A l’entame de la saison, les espoirs autour du Magic étaient timorés. Et pour cause : malgré une participation aux Playoffs lors de la saison 2019-2020, Orlando n’avait pas semblé améliorer son effectif pour ce nouvel exercice. Au contraire, les bouleversements chez certaines équipes de l’Est laissaient présager une année compliquée pour la franchise floridienne.
Malgré un départ solide avec 6 victoires pour deux défaites, une première mauvaise nouvelle tombe. Face à Cleveland, Markelle Fultz, alors sur la bonne voie depuis quelques mois et son arrivée à Orlando, se blesse gravement au genou. Fin de saison pour le meneur. Déjà privés de Jonathan Isaac à cause d’une blessure similaire, le Magic doit alors se passer de ses deux meilleurs jeunes. Dans un effectif en bout de course après des années en demi-teinte, ces absences n’aident pas à relancer la machine. Après cette victoire contre Cleveland, les hommes de Steve Clifford affichent un bilan désastreux de 12 défaites pour deux courtes victoires. Les floridiens n’y arrivent pas, et les absences se multiplient. Evan Fournier reste écarté des terrains pour des douleurs au dos, puis c’est au tour d’Aaron Gordon de manquer quelques matchs. Les seuls moments de bonheur pour les fans viennent du rookie Cole Anthony, qui montre de belles choses, notamment un game winner face à Minnesota.
Orlando s’embourbe dans une saison qui semble être celle de trop pour un effectif qui s’essouffle. Nikola Vucevic a beau afficher son niveau de All-Star – il participera au match des étoiles en mars – cela reste insuffisant pour ramener des résultats. Les questions qui se posent reviennent alors de plus belle, et la réponse des dirigeants finit par tomber, violemment. Lors de la trade deadline, John Hammond opère un grand ménage de printemps en se séparant des cadres historiques de la franchise. Aaron Gordon est envoyé à Denver, Evan Fournier à Boston, et surtout Nikola Vucevic à Chicago. Orlando prend un virage à 180 degrés, et décide de reconstruire.
La fin de saison sera l’occasion de voir quelques jeunes joueurs à l’œuvre, notamment Chuma Okeke, R.J. Hampton et bien sûr Cole Anthony. Toutefois, la franchise s’assure de terminer le plus bas possible au classement. Il serait dommage de se priver d’une Draft annoncée comme magnifique. Le Magic termine donc sa saison avec un bilan de 21 victoires pour 51 défaites, saison raccourcie oblige. Mettons de côté la déception des années Niko-Vavane, et place à la reconstruction.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Dwayne Bacon, James Ennis, Otto Porter, Chasson Randle, Sindarius Thornwell
Ils ont rejoint l’équipe : Ignas Brazdeikis, Robin Lopez, Jalen Suggs, Franz Wagner
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Le roster à ce jour :
Meneurs : Cole Anthony, Michael Carter-Williams, Markelle Fultz
Arrières : R.J. Hampton, Gary Harris, Jalen Suggs
Ailiers : Ignas Brazdeikis, Terrence Ross, Franz Wagner
Ailiers-forts : Jonathan Isaac, Chuma Okeke
Pivots : Mo Bamba, Wendell Carter Jr, Robin Lopez, Moe Wagner
Les tendances de l’été
Évidemment, la lottery était LE grand événement attendu par le Magic et ses fans. Au terme de cette saison difficile, Orlando pouvait prétendre à une place dans le top 3 de la Draft, précisément à la fin du podium. Malheureusement, la franchise a joué de malchance lors du tirage, pour tomber de deux places et atterrir en 5ème position de cette édition. Une véritable déception pour le General Manager John Hammond, tant les trois premiers prospects de cette cuvée étaient considérés comme intouchables. Dès lors, l’incertitude fleurissait dans les coulisses de la franchise. Alors que Jalen Suggs, mis en lumière par ses dernières performances universitaires, semblait promis à la 4ème place, la franchise se voyait affublée d’un nouvel ailier au potentiel incertain. A savoir Scottie Barnes ou Jonathan Kuminga. Pourtant, en sélectionnant le premier cité, les Toronto Raptors ont rendu le choix plus simple au Magic qui n’a alors pas hésité une seconde, en sélectionnant l’arrière de Gonzaga. Jalen Suggs, auteur d’un buzzer beater exceptionnel en demi-finale du Final Four face aux Bruins, rejoint donc la Floride.
Avant son arrivée comme une star à Gonzaga, Suggs était le leader offensif incontestable de son lycée. En NCLA, il brillera moins en solo pour prendre un rôle d’organisateur, d’initiateur. Capable d’évoluer sur les deux postes arrières, Suggs a brillé par sa vision de jeu et son explosivité. Doté de superbes qualités athlétiques, il est capable de finir au près tout en puissance, et d’éliminer son vis-à-vis sur son premier pas. Ses points faibles ou petits défauts (tir, défense, et surtout pertes de balle) sont rectifiables avec le travail et l’expérience. S’il est impossible de deviner l’impact que Suggs aura sur le Magic, sa sélection est tout de même enthousiasmante pour Orlando.
