D’après le dictionnaire Larousse, une étincelle est une « parcelle incandescente qui se détache d’un corps enflammé ou qui jaillit du frottement de deux corps ». Les Los Angeles Sparks, après une intersaison qui a vu le départ de Nneka Ogwumike, avaient clairement besoin de cette étincelle pour s’enflammer et se reconstruire un avenir radieux sous le soleil californien. Le départ de l’ancienne MVP et 8 fois All-Stars, Nneka Ogwumike, sonnait comme la fin d’une ère à Los Angeles. Une ère qui avait vu l’équipe californienne gagner le titre en 2016.
Nouveau départ pour les Los Angeles Sparks
Suite à la loterie du 15 avril 2024, les Los Angeles Sparks ont obtenu le second choix de la Draft 2024. Ce second choix signifiait deux choses. Premièrement, les Los Angeles Sparks laissèrent de côté l’espoir de pouvoir drafter Caitlin Clark. Deuxièmement, ce choix leur permet alors de drafter une autre joueuse avec un potentiel hors du commun: Cameron Brink. Hasard de l’histoire, Nneka Ogwumike et Cameron Brink ont toutes les deux joué pour Stanford en NCAA.
La joueuse américaine, qui est passée par les Pays-Bas pendant son enfance, a toujours baigné dans le sport. Ses parents travaillaient chez Nike, mais ils sont surtout proches d’une des familles les plus représentées en NBA, les Curry. Son parrain, Dell Curry, père de Stephen Curry et Seth Curry, a joué un rôle important dans la trajectoire de la jeune femme, qui était plus intéressée par l’art et le volley-ball. Le volley-ball aurait en effet pu être une trajectoire évidente pour Cameron quand on voit sa taille et son envergure. Mesurée à 1m93 (6’4), avec une envergure de 2m03 (6’8), Cameron Brink a les armes pour être une protectrice de cercle de grande qualité en WNBA. Ajoutez à ça une vraie capacité à lire le jeu et une mobilité bluffante pour sa taille, vous avez ici un cocktail fabuleux pour impacter le jeu des Los Angeles Sparks.
Au-delà des stats, elle a l’air de bien lire le jeu.
Elle est présente pour gêner un drive, elle bloque la ligne de passe suite au Staggered Screens, puis pour finir, elle vient en aide et protège le cercle. pic.twitter.com/R3YNtBhQrx
— azmatlanba (@azmatlanba) May 25, 2024
« On The Brink » avec un impact immédiat
Dans le basketball moderne, il existe un grand nombre de rôles possibles pour les joueuses. Parmi eux, certains ont un plus grand impact que les autres, et s’il est difficile de les quantifier et de faire un classement de leur importance, deux d’entre eux semblent avoir clairement les plus grosses influences : celui de la créatrice primaire, capable de porter l’attaque et de créer les décalages, et la protectrice de cercle, qui garde la zone la plus importante du terrain en défense.
Dans un sport régi par l’efficacité, le rôle de la protectrice de cercle est, selon moi, le plus important. Pouvoir faire descendre l’efficacité de l’équipe adverse sur la réussite au cercle ou faire baisser le volume de tir pris au cercle est à mon sens l’outil ultime pour gagner un maximum de match de basket.
Quand on regarde les chiffres, on peut déjà remarquer l’influence de Cameron Brink dans la défense des Los Angeles Spark. L’échantillon est certes petit, mais on peut voir une tendance qui montre une meilleure défense avec elle sur le terrain. Deux des éléments qui le permettent sont la chute de la fréquence et de l’efficacité au cercle avec Brink en jeu :
Stat | Stat Value with Cameron Brink |
Stat Value without Cameron Brink |
Difference |
Pts per 100 Possessions – Defense |
91.748 | 116.949 | -25.2 |
At Rim Shot Frequency – Defense |
16.80% | 25.00% | -8.00% |
At Rim FG% – Defense |
75.90% | 84.00% | -8.00% |
Playmaking défensif & Protection de cercle
Encore une fois, on parle d’un échantillon très limité mais l’impression visuelle rejoint les chiffres. Elle est déjà la joueuse avec le plus de contre relativement à son temps de jeu, ce qui offre des situations de contre-attaque aux Los Angeles Sparks. Le fait que Cameron Brink ait la capacité d’être une playmakeuse défensive, en plus d’une joueuse qui réduit la fréquence et l’efficacité au cercle, pourrait la faire rentrer dans le cercle fermé des meilleures défenseures de ce sport.
Pouvoir être une joueuse qui apporte une défense “conservatrice”, avec de la protection de cercle sur drop par exemple, tout en étant capable de générer des pertes de balles via des contres et des interceptions, c’est unique.
Cette faculté devrait permettre aux Los Angeles Sparks de se construire une défense modulable, capable de s’adapter à ses joueuses, mais aussi aux adversaires.
13 contres en 4 matchs pour Cameron Brink.
Elle a un BLK% de 11.8% sur son début de saison d’après @bball_ref. A titre de comparaison, Wembanyama était premier en NBA au BLK% cette saison avec 10%.
