Nous parlions il y a peu de la saison des Dallas Mavericks, en disant qu’après avoir réalisé un début de saison bien en-deçà des attentes, la bande de Carlisle tente aujourd’hui de rattraper le temps perdu. Aujourd’hui, à l’heure de la rédaction de ces lignes, les Mavericks demeurent 7è de la conférence ouest, tout en gardant les Blazers à portée de fusil (1 victoire d’avance pour Lillard & cie).
Alors que le débat du play-in tournament agite la fanbase française et que l’ensemble des médias les plus influents se sont positionnés sur le sujet (comme nous l’avons fait en amont de la saison), il nous paraît pertinent de revenir sur ce sujet hautement inflammable aujourd’hui, à un mois de la fin de la saison régulière. Si nous ne reviendront pas sur la manière dont se déroulera ce mini-tournoi qualificatif pour les joutes printanières, rappelons tout de même qu’il concerne les équipes classées entre la 7è et la 10è de chaque conférence. Dès lors, pour l’heure, Dallas voit son avenir en playoffs passer par au moins une victoire dans ce play-in version 2021.
En le disputant, l’équipe, qui nourrit quelques objectifs pour la 3è saison de son prodige, court un véritable risque de rater les playoffs. Ce serait alors une issue inenvisageable pour un roster qui pouvait viser la lutte pour l’avantage du terrain en début de saison. Cependant, en se faisant l’avocat du diable, nous pouvons nous demander s’il est opportun pour cette équipe de Dallas de tout faire pour aller chercher un ticket direct pour la post-season.
Éviter d’être le dindon de la mauvaise farce
Une qualification certaine
Plusieurs arguments peuvent être brandis par les fans de Dallas – dont je fais parti – et qui tendent à éviter à tout prix de participer au play-in tournament. Le premier est évident, et concerne le risque d’être éliminé sans avoir vu ne serait-ce qu’une rencontre de post-season. Ce risque, Luka Doncic l’a récemment mis en exergue dans une déclaration faite à Tim McMahon :
“Je ne comprends pas l’idée du play-in. Tu joues 72 matchs pour aller en playoffs, et tu perds peut-être deux matchs d’affilée et tu es éliminé. Je n’en vois pas l’intérêt”.
Et si certains, qui jouent et usent de leur notoriété sur les réseaux, ne semblent pas comprendre la déclaration, celle-ci semble pourtant compréhensible à tous les niveaux. Effectivement, Doncic remet en cause le play-in tout en étant concerné par la 7è place des siens. Pour autant, si nous n’entendons pas Donovan Mitchell, Chris Paul ou LeBron James remettre le remettre en cause, c’est justement … parce que leur équipe n’est pas concernée et qu’en conséquence, ils ne sont pas interrogés sur le sujet. D’ailleurs, Draymond Green a lui aussi critiqué l’institution alors même que pour l’heure, les Warriors conservent une chance d’aller en playoffs malgré leur 9è place.
Sportivement, la critique du Slovène peut également se tenir. Le calendrier imposé par la NBA est suffisamment vaste et chargé pour que le classement, après 72 rencontres, permette de figer les positions de chaque franchise. Nous revenons au sujet de l’équité sportive, qu’on ne creusera pas. Permettons-nous toutefois de poser la question suivante : si 72 matchs, disputés sur 5 mois, ne sont pas suffisants ou suffisamment légitimes pour figer un classement, comment 2 rencontres jouées en 3 jours viendraient-elles résoudre les (prétendues) difficultés ?
Dès lors, pour être certain de disputer les playoffs, il est évident que Dallas doit tout faire pour ne pas disputer le play-in. Autrement formulé, la certitude n’appartient ici qu’aux 6 premiers de chaque conférence, et la franchise de Cuban serait bien inspirée d’en faire partie. À ce sujet, elle conserve encore toutes ses chances de terminer a minima en 6è position. En effet, le premier verdict de la saison patientera encore 18 rencontres pour les Texans et les Orégonais. Or, on constate que le calendrier des deux franchises est bien différent, et semble largement favorable aux Mavs :
Certes, certaines variables seront à ajuster au fur et à mesure. Peut-on assurer que les Kings sont désormais plus concernés par la prochaine lottery que par le play-in ? Dans nos calculs, nous avons par exemple considéré que oui. De la même manière, il faudra se méfier, en fin de parcours, des équipes qui ont encore quelque chose à jouer. Il est parfois plus aisé de terminer son parcours régulier en jouant les gros poissons, si leur place est assurée, puisqu’ils feront très probablement tourner leur effectif pour éviter la blessure d’un cadre. Or, à ce sujet, Portland terminera son calendrier avec des déplacements à Utah et Phoenix et la réception de Denver. Il n’est pas impossible que chacune de ces 3 équipes balance la rencontre car elle ne revêt plus d’intérêt pour elle.
