Youpi, c’est le All Star Break. Un week end de gala, de matchs stylés, de concours à couper le souffle, ou un week end de récupération d’heures de sommeil, c’est selon. La NBA nous sort sa petite semaine de vacances annuelles durant laquelle on s’ennuie passablement mais ce n’est pas grave car les choses très sérieuses démarrent dès la reprise. Il reste une vingtaine de matchs et il y a du suspense à tous les étages, oui même pour vous, fans des Bulls ou des Knicks (Dieu bénisse le tanking). Avant de s’embarquer pour le sprint final, prenons quelques minutes pour faire le tour d’horizon des enjeux de cet ultime quart de la saison, pour voir quelles équipes sont à surveiller comme le lait sur le feu et quelles sont celles que vous pouvez commencer à négliger salement (si tant est que vous les ayez un jour considérées). Focus aujourd’hui sur la conférence Est.
Le départ de LeBron James promettait une lutte plus ouverte pour l’accès aux Finals, mais on ne s’attendait clairement pas à cela. À l’heure actuelle, il est tout bonnement impossible de désigner un favori tant les concurrents semblent se tenir dans un mouchoir de poche.
Le haut du panier
Commençons par rendre à César ce qui lui appartient, avec la lutte pour la première place. La conférence Est possède deux locomotives depuis le début de la saison, et il y a peu de raisons de penser que cela va changer d’ici la fin. Raptors et Bucks sont partis sur des rythmes effrénés et n’ont jamais vraiment eu à regarder dans le rétroviseur. D’un côté, Toronto a parfaitement réussi à intégrer Kawhi Leonard et Danny Green, et semble parti pour faire au moins aussi bien que l’an passé. Les moves réalisés à la trade deadline envoient du rêve et cette fin de saison doit servir, au-delà de la possibilité de gratter l’avantage du terrain en finale de conférence, à trouver la bonne carburation pour profiter au maximum de l’apport (énorme sur le papier) de Marc Gasol.
De l’autre côté, les Bucks sont la très bonne surprise de la saison. Le potentiel ne faisait aucun doute et ne demandait qu’à trouver le bon chef d’orchestre pour donner sa pleine mesure, et ce rôle a été rempli à merveille par Mike Budenholzer, qui fait office de candidat extrêmement crédible pour le titre de Coach of the Year. Derrière la saison dantesque de Giannis Antetokounmpo, on retrouve un collectif bâti intelligemment (preuve en est, l’acquisition récente de Nikola Mirotic), qui respecte à la lettre le plan de jeu établi, et ça fonctionne. Ça fonctionne violemment, même, puisque les Bucks possèdent la 4e attaque, la meilleure défense et le meilleur bilan de la ligue à l’heure actuelle.
Peu de gens avaient prédit une telle performance, mais les Raptors n’ont qu’un petit match de retard et n’ont donc certainement pas dit leur dernier mot. Les deux équipes possèdent des calendriers plutôt abordables pour finir l’année, il faudra donc éviter les faux-pas dans cette lutte à distance où Milwaukee possède le tie-breaker (3-1), mais il faudra surtout éviter les blessures bêtes à l’approche des playoffs. En-dessous de ce top 2 inatteignable (sauf catastrophe majeure), trois équipes se tiennent en un match, avec des trajectoires assez diverses.
Annoncés comme contenders n°1 en début de saison, les Celtics ont salement pédalé dans la semoule pendant 20 matchs, prenant du retard sur la concurrence. La dynamique de rêve les ayant portés jusqu’aux Finales de conférence avec un effectif diminué s’est heurtée à la pression grandissante et à la difficulté de trouver un équilibre avec tous les talents cohabitant dans les rangs de Boston. Réintégrer Kyrie Irving et Gordon Hayward ne se fait pas du jour au lendemain et même si les photos de présaison étaient belles et permettaient de twitter des emojis flamme, c’est bien l’impulsion des deux guerriers Smart et Morris qui a permis de donner du liant au groupe et de redresser la barre. Si les choses se sont nettement arrangées par la suite sur le plan comptable, l’équipe fonctionne toujours sur courant alternatif, soufflant le (très) chaud et le (très) froid, pour un résultat souvent imprévisible.
