La reprise NBA approche, et si nous avons déjà parlé de chaque équipe, il est aussi temps de se pencher sur l’un des sujets les plus débattus chaque saison : les trophées NBA. Tous les ans, la NBA distribue un certain nombre de statuettes ardemment disputées par les têtes d’affiche de la grande ligue. Aujourd’hui, honneur aux supers remplaçants puisque nous nous penchons sur le trophée du Sixth Man of the Year.
Que dire sur ce trophée ?
Le Sixth Man of the Year a pour particularité de récompenser un joueur qui n’est pas présent dans le cinq de départ, par définition. Un trophée original donc, qui vient glorifier un élément qui a accompli avec brio sa mission en sortie de banc, dans un rôle bien spécifique. Il existe une règle primordiale dans l’attribution de ce trophée, qui ne peut être reçu que par un joueur ayant commencé plus de matchs sur le banc que sur le parquet. Pour exemple, même si Manu Ginobili a débuté 23 rencontres sur 74 avec les Spurs lors de la saison 2007-2008, il était tout de même éligible pour cette récompense, qu’il a d’ailleurs remportée.
Le système de votes reste identique à celui des autres récompenses, avec une attribution de points par chaque votant qui désigne son podium. Le premier cité reçoit 5 points, le second 3 points, le troisième 1 point. Evidemment, le joueur ayant le plus grand total de points remporte la course. A ce jour, cette récompense décernée pour la première fois en 1982-1983 (Bobby Jones, Philadelphia 76ers) a donc été attribuée à 37 reprises. Et s’il n’existe pas d’autres critères stricts qui conditionnent la décision finale, l’histoire de ce trophée nous apporte des éléments à prendre en compte.
Bien que les joueurs en lice soient obligatoirement des remplaçants la majeure partie de la saison, ils n’en restent pas moins des éléments indispensables à leur équipe. Ainsi, la moyenne de matchs joués sur la saison régulière par les précédents vainqueurs atteint un impressionnant total de 75 victoires. Logique d’une certaine manière, car comme pour les autres récompenses, il faut que le gagnant ait produit une saison pleine. Seuls quelques exceptions comme Darrell Armstrong (59) ou James Harden en 2012 (62 matchs) dérogent à cette règle tacite. Autre caractéristique importante : le temps de jeu. Même en sortant du banc, les vainqueurs affichent une moyenne de 29 minutes passées sur le parquet. Ce sont donc des éléments moteurs de leur équipe, qui jouent souvent autant – si ce n’est plus – que certains titulaires. Dans l’absolu, c’est donc le joueur qui affiche le meilleur apport en sortie de banc qui est plébiscité en fin de saison.
En pratique, néanmoins, que s’est-il-passé ?
Comme pour les autres trophées, le Sixth Man of the Year récompense généralement les joueurs dont l’apport offensif est important. Aisément mis en lumière, leur impact reste plus facilement palpable à travers les lignes statistiques, et le constat en est sans appel : 16 pts de moyenne pour les vainqueurs, qui sont donc de sérieuses options en attaque pour leurs équipes. Souvent porteurs de balle en sortie de banc, c’est une récompense qui fait d’ailleurs la part belle aux extérieurs, comme on a pu le voir ces dernières années : Eric Gordon, Jamal Crawford, James Harden ou bien sûr Lou Williams. Ce dernier sera d’ailleurs en course pour un 4ème titre de sixième homme de l’année, et deviendrait le premier joueur à réaliser cet exploit. Il est actuellement à égalité avec Crawford, avec trois trophées remportés.
Les favoris
L’arrière des Clippers sera bien entendu parmi les prétendants cette saison encore. Tour d’horizon des favoris pour cette nouvelle édition, pas le plus évident à faire car certains cinq de départ ne sont pas encore connus. Il a donc fallu faire des choix, et certains de nos favoris pourraient finalement être des titulaires au début de saison, ou inversement !
