1er février 2021. Dans la nuit, les Wizards sont venus à bout des Nets de Brooklyn sur le score de 149 – 146 … sans passer par la moindre prolongation. Au-delà de rendre ronchon notre @ValWhatIf national dès le réveil, la rencontre s’inscrit également dans un cycle que l’on retrouve de plus en plus aujourd’hui en NBA, et qu’on pourrait – de manière simpliste – résumer à l’adage “tout pour l’attaque”.
Cependant, dans tous les sports collectifs, nous avons tendance à considérer que si l’attaque enthousiasme les foules – qui manquent tant aux bords des terrains actuellement -, les victoires se remportent grâce à la solidité défensive. L’autoproclamée “chaine préférée de ton joueur préféré” le rappelle suffisamment souvent : il est plus aisé de remporter un match – et, a fortiori, un titre – en défendant le plomb plutôt qu’en misant sur le fait de marquer un panier de plus que l’adversaire du soir.
L’Histoire de la Grande Ligue, qui en est actuellement à sa 72ème saison depuis la fusion BAA / NBL, nous permet-elle d’affirmer que la défense fait gagner des titres ?
Les raisons de l’actuel “tout pour l’attaque”
Avant toute chose, portons plus grande attention à la tendance actuelle, qui pousse certaines équipes de la Ligue à jouer à fond leur va-tout offensif, souvent au détriment de la solidité défensive. Précisons que, de tout temps, certaines franchises ont délaissé leur côté du parquet pour se concentrer intégralement – ou presque – sur le fait de scorer à outrance. Il en fût ainsi des Spurs de Gervin, des Nuggets d’English (deux franchises dirigées par Doug Moe, d’ailleurs). À l’inverse de ce qu’on a l’habitude d’entendre, il n’en allait pas forcément ainsi des Suns de Steve Nash, qui affichaient chaque année une défense a minima moyenne, hormis en 2008 – 2009. Toutefois, aujourd’hui, les portes ouvertes défensives se multiplient ; en 2020 – 2021, il en va ainsi des Nets, des Mavericks ou des Wizards, pour ne citer qu’eux.
Il semblerait que nous puissions mettre en exergue trois éléments d’explication.
Le rythme de jeu
Le premier est le rythme de jeu. Pour cette saison 2020 – 2021, la PACE moyenne – c’est-à-dire le nombre de possessions jouées par les équipes sur l’ensemble d’une rencontre – s’élève à 99,7. Si c’est légèrement moins que sur les deux exercices précédents (100,3 en 2019 – 2020, 100,0 en 2018 – 2019), l’accélération du rythme de jeu est sensible si l’on prend un peu de recul :
Plus encore que cette évolution – qui peut sembler minime aux premiers abords -, on constate une nette augmentation de la PACE autour de la saison 2014 – 2015. Depuis lors, la NBA a vu son rythme de jeu passer de 94 possessions par soir à 100,3 l’an dernier, dans une augmentation graduelle et continue.
Schématiquement, les franchises jouent donc quasiment 9 possessions de plus par rencontre qu’il y a dix ans. Il est donc aisé de comprendre que le nombre de points scorés en moyenne a connu la même augmentation. Cela contribue à expliquer les penchants de certains coachs – on salue Scott Brooks et Steve Nash – à tenter un “tout pour l’attaque”.
L’utilisation massive du tir à trois-points
La seconde explication va de pair avec la première. Elle semble même en être la cause. En effet, à compter du milieu de la décennie 2010, la NBA a connu une énième révolution, dont l’initiateur fût Stephen Curry : le tir à trois-points. Un tableau valant plus que de longues phrases, voici l’évolution du tir longue distance depuis le milieu des années 2000 :
Nous suivons donc le schéma suivant : plus de possessions par rencontre et plus de tirs à trois-points. Inévitablement, les moyennes offensives explosent, et les défenses souffrent. Ce point a récemment été illustré par le journaliste Kevin Pelton (ESPN), qui a mis en exergue la corrélation entre les difficultés défensives d’une équipe avec le nombre de trois-points pris par les adversaires. Ainsi, les trois meilleures défenses – à l’heure de la rédaction de ces lignes -, sont celles qui cadenassent le mieux leurs adversaires derrière l’arc : le Jazz, les Rockets et les Lakers.
L’utilisation de plus en plus massive du tir lointain a contribué à l’accroissement quasi exponentiel de l’offensive rating des franchises (indicateur qui permet d’estimer le nombre de points scorés par 100 possessions). On constate ainsi que l’offensive rating moyen en 2021 (111,3) correspondrait à la troisième meilleure marque en 2015.