Dès lors, la vérité des chiffres susmentionnés n’est que relative. Toutefois, par exemple, Dallas disputera deux rencontres face à des Lakers encore orphelins de LeBron James, et peut-être d’Anthony Davis, alors que les deux joueurs seront de retour pour affronter les Blazers. Or, vous l’aurez compris, dans cette course à deux équipes, chaque défaite va compter.
Les Lakers, justement. Est-il envisageable pour Dallas d’aller leur subtiliser leur actuelle 5è place ?
Pour l’heure, l’équipe dirigée par Frank Vogel possède 3 victoires d’avance sur les Mavs, en ayant cependant disputé deux rencontres de plus (bilan de 34 / 22 pour LAL, de 30 / 24 pour DAL). Le calcul simpliste reviendrait à énoncer qu’en remportant leurs deux “matchs en retard”, les Texans n’auraient plus qu’un tout petit match de retard sur les Californiens. Encore faut-il les gagner. Surtout que même en l’absence de leurs deux franchise player, Los Angeles se débrouille pas trop mal, ou du moins mieux que l’on aurait pu l’imaginer. Les 4 prochaines rencontres seront déterminantes pour notre question, puisque les Lakers vont affronter à 2 reprises le Jazz, avant se de frotter à Porzingis autant de fois. Nous en saurons donc plus dimanche 25 avril.
Si cela ne semble pas complètement impossible, nous ne miserons pas notre piètre PEL sur la capacité des Mavericks à aller chercher la 5è place. N’oublions pas que la franchise n’était pas loin de concéder trois défaites de rang récemment. Si celle contre les Sixers, sans Porzingis, est somme toute logique, la défaite face à des Spurs peu en forme l’est bien moins. L’équipe a démontré son incapacité à défendre DeMar DeRozan, auteur de 33 points et du panier de la gagne à 0,5 seconde de la sirène finale. Si le bilan de la semaine passée n’est finalement pas de trois défaites, c’est parce que Doncic s’est fendu d’un buzzer beater loufoque face à Memphis, tir chanceux qui ne doit pas occulter les difficultés des bleus à se défaire de la jeune équipe du Tennessee.
Difficile de parier sur les états de forme des trois équipes. Difficile également d’imaginer ce que sera la fin de saison des Nuggets, qui possède 4,5 victoires d’avance sur Dallas mais qui viennent de perdre Jamal Murray. Pour autant, en l’état actuel de la saison, misons sur une 6è place des Mavs à l’issue de la saison régulière. Une position qui assurerait à la franchise de disputer sa seconde campagne de playoffs consécutive. Nous tenterons ci-dessous de déterminer si terminer la saison à cette place constitue – ou non – une bonne chose pour la franchise de Nowitzki. En attendant, parlons rapidement du second argument des observateurs qui milite indéniablement pour une qualification directe pour les matchs à élimination.
L’accumulation des matchs : fatigue et blessure à éviter
Le calendrier de la NBA est perfectible, chacun s’accordera là-dessus. Les athlètes qui ont eu la joie de réaliser une longue campagne de playoffs dans la bulle d’Orlando ont ainsi eu que très peu de répit avant de commencer l’exercice actuel. D’ailleurs, les finalistes auront à nouveau un repos raccourci, en raison des Jeux Olympiques de Tokyo et du fait que la Grande Ligue devrait entamer sa saison 2021-2022 à la mi-octobre.
Dès lors, la fatigue s’installe immanquablement dans les organismes. C’est vrai dans tous les sports ; Kilian Mbappé, pourtant dans la fleur de l’âge physique, disait au mois d’octobre que la très courte pause entre les deux saisons l’avait cramé. On verrait mal comment le physique des basketteurs, qui se voit solliciter tous les deux jours (en plus des déplacements) ne soit pas ponctuellement au bout du rouleau.