5 – Montrezl Harrell – Los Angeles Clippers
L’intérieur de LA a sorti une magnifique saison l’an passé, et figurait d’ailleurs parmi les finalistes pour le trophée de 6th Man of the Year, remporté par son coéquipier Lou Williams. Éblouissant dans son rôle d’energizer en sortie de banc, Harrell a épaté en apportant sa combativité sur le parquet, et sa progression statistique aurait même pu en faire un candidat pour le MIP. Capable de re-dynamiser l’équipe dans les moments difficiles, précieux au rebond et enragé en défense, il s’offre même l’opportunité de gratter des paniers grâce à son activité incessante. Physiquement difficile à tenir pour les adversaires, il est précieux pour Doc Rivers, et les Clippers misent clairement sur lui dans un secteur finalement peu fourni. S’il est le meilleur joueur à son poste de l’effectif, le coach devrait le maintenir en sortie de banc avec un très gros temps de jeu, et laisser Zubac débuter. Harrell a trop montré son efficacité dans la second unit pour que les Clippers puissent se passer de cet apport.
Ce qui pourrait l’handicaper : Si l’on voit difficilement Doc Rivers ne pas reconduire son duo Williams-Harrell en sortie de banc, il n’est pas impossible que Montrezl démarre beaucoup de rencontres devant le manque de joueurs consistants dans le secteur intérieur. Par ailleurs, son compère remplaçant Lou Williams prend toujours une place considérable en sortie de banc, et reste le tenant du titre et favori.
Statistiques 2018-2019 : 16,6 pts – 6,5rbds – 2,0 asts – 0,9 stls – 1,3 blks
4 – Derrick Rose – Detroit Pistons
Déjà placé parmi les favoris après une superbe saison chez les Wolves, le meneur a finalement payé une fin de régulière à nouveau gênée par les blessures, et l’absence de Minnesota dans la course aux Playoffs. Rose a retrouvé un très haut niveau l’an passé, notamment au scoring avec une moyenne de 18 points, qu’il n’avait plus affichée depuis la saison 2016/2017 chez les Knicks. Avec 5 minutes de plus sur le parquet par match. DRose nous a gratifié de superbes performances en sortie de banc, avec une soirée mémorable face au Jazz et 50 points inscrits. L’histoire de sa résurrection l’a d’ailleurs propulsé grand favori pour le trophée de 6ème homme de l’année, avant que l’effervescence ne retombe et que la raison ne l’emporte. Malgré quelques limites affichées dans son apport au collectif, le meneur reste un grand talent capable de faire gagner un match – il l’a d’ailleurs fait à Minnesota en débloquant des situations à lui seul. Aujourd’hui à Detroit, le MVP 2011 va tenter de poursuivre sur cette lancée, en s’affirmant comme le détonateur en sortie de banc. Le meneur avait d’ailleurs montré de beaux progrès au tir extérieur (37%), une qualité importante alors qu’il a tout de même perdu en partie sa capacité à driver dans toutes les conditions.
Ce qui pourrait l’handicaper : Est-il vraiment nécessaire de le préciser ? Derrick Rose a vu sa carrière complètement bouleversée par sa malheureuse fragilité physique. Difficile de miser sur une saison complète pour le meneur, trop sujet aux blessures. Pourtant, on croise les doigts pour qu’il soit épargné cette fois. Autre danger qui pourrait compromettre sa compétitivité pour le 6th Man of the Year, la présence de Reggie Jackson dans le cinq. Ce dernier est très critiqué à Detroit et s’il affichait un niveau de jeu déplorable, Rose pourrait être catapulté titulaire. Ou encore s’il était échangé.