Pas de public ? Faisons ficelle !
C’est encore plus véridique cette saison, et ce sera notre troisième et dernier point. En effet, il semblerait que l’exercice actuel, étrange à bien des égards, fasse la part belle à l’efficacité au tir à trois-points. Jake Reetz l’énonce parfaitement ; l’an passé, 7 franchises tiraient à plus de 40 % sur les trois-points ouverts. Cette année, le chiffre a plus que doublé, avec 15 équipes au-dessus de la barre des 40 % de précision. En effet, l’absence de public dans les salles en ce début de saison a contribué à faire exploser le pourcentage de réussite sur les tirs ouverts : 39,2 % de réussite médiane l’an passé, 42,4 % cette année.
Cet exercice impacté par le covid-19, plus que jamais, voit certaines équipes attaquer à outrance. C’était déjà le cas la saison passée, qui a vu les Mavericks de Carlisle et Doncic afficher le meilleur offensive rating de tous les temps (116,7). Une marque à ce jour dépassée par les Bucks, les Clippers et les Nets.
Nous pouvons ici tirer une première conclusion, fondée sur la grosse vingtaine de rencontres disputées depuis le 22 décembre dernier. Il est possible de corréler la place au sommet de la Ligue avec les capacités défensives de l’équipe. En effet, les équipes les mieux classés au defensive rating sont tout simplement celles qui trônent au sommet de la NBA :
Pourtant, si Utah possède également la 4è meilleure attaque, et est donc une équipe élite des deux côtés du terrain, les Lakers n’ont qu’une bonne attaque (8è) là où celle des Sixers est moyenne (14è).
Dès lors, s’il ne nous est pas encore possible d’énoncer que la défense fait gagner des titres, nous pouvons affirmer qu’elle fait gagner des matchs.
La parole est à la défense
Nous ne donnerons bien évidemment pas de réponse définitive et tranchée à la question qui nous anime aujourd’hui ; nous pouvons cependant donner – encore une fois – des éléments de réponse. Avant tout, précisons que si les offensive et defensive ratings sont comptabilisés en saison régulière depuis 1951, ils ne le sont en playoffs que depuis 1974 et le sacre des Celtics d’Havlicek.
La transition est toute trouvée ; en effet, la balance entre l’importance de l’attaque / défense sur un titre varie avec les époques. La “préhistoire” de la NBA nous offre des premières informations. Dans une Ligue alors composée de 8 à 17 équipes (entre 1951 et 1973), les statistiques mettent en avant toute l’importance de la défense dans la quête d’un titre NBA. En effet, si l’on excepte les Bucks de 1971 et les Lakers de 1972, qui étaient élites des deux côtés du terrain (1e aux deux ratings pour Milwaukee, 1e à l’offensive rating et 2nd au defensive rating pour Los Angeles), 16 des 21 équipes championnes ont bâti leur succès sur leur solidité défensive.
Ici, comprenez qu’il existe une véritable différence entre le classement au defensive rating par rapport à celui de l’offensive rating. Nous considérons donc qu’une équipe a remporté sa bague grâce à sa défense dans les hypothèses suivantes :
Bien évidemment, lorsque nous énonceront qu’une équipe a construit sa victoire finale sur l’attaque, c’est le même schéma que nous avons retenu. Vous trouverez ci-dessous les définitions de chacune de nos catégories :
Ainsi, par exemple, les Celtics ont remporté leur premier titre en 1957 grâce à une défense élite (1è / 8 équipes) et une attaque moyenne (5 / 8). Il en va de même pour le Heat de Miami et de son titre de 2013 : defensive rating moyen (4è / sur les 16 équipes de playoffs) et offensive rating médiocre (11è / 16).
Revenons à nos moutons et aux hégémoniques Celtics. Leur 11 titres ont tous été remportés grâce à une défense élite. En effet, jamais le Boston de Bill Russell a eu une vraie bonne attaque. Par exemple, les titres de 1961, 1963 et 1964 ont été remportés alors même que les Verts présentaient la pire attaque de la Ligue. Jamais, lors de leur 11 triomphes, les Celtics ont eu une attaque classée dans la première moitié de la Ligue à l’offensive rating (5è sur 8, 7è sur 9, 8è sur 12 ou 10è sur 14).
