Il y a quelques semaines, j’écrivais un article sur la nécessité d’échanger Michael Porter Jr pour donner un second souffle aux Denver Nuggets.
Après avoir fait douter le Thunder, futur champion en titre, il ne fallait pas se leurrer sur la situation de Denver. Malgré cette performance, la profondeur des Nuggets avait atteint un niveau critique, en grande partie en raison d’une gestion contractuelle ayant conduit la franchise à surpayer Jamal Murray et Michael Porter Jr.
Acculés par le nouveau CBA et l’arrivée des Apron, il convenait donc de bouger un de ces contrats, de préférence celui de MPJ, pour retrouver un peur d’air et pouvoir nourrir quelques ambitions.
Les semaines ayant suivies la publication de l’article ont pourtant vite entamé mon enthousiasme. La plupart des échanges que j’imaginais pour Denver étaient déjà court-circuités par d’autres franchises. Lonzo Ball quittait les Bulls, CJ McCollum les Pelicans, Sexton le Jazz et KCP le Magic. Ne restait que 2 échanges possibles sur les 6 initialement proposés.
Parmi eux, deux de mes options favorites. Et finalement, une heure après le lancement de la free agency, alors qu’une bonne partie des fans des Nuggets s’apprêtaient à tirer leur révérence et aller se coucher, la bombe tombe :
En 1 mouvement, le champ des possibles venaient de s’ouvrir, grand, pour le champion 2023. Pas réellement parce que Cameron Johnson va supplanter MPJ, selon moi, mais pour tout ce que permet cet échange.
MIchael Porter Jr Vs Cameron Johnson
Après l’échange, nombreux étaient les commentaires vantant les mérites de Cameron Johnson face au joueur qu’était Michael Porter Jr.
Johnson et MPJ sont deux joueurs très comparables. D’excellents shooters, grands, longs, qui peuvent contribuer offensivement sans ballon.
Si de prime abord, ils sont donc très semblables, ce qui pourrait être une opportunité pour Denver, c’est que leurs productions au scoring sont certes très semblables : Cameron Johnson est dans le 94eme centile à l’efficacité chez les ailiers, avec 51% de ses tirs derrière la ligne à 3pts pour une réussite de 39% derrière la ligne, quand MPJ est dans le 8eme centile à l’efficacité, avec 44% de ses tirs derrière l’arc pour 40% de réussite globale – mais que Johnson l’a fait dans un contexte offensif beaucoup moins désirable que Porter Jr.
Quant les Nuggets possédaient le 4eme offensive rating grâce à une attaque centrée autour de Nikola Jokic, les Nets possédaient eux le 28eme offensive rating, obligeant des joueurs qui évolueraient idéalement comme des seconds couteaux offensifs au cœur du schéma.
Résultat, les Nuggets pourraient espérer optimiser la production offensive de Johnson, qui pourra bénéficier de plus d’espace, tout en profitant du fait qu’il est un joueur plus dynamique et un passeur plus volontaire que Porter Jr.
Toutefois, il faut contextualiser le départ de Michael Porter Jr. Si l’ex-ailier des Nuggets a pêché par son incapacité à se développer en dehors de ce qu’il faisait déjà à un très haut niveau. Son principal défaut, en définitive, c’est d’avoir paraphé un contrat bien trop important pour un joueur qui est demeuré unidimensionnel au fil des ans.
Si rien ne garantit que Johnson fera mieux dans le contexte de Denver, cela reste une éventualité. Quoi qu’il en soit, Denver avait d’autres raisons de faire cet échange. Probablement plus importantes que le remplacement de MPJ par Johnson d’une perspective terrain.
Des économies qui changent tout ?
La principale qualité de Johnson par rapport à Porter Jr, en mon sens, c’est d’avoir paraphé un contrat qui correspondait à son profil offensif limité (sans être un défenseur d’élite).
MPJ touchera 38,3M l’an prochain. Un contrat de star, qu’il n’a jamais été. Avec ses 21M l’année prochaine, Cameron Johnson représentait un échange idéal pour les Nuggets, car il ne dégradait pas le 5 de départ, déjà très compétitif de la franchise, tout en ouvrant le champ des possibles sur le marché des agents libres.
Il était si idéal, que je n’avais osé le mentionner comme l’un des plus probables dans mon article, tant je pensais la contrepartie attendue en tour de draft plus conséquente de la part de Brooklyn.
Au final, Denver n’abandonne que son TDD 2032 (qui vaudra sûrement son pesant d’or à ce moment-là, il faut tout de même le préciser) et peuvent donc libérer 17M !
Les Nuggets passent de 199M engagés l’an prochain à 182M, sortant de la zone des Apron et possédant donc une enveloppe bien plus intéressante pour recruter (pour rappel, le 1er Apron est à 195M et le 2eme à 207M).
