et unique King ce soir-là. Mais la barre des 50 unités n’est toujours pas franchie : elle le sera à 1’04 de la fin, sur un nouveau tir à 3 points inscrits en tête de raquette.
Le 4 février 2009, à l’occasion d’une nouvelle venue des Cavaliers à New York, LeBron réitèrera son exploit, améliorant même son record au Madison : 52 points, à 17/33 aux tirs.
6. Légendaire, bis
Date : 7 juin 2012
Match : Miami vs Boston
Contexte : Finale de Conférence Est
Performance au scoring : 45 points, 19 sur 26 aux tirs, 2/4 à 3pts et 5/9 aux lancers-francs
LeBron, version Miami, dans ce qu’ils sont nombreux à considérer être son prime athlétique. L’aventure de LeBron au sein du Heat de Miami, c’est un peu le chapitre dark de son histoire. Celui où il a été le plus détesté, à tort ou à raison selon les sensibilités, où il a été le plus clivant, et peut-être, aussi, le plus dominateur. LeBron avait des envies de greatness, de titres, de victoires, et c’est dans le Sud du pays qu’il est allé provoquer son destin à l’été 2010.
Mais l’aventure Miami ne débute pas du bon pied. Enfin, pas totalement. Défaite surprise en Finales 2011 face à des Mavericks de Dallas que très peu voyaient triompher, et une étiquette de looser qui commence à peser sur les larges épaules du King. De retour en 2012, voici que le Heat est à nouveau en position plus que délicate en Finale de Conférence face aux Boston Celtics. Il aura beau avoir changé de tenue, LeBron retrouve finalement ses vieux ennemis.
Les Celtics mènent 3-2 lors de ces Finales de conférence, avec un match à la maison pour venir mettre un terme aux espoirs de titre du Heat de LeBron, Wade et Bosh. Mais c’était sans compter sur LeBron, regard noir dès l’entre-deux. Son premier panier du match donnera le ton, écrasant le cercle après avoir laissé sur place un Paul Pierce qui, ce soir là, allait être bien impuissant. 14 points dans le premier quart-temps pour le King, 30 à la mi-temps. Turnaround, finition au cercle, 3 points, tout y passera, dans une propreté insolente, à 19 sur 26 aux tirs au final. Et au bout, la survie pour Miami, qui ira enterrer les Celtics au match 7 à la maison.
7. Le record
Date : 3 mars 2014
Match : Miami vs Charlotte
Contexte : Saison régulière
Niveau défensif adverse global : Eclaté
Performance au scoring : 61 points, 22/33 aux tirs, 7/13 à 3pts et 11/16 aux lancers-francs
Pauvres Bobcats. Ils n’avaient rien demandé de spécial, si ce n’est d’avoir le droit de jouer au basketball. En janvier 2014, déjà, ils étaient venus avec les mêmes intentions et était reparti avec une valise et 62 points inscrits par Carmelo Anthony. A peine deux mois plus tard, le compère de draft de Melo arrivait avec les mêmes ambitions.
A cette période, ce n’est pas LeBron, le King, ou le Chosen One qui fait la Une, mais son alter égo le plus détesté des uns, aimé des autres, le fameux Masked LeBron. Contraint de porter un masque à cause d’un nez cassé, LeBron abordera son iconique – mais éphémère – masque noir d’abord, avant d’être sommé, par la NBA, d’opter pour le modèle transparent. Je ne saurais vous indiquer si c’est cette contrariété esthétique qui poussera LeBron à atomiser les Bobcats, mais une chose est sûre : la sanction allait être violente.
Le match de tous les records – à l’époque – pour le King. 61 points ? Record en carrière. 25 points dans le 3ème quart-temps ? Record en carrière. 8 paniers à trois-points ? Record en carrière. C’est bon, ça ira, ou on vous met du rab ?
9. LeBron Président
Date : 3 novembre 2017
Match : Cleveland vs Washington
Contexte : Saison régulière
Niveau défensif adverse global : Bof
Performance au scoring : 57 points, 23 sur 34 aux tirs, 2/4 à 3pts et 9/9 aux lancers-francs
Petit bond dans le temps. LeBron est de retour sous les couleurs des Cavs et a depuis fait gagner à la franchise son premier titre NBA, l’un des plus historiques qui soit dans l’histoire de la Grande Ligue, face aux monstrueux Warriors. Le temps – et les émotions procurées – ont fait leur effet. LeBron n’est plus détesté et l’image de l’insolent King James de Miami semble lointaine. Le temps, quel magnifique allié. LeBron est donc de retour sous l’uniforme des Cavaliers, accompagné de son lieutenant Kevin Love. Quelques semaines après la reprise NBA, les Cavs, tout fraichement auréolés de leur titre NBA et après avoir récupéré la sacro-sainte bague de champions, sont pourtant à la peine, avec 4 défaites de rang.
