Ce ne fut pas sans peine que les Suns, deuxième, obtinrent leur billet pour le prochain tour. Malencontreusement opposés aux champions en titre, ils ont dû sortir les griffes d’emblée pour faire leur chemin. Certes, la bête était blessée, mais encore fallait-il débusquer l’animal. Et ce fut ni sans combattre, ni sans eux-mêmes payer de leurs personnes que la bande d’un Devin Booker étincelant dépecèrent LeBron James et les siens. Désormais, la route semble plus dégagée pour Phoenix. Et si l’état de santé de Chris Paul, touché dès le premier match et jouant malgré la gêne et la douleur, doit probablement continuer à inquiéter, on imagine l’équipe plus sereine à l’heure d’aborder les Denver Nuggets, eux même balafrés.
Peu sont ceux qui voyaient le très probable futur-MVP et les Nuggets venir à bout d’une équipe de Portland au complet. Opposés à la meilleure attaque de la ligue et un Damian Lillard prêt à en découdre, Denver devait faire sans Jamal Murray absent sur le long cours, mais également Will Barton et PJ Dozier. Si les rumeurs d’un retour des deux extérieurs durant la série planait, il n’en fut rien, et ils ont dû trouver des ressources au fond de leur banc pour écarter la menace. Derrière un Nikola Jokic sur-dominant, les Nuggets se sont frayés un chemin vers le second tour des Playoffs, une troisième en trois ans et vont maintenant faire face à un des favoris à l’Ouest.
Sur fond d’affrontement inédit entre deux équipes labellisées “équipes de demain”, une place pour les finales de conférence. Alors que les deux groupes ont démontré leur capacité à surmonter l’adversité et les absences, on peut s’attendre à un bel affrontement. C’est parti pour la preview.
Le révélateur du 1er tour
On a vu les odes basculer d’un côté et de l’autre dans la lutte entre les Suns et les Lakers. Handicapés par la blessure de Chris Paul et semblant un peu cours dans les matchs 2 et 3, on a cru que la marche serait trop haute pour Phoenix. En dépit d’un LeBron James en manque d’explosivité, Anthony Davis prenait le relais et la défense californienne trouvait des solutions pour limiter Devin Booker dans le 3eme acte. Si les hommes de Monty Williams pouvaient s’appuyer sur un Deandre Ayton offrant une envergure nouvelle aux siens, ils devaient faire avec l’incapacité de CP3 à contribuer au scoring et la maladresse globale des ailiers. Cameron Payne offrait bien un relais haute voltige à leur meneur titulaire, mais les Suns donnaient l’impression de vaciller.
Pourtant, entre la blessure d’Anthony Davis, un Chris Paul avec des sensations recouvrées le temps d’une soirée, Phoenix remballait le champion en titre et reprenait l’ascendant. A partir de là, les Lakers se sont noyés face au formidable étau de leurs adversaires, qui dans le même temps trouvaient des solutions pour lancer Devin Booker. Grâce à leur jeune duo, à l’excellent travail de sape infligé à l’adversaire et Monty Williams offrant une très belle prestation tactique, les Suns finissaient de terrasser le rival californien.
Devin Booker, 29,7pts – 5asts à 62,6 de TS% – et DeAndre Ayton, 15,8pts – 10,7rbds à 77,9 de TS% ont délivré une copie qui ne manquera pas de marquer les esprits. Mieux, ils ont prouvé pouvoir exceller à l’échelle supérieure. Un message fort pour la franchise et le futur adversaire. Toutefois, il ne faudra pas perdre de vue que c’est avant tout leur défense qu’il faut craindre. Avec 102,6 de defensive rating, Phoenix peut se targuer d’avoir sortir les cadenas. Reste maintenant à confirmer au tour suivant, pour prouver que ce n’était pas uniquement le naufrage d’un champion, mais une arme sur laquelle se reposer pour toute la campagne.