La vérité énoncée pour les hommes d’Auerbach se retrouve également, toujours sur cette période, pour le three-peat des Minneapolis Lakers (1952 – 1954), lesquels possédaient une attaque moyenne (1953), voire mauvaise (1952), mais une défense étouffante, malgré la présence de l’utra-dominant Mikan sous les cercles adverses. Enfin, pour que puissions tendre à l’exhaustivité, les Nationals de 1955 et les Knicks de 1970 ont également remporté la première bague de leur Histoire sur leurs aptitudes défensives.
Les Royals de Rochester, champions en 1951, constitue la plus belle exception à la règle de l’époque. Avec la meilleure attaque de la Ligue, mais seulement la 7è défense (sur 11 équipes), les joueurs dirigés par Les Harrison ont ainsi remporté leur titre grâce à leur attaque de feu. À des degrés moindres, il en va de même pour les Warriors d’Arizin en 1956, les Hawks de 1958 et pour les Sixers de 1967.
Cela confine à la logique ; pour vaincre les Celtics sur une série, il fallait être capable de percer leur défense, qui a systématiquement été la meilleure de la Ligue. C’est donc en confiant les clés de l’attaque à des joueurs offensivement extraordinaires, comme Bob Pettit ou Wilt Chamberlain, que ces franchises sont parvenues à venir à bout de Boston aux meilleurs des 7 matchs.
En réalité, le schéma se répètera jusqu’en 1983. À l’instar de ce que nous évoquions ci-dessus, il faudra un bouleversement majeur dans la Grande Ligue pour que les standards – qui se confirmaient depuis plus de 30 ans – évoluent. Cette fois-ci, le bouleversement porte le numéro 32 et se nomme Magic Johnson. En effet, avant la si belle période du showtime, les titres NBA portaient tous, ou quasiment, la marque de la défense du champion. Les deux exceptions entre 1974 et 1983 ? Les Lakers de Magic. Ainsi, dans une décennie qui fît la part belle à l’alternance au sommet de la Ligue, une constante demeurait : Boston, Golden State, Portland, Washington, Seattle et Philadelphia ont toutes l’une des deux meilleures défenses des playoffs l’année de leur(s) succès. Aucune d’entre elles ne possède une attaque flamboyante : jamais dans le premier quart des meilleures attaques.
Ainsi, entre 1951 et 1983, le champion NBA était très fréquemment une équipe qui possédait une exceptionnelle défense. L’attaque, elle, était bien souvent moyenne, voire mauvaise.
Indubitablement, comme le démontre le graphique ci-dessous, la défense faisait gagner des titres.
Depuis lors, la NBA n’a connu qu’une seule autre période au cours de laquelle les défenses prenaient indubitablement le pas sur les attaques dans la quête au titre NBA. En effet, les barbelés étaient à nouveau de sortie au cours de la seconde moitié des années 2000, et plus particulièrement entre 2003 et 2009. À nouveau, la période est marquée par l’incapacité d’une équipe à conserver son titre, quand bien même les Spurs de Duncan, Parker et Ginobili avaient globalement la main mise sur la Ligue.
Par exemple, les Spurs remportèrent leur second titre de leur Histoire en 2003, en se fondant sur une défense classée seconde au defensive rating sur l’ensemble des playoffs. Étant précisé que le meilleur defensive rating des 16 équipes engagées cette année-ci est détenu par les Suns, éliminés au premier tour. Ainsi, parmi les équipes qualifiées a minima en finale de conférence (Spurs, Mavericks, Pistons, Nets), c’est bel et bien San Antonio qui possède la meilleure défense. Pourtant, Dallas affichait une bien meilleure attaque (3è offensive rating) là où les trois autres équipes susmentionnées se retrouvaient entre les 10è et 12è position (sur les 16 équipes qualifiées). Duncan & cie, par leur solidité défensive plus que par leurs prouesses offensives, ont remporté le titre 2003.
Il en va de même pour d’autres équipes :
La différence entre l’impact des performances offensives et défensives est moins sensible, même si elle existe, pour les Spurs de 2005 et les Lakers de 2009. Elle est inversée pour le titre de 2007, seule exception de notre période ; San Antonio, une fois n’est pas coutume, n’est pas placé sur les épaules de Tim Duncan, mais a remis les clés du camion à Tony Parker. Dès lors, avec la 3è attaque des équipes engagées, et la meilleure parmi celles des finalistes de conférence, les hommes de Popovich ont fait voler en éclat l’ensemble des franchises rencontrées, et notamment les Cavaliers en finale NBA.
Nous étions arrivés ci-dessus à la conclusion selon laquelle les 30 premières années de la Grande Ligue étaient placées sous le drapeau de la défense. Depuis lors, difficile d’être aussi catégorique. En effet, dans le sillage des Lakers des années 1980, le prisme s’est depuis lors presque inversé.
