Un classique de la Conférence Est
La dernière fois que les Boston Celtics et les Cleveland Cavaliers se sont rencontrés en Playoffs sans la présence de LeBron James, Chris Mullin était All-NBA 1st Team. C’était en 1992, pour les Eastern Conference Semifinals, comme cette année. Steve Kerr était alors un joueur du fond du banc chez les Cavaliers de Mark Price et Brad Daugherty, tandis que Larry Bird jouait la dernière série de Playoffs de sa carrière. Depuis, de 2008 à 2018, les Celtics et les Cavaliers se sont affrontés cinq fois. Les affrontements avant 2011 ont vu les Celtics l’emporter, puis LeBron a pu prendre sa revanche à plusieurs reprises.
Boston Celtics vs Cleveland Cavaliers pour la première fois sans LeBron depuis 2008.
Boston avait gagné en 2008 et 2010, Cleveland avait gagné en 2015, 2017 et 2018.
Rendez-vous Mardi. pic.twitter.com/yNEPKn5CK9
— azmatlanba (@azmatlanba) May 5, 2024
Cette opposition reste un classique de la Conférence Est, espérons que l’édition 2024 nous offre un nouveau chapitre dans cette rivalité historique de la NBA moderne. Depuis la dernière confrontation en 2018, il reste seulement Jaylen Brown et Jayson Tatum chez les Boston Celtics. Du côté des Cavs, on retrouvera Tristan Thompson parmi les acteurs des précédentes séries. Ce dernier aura un rôle mineur, mais les Jays auront eux l’occasion d’être les acteurs principaux pour battre les Cavaliers pour la première fois depuis 2010.
Le duo des Jays fera face à un autre duo de stars offensives. L’affrontement de style entre le backcourt Darius Garland & Donovan Mitchell face aux ailiers Celtics sera d’ailleurs au cœur de l’analyse de cette série. Les deux équipes arrivent aussi dans la série avec deux blessés majeurs. Jarrett Allen est blessé aux côtes, tandis que Kristaps Porzingis est blessé au mollet. D’après les informations récentes, les deux joueurs pourraient revenir dans la série, mais rien n’est moins sûr. Malgré des vraisemblances, ces deux équipes sont sur des dynamiques bien différentes après les désillusions de 2023. Boston arrive en grand favori à l’Est après une saison régulière gérée d’une main de maître et un premier tour rapide, alors que Cleveland peine à performer régulièrement.
Des premiers tours bien différents
Après une saison en dents de scie, il a fallu sept matchs aux Cavaliers pour éliminer une surprenante équipe du Magic. Dans la série face au Orlando Magic, les Cavaliers ont affiché un affreux 100.5 d’Offensive Rating. C’est 15 points de moins par 100 possessions qu’en saison régulière, alors que l’attaque de saison régulière était déjà bien moyenne (18e sur 30). La réussite aux tirs étaient en berne, avec un famélique 49.5% d’eFG% sur la série. Ce qui enfonce le clou, c’est le Net Rating des Cavaliers sur la série. Sur les sept matches, les Cavaliers ont un Net Rating de -5.6, c’est l’équivalent du Utah Jazz sur la saison régulière (31 victoires pour 51 défaites).
Néanmoins, ces statistiques indiquent que, malgré une attaque en panne, les Cavaliers ont réussi à gagner les matchs serrés. Le Game 7 était une guerre de tranchées, mais les Cavs ont gagné grâce à leur défense du panier, leur fréquence au cercle et leur capacité à aller sur la ligne des lancers-francs. Ces atouts pourraient être bien utiles face aux Celtics.
Les Celtics qui eux, sortent d’une série assez tranquille après une petite frayeur au Game 2. Boston a dominé dans tous les compartiments du jeu et finit la série avec un Offensive Rating de 120, malgré une bonne défense du Miami Heat. Les joueurs des Celtics n’ont même pas eu à jouer des grosses minutes, et Jaden Springer a même eu le droit à ses minutes de Garbage Time. Les dynamiques sont donc bien différentes, mais comme toutes les séries, elle commence à 0-0. Alors, avant qu’elle commence dans la nuit de mardi à mercredi, regardons ensemble quelques points tactiques qui pourraient animer la série.