Tchieu! pic.twitter.com/OBOSG2uGqR
— azmatlanba (@azmatlanba) May 25, 2024
La limite des minutes
On est alors en mesure de se demander si on est pas en présence de la joueuse parfaite pour construire une défense d’élite ? Et bien oui, si les matchs se jouaient en 20 minutes. Avec 4.3 fautes par match, la jeune joueuse ne passe en moyenne que 25 minutes sur le terrain. Sur ces quatre premiers matchs WNBA, elle n’a jamais dépassé les 30 minutes qu’une seule fois.
Ce problème de faute existait déjà en NCAA. Il est d’ailleurs un peu gommé car en WNBA, les joueuses ont le droit à 6 fautes par match. Néanmoins, la vitesse et le niveau physique de la WNBA poussent Cameron à faire encore plus de fautes qu’à la fac. Comme mentionné plus haut, Cameron Brink a les outils physiques pour limiter ça, une fois qu’elle se sera habituée à la vitesse du jeu WNBA. Sa vitesse de mouvement et son envergure lui permettront de combler les risques qu’elle prendra, et son nombre de fautes finira par descendre.
Collectivement aussi, les Sparks apprendront à mieux l’utiliser. Dans un système défensif plus conservateur, elle ferait moins de fautes. Dans le futur, sa lecture du jeu lui permettra aussi de limiter ses erreurs, pour être encore plus impactantes. En défense, comme en attaque d’ailleurs.
Parce qu’en attaque aussi, son envergure, sa mobilité et sa lecture de jeu vont lui permettre de faire la différence. Sa toute première action en WNBA et une bonne illustration de ça.
Allé, encore un peu de WNBA ! 🧵
La première séquence de Cameron Brink est bluffante. Curieux de voir l’impact qu’elle va avoir.
Elle a l’air d’être élite dans la rim protection (d’après les scouting reports).
En plus de ça, elle bouge bien très, en attaque comme en défense. pic.twitter.com/kOpiuqbVkr
— azmatlanba (@azmatlanba) May 17, 2024
Et l’attaque dans tout ça ?
Son impact offensif est bien moindre qu’en défense, mais reste remarquable. D’ailleurs, beaucoup de joueuses avec un tel rôle défensif manquent d’influence en attaque, ce qui n’est pas le cas de Cameron Brink qui semble être une joueuse polyvalente, par sa taille et son talent.
On la retrouve souvent en mouvement, chose assez rare pour une jeune intérieure. Elle vient souvent se positionner au poste haut pour offrir une solution, ou ouvrir le poste bas à une de ses coéquipières. Sans ballon, elle se positionne aussi parfois dans les corners. Ce n’est pas une shooteuse à 3pts avec un gros volume, mais son % aux lancers-francs laisse à penser qu’elle a un très bon touché (84% sur ses deux dernières saisons NCAA).
Avec un ballon dans les mains, elle peut aussi être une menace pour la défense adverse. Grâce à un très bon handle pour sa taille, elle ne perd pas en mobilité. Au contraire, comme elle est défendue par des intérieurs, elle semble encore plus mobile qu’en défense.
Mais ?! Cameron Brink c’est le steal de la Draft en fait ?!
Je sais pas si y’a marché ou pas sur le départ, mais quand même.
Ghost Screen pour Pop à 3pts, elle cross sa match-up, part au drive, trouve sa coéquipière au cercle.
Tchieu. pic.twitter.com/EP4XwRrQ54
— azmatlanba (@azmatlanba) May 17, 2024
Cameron Brink, un potentiel sans limite ?
Sa taille, la longueur de ses appuis, avec son handle et sa lecture de jeu, ouvrent bien des portes pour l’attaque des Sparks. Sur des actions de Pick&Pop par exemple, elle ne va pas forcément punir à 3pts, mais peut attaquer l’espace que lui laisse la défense. Si une intérieure la suit en périphérie, elle prend le risque d’être prise de vitesse sur le dribble. Les défenses vont peut-être commencer à mettre des joueuses plus dynamiques sur elle en défense, mais Cameron pourra les dominer physiquement.
C’est d’ailleurs ça qui laisse rêveur. Si les flashs se confirment, on pourrait être en présence d’une joueuse unique, avec un impact qui peut changer la trajectoire de la franchise de Los Angeles.
Si je ne suis pas la WNBA depuis assez longtemps pour mesurer le potentiel de Cameron Brink, j’ai analysé assez de basket pour savoir que son profil est unique. Hors du commun.
On pourrait parler d’une joueuse qui, si elle arrive à rester sur le terrain, est capable de protéger le cercle et provoquer des contre-attaques en défense sur un gros volume. Une joueuse qui, en attaque, peut apporter du spacing et du mouvement. Ajoutez à celà que les intérieures sont trop lentes pour défendre sur elle, et les extérieures trop petites. Mixez tout ça avec sa capacité à lire le jeu, et vous avez peut-être devant vous, la future meilleure joueuse de la Draft 2024.
Cameron Brink vs Aliyah Boston 🍿
Parmi les grande que j’ai vu jouer, Brink a l’air d’être celle qui a le meilleur combo Mobilité x Handle x Taille.
Pouvoir initier son drive d’aussi loin pour une intérieur, c’est un bon moyen d’ouvrir la défense adverse. pic.twitter.com/Zlw4Wzrltq
— azmatlanba (@azmatlanba) May 25, 2024