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La série entre Trail Blazers et Nuggets a longtemps ressemblé à une partie de pile ou face. Dans un affrontement où les défenses peinaient à vraiment imposer leur empreinte, on a parfois pu penser que les équipes étaient entrées dans un concours d’adresse et de sang-froid. Et puis, comme la saison précédente, Denver a commencé à démontrer ce mélange de résilience et de réactivité. Perdant l’avantage du terrain dès le match d’ouverture, ils rebondissaient les deux matchs suivants avant de produire une performance indigne au Game 4. Plutôt que de s’inquiéter, ils résistaient à Damian Lillard dans un numéro de funambule (55pts, 10asts), puis allaient clore les débats à l’extérieur pour enfin gagner en Playoffs sans passer par un Game 7.
Pour venir à bout de Portland, ils ont évidemment pu s’appuyer sur Nikola Jokic (33pts, 10,5rbds, 4,5asts), à la hauteur de l’événement, mais aussi trouver, match après match, des soutiens remarquables. Alors que Michael Porter Jr accompagnait le leader dans de nombreux matchs, Austin Rivers, continuait son opération rédemption en brisant la troupe de Terry Stotts dans le 3eme match. C’est enfin Monte Morris qui, dans sa plus belle imitation de Jamal Murray, pour alimenter le jeu à deux avec Nikola Jokic et mettre des paniers assassins, sonnait définitivement le glas des Trail Blazers.
Malgré une défense médiocre 122,9 de defensive rating, les Nuggets ont su mettre en difficulté Portland. Criblant de fautes Jusuf Nurkic en le ciblant en attaque et le défiant de contrôler son activité sur les phases offensives (challenge de ses écrans en mouvement, défense au sol pour obtenir de charges). Mais également en trouvant des ressources au fond du banc pour dominer celui de l’adversaire.
Mais alors que ces deux équipes ont connu des premiers tours aux physionomies diamétralement opposées, à quoi pourrait ressembler le compromis entre ces deux styles ?
Affrontements en saison régulière
Les Suns et les Nuggets se sont affrontés par 3 fois cette saison, le tout se soldant par 2 victoires de Denver. Un indicateur à relativiser puisque les deux équipes ne sont plus croisées depuis la fin janvier. A cette époque, Jamal Murray et Gary Harris étaient encore les titulaires pour Mike Malone, Aaron Gordon n’était pas encore arrivé et les Suns grattaient à peine le potentiel de leur équipe après un départ poussif. Autrement dit, si certains éléments peuvent être des clés à emporter, il faudra prendre avec des pincettes les précédentes batailles qui peuvent être éloignées des dynamiques actuelles, mais également des contours de l’équipe.
Quelques éléments à prendre en compte néanmoins :
- Jamal Murray était présent
- Michael Porter Jr a raté le 1er et revenait d’un long protocole post-Covid pour les suivants
- Les Suns ont gagné à la Ball Arena, puis ont perdu deux fois à domicile, deux fois en overtime face à des Nuggets sur un back-to-back
- Chris Paul n’était pas diminué par des blessures
- Devin Booker a raté une rencontre
- Les Suns possédaient déjà le même 5 que celui utilisé actuellement.
- Denver jouera avec 2 titulaires absents de l’équipe à cette époque (normalement)
Ceci étant dit, que pouvons-nous tout de même en apprendre ?