La chasse est ouverte
Depuis quelques années, les Celtics ont fait leur beurre en attaque en attaquant le plus mauvais défenseur adverse. Les exemples les plus connus ont été Grayson Allen ou Tyler Herro. Lors de la série précédente par exemple, Jayson Tatum n’a pas été le créateur primaire lorsque Herro était sur le terrain. Lorsque Herro était sur le terrain, Boston utilisait les créateurs secondaires pour punir l’arrière du Miami Heat. Derrick White, Jrue Holiday, Jaylen Brown ou bien même Sam Hauser via des actions off-ball. Ces joueurs ne sont pas forcément capables de créer pour eux même face à des défenseurs correct de leurs gabarits, mais ils ont les outils pour punir des mauvais défenseurs aux qualités athlétiques douteuses.
C’est là d’ailleurs qu’est la force de Boston. Plutôt que d’offrir en sacrifice l’agneau égaré au créateur primaire, il l’attaque avec les créateurs secondaires ou tertiaires. Les Celtics ont dans leurs rangs des joueurs capables de profiter de ces cibles, mais ont aussi la possibilité de le faire via des mouvements collectifs. C’est d’ailleurs, selon moi, la meilleure façon de le faire. Plutôt que d’attaquer les cibles de manière statique, utiliser le mouvement va rendre la tâche encore plus compliquée pour la défense. Notamment quand il y a deux cibles à couvrir. Car, si vous ne l’aviez pas encore compris, la saison de la chasse va ouvrir dans le Massachusetts, et les proies se nomment Donovan Mitchell et Darius Garland.
Comment attaquer deux cibles en même temps ? C’est une question que les Celtics vont se poser face aux Cavs de Mitchell et Garland.
Un bon exemple ici avec JB qui cible Garland, attire l’attention de la défense, et Mitchell n’est donc pas aidé pour couvrir Hauser. pic.twitter.com/ZX2qRQpwmB
— azmatlanba (@azmatlanba) May 6, 2024
Pour atteindre ses cibles, Boston devra être inventif. Les Celtics sont déjà tombés dans le piège de vouloir insister sur un joueur, sur une stratégie offensive, quitte à perdre le flow de l’attaque. C’est une erreur que ne devra pas reproduire contre les Cavaliers qui restent une très bonne défense. Malgré la blessure de Jarrett Allen, les Cavs ont les moyens de gêner l’attaque de Boston, qui est en plus amputé de Porzingis. L’autre piège que Boston doit éviter, c’est de transformer les mismatches obtenus en Pull-Ups. L’objectif de ces mismatches est d’obtenir des opportunités rentables, prendre un Pull-Up à 3 points sur un mismatch n’est pas toujours la meilleure des solutions, surtout face à des extérieurs. L’objectif sera plutôt d’obtenir des décalages de manière organique grâce à ses mismatches.
Comme Cleveland va toujours garder une des deux cibles sur le terrain, Boston sait où appuyer pour faire exploser la coquille défensive des Cavaliers. La victoire des Celtics passera par une capacité à le faire de manière organique et dynamique afin de s’offrir des tirs rentables dans un flow offensif continue. Mais, si Mitchell et Garland seront toujours présents sur le terrain, c’est parce que de l’autre côté, c’est eux qui risquent de faire éclater la coquille défensive des Celtics.
Les Drives des Cavaliers
Les Cavaliers, autour de Garland et de Mitchell, sont une des équipes qui génèrent le plus de Drives pendant ces Playoffs. Pendant le premier tour contre le Magic, les joueurs de Cleveland ont réalisé 52 Drives par match. A titre de comparaison, Boston ne fait que 34 Drives par match. Mitchell et Garland sont les principaux instigateurs avec plus de 30 Drives par match à eux deux. Face au Heat, après le Game 2, Boston a arrêté de venir à plusieurs pour bloquer les lignes de Drive de Herro et Jacquez. L’objectif était de mettre fin au Drive & Kick qui offrent des tirs ouverts aux autres joueurs. Les Celtics ont aussi arrêté le Deep Drop afin de ne pas laisser les joueurs du Heat prendre de la vitesse.
Les Drives de Mitchell et Garland ça va pas être la même mayonnaise que Herro et Jacquez. pic.twitter.com/wLdOoFHe06
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Mais face aux Cavaliers, la tâche sera bien plus compliquée. En effet, cette saison, Cleveland est la 5e équipe qui va le plus au cercle. Avec la blessure de Porzingis, Boston va devoir ajuster son approche défensive pour réduire le plus possible la fréquence et la réussite au cercle des Cavaliers. Le back-court défensif des Celtics va vraiment être mis à l’épreuve. Du côté du Magic, Jalen Suggs et Gary Harris ont fait de leur mieux pour contenir Mitchell et Garland, c’est au tour de Jrue Holiday et Derrick White de justifier leur statut de meilleur back-court défensif.