Par conséquent, il est évidemment pertinent d’éviter de disputer le play-in tournament. En terminant 7è, la franchise disputerait une à deux rencontres supplémentaires. Une broutille, pourrait-on dire, eu égard à la lourdeur du calendrier. Néanmoins, dans le scénario presque catastrophe où Dallas venait à disputer une seconde rencontre (pour la 8è place, donc), les playoffs débuteront … le lendemain. Qui n’a jamais rêvé d’un back-to-back pour entamer ses joutes printanières ?
Au-delà d’un état de fraicheur moindre que les deux têtes de série majeures (Utah et Phoenix, pour l’heure, même si la place des Suns n’est pas garantie en raison d’un calendrier particulièrement corsé), qui sera déterminant pour le début de la saison et qui risque d’hypothéquer toute possibilité de qualification au second tour, ces deux rencontres supplémentaires sont autant d’occasions pour un athlète de se blesser. Nous l’avons malheureusement encore vu avec la rupture des ligaments croisés de Jamal Murray, la blessure grave ne résulte pas forcément d’un contact qui n’a pas lieu d’être sur un terrain de basket ; elle peut frapper n’importe quand.
Dès lors, une blessure contractée au cours du play-in peut impacter les playoffs, mais également l’ensemble de l’exercice suivant. Imaginez le pire des scénarios, et une rupture du tendon d’achille de Luka Doncic. Dallas perdrait dès lors très probablement son premier tour de post-season, et se verrait contraint de jouer les bas-fonds de la conférence ouest en 2021-2022.
Ce risque, peut-être très léger, nous fait dire que malgré les développements qui vont suivre et qui, nous l’espérons, seront pertinents, Dallas doit tout faire pour se qualifier directement pour les playoffs 2021. Peu importe, au fond, l’identité de l’armada à affronter, Dallas aura fort à faire.
Éviter le play-in … et se tirer une balle dans le pied ?
Il nous semble, mais arrêtez-nous si nous nous trompons, que l’objectif de chacune des 16 équipes qualifiées pour les playoffs est d’y figurer le plus longtemps possible. Nous évoquions dans notre preview que les Mavericks pourraient légitimement viser une qualification en demi-finale de conférence. Or, ironie de l’actuel classement, Dallas semble avoir plus de chance d’atteindre cet objectif officieux … en terminant 7 ou 8è de la conférence ouest plutôt qu’en allant gratter cette fameuse 6è place.
Bis repetita face aux Clippers ?
Le développement qui va suivre risque, comme tous ceux qui s’avèrent être prospectifs, de se périmer rapidement. Qu’importe, basons-nous sur le classement de la conférence ouest au 16 avril 2021 à 19h44. Utah est en tête, avec cependant qu’une courte marge d’avance sur les Suns, transfigurés depuis l’arrivée de Chris Paul à la mène. En effet, avec 41 victoires et 14 défaites, le Jazz n’a qu’une victoire d’avance sur Phoenix (40/15). La franchise Arizonienne se classe devant les Clippers (39/18), qui restent sur une série de 7 victoires consécutives. Plus loin, mais pas trop non plus, viennent les Nuggets (35/20) et les Lakers (34/22), nous l’avons dit.
Autrement formulé, si l’équipe de Dallas venait à coiffer Portland et à décrocher une qualification directe en playoffs en étant 6è de la conférence, elle serait tenue d’affronter Kawhi Leonard au premier tour, à l’instar de l’an passé. Ne serait-ce pas là l’une des pires confrontations possibles ?
Certes, nous gardons évidemment en tête l’anomalie de décembre dernier, où les Clippers ont sombré face aux Texans, concédant une défaite aussi étonnante qu’embarrassante (-51). Leonard n’avait cependant pas pris part à la rencontre. Par contre, il a disputé celle du 17 mars dernier, aux côtés de l’ensemble du roster, dans une seconde défaite concédée face aux Mavs (105-89) d’un Doncic absolument stratosphérique (42 points, 6 rebonds, 9 passes décisives et +29 lorsqu’il était sur le terrain).
Pour autant, la vérité de la saison régulière n’est pas celle des playoffs, et le souvenir de la campagne 2019 nous oblige à nous dire qu’il convient d’éviter Kawhi Leonard une fois le mois de mai arrivé. L’incapacité de Dallas à défendre sur les ailes, malgré la volonté sans faille de Dorian Finney-Smith, nous pousse à nous demander si affronter Leonard et George est une bonne idée.