Face à eux, la cible du soir est idéale pour que LeBron se relance. John Wall et Bradley Beal, pas les couteaux les plus aiguisés du tiroir en matière de sorties médiatiques contrôlées, n’avaient rien trouvé de mieux que d’affirmer haut et fort que LeBron et les Cavs les avaient sciemment évités lors des derniers playoffs en laissant la première place de conférence aux Celtics.
Autant vous dire qu’il n’y avait plus grand monde pour faire le malin quelques minutes après l’entre-deux du match, quand LeBron déboulait dans la raquette en transition pour marquer la capitale du seau de sa Majesté. Car spoiler : non, Otto Porter Jr n’est pas un LeBron stopper. Généreux dans l’effort, LeBron arrosera tout le monde ce soir-là : Wall, Beal, Oubre, Gortat, Porter Jr, tous les Wizards prendront une leçon. Le King stoppera son effort à 4 petites unités de son record personnel.
10. Le chef d’œuvre gâché
Date : 31 mai 2018
Match : Cleveland vs Golden State
Contexte : Finales NBA
Performance au scoring : 51 points, 19 sur 32 aux tirs, 3/7 à 3pts et 10/11 aux lancers-francs
La tragédie. L’art de mettre en scène un personnage hors du commun, voué à un destin exceptionnel, mais malheureux. Si LeBron James devait en inspirer une, nul doute que cette journée du 31 mai 2018 en serait la parfaite illustration.
Un LeBron surpuissant, luttant dans le plus beau des théâtres, celui des Finales NBA, et face à une défense d’élite, proposée par son ennemi depuis maintenant 3 ans. Là encore tout y passera : dagger de 9 mètres, fadeaways, drives. LeBron active le mode bulldozer dans le dernier quart-temps, multipliant les pénétrations face à Green, KD, Looney, West, qui que ce soit, pour garder les siens au contact et même prendre l’avantage dans l’ultime minute du match. Un LeBron magistral, majestueux, mais un LeBron abandonné par les égarements de fin de match de ses coéquipiers, qui appartiennent désormais à l’Histoire. La légende dit, qu’encore aujourd’hui, les larmes des fans des Cavaliers continuent de couler les soirs de 31 mai.
Cette performance de LeBron, réalisée à Golden State dans le match 1 des Finales NBA 2018 viendra parachever une campagne de playoffs exceptionnelle du King, peut-être sa meilleure en carrière. Une domination totale, quel que soit son adversaire. La légende, encore elle, prétend d’ailleurs que certains des fadeways lâchés par LeBron dans la salle de Toronto ne sont toujours pas redescendus.
11. Celle-là, on dira qu’elle est pour Dan Gilbert
Date : 25 janvier 2021
Match : Los Angeles vs Cleveland Cavaliers
Contexte : Saison régulière
Performance au scoring : 46 points, 19 sur 26 aux tirs, 7/11 à 3pts et 1/2 aux lancers-francs
Un joueur comme LeBron James, c’est un joueur qu’on ne voit qu’une fois dans son Histoire. Du moins, normalement. Les Cavaliers eux, ont eu droit à deux chances. On peut perdre une fois LeBron James, mais pas deux. Et bien si. A l’été 2018, LeBron plie bagage et s’envole direction le soleil. Après la Floride, direction la Californie et les Los Angeles Lakers.
Depuis lors, LeBron a bien sûr eu l’occasion de rejouer contre son ancienne maison. Pour les premières retrouvailles, le 22 novembre 2018, il s’était fendu de 32 points et de la victoire. Ce soir du 25 janvier 2021, à Cleveland et alors que la NBA s’apprête à fêter le triste “anniversaire” du décès de Kobe Bryant, c’est le troisième match entre LeBron version Lakers et les Cavs de Colin Sexton et Andre Drummond – oui, ça pique.
