Les Pistons ont battu un incroyable record cette saison. Jamais une équipe, dans l’histoire de la NBA, n’avait enregistré une telle progression de son bilan entre 2 saisons. Une réussite d’autant plus remarquable que l’ossature de l’équipe n’avait pas été bouleversée durant l’intersaison.
Cette année, Détroit a gagné 30 matchs de plus que la saison dernière. Passant de bons derniers de la conférent Est, à équipe de Playoffs, tout d’un seul.
Il va sans dire, que ce bond dans la conférence est une sacrée victoire pour la franchise. Non seulement car leur construction semble finalement validée, mais surtout, parce les Pistons n’ont pas été en position de générer un tel d’engouement depuis des temps immémorables.
Pourtant plongés dans une conférence Est où le classement semblait figé depuis plusieurs semaines, la troupe de Cade Cunningham a réalisé sa transformation dans un certain anonymat. Ni les médias, ni les fans, n’ont semblé vraiment prendre la performance de ce groupe et y accorder une importance à la hauteur du revirement.
Si c’est dommageable dans le fond, cela réservait néanmoins à Détroit une opportunité unique.
Celle de frapper un grand coup au mois d’avril pour se faire une place dans l’esprit des fans au moment clé de la saison. Celui où chaque rencontre compte : les Playoffs.
Une saison remarquable
Longtemps le groupe formé autour de Cade Cunningham a stagné dans les bas-fonds. En errance, à la recherche du bon coach, des bons prospects et des agents libres adaptés. Avec seulement 14 victoires la saison précédente, autant dire que la situation paraissait critique.
L’été dernier, la franchise s’est choisie J.B Bickerstaff, une décision qui laissait perplexe quiconque avait vu les prestations de ses Cavaliers en Playoffs.
Pourtant, le nouveau coach des Pistons a fait un travail remarquable pour trouver un rôle à chacun, et, bien aidé par un recrutement estival bien senti ; offrant enfin les qualités de shoot qui manquaient cruellement à l’effectif, a permis, il était temps, de décoller.
Dans son sillage, arrivaient en effet Tim Hardaway Jr, Malik Beasley et Tobias Harris. Deux arrières qui n’ont pas froid aux yeux derrière l’arc, et un intérieur capable d’écarter le terrain. Des acquisitions qui allaient forcément faciliter la tâche de Cunningham, qui aurait plus d’espace pour attaquer le cercle, plus de talents à surveiller, mais aussi des shooters de qualité vers lesquels ressortir la balle.
Et il va sans dire que ces nouveaux arrivants n’ont pas eu de scrupules, en particulier Malik Beasley, qui a réalisé sa meilleure saison en carrière et s’est imposé comme un des shooteurs les plus prolifiques de la ligue, rejoignant un club très fermé de joueurs ayant transformé plus de 300 tirs à 3pts sur une saison (le tout à 41,6% d’adresse à 3pts). A ses côtés, Stephen Curry (5 fois), Klay Thompson, James Harden et Anthony Edwards.
Cunningham, quant à lui, seul véritable créateur de la ligue, a eu une sacrée charge à porter. Avec 70 matchs joués, il a battu son record de présence en carrière, sur une saison où tout passait par lui. Il la termine avec 36,6% d’usage, le troisième de la ligue derrière Luka Doncic et LaMelo Ball.
Au-dessus de la moyenne d’efficacité à son poste pour la première fois de sa carrière, il a progressé dans tous les compartiments du jeu, du scoring donc, en passant par la création pour autrui, indispensable dans cette équipe de Détroit.
Collectivement, les Pistons ont abordé ses Playoffs avec des certitudes, parmi elles, la défense. Autrefois cancres de la ligue, il termine la saison dans le Top 10 au defensive rating.
Pour palier à leurs difficultés de création au relais de Cunningham, ils feront l’acquisition de Dennis Schroëder. L’international allemand pouvant apporter des qualités balle en main, et de la défense de très haut niveau en vue des Playoffs.
Alors que tout le monde a affiché des progrès, de Jalen Duren, au sophomore Ausar Thompson, la seule ombre au tableau aura été la blessure de Jaden Ivey. L’arrière qui semblait également en plein essor s’est fracturé le péroné gauche en fin 2024, le privant du reste de la saison et donc, d’une chance de participer à ses premiers Playoffs.
Le théâtre parfait
Malgré leurs indéniables progrès, les Pistons ne sont pas devenus une des belles histoires de la saison. Tout du moins, s’ils l’ont été, la foule comme les médias avaient depuis longtemps pris l’habitude de ne plus cliquer sur les rencontres des Detroit Pistons.
Sans grande surprise, leur belle épopée fut assez peu documentée au regard de l’envergure de leur explosion.
Aussi, que rêver de mieux qu’un premier tour de Playoffs face à l’un des prétendants de l’Est, mais surtout, face à l’une des équipes les plus mythiques de la grande ligue ? En validant leur 6eme place, les Pistons s’offraient en effet une affiche contre l’ancien rival historique : les New-York Knicks. Si la rivalité a perdu de sa splendeur, la ferveur entourant leur adversaire rendrait une performance réussie d’autant plus visible aux yeux du monde.
C’était donc parti pour début dans le mythique Madison Square Garden et une série abordée avec confiance après avoir remporté 3 des 4 matchs les opposant aux New-Yorkais.
Puisque, réussir son changement de statut passe forcément par une validation en Playoffs, Detroit devait avoir à cœur de faire bonne impression. Et autant le dire : c’est ce qu’ils ont fait.