Si nous étions provocateurs, nous dirions que de toute manière, Paul George a tendance à disparaître dès qu’il voit arriver les playoffs. Pour autant il flotte autour de cette équipe des Clippers une image de rouleau compresseur difficilement arrêtable. Est-ce là une vérité ou l’unique ombre de Kawhi Leonard ?
En l’état actuel des choses, jouer la petite soeur de Los Angeles ne paraît donc pas être le meilleur des calculs pour espérer passer un tour de playoffs, surtout après le camouflet subit l’an passé. Les Clippers ont “l’objectif titre” gravé dans la tête, et rude sera la tâche de ceux qui voudront les stopper. À moins que ?
Un play-in puis … une voie plus dégagée ?
Penchons-nous rapidement sur ce que pourrait être la position terminale des Clippers en fin de saison, et faisons fi du classement du 16 avril 2021 à 19h59. Il s’avère que les deux victoires d’avance des Suns pourraient être amenées à fondre comme neige au soleil. En effet, Booker et compagnie ont l’une des fins de saisons les plus relevées parmi les équipes playoffables, là où celle des hommes de Ty Lue devrait permettre aux joueurs de ne pas trop s’employer : Timberwolves, Rockets x2, Pelicans, Raptors x2, Thunder. La rencontre entre Phoenix et Los Angeles, prévue dans la nuit du 28 au 29 avril, vaudra son pesant de cacahuètes, surtout que les cactus auront préalablement affrontés les Bucks (20/04), les 76ers (22/04), les Celtics (23/04), les Nets (25/04) et les Knicks (27/04).
Dans l’hypothèse où les Clippers parviennent à s’emparer de cette seconde place, Dallas aurait une raison supplémentaire de faire la nique aux Blazers, bien que l’idée d’affronter Phoenix au premier tour des playoffs soit l’assurance de disputer une série compliquée. Cependant, lorsqu’il convient de choisir son poison sportif, il est préférable de ne pas choisir celui qui est susceptible de ne vous laisser aucune chance pour privilégier celui qui jouera avec votre résistance.
C’est là toute l’ironie de la situation. Dallas serait susceptible d’avoir un tableau plus abordable en playoffs si l’équipe venait à passer par le play-in tournament (dans l’hypothèse où le classement reste inchangé). Pire encore, et nous en parlions il y a peu, il flotte dans notre esprit l’idée selon laquelle la 8è place serait, dans l’optique de passer a minima un tour, préférable à la 7è et à la 6è. Ce serait évidemment jouer avec un feu certainement trop brûlant, surtout que l’identité de l’adversaire au “second tour du play-in” pourrait parfaitement être Stephen Curry. Néanmoins, si vous êtes joueur, vous pouvez vous dire que la 8è place de la conférence permettrait de jouer le Jazz au premier tour de post-season et d’éviter les Clippers au second en cas d’exploit. La route serait idéale. Pour autant, le détour ne semble pas en valoir la peine, et ce sera là notre conclusion.
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Le calcul fait partie du sport de haut niveau. Cet article fût rédigé sur la base de projections, mais également avec l’idée que d’affronter Mitchell ou Booker au premier tour préservait plus de chances de qualification que d’affronter Leonard et George. Il convient cependant de ne pas voir les Mavericks plus beaux qu’ils ne le sont. Certes, au complet depuis le début du mois de février, l’équipe réalise un parcours plus que satisfaisant dans cette conférence ouest. Elle reste cependant très largement “Doncic dépendante”. Et si l’idée d’affronter le meneur Slovène sur une série au meilleur des 7 matchs ne fait certainement plaisir à personne, les Mavericks seront très probablement les outsiders de leur premier tour de playoffs.
Dès lors, quitte à jouer les petits poucets, il convient à notre sens de tout faire pour éviter cette immense mascarade qu’est le play-in tournament. Les risques de regarder le train des playoffs partir sans l’équipe Texane, ou de voir celle-ci être amputée d’un joueur majeur en raison d’une blessure, semblent en effet bien plus importants que d’éviter les Clippers. En somme, jouons au basket et laissons les calculs aux apothicaires.