Étant précisé que le graphique ci-dessous exclut les équipes qui ont remporté un titre NBA en étant élite en attaque comme en défense. La tendance actuelle est donc à l’attaque. Par conséquent, si la défense fait indéniablement gagner des titres, c’est de moins en moins le cas.
L’abordage, une spécialité or et pourpre
Le graphique ci-dessus met ainsi en exergue le fait suivant : depuis 1984, sur les 29 titres remportés par une équipe qui n’était pas élite des deux côtés du terrain, 15 d’entre elles ont donné prévalence à leur attaque. La part de la défense dans le titre NBA, jusqu’alors prépondérante, est donc en recul depuis près de 40 ans, sauf exception de la période 2003 – 2009.
Nous avons d’ores-et-déjà mentionné le point de départ de ce phénomène : 1984 et le show time. En effet, l’effectif des Lakers avec, en son sein, Magic Johnson et le vieillissant Kareem Abdul-Jabbar, a fait de l’attaque flamboyante une marque de fabrique. Ainsi, les 5 titres remportés par Magic portent l’empreinte de l’attaque, de 1980 à 1988. Cependant, l’affirmation est à nuancer, puisqu’à l’inverse des Royals par exemple, les Lakers version show-time possédaient tout de même une défense solide, sauf exception. Par contre, l’attaque était exceptionnelle : 2è parmi les équipes playoffables en 1980 et 1982, 1è en 1985 et 1987. L’exception qui confirme l’affirmation réside dans le titre de 1988, où les Angelinos étaient moyens dans les deux secteurs : 4è en attaque, 8è en défense.
En cette époque, la tendance était moins claire au sein de l’autre équipe dominante, les Celtics de Bird. On la retrouve cependant très clairement au tournant du siècle, chez les … Lakers de Shaq et Kobe. Dirigés par Phil Jackson, les Angelinos ont ainsi remporté trois titres consécutifs entre 2000 et 2002. Si celui de 2001 est hors catégorie, puisque l’effectif affiche alors le meilleur offensive rating et defensive rating, les deux autres portent de manière très marquée la marque de l’attaque. Il faut dire que le one-two punch O’Neal / Bryant possédait alors un potentiel offensif absolument illimité.
Dans la droite lignée de leurs prédécesseurs, les Lakers version nouveau siècle présentent ainsi la meilleure attaque des playoffs 2000, mais seulement la 13è défense. Ils ont ainsi encaissé au moins 105 points à 6 occasions, dans une époque où la PACE était bien plus lente et où l’impact du tir à trois-points était négligeable. Cependant, la friabilité défensive était compensée par la virtuosité offensive de l’équipe, qui scora 105 points au moins à 9 reprises. Néanmoins, le net rating de l’équipe, c’est-à-dire la différence entre l’offensive et le defensive rating, n’est que de 2,6. C’est le second pire net rating pour un champion NBA derrière celui des Sonics en 1979 (2,5) : c’est le signe que la marge de manœuvre des Lakers 2000 était mince. Dès lors, il est difficile, voire impossible, de remporter le titre avec une mauvaise défense :
Ainsi, seuls les Lakers 2000 sont parvenus à remporter un titre avec une aussi mauvaise défense et seuls les Suns de 1993 et les Celtics de 1987 ont rejoint les finales NBA avec un tel defensive rating.
Dans la longue tradition or et pourpre, le titre de 2020, remporté par LeBron James et cie, est également placé sous le sceau de l’offensive. Les joueurs de Frank Vogel – coach pourtant réputé pour sa stratégie défensive – présentent ainsi le second offensive rating et la 7è défense. Signe que la bulle d’Orlando a fait la part-belle aux attaques, aux dépens de la solidité défensive : les Nuggets et le Heat, respectivement finalistes de conférence et finaliste NBA, ont réalisé leur parcours respectif tout en ayant une défense moyenne (Miami, 9è defensive rating) voire médiocre (Denver, 12è).
Bien évidemment, remporter un titre grâce à son attaque n’est pas propre aux Lakers. On le retrouve également de manière flagrante chez les Rockets de 1995, les Mavericks de 2011 et les Cavaliers de 2016. Dans chacun des trois cas, le vainqueur final est une immense surprise ; si on exclut les blessures, les titres surprises sont ainsi tous fondés sur les performances offensives d’une équipe.