Plus que le score final de la série, ce que les Pistons ont montré, c’est qu’ils pouvaient rivaliser. Chaque rencontre dans cet âpre combat, s’est soldé dans le clutch, avec un écart global sur la série de 8 points à l’issue du Game 6, synonyme d’élimination.
Un Cade Cunningham qui confirme
Les premiers Playoffs d’une star sont toujours scrutés. Sans tout révéler du joueur, ils indiquent les limites potentielles de ce dernier, les contres qui peuvent être imaginés par les coachs adverses ou au contraire, les joueurs capables de stabiliser voire améliorer leurs performances au cours d’une série.
Cunningham est un joueur assez unique. Meneur de grande taille (1m98), attiré par le cercle, mais surtout, par la force des choses, le tir à mi-distance. Grand adepte du short-mid (donc les tirs à mi-distance les plus proches ; 35% de ses tirs cette saison), il profite de sa taille et du mismatch qu’il représente pour finir dans ses positions favorites. En effet, Cunningham possède la taille, pas l’explosivité. N’étant pas vraiment capable de faire la différence sur le coup de rein, il est souvent obligé de finir avec un tir, de préférence sur ses positions préférentielles.
Dans cette série, les Pistons n’ayant pas d’autres créateurs majeurs à disposition, Tom Thibodeau était libre d’utiliser OG Anunoby face au meneur. Pour JB Bickerstaff, la grande partie d’échec était la suivante : libérer Cunningham de l’ailier pour le mettre face à des oppositions plus favorables. Avec pour principales cibles Mikal Bridges et mieux encore, Jalen Brunson.
Pour les Pistons, il s’agit de provoquer des changements (switchs) de défenseur direct, sur la base d’un jeu d’écran. Pour New-York, de faire le bon choix entre concéder les switchs, ou tenter de conserver son défenseur d’origine sur Anunoby malgré les écarts potentiels, permis par les écrans.
Et si vous voulez tout savoir de la bataille tactique entre Cade Cunningham et les Knicks, je vous conseille cette vidéo du Basket Lab :
Au final, Cunningham a surpris son monde. Pour son baptême du feu, il affiche 25pts, 8,7asts mais avec un TS+ (adresse générale comparée à la moyenne de la ligue) de 88 (donc allègrement sous la moyenne). Si l’adresse globale est plutôt faible, la série, elle, est satisfaisante. En effet, seul véritable moteur de l’équipe, il a été ciblé par la défense des Knicks et a réussi à la fois à trouver des solutions, mais aussi à maintenir la production offensive de l’équipe.
Restera évidemment cette problématique : comment l’aider à finir plus, et mieux au cercle, surtout contre des équipes qui seront mieux équipées que les Knicks dans la protection de l’arceau.
L’essentiel était toutefois que la machine, collectivement, ne s’enraye pas, et ce ne fut pas le cas.
Une mission défensive remplie
Plus que les progrès offensifs, ce sont les progrès défensifs qui ont porté la réussite des Pistons. Face à des Knicks très polyvalents, avec un pivot proposant un match-up compliqué en la personne de Karl-Anthony Towns, shooteur de haut calibre.
Les Pistons pouvaient en revanche utiliser leur taille et leur puissance pour perturber New-York, tant en défense, qu’au rebond.
Le test était d’autant plus intéressant que les Knicks ont terminé la saison avec la 5eme attaque de la ligue à l’offensive rating.
Sur la série, ces derniers ont vu leur efficacité offensive chuter de 8,3pts pour 100 possessions. Pour cause, les Pistons font un travail admirable pour :
- Limiter l’efficacité dans la raquette : entre la présence de Jalen Duren, excellent dans cette série près du cercle et des lignes extérieures qui font l’essentiel pour ralentir leur vis-à-vis, les Knicks ont la plus faible efficacité au cercle de ce premier tour avec seulement 53,6% de réussite (10,1pts de moins qu’en régulière), le tout avec un haut volume de tir.
- Réaliser les close-outs : les Knicks ne sont pas une équipe qui abusent du tir longue distance, toutefois, ils ont de nombreux joueurs adroits dans l’exercice. Si Detroit n’a pas spécialement réussi à faire chuter leur adresse, l’engagement est bien présent, et se ressent sur la volonté collective de contester les tirs adverses, même lorsque la distance à parcourir est longue. Les efforts sont faits, et le volume des Knicks a chuté.
- Les Pistons sont bien dotés pour les missions défensives : à l’instar de son frère jumeau, Ausar Thompson est un athlète et défenseur exceptionnel. S’il doit progresser offensivement pour se garantir une présence sur le terrain, ses séquences sur Jalen Brunson, pourtant très dur à limiter, ont été remarquables. L’acquisition de Dennis Schroëder, en la matière, fut également une réussite. Les Pistons semblent avoir tout intérêt de le conserver.
Malgré une élimination en 6 matchs, les conférences ont bien figuré. Mieux, ils ont fait douter les Knicks, et cette faute non sifflée sur Tim Hardway Jr au Game 4 restera sûrement un regret pour les fans. L’essentiel était pourtant ailleurs. Les Pistons devaient se tester, et c’est chose faite. Face à une bonne équipe de New-York, ils n’ont lâché aucun match, ont été à chaque fois en position de l’emporter en dépit de la jeunesse de leur groupe.
Les Pistons sont désormais une équipe à surveiller. Les fans à travers le globe, les médias et la concurrence ont été prévenus. Pour la première fois depuis trop longtemps : Detroit est une ville qui compte dans la grande ligue.