Dans cette période pleine d’actualités et de nouveautés du côté de QiBasket, les idées n’en finissent plus de fleurir et nous voilà, encore une fois, avec un nouveau projet. Ce projet des cinq majeurs All-time des universités américaines est un moyen d’apporter du contenu historique sur le monde universitaire outre-atlantique. A l’image du très bon site midnightoncampus ou du, très intéressant, podcast envergure, QiBasket participe, à son échelle, à la mise en avant du college basketball dans la sphère basket française. Certains n’y voient qu’un centre de formation qui fournirait la NBA en joueurs. Or, il en est tout autre, certes il y a des choses à revoir mais sur certains points la NCAA rivalise, voire surpasse sa grande soeur. On pense notamment à ces ambiances totalement délirantes qui peuvent régner lors d’un match universitaire, à la tension et à l’engouement que suscite cette ligue chez les fans mais on pense aussi à l’implication de certains joueurs qui ne connaîtront peut-être jamais la NBA mais qui sont de véritables stars en NCAA. Cette ligue est rempli de parcours magnifiques et de belles histoires. C’est pour toutes ces raisons-là que cette série sur les cinq majeurs All-time est née. Enjoy !
PG – Bobby Hurley
Années universitaires : 1989-1993
Stats en carrière : 34.3 min, 12.4 pts, 41%FG, 40.5%3P, 77.6%LF, 2.2 reb, 7.7 ast, 1.4 stl
Palmarès universitaire : 2x Champion NCAA (1991, 1992), 1x MOP du Final Four (1992), 1x First-Team All-America (1993), 2x NCAA All-tournament (1991, 1992)
Certains mettront Dick Groat, Jason Williams ou encore Johnny Dawkins, mais dans une logique collective Bobby Hurley apparaît comme le meilleur meneur All-time des Blue Devils. Hurley est, avec Christian Laettner, l’un des piliers d’une des meilleures, voire de la meilleure équipe de l’histoire de Duke.
Grâce au trio qu’il formait avec Christian Laettner et Grant Hill, Duke a tout simplement terrassé le championnat universitaire de 1990 à 1992 avec un bilan impressionnant de 66-9 et deux titres en poche. De cette équipe Bobby Hurley en était le maestro, celui qui gérait le jeu de l’équipe d’une main de maître et qui tenait, avant tout, à mettre en avant ses coéquipiers. En témoignent ses 7.7 passes par match en carrière qui en font le recordman du nombre de passes décisives effectuées en NCAA avec un total de 1076 passes. Il est également détenteur du record de passes en un match pour un joueur de Duke avec 16 passes face à Florida State en février 1993.
Bobby Hurley restera l’un des meilleurs joueurs des Blue Devils dont Coach K a toujours loué l’engagement et le sérieux. Sa passion pour le basket, il continue de la transmettre aux jeunes joueurs comme l’a fait Krzyzewski avec lui à l’époque. Il occupe actuellement le poste de coach des étonnants Sun Devils d’Arizona State.
Régalez-vous avec le mix ci-dessous à consommer sans modération, des passes plus dingues les unes que les autres, des jolis petits cross et un handle magnifique.
SG – J.J. Redick
Années universitaires : 2002-2006
Stats en carrière : 34 min, 19.9 pts, 43.3%FG, 40.6%3P, 91.2%LF, 2.7 reb, 2.2 ast, 1.1 stl
Palmarès universitaire : 1x NCAA Player of the Year (2006), 2x First-Team All-America (2005, 2006), 2x ACC Player of the Year (2005, 2006)
L’arrière américain originaire du Tennessee est tout simplement le meilleur scoreur All-time des Blue Devils avec pas moins de 2587 points au compteur en seulement quatre saisons. Redick restera dans la mémoire des Blue Devils comme l’une des meilleures gâchettes de l’histoire avec un impressionnant 40.6% de réussite à 3 pts et 91.2% aux lancers (4ème % All-time). Il avait pendant un temps le record du nombre de 3 pts marqués mais il pointe désormais en 7ème position le jeu tendant de plus en plus à s’écarter.