La première chose, c’est que DeAndre Ayton a franchi un cap cette année. Si affronter Nikola Jokic à toujours été synonyme de bonnes prestations offensives, pour le jeune pivot, cela signifiait aussi vivre une soirée cauchemardesque de l’autre côté du terrain. Il se trouvait souvent incapable de le gêner à la création, d’efficacement le contester au shoot ou de suivre ses déplacements. Mais ça, c’était avant cette saison. En effet, durant leurs derniers affrontements, le serbe a connu des instants compliqués, se heurtant à un mur de brique. Si Jokic continue d’assurer la création sans difficulté, il a souvent eu du mal à obtenir des tirs faciles, se voyant régulièrement obligé de prendre des tirs à mi-distance, contestés en prime. Ne vous y méprenez pas, Jokic a fait beaucoup de mal aux Suns. En revanche, il a peiné à faire la différence contre Ayton. Résultat, sur les 23 minutes passées face à ce dernier : son efficacité chute à 36% de True Shooting (contre 57% sur le global face à Phoenix). Un problème d’autant plus important pour Denver que, contrairement à d’autres intérieurs, De’Andre réussi à faire face au Serbe sans particulièrement souffrir de problèmes de fautes (sauf 1 match où il est sorti pour sa 6eme). Visuellement, voici à quoi ressemble le match-up :
Autre point intéressant, que faire face au jeu à mi-distance de Phoenix ? Il va sans dire que peu d’équipes peuvent se vanter d’être aussi létales dans la zone d’entre-deux. Chris Paul et Devin Booker sont deux esthètes de l’exercice. Durant les rencontres en saison régulière, on a vu les deux arrières cibler Nikola Jokic. Les Nuggets défendant souvent en hedge, ils offrent des tirs très faciles aux standards de ce duo. Exemple :
La recette s’est avérée efficace pendant les OT. Chris Paul n’étant néanmoins pas son plein potentiel sur ces Playoffs, faire le choix de ne pas sur-réagir à ses attaques et se concentrer sur le cas Devin Booker pourrait être une possibilité pour les Nuggets. Par ailleurs, si l’équipe tente d’adresser le problème : quelle réponse collective verrons-nous ? Est-ce qu’un spécialiste défensif comme Shaquille Harrison peut venir suppléer Gary Harris, qui ne réussissait pas à Booker, mais a été envoyé à Orlando depuis ?
Match-ups et clés de la série
Les Suns peuvent-ils limiter Nikola Jokic ?
En préambule, nous parlions de la défense d’Ayton sur Jokic. Un échantillon de qualité qui a globalement réduit l’impact du Serbe. Une source d’espoir intéressante alors que les deux hommes vont batailler durant toute la série. Avertissement, toutefois, cela n’a pas empêché de Jokic de scorer 25,8pts, de prendre 11,7rbds ou de distribuer 8,3asts à 57 de TS% durant les 3 rencontres. En d’autres termes, défendre Nikola Jokic requiert un effort collectif, et limiter son scoring ne va pas limiter son playmaking.
De fait, si il est rassurant de pouvoir compter sur un joueur pour contenir le serbe sur des possessions importantes, il faut prendre en compte le panel d’options que ce dernier offre et n’a pas forcément encore exploité pleinement contre les Suns. Jokic va probablement beaucoup plus s’appuyer sur son tir longue distance qu’en saison régulière, mais aussi inverser le pick & roll en demandant des écrans de ses coéquipiers pour sortir Ayton de sa zone de confort en l’obligeant à défendre au large.
Par ailleurs, les Nuggets auront pour mission de lui obtenir des switchs afin qu’il puisse cibler les autres joueurs de Phoenix. Ayton semble, en effet, être le seul Sun à pouvoir contenir le serbe. Saric, Kaminsky sont trop petits ou légers. Et Jae Crowder, Torrey Craig ou Cameron Johnson ne sont pas réellement des intérieurs à proprement parler. Or, si vous concédez des switchs et tentez des aides agressives ou des prises à deux, Jokic possède les qualités de passe pour vous faire payer. Les choses pourraient alors très vite se compliquer pour Phoenix, Denver marquant 1,41pts par possession lorsque des équipes tentent des prises à deux pour le Serbe.