Statistiques 2018-2019 : 18,0 pts – 2,7 rbds – 4,3 asts – 1,6 stls – 0,2 blks
3 – Fred VanVleet – Toronto Raptors
La saison dernière fut celle de la révélation pour le meneur des Raptors. Déjà en progrès lors de son année sophomore, VanVleet a confirmé par la suite avec une superbe campagne 2018-2019. Précieux en sortie de banc au relais de Kyle Lowry, il a même débuté près d’une trentaine de matchs sur les 68 qu’il a disputés. Son temps de jeu n’a cessé d’augmenter depuis son arrivée dans la Ligue, avec plus de 27 minutes par match sur le parquet la saison dernière. Fiable à 3pts, VanVleet est un joueur propre à son poste, efficace en défense sur l’homme, dont l’apport en attaque est toujours intéressant en sortie de banc. Encore jeune, il dispose d’une marge de progression qui pourrait lui faire passer un nouveau cap cette année. D’autant qu’avec la perte de Kawhi Leonard, les Raptors auront d’autant plus besoin de lui pour apporter offensivement. Lowry n’est plus tout jeune, et VanVleet aura l’occasion de montrer s’il peut être une alternative au poste de titulaire à l’avenir pour Toronto. Il a grandement contribué au titre de champion des Raptors, à lui de poursuivre.
Ce qui pourrait l’handicaper : Nick Nurse n’a pas encore été clair sur le sujet, mais il n’est pas impossible de voir VanVleet démarrer dans le cinq. Dans nos previews, nous l’avons maintenu en sortie de banc, un rôle dans lequel il excelle, pour aligner Norman Powell avec les titulaires.
Statistiques 2018-2019 : 11,0 pts – 2,6 rbds – 4,8 asts – 0,9 stls – 0,3 blks
2 – Spencer Dinwiddie – Brooklyn Nets
Avec 68 matchs disputés la saison dernière dans la superbe aventure des Nets, l’extérieur a parfaitement rempli sa mission en sortie de banc. Il affiche un gros volume de jeu, capable de belles soirées au scoring, un domaine dans lequel il a passé un vrai palier. De 12,6 pts de moyenne, il est passé à presque 17 unités. Il est d’ailleurs un 6ème homme par excellence, avec seulement 4 matchs débutés la saison dernière, et ce malgré la longue blessure de Caris LeVert. Avec seulement 33,5% de réussite derrière l’arc pour plus de 5 tentatives par rencontre, il dispose encore d’une marge de progression dans le domaine. A 26 ans, il approche de son prime, et cette saison pourrait être celle où il atteindra le maximum de son potentiel. A priori, aucune chance de le voir changer de rôle avec les présences de Kyrie Irving et Caris LeVert pour débuter, mais Dinwiddie devrait conserver un gros temps de jeu en sortie de banc. D’autant plus avec l’absence de Kevin Durant, qui va obliger Kenny Atkinson à composer sur les ailes, et donner de la place à Dinwiddie sur le backcourt.
Ce qui pourrait l’handicaper : Une éventuelle grosse blessure de Kyrie Irving ou Caris LeVert et l’absence de meneur d’envergure à leur relais. Autrement, difficile d’imaginer ce qui pourrait freiner Dinwiddie dans cette course.
Statistiques 2018-2019 : 16,8 pts – 2,4 rbds – 4,6 asts – 0,6 stls – 0,3 blks
1 – Lou Williams – Los Angeles Clippers
Tenant du titre, l’arrière des Clippers est notre grand favori à sa propre succession. Déjà vainqueur à 3 reprises, un record qu’il co-détient avec Jamal Crawford, il est le 6ème homme par excellence. Joueur le plus expérimenté de ce top 5, il entre dans sa 15ème saison NBA ! Ce qui ne l’a pas empêché de fournir sa deuxième meilleure performance au scoring, avec 20 points de moyenne sur la dernière campagne. Gros contributeur dans une équipe des Clippers enthousiasmante, il fait exploser les défenses adverses lors de son entrée sur le parquet, avec ses actions de folie. Assassin au tir dans à peu près toutes les positions, il n’a démarré qu’une seule et unique rencontre la saison passée, sur 75 disputées. Avec les arrivées de Kawhi Leonard et Paul George, aucune chance de voir ce statut changer, d’autant que le principal intéressé n’en a absolument pas envie.
“Je suis sixième homme, je suis remplaçant. Peu importe mon passé, peu importe ce que j’ai pu accomplir en sortie de banc, je reste un remplaçant et je comprends ça au plus profond de moi.”