J.J. Redick était un tueur et pouvait sortir des matchs d’une autre dimension quand il commençait à être chaud. Un Redick on fire, c’était quasiment impossible à stopper, même pour les meilleurs défenseurs.
Ce qui restera également dans toutes les têtes, c’est à quel point J.J. Redick était détesté dans le monde universitaire. Certains n’hésitent pas à le mettre dans le top 3 des joueurs les plus détestés de l’histoire du college basketball. Lorsqu’il jouait à domicile le jeune arrière se sentait comme chez lui mais à l’extérieur les publics avaient un comportement parfois très hostiles envers lui.
Dans un reportage d’ESPN de 2006, Redick témoigne des différentes intimidations et insultes auxquelles il a fait face durant sa carrière universitaire et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il fallait faire preuve d’un sacré mental pour ne pas flancher. Des attaques personnelles, des chants sur ses frères et soeurs, des fans qui l’appellaient au beau milieu de la nuit pour l’insulter, la vie de Redick n’était pas forcément un long fleuve tranquille.
Pourtant il y a quelques années, J.J. révélait qu’il l’avait aussi un peu mérité quand il déclarait “Je l’ai probablement mérité, j’étais une sorte de salopard”. Il se nourrissait de cette haine pour se surpasser et il n’hésitait pas à lancer des piques aux publics adverses avec un comportement arrogant exaspérant. Néanmoins aucun joueur de cet âge-là mérite de subir cette pression de la part d’hommes et de femmes censés être adultes.
Le reportage d’ESPN de 2006 fortement conseillé
SF – Grant Hill
Années universitaires : 1990-1994
Stats en carrière : 30.4 min, 14.9 pts, 53.2%FG, 37.6%3P, 69.8%LF, 6 reb, 3.6 ast, 1.7 stl, 1 blk
Palmarès universitaire : 2x Champion NCAA (1991, 1992), 1x Defensive Player of the Year (1993), 1x ACC Player of the Year (1994), 1x First-team All-America (1994), 2x NCAA All-tournament (1992, 1994)
Quatre saisons à Duke, trois Final Four, deux titres NCAA. Voilà le bilan de Grant Hill avec les Blue Devils. Avant de devenir l’un des meilleurs joueurs NBA de sa génération, l’ailier originaire de la Virginie a été l’un des meilleurs two-way players à avoir jouer sous le maillot de Duke. Arrivé dans l’ombre de Christian Laettner et Bobby Hurley en 1990, il a grandement participé au back-to-back de 1991 et 1992.
Ce titre de 1992 n’aurait peut-être jamais été la propriété des Blue Devils si Grant Hill n’avait pas réalisé la passe parfaite pour Christian Laettner dans l’un des plus gros match de l’histoire du tournoi NCAA. Pas besoin de vous expliquer, la vidéo parle d’elle-même.
Il avait également réalisé un gros match pour remporter le deuxième titre en finale face à Michigan. Deux ans plus tard il réussira à atteindre une nouvelle fois la finale NCAA en tant que capitaine de l’équipe mais Arkansas remportera le titre sur le fil.
Grant Hill est considéré comme le meilleur joueur All-around de l’histoire des Blue Devils, il apportait son énergie dans tous les domaines du jeu, que ce soit au rebond, à la mène, au scoring ou en défense. Preuve en est, Hill est devenu le premier joueur de l’histoire à cumuler au moins 1900 points, 700 rebonds, 400 passes, 200 interceptions et 100 contres. Monstrueux vous dites ?