Au coude à coude avec Boston, on retrouve les Sixers. On les voyait difficilement accéder aux Finales en début de saison en raison d’un déficit certain en termes de talent pur, mais on peut dire qu’Elton Brand s’est plutôt pas mal débrouillé pour nous bricoler deux ou trois échanges sympathiques, ramenant tranquillement Jimmy Butler et Tobias Harris dans la ville de l’amour fraternel. Avec ces renforts XXL pour compléter l’axe Simmons-Embiid, Philly fait trembler la Terre entière et c’est sans compter le fait que Tobias Harris vient à peine d’arriver et n’est donc pas encore parfaitement intégré au collectif. Une fin de saison en trombe s’offre aux 76ers, dont l’intérêt sera surtout d’emmagasiner de la confiance et de monter en puissance en vue des playoffs.
On semble donc se diriger vers un mano à mano entre ces deux franchises pour la 3e et la 4e place… à moins que les Pacers ne s’en mêlent. Il y a un mois de cela, on apprenait le forfait de Victor Oladipo pour le reste de la saison, mettant un énorme coup au moral d’à peu près tout le monde, tant le joueur et son équipe étaient séduisants, parvenant non seulement à confirmer leur bonne saison 2017-2018 mais également à s’accrocher solidement au haut de la conférence. On s’attendait alors à une chute au classement, mais celle-ci tarde à venir, si bien que les Pacers sont encore accrochés à la troisième place. Problème, la dernière partie de la saison a tout du traquenard pour les troupes de Nate McMillan, avec des déplacements ardus chez les Bucks, les Celtics, les 76ers ou encore les Warriors. Un parcours terrible duquel les vétérans d’Indiana, aussi valeureux soient-ils, ne devraient pas sortir indemnes, rendant très envisageable une rétrogradation au 5e rang de la conférence.
Un petit tour et puis s’en va
Derrière les équipes sus-citées, la lutte pour se faire maraver la tronche au premier tour fait rage. On y retrouve des bonnes surprises (Nets et, dans une moindre mesure, le Magic), des déceptions (Wizards), et des franchises ayant élu domicile dans le ventre mou depuis plusieurs années (Heat, Pistons et Hornets). Brooklyn est en ballottage favorable avec ses 2.5 matchs d’avance sur la 8e place, mais les jeunes Nets devront faire attention à rester réguliers, d’autant que la suite du programme est gratinée, avec un road trip à l’ouest en plein mois de mars enchaîné d’une double confrontation contre les 76ers et les Celtics. Vous en conviendrez, il y a là de quoi récolter un nombre de peignées non négligeable.
Heureusement pour les Nets, ils ne seront pas les seuls à subir les affres d’une fin de saison ardue. La rédaction tient d’ailleurs à exprimer ses plus sincères condoléances aux fans et aux familles des Hornets, qui auront l’insigne honneur de ferrailler deux fois avec les Warriors et les Raptors, rencontres entrecoupées de petites promenades bucoliques contre les autres grosses écuries de leur conférence, sans qu’aucune équipe vraiment faible ne vienne croiser leur route à l’exception des Cavaliers. Cerise sur le gâteau, contrairement aux Nets, les coéquipiers de Kemba Walker ne possèdent aucun matelas d’avance leur permettant de voir venir, et risquent donc très fortement de regarder la postseason depuis leur canapé, encore une fois. On rappelle que ledit Walker est agent libre cet été. La température dans le bureau de MJ risque de monter d’un cran.
En parlant de chaleur, le Heat n’est pas non plus dans les meilleures dispositions pour se greffer au top 8 (lâche un pouce bleu si tu aimes les transitions fluides de la sorte). Le retour de Goran Dragic est prévu incessamment sous peu, une bonne nouvelle en soi, sauf que Justise Winslow n’a jamais été aussi performant que depuis qu’il occupe le poste de meneur. Erik Spoelstra devra donc trouver une solution pour ne pas casser la dynamique collective en ré-intégrant le slovène, et il devra la trouver vite car Miami ne peut absolument pas se permettre de baisser le pied dans l’optique des playoffs. La suite du programme regorge d’affrontements contre des concurrents directs aux playoffs, mais on y trouve aussi pas mal de membres du gratin de la ligue. Il va vraiment falloir sortir les barbelés pour espérer, mais c’est le genre de mission qui convient parfaitement à cette équipe de chiens de garde affamés.