A vrai dire, les Suns ne semblent pas avoir le groupe pour réellement détraquer la machine offensive qu’est Jokic. Les seuls à l’avoir partiellement fait étaient les Lakers 2020, qui possédaient une multitude d’intérieurs puissants et un front court survitaminé. Toute bonne défense qu’ont proposé les Suns, l’animal semble difficile à gérer pour leur roster. En revanche, ils ont les armes pour l’isoler. Leurs arrières et ailiers sont de bons défenseurs, intelligents, longs et athlétiques. Et s’ils ont dérouté les Lakers, ils peuvent particulièrement ennuyer des Nuggets privés de leur second meilleur attaquant.
Mike Malone trouvera-t-il les ajustements face à Booker ?
On a pensé que les Lakers avaient trouvé la solution. L’influence de Devin Booker apparaissait comme décroissante durant la série. Mais ses matchs 5 & 6 ont permis aux Suns de reprendre l’ascendant et de briser la domination des Lakers. L’absence d’Anthony Davis n’y a certes pas été étrangère. Mais Frank Vogel a également proposé un grand nombre d’adaptations pour priver Booker de ses positions préférentielles. On peut sans difficulté arguer que Malone n’est pas forcément un coach aussi habile dans ses ajustements. Mais aussi que la défense des Nuggets est assez loin des standards proposés par le champion 2020.
LA a tout tenté face à Booker : contester ses zones de tirs, réduire les espaces, l’orienter sur sa main faible. D’autant que la blessure de Paul permettait aux Lakers de faire l’impasse sur ce dernier à longue distance, d’autant que KCP, Schroeder, Caruso ou Matthews sont tous des défenseurs dont les qualités ne sont plus à prouver. Denver à l’inverse, possède moins de joueurs qui présentent ces certitudes. Bien qu’il me semble évident que l’option Aaron Gordon va venir sur le tapis (et à raison), s’appuyer sur Harrison semble trop contraignant offensivement et PJ Dozier ne sera pas en tenue pour débuter la série (et peut être pas de la série).
En prime, contrairement aux Lakers, les Nuggets offrent des match-ups très favorables. Des cibles faciles pour Booker. En premier lieu Michael Porter Jr dont la défense a beaucoup coûté à Denver. Le challenge est de taille pour Malone et ses hommes. Restera à déterminer si son influence sera aussi importante que dans la série précédente où les défenses ont régné en maître. Et si, finalement, les Nuggets n’ont pas vu pire au tour précédent.
Quel impact pour De’Andre Ayton ? Un risque d’être ciblé ?
De’Andre Ayton a fait l’unanimité au premier tour. Toute la NBA a été témoins de l’évolution de pivot bahaméen. Ce dernier a par ailleurs toujours semblé à son aise quand il s’agissait de batailler avec le serbe, se montrant souvent plus impactant offensivement que sa production annuelle. Cette saison, il a mis 22pts à 70% au tir et gobé 12,3rbds face aux Nuggets. Il a montré au tour précédent qu’il pouvait prendre une dimension différente en post-saison. Profitant de sa vitesse, notamment en transition, il a permis aux siens d’obtenir beaucoup de points faciles. Il est plus vif que les intérieurs adverses. Et apprend à utiliser son alliage de mobilité/puissance de match en match.
Si le problème semble difficilement soluble pour Denver, plusieurs pistes pourraient être envisagées.
La première, c’est de tenter de profiter de son match-up avec Jokic pour limiter son temps de jeu. Tenir le serbe ne sera pas facile et lui coûtera probablement une poignée de fautes. Mais pas uniquement. Face aux Blazers, on a vu un travail collectif des Nuggets pour compliquer la tâche de Jusuf Nurkic. Denver a cherché à exploiter chaque erreur technique du bosniaque en le criblant de fautes offensives : mise en évidence des écrans en mouvement en les percutant volontiers, prise de position au poste bas des extérieurs pour obtenir des charges quand l’intérieur pivotait – Denver possède plusieurs joueurs doués pour piéger l’adversaire (Facundo Campazzo en tête de liste, évidemment) et pourrait encore s’employer à compliquer la vie du vis-à-vis de son franchise player.