Avant de passer à la dernière partie de notre développement, opérons une synthèse définitive de l’impact de la défense sur le titre NBA, sur la période 1951 – 2020. Encore une fois, pour d’évidentes raisons, les bagues remportées par des roster élites des deux côtés du terrain sont exclus du graphique :
Ainsi, 38 des 60 titres, soit 63,3 % d’entre eux, ont été remportés principalement grâce à la solidité défensive de l’équipe championne. Le dicton qui tend à énoncer que “la défense fait gagner des titres” est donc indéniablement véridique. À toutes les périodes, même si c’était d’autant plus vrai entre 1950 et 1980, la défense est le facteur principal du titre NBA remporté. La tendance n’est cependant plus aussi exacte depuis l’arrivée de Magic en NBA. Pour autant, seules 3 équipes ont soulevé le trophée O’Brien en se retrouvant dans la seconde moitié du classement du defensive rating sur l’ensemble des engagées en playoffs : les Lakers de 2000 (13è / 16), les Rockets de 1995 (9è / 16) et les Bulls de 1993 (10è / 16). Toutes les autres équipes, même si elles présentaient un penchant pour l’offensive, possédaient une défense a minima moyenne, et dans tous les cas dans la première partie du tableau.
Pour conclure, mettons très rapidement en avant la tendance actuelle, qui se développe depuis 2014.
La tendance de l’excellence totale
Nous avons évoqué à plusieurs reprises les équipes élites à la fois en attaque et en défense. Le fait est assez rare ; nous l’avons dit, entre 1951 et 1973, période au cours de laquelle les ratings n’étaient calculés qu’en saison régulière, on ne le retrouve qu’à deux reprises : les Bucks de 1971 et les Lakers de 1972. Depuis lors, sur les statistiques des playoffs, cela se remarque à 9 reprises :
Ce qui frappe, c’est que 4 de ces 9 occurrences se retrouvent depuis 2014 et le dernier sacre en date des Spurs. À la vue des franchises mentionnées, évitons toutefois de se laisser tenter par l’universalisation de la tendance ; en effet, il semblerait que cette excellence globale soit surtout la marque des Warriors, et ne se retrouve plus depuis que Curry, Durant et consorts ont quitté leur trône.
Cependant, les Raptors, champion en 2019, s’inscrivent également dans cette idée de ne donner préférence à aucun des côtés du terrain, sans pour autant tendre à l’excellence qui était celle des Warriors avant eux : 5è offensive rating et 4è defensive rating.
En attendant de voir le profil de l’équipe qui soulèvera le trophée en 2021, concluons en énonçant qu’aucune équipe, depuis le Heat des Tres Amigos 2013, n’a fondé principalement sa victoire finale sur sa défense dominante. Plus encore, au cours de la décennie 2010, la bague de 2013 est la seule qui porte la marque du barbelé défensif. À l’inverse, 4 titres ont été remportés grâce aux performances offensives et autant grâce à une excellence globale. Nous nous retrouvons donc actuellement dans un cycle qui n’est pas sans rappeler la période 1984 – 2002.
C’est le signe qu’à l’instar de tant d’autres choses, l’impact de la défense sur la victoire finale est cyclique. Il semblerait ainsi qu’elle est particulièrement importante lorsque le jeu de l’équipe sacrée championne est tourné vers la raquette, ou vers un joueur qui domine défensivement ; il en était ainsi au cours des décennies 1950, 1960 et 1980. C’était également le cas pour les Sixers de Moses Malone, les Spurs de Duncan / Robinson ou les Pistons de 2004 du trio Ben Wallace, Rasheed Wallace et Chauncey Billups. L’affirmation n’est cependant pas totalement véridique, elle n’exprime qu’une tendance.
Sa réciproque l’est tout autant : lorsque le franchise player du champion se retrouve sur les lignes arrières ou est une star offensive, la part des performances défensives dans le titre NBA diminue, voire équivaut celle de l’attaque : ce sont les exemples des Lakers du show-time, des Bulls de Jordan ou des Mavericks de Nowitzki. Au final, rares sont les cas où une équipe allie superstar offensive et défense élite : les deux exemples les plus topiques sont les Bulls de Jordan et les Warriors de Curry / Durant.
Pour répondre à notre question initiale, nous répondrons donc la chose suivante : plus la NBA devient compétitive, avec plusieurs équipes contenders chaque année, moins il est évident d’énoncer que la défense fait gagner des titres. Il n’est cependant pas impossible d’enfoncer une porte ouverte, et d’énoncer qu’aujourd’hui, la défense contribue à faire gagner des titres.