L’approche des Cavaliers en attaque est très pragmatique. Du Drive, des tentatives au cercle et un gros volume de 3 points. Le mid-range est presque inexistant du côté de l’Ohio, alors c’est aux Celtics de les forcer à prendre des tirs dans cette zone. Il est difficile d’anticiper quelle version de l’attaque des Cavaliers on va avoir pour cette série. D’une séquence à une autre, on passe d’une attaque en mouvement à une attaque très statique. Max Strus est souvent le fluidificateur de l’attaque des Cavaliers. En effet, l’ancien Celtics est un joueur capable de porter la balle, de passer en mouvement et de lire les espaces qu’offrent les défenses.
En plus d’être une menace, Strus possède une qualité de connecteur que Okoro ou Osman n’avait pas l’année dernière.
Les Cavs l’utilise sur des Pindown actions, où il peut punir au drive, sur tir ou sur une passe au cercle pour Mobley ou Allen. pic.twitter.com/Gzr4GiQWmM
— azmatlanba (@azmatlanba) November 26, 2023
Max Strus est aussi un joueur qui tir à 3 points sur un gros volume, mais la réussite n’a pas suivi lors du premier tour des Playoffs. C’était d’ailleurs le cas pour toutes l’équipe des Cavaliers.
La réussite à longue distance
Comme bien souvent dans la NBA moderne, la réussite à 3 points va être la clé du succès. Mais, cette série devrait, encore plus que les autres, se jouer là-dessus. En moyenne, les équipes NBA prennent 36.3% de leur tir derrière la ligne. Les Celtics (43.7%) et les Cavaliers (39.0%) sont parmi les équipes avec les plus gros volume à 3 points. L’objectif ne sera pas seulement de générer des tirs à 3 points, il faudra qu’ils soient ouverts, et convertis à haut pourcentage. C’est ici que Boston devrait prendre un avantage clair et net sur les Cavaliers. Si on prend cette saison régulière, et qu’on compare le volume et la réussite sur les tirs ouverts à 3 points, on aperçoit déjà un décalage à l’avantage de Boston:
Teams |
4-6 Feet – Open | 6+ Feet – Wide Open |
Boston Celtics | 38.8% sur 17.4 tentatives | 41.6% sur 19.4 tentatives |
Cleveland Cavaliers | 36.1 sur 13.9 tentatives |
39.6% sur 17.2 tentatives |
Et si on regarde sur le petit échantillons des Playoffs 2024 :
Teams |
4-6 Feet – Open | 6+ Feet – Wide Open |
Boston Celtics | 40.2% sur 20.4 tentatives | 44.3% sur 12.2 tentatives |
Cleveland Cavaliers | 24.7% sur 11.6 tentatives |
31.6% sur 10.9 tentatives |
La réalité est donc la suivante: les Cavaliers ne peuvent pas plus mal shooter à 3 points que contre Orlando, mais l’écart de volume et de réussite avec les Celtics semble insurmontable. L’écart paraît insurmontable car, bien que la défense des Cavaliers soit une des meilleures, elle ne correspond pas à ce qu’il faut pour faire dérailler l’équipe de Boston. Les Cavaliers sont doués pour protéger la raquette, mais c’est à distance que Boston va faire éclater la coquille défensive de Cleveland.
De l’autre côté, malgré l’âge avancé d’Al Horford et la mobilité réduite de Luke Kornet, je doute que les Cavaliers arrivent à casser totalement la coquille défensive des Celtics. Une chance pour les Cavaliers peut être un retour de Jarrett Allen avant celui de Porzingis. Cela pourrait permettre à Cleveland d’avoir le dessus physiquement, ou de forcer Boston à jouer avec deux intérieurs et dire au revoir à leur spacing.
Les autres points d’attentions
- La bataille des possessions : Les Cavaliers seront-ils capables de dominer au rebond défensif et de provoquer des pertes de balles pour engendrer un maximum de contre-attaques ?
- Qui sera défendu par Evan Mobley ? La question mérite d’être posée après que Bam Adebayo ait défendu toute une série contre Jayson Tatum. Evan Mobley sera-t-il sur Al Horford, ou juste un ailier plus mobile comme Jayson ou Jaylen ?
- Attention dans les fins de matchs serrés : On a souvent vu la machine Celtics dérailler lors de fin de match à couteaux tirés cette saison, notamment en Mars contre les Cavaliers. Il y aura forcément des blowouts, mais les Cavaliers peuvent peut-être faire vivre le doutes chez les Celtics dans une fin de match où Boston bafouille son basket.
Rapport de force
Boston Celtics : 75%
Cleveland Cavaliers : 25%