PF – Danny Ferry
Années universitaires : 1985-1989
Stats en carrière : 30.1 min, 15.1 pts, 48.4%FG, 38.8%3P, 77.5%LF, 7 reb, 3.5 ast, 1.2 stl
Palmarès universitaire : 1x NCAA Player of the Year (1989), 2x ACC Player of the Year (1988, 1989), 2x First-Team All-America (1988, 1989), 2x NCAA All-Tournament (1988, 1989)
Pour les récents fans de basket, Danny Ferry est surtout le General Manager des Hawks mais ils ne savent peut-être pas qu’il fut l’un des meilleurs joueurs de Duke. Le premier titre universitaire des Blue Devils auraient très bien pu arriver plus tôt lorsque l’équipe était menée par Ferry, ce dernier a tout simplement réussi à jouer trois Final Four en quatre saisons sous le maillot de Duke.
Lors de sa première année l’équipe était surtout menée par Johnny Dawkins, meneur qui aurait très bien pu avoir sa place dans ce cinq, mais c’est à partir de sa saison sophomore que Ferry va prendre l’équipe en main. Malgré une première année compliquée, Ferry terminera son cursus avec deux participations au Final Four en tant que capitaine de l’équipe mais les Blue Devils verront leur route stoppée à chaque fois en demi-finale.
The great white hope, comme la presse le surnommait à l’époque, fait partie à la fois des dix meilleurs scoreurs (6ème), rebondeurs (8ème) et passeurs (8ème) de l’histoire de Duke, performance dont il est le seul réalisateur. Danny était un véritable couteau suisse pouvant peser sur un match de différentes façons.
En guise de petite découverte, on vous laisse ce match d’anthologie de Danny Ferry face à Miami lors duquel il va tout simplement établir un record de points marqués dans une rencontre pour un Blue Devil avec un total de 58 points. Oui oui 58 points vous avez bien lu.
C – Christian Laettner
Années universitaires : 1988-1992
Stats en carrière : 27.4 min, 16.6 pts, 57.4%FG, 48.5%3P, 80.6%LF, 7.8 reb, 1.8 ast, 1.6 stl, 1 blk
Palmarès universitaire : 2x Champion NCAA (1991, 1992), 1x NCAA Player of the Year (1992), 1x NCAA Tournament MOP (1991), 1x ACC Player of the Year (1992), 1x First-Team All-America (1992), 2x NCAA All-Tournament (1991, 1992)
Tout simplement le meilleur joueur de l’histoire des Blue Devils, voire du college basketball. Christian Laettner a marqué de son empreinte l’histoire de Duke. En quatre saisons en tant que titulaire, Laettner a participé à quatre Final Four et 23 des 24 matchs possibles au Final Four pour 21 victoires, les deux représentant un record pour un joueur universitaire. Il est le facteur principal des deux premiers titres de Duke et il a terminé sa carrière universitaire à la 3ème place aux classements des scoreurs et des rebondeurs All-time des Blue Devils. En outre, peu de gens le savent ou s’en rappellent mais Laettner était le seul joueur universitaire à faire parti de la Dream Team de Barcelone en 1992 aux côtés de Michael Jordan, Magic Johnson et compagnie.
Il fut particulièrement connu pour sa clutchitude, les fans de Duke ont vécu grâce à lui des soirées mémorables. Son buzzer beater face à Kentucky, dont nous avons parlé précédemment, vient tout de suite à l’esprit. Mais deux ans auparavant au même stade de la compétition il avait fait le même coup face à UCONN avec un jumper dévastateur.
Au moment d’évoquer J.J. Redick, on a parlé de la haine qu’il suscitait chez ses adversaires, mais il ne peut pas tenir la comparaison avec Christian Laettner dans le domaine. Ce dernier est considéré comme le joueur le plus détesté de l’histoire du college basketball et comme le père fondateur de la haine que les fans ont envers Duke et ses joueurs. ESPN avait consacré un documentaire très complet sur lui, “30 for 30 : I hate Christian Laettner”, un must-see pour tout fan de basket, même ceux qui ne suivent pas le basket universitaire. Anciennement disponible sur Netflix, il est aujourd’hui difficile à trouver, il y a bien une version sur youtube, que j’ai regardé, mais pas la meilleure qualité. Il est ci-dessous pour ceux qui veulent se régaler et s’instruire un peu.
