Albert Camus écrivait “Un destin n’est pas une punition”. Pourtant, beaucoup de fan du Orlando Magic ont vécu cette NBA Trade Deadline comme telle. En l’espace de quelques heures, ils ont vu partir Nikola Vucevic, Evan Fournier et Aaron Gordon, trois des principales options de l’équipe sur les cinq dernières saisons.
Ils quittent le Magic pour des équipes plus ambitieuses, laissant derrière eux un effectif faible, des jeunes criblés de blessures (Markelle Fultz, Jonathan Isaac) et des nouveaux arrivants probablement débarqués en transit.
Il faut dire que, si Orlando a connu le goût des Playoffs ces dernières saisons, il a eu une saveur peu ragoutante. En cause, une équipe présente plutôt grâce à la faiblesse de la conférence que sa maîtrise globale, une reconstruction qui n’a jamais réellement abouti et l’absence de superstar derrière laquelle se ranger malgré une présence régulière en haut de la draft.
Alors que plusieurs cadres arrivaient ou s’approchaient de la fin de leur contrat, les défaites et le manque d’ambition globale commençaient à donner des envies d’ailleurs. Et alors que plusieurs jeunes espoirs n’ont jamais atteint le niveau escompté ou ont connu de lourdes blessures, il était difficile de voir la vie en rose pour les dirigeants.
Non, sans l’ombre d’un doute, de saison en saison, le Magic s’est installé comme un archétype du ventre mou, et si le roster n’était pas atroce, jamais non plus il n’a su susciter un réel enthousiasme. S’il est parfois difficile d’accepter son destin, le vide s’approchait, inéluctable, pour cette équipe, et il semblait temps d’arrêter de reculer. Mieux valait sauter une bonne fois pour toutes. Le 25 mars fut donc le début d’une nouvelle reconstruction pour le Magic. Voyons ce qu’ils ont réussi à récupérer.
Quelles contreparties ?
Lorsqu’on fait exploser son groupe, la coutume est désormais d’accumuler un maximum de tours de draft pour accélérer le processus. A la façon d’un système boursier, ils permettent d’accumuler des valeurs futures qui deviendront des jeunes prospects ou des contreparties lors de futurs échanges. Ainsi, le Thunder a accumulé pas moins de 34 tours de draft au cours de sa reconstruction à utiliser pour les sept prochaines années.
Pour Nikola Vucevic, le Magic a donc récupéré deux tours de draft de Chicago (2021 protégé 1-4, ce qu’il a peu de chances d’être et 2023, non protégé). En plus, ils ont mis la main sur Otto Porter Jr, qui devrait terminer la saison puis s’en aller, mais aussi Wendell Carter Jr., autre jeune prometteur mais injury prone à ajouter à la collection. La franchise a donc en prime des tours de draft, récupéré un deuxième jeune pivot à mettre en compétition avec Mo Bamba.
Un peu plus tard, la franchise récupérait seulement deux seconds tours de draft en échange d’Evan Fournier. Malheureusement pour Orlando, le français étant expirant en fin de saison et libre de signer où il veut, il a été vendu trop tard pour tirer une bonne valeur de son arrière.
La pêche fut meilleure pour Aaron Gordon, encore sous contrat l’an prochain. Le Magic récupère un 1er TDD 2025 (protégé), le jeune RJ Hampton qui intéressait déjà le front office lors de la dernière draft et Gary Harris, qui devrait a priori être ré-échangé dans quelques temps pour tirer quelques assets de l’arrière.
A noter : les départs anecdotiques de Gary Clarke et Al-Farouq Aminu.
Bilan sur la reconstruction à venir
Pour commencer, il convient d’établir où en est Orlando, par rapport à ses propres assets, mais aussi ceux récupérés d’autres franchises. La première source d’inquiétude dans ces cas-là : savoir si l’on n’a pas dilapidé les siens en essayant de construire une équipe compétitive auparavant.
Orlando Magic et la draft
Commençons par une bonne nouvelle : Orlando possède encore tous ses picks de draft entre 2021 et 2027. Autrement dit, contrairement à d’autres franchises engagées dans le même processus, elle n’a pas jeté les siens dans l’optique de se renforcer les années précédentes.
Orlando a donc tout ses premiers picks de draft, mais également la possibilité de sélectionner des joueurs au second tour en 2021, 2025, 2026, 2027 et une des trois années entre (2022, 2023 et 2024).