Cette année encore, son rôle et son apport offensif seront primordiaux pour les hommes de Doc Rivers, surtout avec les nouvelles attentes autour de la franchise. Si les Clippers veulent atteindre le sommet de l’Ouest, Lou Williams devra maintenir un niveau au moins équivalent sur la prochaine saison régulière.
Ce qui pourrait l’handicaper : Hormis les pépins physiques, rien. Il est le favori naturel vu son historique pour cette récompense.
Statistiques 2018-2019 : 20,0 pts – 3,0 rbds – 5,4 asts – 0,8 stls – 0,1 blks
L’improbable
Eric Gordon – Houston Rockets
Décider de qui aurait droit à cette sixième place parmi les favoris n’a pas été chose aisée tant les prétendants au titre sont nombreux, et la liste des troubles-fête potentiels longue. Eric Gordon gratte donc ce spot à la faveur de son historique dans ce trophée, lui qui l’a déjà remporté en 2016-2017, avec les Rockets. Toujours dans les rangs de Houston, l’arrière bénéficiera certainement d’un bilan collectif très favorable en fin de saison alors que la franchise figure parmi les têtes d’affiche de l’Ouest. Gordon jouit toujours d’un temps de jeu conséquent, et sera le principal relais en sortie de banc derrière le duo Harden-Westbrook. Il ne devrait d’ailleurs pas voir ses minutes diminuées, même si les absences de Chris Paul l’avantageaient de ce côté. Il n’était d’ailleurs pas éligible au trophée la saison dernière, car il avait débuté 53 rencontres ! Cette saison, la plupart des projections propulsent Danuel House dans le cinq majeur, laissant Gordon en première option sur le banc. Un rôle qui lui convient parfaitement, car son apport pourrait être limité aux côtés des deux monstres en même temps.
Ce qui pourrait l’handicaper : Gordon sera donc un candidat sérieux si les performances suivent et que les blessures le laissent tranquille, mais également si House fait ses preuves dans le starting five. Dans le cas contraire, il pourrait ré-intégrer les titulaires et donc prendre un retard préjudiciable face à ses concurrents.
Statistiques 2018-2019 : 16,2 pts – 2,2 rbds – 1,9 asts – 0,6 stls – 0,4 blks
Ils pourraient s’inviter
Une fois encore, dégager les 6 joueurs ci-dessus n’a pas toujours été évident, car d’autres candidats auraient mérité leur place parmi les prétendants. Plusieurs groupes de joueurs sont à détacher parmi les poursuivants. Tout d’abord, ceux qui ont frôlé le top 5, figurant dans des équipes de haut de tableau et détenant des rôles clés. On pense notamment à Jeremy Lamb et Domantas Sabonis des Pacers. Le premier a des chances de débuter beaucoup de matchs avant le retour d’Oladipo, même si ce n’est pas la tendance. L’ancien des Hornets pourrait donc rapidement intégrer la course parmi les favoris. Sabonis, lui, est annoncé dans le cinq de départ alors qu’il figurait parmi les finalistes pour le trophée l’an passé. Du côté des Nets, l’incertitude règne autour de Jarrett Allen, dont on ne sait pas encore s’il sera titulaire ou sur le banc derrière DeAndre Jordan. A Orlando, Terrence Ross a signé une superbe saison dans ce rôle avec le Magic, et pourrait rééditer cette performance. Enfin, Jaylen Brown aura une carte à jouer avec des Celtics revanchards s’il n’est pas titulaire – il l’est pour le moment en pré-saison.
Deuxième groupe, celui des prétendants dont le bilan collectif risque de les pénaliser. On pense notamment à J.J. Redick avec les Pelicans, dont le rôle de vétéran sera important, ou encore Bogdan Bogdanovic chez les Kings. Ce dernier pourrait se joindre à la course si Sacramento venait à jouer les troubles-fête dans la lutte pour les Playoffs. Jordan Clarkson et Dennis Schröder auront également des temps de jeu conséquents et une place importante au scoring, mais leurs équipes devraient squatter les fins de classements.