Pour revenir à la haine que suscitait Laettner, elle pouvait s’expliquer par son comportement arrogant et un peu limite par moment, comme par exemple lorsqu’il donne intentionnellement un coup de pied dans le torse de Aminu Timberlake lors du match face à Kentucky de 1992. Mais il était surtout détesté du fait qu’il soit beaucoup trop fort. Cette haine s’expliquait en grande partie par la jalousie qu’il suscitait chez les fans mais aussi chez les autres joueurs universitaires.
6ème homme – Shane Battier
Années universitaires : 1997-2001
Stats en carrière : 31.4 min, 13.6 pts, 50%FG, 41.6%3P, 77.7%LF, 6.1 reb, 1.6 ast, 1.8 stl, 1.7 blk
Palmarès universitaire : 1x Champion NCAA (2001), 1x NCAA Tournament MOP (2001), 1x NCAA Player of the Year (2001), 3x NCAA Defensive Player of the Year (1999, 2000, 2001), 1x ACC Player of the Year (2001), 1x First-Team All-America (2001), 1x NCAA All-Tournament (2001)
Pour ne pas vous le cacher, le choix du sixième homme fut assez compliqué. J’ai longtemps hésité à intégrer Shane Battier dans le cinq à la place de J.J. Redick. L’ancien joueur du Heat est tout à fait légitime à une place dans le cinq majeur All-time des Blue Devils tant il en a marqué l’histoire. Battier est tout simplement l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, défenseurs de Duke, preuves en sont ses trois titres de défenseur de l’année en quatre saisons. Jusqu’en 2017, il était le détenteur du nombre de matchs de Division I remportés (131).
Coach – Mike Krzyzewski
Palmarès universitaire :
5x Champions NCAA (1991, 1992, 2001, 2010, 2015)
12x Entraîneur de l’année
Qui d’autre que Mike Krzyzewski ? Existe-t-il un coach aussi légendaire que Coach K dans le basket universitaire ?
Le mythique coach des Blue Devils est coach de Duke depuis 1980, 38 ans rien que ça. Et en 38 saisons il totalise pas moins de 1023 victoires pour seulement 277 défaites et 78.7% de victoires, ce qui est tout simplement monumental. C’est lui qui a fait de Duke un véritable cador dans le paysage universitaire.
Effectivement en 1981 quand Coach K rejoint le programme, Duke est très loin d’être l’équipe d’aujourd’hui et il faudra attendre 1991 pour que le titre NCAA soit la propriété des Blue Devils. Cet homme, à l’air strict et sérieux, est un véritable passionné de basket et de coaching. Le basket est une véritable drogue pour lui, qu’il consomme sans modération. Les personnes qui l’ont cotoyé l’ont toujours loué pour sa détermination et son envie de gagner (article super intéressant de Dana O’Neil pour ESPN).
L’histoire d’amour entre Duke et Coach K a failli n’être qu’un rêve si Tom Butters, directeur sportif à l’époque, avait écouté les fans Blue Devils qui ne voulaient plus entendre parler de Krzyzewski après trois premières saisons catastrophiques. Bien lui en a pris de faire confiance à son instinct.
Coach K est le détenteur de nombreux records, plus impressionnants les uns comme les autres. Il est notamment co-recordman du nombre de participations au Final Four avec 12 participations, recordman du nombre de victoires en division I, mais également recordman du nombre de victoires dans le tournoi NCAA.
Possédant un contrat à vie avec les Blue Devils, Mike Krzyzewski est encore là pour quelques années et le couple Duke-Coach K n’en a pas finit de régaler le basket universitaire.
Mentions honorables – Johnny Dawkins, Jason “Jay” Williams, Art Heyman, Shelden Williams, Thomas Hill, Elton Brand, Kyle Singler, Grayson Allen, Mike Gminski, Jeff Mullins, Trajan Langdon, Carlos Boozer, Jon Scheyer, Kyrie Irving.