L’autre option, serait de s’appuyer sur JaVale McGee. Le pivot a peu joué depuis son arrivée dans la franchise, malgré de nombreuses séquences intéressantes. Bon rim-runner, McGee possède la mobilité, la taille et la puissance pour défendre sur Ayton. Probablement récupéré pour un potentiel affrontement avec les Lakers, ce dernier pourrait avoir sa chance dans cette série. D’autant que Millsap et Green sont trop petits pour vraiment peser face au pivot bahaméen.
Les blessures et retours ?
Murray n’est pas prêt de revoir les parquets, Denver attend néanmoins avec impatience les potentiels retours de Will Barton et PJ Dozier. Le premier serait proche du come-back. Le second moins. Barton, titulaire toute la saison rend le 5 de départ de Denver plus grand, plus long. Il permet à la défense d’être plus étouffante. Et puisque les ailiers pourraient se neutraliser, en posséder un supplémentaire ne serait pas de trop. Dozier entre également dans cette logique. Sauf qu’il contribue considérablement à améliorer la défense des siens. Dans une série ou le moteur offensif est un back-court (essentiellement) : Paul – Booker – Payne – son retour pourrait être un game changer.
De l’autre côté, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que Paul gère son épaule meurtrie. Le contact avec Matthews en fin de série était sans équivoque. Si le joueur a disputé toute la série, sa blessure rend les Suns moins dangereux. S’il arrivait à remonter en puissance, il donnerait un coup de boost énorme aux siens : c’est bien son apport au scoring, en plus de sa capacité de création qui fait de lui une arme létale. Si les limitations de ses capacités à scorer perdurent, alors son duel avec Campazzo ne sera pas à l’avantage de Phoenix. Tout du moins pas autant qu’il l’aurait été s’il avait été en pleine possession de ses moyens. Et ce pourrait être un tournant de l’affrontement.
Qui pour faire basculer la série ?
Michael Porter Jr métronome ?
Alors que les deux forces majeures sont identifiées de part et d’autres. Un joueur peut inquiéter un peu plus que les autres : Michael Porter Jr (18,8pts à 53,8% dont 41,4% à 3pts et 90,8% aux lancers). Là où la production de la paire Booker-Ayton semble acquise, Jokic pourrait connaître des matchs un peu plus solitaires. Le tir de Michael Porter Jr est certes un problème difficilement soluble, mais le quatuor Mikal Bridges – Jae Crowder – Torrey Craig – Cameron Johnson a fait un tel travail face à LeBron James que le cas Porter Jr semble être une moindre difficulté. L’étoile montante de Denver à connu des soirées difficiles pour ses premiers Playoffs en tant que seconde option offensive, notamment dans le Game 4 face à Portland (1/3 au tir), avec des conséquences désastreuses sur l’efficacité globale de l’équipe. A contrario, dans le Game 6, c’est l’explosion de Porter Jr qui permettait à l’équipe de se maintenir en vie. Plantant 22 points en 1er QT face aux Trail Blazers, il avait alors évité un nouveau naufrage collectif.
Mais les Suns savent aussi qu’en saison régulière, les Nuggets avaient un net rating de +22,7 face à eux, lorsqu’il était sur le terrain.
Bridges risque d’avoir pour mission de rester très proche de l’ailier et de le couper du jeu de son équipe. Le jeu off-ball de MPJ lui permettra-t-il d’exister avec un défenseur de cette qualité en contact permanent ? Le rideau défensif des Suns est en tout cas une autre paire des manches que les 122,9 de defensive rating de Portland en Playoffs et risque de poser bien plus de problèmes au jeune ailier des Nuggets.
Cameron Payne encore plus fort ?
Le premier tour de Cameron Payne a fait sensation. Solide balle en main, scoring efficace, combattivité. Il est d’autant plus louable pour sa performance que celle ci advenait dans une série étouffante en défense. Reste à savoir s’il pourra apporter le même coup de fouet à son équipe dans une série où un panier marqué aura relativement moins de valeur, mais où, en contrepartie, les espaces devraient être plus nombreux.