Seconde bonne nouvelle, la franchise n’est pas en retard sur la fameuse course au tanking. Ils sont déjà 14es à l’Est avec l’un des quatre pires bilans de la ligue. Cela signifie qu’en plus du choix acquis via les Bulls (qu’ils ont de bonnes chances de récupérer malgré la protection), ils peuvent prétendre à un pick dans le top 5, si la loterie n’est pas trop sadique. Alors que la draft 2021 s’annonce dense en talent, la franchise peut espérer posséder deux choix de draft dans le top 14. En prime, avec un effectif exsangue, les chances de continuer à chuter au classement ne sont pas moindre. Des quatre pires bilan de la ligue, Orlando pourrait bien désormais posséder le pire effectif (valide).
Qui fait partie de l’avenir du Magic ? Qui va partir ?
Nous le disions, désormais pour Orlando, les tours de draft seront le nerf de la guerre. Toutefois, il convient de déterminer qui sera là l’an prochain et qui a de bonnes chances de porter d’autres couleurs dès cet été. Auquel cas, que peut espérer la franchise en retour ?
A l’heure actuelle, il semble que peu de joueurs ont la certitude d’être là à moyen terme. On peut imaginer que ceux-ci évolueront tout de même à Orlando l’an prochain :
- Markelle Fultz, Cole Anthony et RJ Hampton devraient tous les trois avoir du temps de jeu l’an prochain. L’objectif sera de découvrir lequel à le plus de chances de s’installer sur les lignes arrières voire si des synergies sont possibles entre chacun d’eux. Fultz est un talent indéniable mais toute sa carrière NBA a été une longue accumulation de blessures et problèmes qui rendent son avenir assez incertain. Les deux autres sont des projets encore très bruts sur lesquels il est difficile d’établir un plafond comme un plancher.
- Jonathan Isaac devrait aussi évoluer à Orlando. Lui aussi très souvent blessé, le Magic devra évoluer si il croit en un avenir commun. Que la réponse soit oui ou non, il faudra donner du temps de jeu à l’ailier pour le réhabiliter et accroître sa valeur. En termes de potentiel, il peut être un des meilleurs défenseurs de la ligue. Encore faut-il pouvoir jouer et que les blessures ne détruisent pas ses facultés.
- Mo Bamba et Wendell Carter Jr devraient aussi rester. Tous les deux ont été vus comme des pivots titulaires en puissance lors de leur draft. Ni l’un, ni l’autre n’a connu des débuts faciles. Dans les deux cas cependant, ils tenteront l’expérience afin de voir ce qui est envisageable avec ces joueurs.
Pour les autres, il semble que tout le monde peut partir n’importe quand si une offre intéressante est forgée.
On va ici se concentrer sur les principaux joueurs. A savoir ceux qui peuvent intéresser d’autres franchises et permettre la construction d’échanges un minimum conséquents. A mon sens, il reste déjà peu de joueurs appartenant à cette catégorie :
- Le premier est le dernier survivant de cette équipe d’Orlando : Terrence Ross. Remplaçant intéressant qui peut avoir de véritable coup de chaud, Terrence Ross est susceptible d’attirer d’autres équipes. Il lui restera deux ans de contrats pour 24M (dégressif) à l’issue de cette saison. Pas mal de prétendants au titre souhaitant étoffer leurs bancs pourraient tenter l’expérience pour 1 TDD.
- Le second me semble être Gary Harris. L’arrière possède encore une saison, bien qu’un peu chère pour sa production actuelle (21 M). L’arrière de 26 ans est un défenseur d’élite qui, malheureusement, a perdu son mojo offensif depuis plusieurs saisons (voir cet article pour en savoir plus). L’objectif est clair pour Orlando : utiliser cette fin de saison pour accroître sa valeur (en le responsabilisant offensivement) et tenter de l’échanger dès cet été où sa valeur sera plus élevée qu’à la prochaine trade deadline.
Qu’attendre de la suite ?
Maintenant, le Magic n’a plus qu’à espérer un front office efficace. Une fois les derniers vétérans disposant d’une valeur éjectés, ce sera pour eux les classiques de la reconstruction.
Espérer les défaites (et de la chance) pour drafter haut, espérer que la franchise ait le nez creux y compris sur les seconds tour de draft et chez les undrafted pour récupérer quelques pépites susceptibles d’accélérer le processus. Dans le même temps, ne pas hésiter à louer un salary cap plutôt faible à d’autres équipes. Là encore, l’objectif étant d’obtenir des assets en échange de ce service.
Et surtout, espérer que tout cela soit possible en sachant que la dernière reconstruction a été le théâtre de nombreux échecs, justement, les soirs de draft. Quoi qu’il en soit, l’effectif semble assez faible pour espérer que les étoiles s’alignent pour l’Orlando Magic et qu’un vrai cycle, enthousiasmant cette fois, voit enfin le jour.
Chima Okeke va rester et entrer largement dans la rotation. Depuis les échanges, il s’est mis en valeur en étant assez régulier.