Dès lors, il devient possible pour Denver de se construire ce sésame qui leur a tant fait défaut l’an dernier : un banc.
Et si la free agency ne fait, en soit, pas rêver, elle est néanmoins suffisamment vaste pour aller faire quelques emplettes et offrir au coaching staff un peu plus de flexibilité tactique pour l’an prochain.
Alors, et depuis ?
Si avoir la flexibilité de bouger est un luxe pour Denver, restait à convaincre les agents libres à les rejoindre.
Rien n’était garanti pour Denver, mais depuis, la franchise a continué de bouger.
Quelques minutes après avoir échangé Porter Jr, c’est un ancien de la maison qui revenait, puisque Bruce Brown, champion en 2023 pour son unique saison dans le Colorado offrait à la franchise son profil couteau suisse qui a tant manqué, mais le fait en prime pour une saison au minimum salarial.
Lui qui s’était avéré un ball handler correct en sortie de banc, un excellent défenseur sur les postes 1-4 et un joueur capable de finir les matchs au relais de Porter Jr apportera une polyvalence que la franchise n’avait pas réussi à combler depuis son départ.
Depuis son départ, Brown a beaucoup voyagé avec le contrat conséquent obtenu suite à sa saison 2022-2023. Il semble que l’ailier refasse le pari de se remettre en valeur dans une équipe compétitive. Et quoi de mieux pour ce faire que d’être le coéquipier de Nikola Jokic ?
Dès le lendemain, autre belle nouvelle, Denver a réussi à se débarrasser du contrat de Dario Saric (inutilisé l’an passé), en l’échangeant contre Jonas Valanciunas.
En soit, le profil du lituanien ne répond pas exactement aux besoins défensifs de l’équipe. David Adelman et son taff auraient probablement apprécié d’obtenir un joueur capable d’apporter de la rim protection au relais (ou en complément de Nikola Jokic).
Il a en revanche le bon goût d’être utilisable, contrairement à Dario Saric, d’être une force capable d’apporter des points sans avoir besoin d’un créateur pour le servir en toutes circonstances et répondra peut-être, aux déficits de scoring du banc de sa nouvelle équipe. Denver a probablement été également séduit par l’éventualité de l’utiliser en hub-offensif en sortie de banc, répliquant une version bien plus dépendant des arrières, mais que Valanciunas peut néanmoins nourrir du jeu de Denver avec le Serbe.
Si son prix réduit l’enveloppe des Nuggets, la moitié est néanmoins compensée par le départ de Saric.
Valanciunas sera à minima un atout intéressant en saison régulière pour soulager Jokic. Au mieux, il arrivera également à apporter de solides minutes en Playoffs. Reste à trouver la bonne rotation pour compenser ses difficultés défensives. Le développement de Peyton Watson et Zeke Nnaji sera crucial à cette fin.
Enfin, clou du spectacle, Denver est venu s’attaquer à son manque de spacing. Le remplacement de Russell Westbrook par Bruce Brown était un début de réponse, mais l’arrivée de THJ (Tim Hardaway Jr) est clairement une addition intéressante en la matière. Pas élite derrière l’arc, contrairement à ce que sa réputation pourrait laisser entendre (36,1% en carrière), il est en revanche un shooter qui n’hésite pas à décocher de loin, ce qui peut forcer les défensives à le surveiller malgré tout.
Là encore, c’est un atout intéressant en parallèle du développement, cette fois, de Julian Strawther.
Conclusion
L’échange de Michael Porter Jr était un clé nécessaire pour les Denver Nuggets. Pas tant pour améliorer le 5 de départ de Denver que pour permettre de rebâtir une profondeur d’effectif.
Cameron Johnson était la cible idéale à cette fin : conserver l’existant en proposant un 5 de départ toujours solide, mais à moindre coût.
Cette économie de 17M de salaire a ainsi permis de construire les mouvements qui ont suivi sans craindre le 2eme Apron et ses pénalités.
Le retour de Bruce Brown était espéré depuis 2 ans par la fanbase de Denver. Les ajouts de THJ & Valanciunas apportent de la densité et des options au coaching staff. Contrairement aux 2 saisons précédentes, Denver aura un alliage de joueur confirmés et de jeunesse en sortie de banc. De quoi développer sereinement sa jeunesse sans forcément resserrer la rotation à 6/7 joueurs dès que la rencontre se tend.
Reste désormais encore un peu de marge aux Nuggets pour compléter l’effectif. Avec 193M de salaire engagés pour le moment, ils sont 2M sous le 1er Apron.
Ainsi, selon Bobby Marks, ils possèdent encore la Mid-Level exception (5,7M) et la Biannual exception (5,1M) pour continuer de se renforcer. A voir s’ils s’arrêtent là et s’ajustent en février prochain, ou s’ils souhaitent battre le fer tant qu’il est chaud durant l’intersaison.