Monte Morris en suppléant de Murray ?
La Monte, en puissance, de Morris a largement contribué à faire basculer la série durant les deux derniers matchs. Utilisé dans le jeu à deux avec Jokic, comme Jamal avant lui, il a réussi à jouer ce rôle de ball handler capable de planter des tirs assassins. Son floater de derrière la ligne à 3pts fut particulièrement marquant durant le Game 6.
Mais sera-t-il aussi important dans la série face aux Suns ?
Les éléments à surveiller ?
Comme dans toutes les séries, deux éléments feront office de jauge. L’adresse globale et à longue distance, est un facteur toujours clé. Plusieurs joueurs importants des Suns se sont avérés moins tranchants qu’à l’accoutumée. Jae Crowder (30,4% sur 7,7 tentatives !), évidemment, en souffrance tout au long de la série, mais d’autres éléments comme Mikal Bridges (seulement 9,2 tirs tentés par rencontre et 38% à l’adresse) pourraient contribuer à plus haut volume. Le match-up face à Denver offrira plus d’espaces, de rythme et probablement un flow plus propice à rentrer ses tirs. Mais il faudra surveiller ces derniers qui ont été particulièrement à leur aise face à Portland et possèdent une multitude de joueurs autour de Nikola Jokic capables de décocher du parking.
Rapport de force en régulière : Suns 3ème True Shooting %, Nuggets 6ème.
L’autre élément, sera le rebond. Si Ayton a fait très mal aux Lakers, il n’a pas empêché ces derniers, pourtant moins physiques que l’an passé, de briguer un plus grand nombre de rebonds (défensifs comme offensifs). Les Nuggets sont des spécialistes de cet aspect du jeu. Or les secondes chances sont souvent un élément de bascule dans des rencontres serrées. Puisque Crowder, Bridges, Johnson ne sont pas réellement des joueurs qui peuvent faire payer à Denver leurs intérieurs plus classiques (JaMychal Green et Paul Millsap notamment) grâce à leur handle et leur mobilité, il sera important que ces derniers ne dominent pas sous l’arceau.
Rapport de force en régulière : Nuggets 3eme au % de rebonds, Suns 14eme.
Pronostic & mot de la fin
Les éléments à surveiller dans cette série seront légion. L’impact des blessures est difficile à jauger. Les joueurs que nous n’avons pas évoqués mais qui pourraient jouer un rôle, aussi. Et surtout, la physionomie de leur premier tour fut si diamétralement opposée (tout pour l’attaque d’un côté, pour la défense de l’autre), qu’il est difficile d’envisager quel équilibre va se créer entre les deux formations. Les Suns sont étonnants. Ressemblent à une équipe de vétérans dans leur approche du jeu, dans leur régularité, dans leur faculté d’adaptation tactique. Les Nuggets présentent toujours ce côté poly-forme, cette énergie très particulière et ce talent à se construire en réaction. Initialement, ma préférence allait largement aux Suns dont la défense élite et le talent offensif me semblaient amplement l’emporter. Mais la profondeur de Denver me semble supérieure malgré les absences et grâce à l’obtention probable de renforts. Il est complexe de savoir face à eux qui sera le facteur X, chaque soir.
L’élément clé pour Phoenix apparaît être l’état de forme de Chris Paul. S’il retrouve son plein niveau, alors les Suns seront supérieurs. Côté Nuggets, c’est leur faculté à libérer Porter Jr. Son scoring est capital en l’absence de Murray et la défense de Phoenix est un des plus gros challenges pour lui à l’Ouest. Après déroulement de la preview, la victoire de Denver me semble très envisageable même si l’adversaire est favori. D’une courte tête, évidemment, mais on partira sur un “upset”.
Phoenix Suns 3 – 4 Denver Nuggets