Alors que le Heat et les Hornets semblent promis à une fin de saison difficile, leurs adversaires se frottent les mains : Orlando, Washington et Detroit bénéficient d’un calendrier nettement plus clément, avec beaucoup moins de Raptors ou de Warriors et beaucoup plus de Knicks ou de Suns, si vous voyez où on veut en venir. Surfant sur leur bonne dynamique actuelle avec 4 de leurs 5 derniers matchs à inscrire dans la colonne des victoires, les Pistons ont le vent en poupe mais sont à une blessure de Blake Griffin de passer le mois d’avril au repos. Le rouquin fait la pluie et le beau temps dans le Michigan, et s’il garde sa forme étincelante jusqu’au bout, il y a de très sérieuses raisons d’y croire au vu du calendrier. On ne dira rien sur le supporting cast par contre, on va plutôt essayer de rester dans une ambiance chaleureuse et décontractée.
Autre équipe en forme, Orlando a remporté 7 de ses 8 derniers matchs et va arriver avec une dalle bien forte, voyant enfin l’occasion de participer à la postseason après 6 saisons de galère. Steve Clifford a remis la défense au centre des priorités et compte tenu des engins qui se trimbalent de ce côté de la Floride, la formule fait mouche. Orlando sait gagner contre les petites équipes, et a donc toutes les armes pour mettre à profit la relative tranquillité de la suite des événements. Derrière la saison All-Star de Nikola Vucevic, les Fournier, Gordon et Ross font sérieusement le taf et ce Magic ne fait plus rire personne.
Les Wizards, au contraire, nous ont fait pas mal marrer, mais ils sont encore dans le coup. À peu près tout ce qui pouvait arriver de mauvais est arrivé dans la capitale, de la saison quasi blanche de Dwight Howard à la nouvelle indisponibilité de John Wall pour 12 mois. L’effectif a connu beaucoup de changements mais Scott Brooks peut compter sur Bradley Beal, All-Star pour la deuxième année consécutive et désormais véritable patron de cette équipe. Derrière, c’est du pur bricolage mais ça réussit à accrocher des matchs par-ci par-là car il y a quand même du talent (Parker, Ariza, Satoransky…). Les Wizards sont en retard (3 matchs par rapport à la 8e place) et devront mettre le bleu de chauffe pour y croire, surtout dans les rencontres face à leurs concurrents directs.
En effet, les affrontements entre ces 6 équipes-là seront légion et auront une importance cruciale vis-à-vis du classement et des tie-breakers. On notera entre autres la triplette entre les Wizards et les Hornets, ou encore les deux Miami-Detroit qui vaudront, à n’en pas douter, leur pesant de cacahuètes. À la faveur de l’avance acquise et de leur jeu séduisant, on voit bien les Nets se maintenir dans le bon wagon, contrairement aux Hornets et leur fin d’exercice hardcore. Pour le reste, la chasse est ouverte, et elle promet d’être sanglante jusqu’au bout.
Road to Zion
Concluons dans la légèreté avec un petit point tanking des familles. Avant tout, saluons la bonne tenue des Hawks jusqu’à présent, qui ont pris 5 matchs d’avance sur la 13e place, de quoi éviter la moquerie généralisée qui leur était promise. On marque à peu près comme on veut face à Atlanta mais il y a aussi moyen de prendre une bonne grêle sur la tête. Le collectif est sympathique avec 7 joueurs tournant à 10 points ou plus (même si Jeremy Lin vient de quitter l’équipe), et on suivra gentiment les prouesses de John Collins et Trae Young, dans une fin de saison qui devrait être plutôt calme en Géorgie.
Les cancres se nomment donc Chicago, Cleveland et New York. Pour les fans, un objectif commun : attendre la fin de la purge en se raccrochant au peu de bonnes choses à garder de cet exercice. Ces bonnes choses se nomment Lavine et Markkanen à Chicago, Clarkson et Sexton à Cleveland, et il paraît qu’une des cheerleaders des Knicks a réalisé une bonne saison mais on n’a malheureusement pas son nom. Inutile de s’épancher pendant des heures, ces équipes vont chercher à perdre le plus de matchs possible pour récupérer un bon tour de draft et espérer des jours meilleurs, du tanking des plus classiques que l’on a l’habitude de voir en fin de saison. Les Knicks sont les “mieux” placés dans cette conférence, mais un concurrent très sérieux sévit dans les plaines de l’Arizona. Pour connaître son identité (quel suspense mes aïeux), rendez-vous dans le sprint final de la conférence Ouest.