Hommage au Mamba ou non, LeBron James fera parler la poudre dans son ancienne antre : 46 points dans une efficacité à toute épreuve (73,3% de réussite aux tirs à 19 sur 26, et 63% à 3pts à 7 sur 11). A dire vrai, il y aura deux temps dans ce match : un temps où LeBron trottinera tranquillement pour sa sortie du soir et un temps où il deviendra la personnification du jugement dernier pour les Cavs.
Sur les 3 premiers actes, 25 points inscrits, dont 2 petits seulement dans le 3è quart-temps. Les Cavs virent en tête 89-87 face aux Lakers, et il reste 12 minutes à jouer. Oui mais voilà, il aura fallu qu’un membre des Cavs soit visiblement soumis au même régime de confiance que John Wall et Bradley Beal, et que ce dernier se fende d’une sortie contre LeBron James en fin de quart-temps.
Je répète au cas où ça ne vous semblerait pas assez lunaire : un mec du management des Cleveland Cavaliers dans lesquels LeBron James a joué pendant 10 ans a trashtalké LeBron James à l’approche du dernier quart-temps.
Le genre d’erreur après laquelle on se fait tout petit. Et à raison, puisque dans le dernier acte, James sortira l’artillerie lourde : 21 points, à 9 sur 10 aux tirs. Rideau.
12. LeBron, l’éternel
Date : 5 mars 2022
Match : Los Angeles vs Golden State
Contexte : Saison régulière
Performance au scoring : 56 points, 19 sur 31 aux tirs, 6/11 à 3pts et 12/13 aux lancers-francs
En cette saison 2021-22, LeBron James a désormais 112 ans, mais n’a jamais semblé aussi jeune. On plaisante, bien sûr, mais l’idée est là. Depuis 20 ans, on connaît LeBron James. On connaît ses records, sa tendance à surpasser le réel pour aller dénicher l’impensable. Mais comment expliquer qu’à 37 ans, il reste capable d’envoyer sa deuxième meilleur saison au scoring en carrière ? 30,3 points de moyenne. A peine 1 point de moins que les 31,4 points de moyenne atteints en 2005-06… A 21 ans.
Autre similarité avec ses jeunes années ? LeBron surnage, quasiment seul, au milieu d’une saison indigente des pourpre et or. Les Lakers n’arrivent à rien, ou presque. En ce soir de mars 2022, ils reçoivent les futurs champions en titre et l’un des meilleurs ennemis que la carrière du King ait vu passer : les Golden State Warriors. Pas de Draymond Green, pas d’Anthony Davis. Les Lakers affichent un piètre bilan de 28 victoires pour 35 défaites, et surfent sur une vague de 4 défaites consécutives. Ils n’ont pas enchainé deux victoires de suite depuis près de 2 mois et la rencontre face à des Warriors en quête de relance après 3 défaites de rang ne présage rien de bon.
Oui mais voilà, parfois, même au milieu des tempêtes les plus sombres, un éclair parvient à illuminer le ciel. Cette métaphore plutôt ratée pourrait s’appliquer à la saison des Lakers, plutôt ratée aussi – même totalement. Cet éclair, une fois n’est pas coutume, viendra de LeBron himself.
56 points et la victoire après avoir porté les Lakers sur ses épaules, dont 3 daggers consécutifs pour ramener les Lakers à hauteur des Warriors en début de 4ème quart-temps qui enflammeront le Staples Center (non, je ne dirai pas le nom de la nouvelle salle). Eternel.
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LeBron a toujours été catégorisé à part, c’est ainsi. Souvent cité lorsque viennent les qualités de polyvalence, constante, régularité, all-around, il l’est plus rarement parmi les meilleurs scoreurs qu’ait connu la Grande Ligue. Est-ce que sa trop grande polyvalence lui joue des tours ? Sûrement. À raison ? Sûrement pas.
LeBron sait tout faire offensivement. Pénétrations, jeu au poste, jeu mi-distance, à 3 points, il est une menace par le simple fait que s’il le souhaite, il peut crucifier son adversaire et porter, à lui seul, son équipe offensivement. Et ce n’est pas parce qu’il sait faire d’autres choses tout aussi bien, notamment dans la création pour autrui ou la compréhension défensive/offensive dont il fait preuve, qu’il faut pour autant minimiser ce côté de son jeu, où il est également indiscutablement dominant. Qu’on le veuille ou non, LeBron est un scoreur, et pas n’importe lequel : le plus prolifique de l’histoire de la Grande Ligue.
Bien joué Bron-Bron !