Durant la nuit, la nouvelle de la suspension de Draymond Green pour le Game 3 est tombée. Comme une évidence pour certains, comme une injustice pour d’autres. Après avoir piétiné sauvagement la poitrine de Domantas Sabonis qui lui retenait, il est vrai, la jambe, Draymond Green s’est fendu d’une petite séance de provocation face à un public des Kings indignés. Si le geste, dangereux, ne suffisait pas, Green nous rappelait une fois de plus qu’il assumait chacun de ses gestes déplacés. Aussi dangereux soient-ils.
La décision de la NBA a fait beaucoup réagir. Observateurs, anciens joueurs, fans : beaucoup montent au créneau pour défendre Draymond. Et à vrai dire, j’ai trouvé cela étonnant. Comme si on réfutait une évidence. La NBA a justifié son choix en “prenant en compte l’historique du joueur“. C’est d’ailleurs cela qui nourrit l’argumentation en faveur du joueur des Warriors. Ce qui justifie la décision prise par la NBA ne serait pas le geste seulement, ce qui serait injuste pour le joueur et sa franchise.
Mais depuis quand juge-t-on un multi-récidiviste comme n’importe quelle autre personne ?
Parce qu’il s’agit là d’un geste propice à blesser, et parce qu’il s’agit d’une énième frasque de l’intérieur, je pense sincèrement que la NBA est même clémente avec lui. Car depuis maintenant plus d’une demi-décennie, les gestes anti-sportifs de l’intérieur se sont multipliés. Green a eu sa mauvaise habitude de heurter malencontreusement l’entre-jambe de ses adversaires en 2016, jusqu’à sa suspension en finale face aux Cavaliers. A l’époque, d’aucuns disaient qu’elle n’aurait pas eu lieu s’il n’avait pas ciblé LeBron James, que c’était une fois encore “injuste”.
La vérité, c’est que déjà à l’époque, elle aurait dû survenir un tour plutôt, et possiblement sonner le glas de leur campagne face au Thunder, alors qu’il avait à plusieurs reprises tenté de blesser Steven Adams.
Et puis il y en a eu d’autres : les stars qui écopaient d’un doigt dans l’œil (Harden, LeBron, Jokic), les joueurs qui se faisaient soudainement repousser dans les airs, ceux qui recevaient un coup de genou dans les côtés, les prises aux jambes quand il était à terre. Etc. Etc.
Etc.
No regrets
Le problème de Green, c’est qu’il y a le geste. Et il y a l’après. On peut éventuellement dire que certains sont malencontreux, que d’autres sont instinctifs. Mais tous ont un point commun : il ne revient pas sur ce qu’il a fait. A aucun moment, le mouvement qui pourrait être instinctif, réflexe, justifié par la dureté qu’il aurait subit sur le terrain est rattrapé par une forme de conscience. Un truc qui se manifeste par, oh je sais pas, “j’ai merdé”. Et c’est probablement là que le bas-blesse le plus.
Draymond Green est dangereux pour l’adversaire sur un terrain. Et il embrasse parfaitement ce rôle là. Sans sourciller. Et il peut dégoupiller n’importe quand.
L’an passé, quand Dillon Brooks poussait Gary Payton II en plein vol et entraînait une fracture de la main, la planète NBA entière s’indignait en cœur. Alors oui, le basketball est un sport de contact. Des blessures arrivent. Mais en réalité, deux choses différencient essentiellement Green & Brooks. Dillon a réussi son coup. Et il a surtout beaucoup moins de méfaits à son actif.
Un geste symbolique pour la dynastie des Warriors ?
Les Golden State Warriors ont révolutionné la NBA. Ils ont été la dynastie la plus marquante des 30 dernières années et se sont imposés comme l’une des plus grandes franchises de la ligue en quelques saisons. Stephen Curry est devenu un atout promotionnel majeur à l’instar de sa franchise. Une prouesse pour laquelle Draymond Green a largement contribué.
Dans ces conditions, la décision de la NBA n’est-elle pas à la fois l’annonce d’un tournant, et la preuve que Green a définitivement usé ses pairs ?
Un tournant parce que la ligue prend cette décision alors que les Warriors reviennent à domicile menés 2-0 par les Sacramento Kings. Que la ligue aime bien s’offrir toutes les chances de voir des séries de Playoffs se prolonger et qu’ainsi, elle n’avait pas suspendu Draymond en 2016, alors que Golden State était mené 3-1 par OKC. Alors peut-être ce choix signe-t-il le moment où la ligue est prête à tranquillement tourner la page avec ses Warriors.
Ou tout simplement, parce que Green a poussé la provocation trop loin en allant défier le public, alors qu’Adam Silver dans sa loge, regardait le spectacle en direct.
Et à vrai dire, peu importe. Peu importe ce qui a poussé la décision. Car il était temps de récompenser l’ensemble de son œuvre. Tant pis si cela coûte la série aux Warriors ou mine la relation entre le joueur et sa franchise.
Et surtout, tant qu’on oublie pas quelle prestation les Kings ont livré jusqu’ici.