Suite au transfert de Nikola Vucevic à Chicago, le Magic a également récupéré le pick des Bulls pour cette Draft. Une aubaine pour les floridiens, qui récupèrent ainsi le 8ème choix, et verrouillent ainsi deux sélections dans le top 10. Après Jalen Suggs, Orlando jette son dévolu sur l’allemand Franz Wagner, qui n’est autre que le petit frère de Moritz, pivot du Magic. Un choix qui s’inscrit dans une nouvelle dynamique récente de la franchise, avec un ailier au profil défensif fort, intrigant offensivement mais finalement difficile à cerner, notamment sur son vrai poste (3 ou 4). Wagner rejoint donc le clan Isaac et Okeke. A seulement 19 ans, Wagner bénéficie tout de même d’une certaine expérience, partagée entre deux saisons à Michigan et la sélection allemande. En attaque, il s’est montré capable de tout faire – par échantillon – hormis un tir extérieur douteux. Défensivement en revanche, Orlando s’assure les services d’un joueur polyvalent, et surtout très intelligent. Malgré ses qualités évidentes, la sélection de Wagner reste une petite surprise tant par son profil que la projection des analystes.
Enfin, terminons par un choix majeur du management floridien, avec la fin de l’aventure Steve Clifford. L’entraîneur est remplacé par Jamahl Mosley, qui connaitra sa première expérience en tant que Head Coach. Un rookie pour accompagner une équipe jeune, et donc grandir ensemble, voilà le plan de John Hammond. Orlando a logiquement mis le paquet sur la progression des jeunes et l’aspect défensif. Avant son intronisation, Mosley était assistant défensif de Rick Carlisle à Dallas. Auparavant, il était chargé du développement des joueurs et du scouting pour Denver. Le nouveau coach sera également entouré d’un staff expérimenté et très ancré dans le travail avec les jeunes. Notamment Nate Tibbetts, passé par la G-League et Cleveland avant de contribuer à l’essor du duo Lillard – McCollum à Portland.
Pour terminer au rayon des recrues, Orlando enregistre l’arrivée de Robin Lopez, et les retours de Moritz Wagner et Ignas Brazdeikis. Le premier apportera surtout de l’expérience dans le vestiaire, mais devrait passer le plus clair de son temps sur le banc. Pour les deux autres, il faudra à priori batailler pour trouver une place dans la rotation. Wagner profite de ses quelques performances intéressantes en fin de saison, et formera un duo avec son rookie de frère.
Focus sur la saison 2021-22 du Magic
Maintenant que l’état des lieux est fait, passons aux choses concrètes. Comment organiser tout cela, et surtout comment remettre la franchise dans le bon sens ? Passage en revue des points clés à observer.
Trouver la bonne formule
Entre les retours de blessure et la ribambelle de jeunes joueurs que compte l’effectif, une chose est sûre : l’incertitude règne autour de la rotation. Vous sortir un cinq majeur a tout simplement été un cauchemar, et nous avons privilégié l’option “5 idéal” plutôt que réaliste. Car malheureusement, deux joueurs restent incertains pour la reprise, à savoir Markelle Fultz et Jonathan Isaac. Le second est absent depuis le 7 janvier 2021, quand le second a loupé toute la saison après s’être blessé dans la bulle… D’Orlando, en 2020.
Pour l’instant, la franchise n’a pas communiqué de date de retour pour les deux hommes, et ni le Magic ni les joueurs ne veulent précipiter un retour. De plus, Fultz et Isaac présentent tous deux un lourd passif, que ce soit sur le plan physique ou de la régularité. Difficile donc de savoir s’ils resteront en bonne santé et en pleine possession de leurs moyens sur le long terme, ce que l’on souhaite bien évidemment aux deux jeunes. Car actuellement, et hors blessure, on peut probablement considérer le meneur et l’ailier comme les meilleurs joueurs du Magic. On connaît leur talent, et tout l’apport qu’ils peuvent générer pour une équipe qui en aura bien besoin. En bonne santé, il y a fort à parier que leurs places de titulaires sont verrouillées.
Orlando dispose de nombreux joueurs pour animer le backcourt. Markelle Fultz, Jalen Suggs et Cole Anthony se relaieront sur le poste de meneur, alors que les deux derniers peuvent évoluer poste 2. Suggs a notamment montré ses qualités de gestionnaire et d’initiateur, donnant plus de flexibilité à Mosley pour son animation extérieure. R.J. Hampton et Gary Harris occuperont le poste d’arrière, mais une place de titulaire semble compromise avec un effectif en bonne santé. Finalement, on risque de souvent voir Orlando évoluer en small ball, maintenant Terrence Ross sur le poste 3 mais avec la possibilité de voir Hampton et Harris le suppléer par séquences.
Sur le poste 3, Jamahl Mosley devra essayer de nombreuses combinaisons, en profitant des nombreux joueurs extérieurs. On pourrait bien voir le Magic aligner 3 meneurs à plusieurs reprises (Futlz – Suggs – Anthony) ou encore utiliser Hampton sur le poste 3 pour plus de polyvalence et d’intensité défensive.
Le poste 4 reste un éternel point d’interrogation, entre le cas Isaac et l’absence de véritable ailier fort de métier dans l’effectif. Dans ces conditions, difficile d’anticiper le futur rôle du rookie Franz Wagner, qui passera alternera certainement sur les deux positions à l’aile. Malgré ses quelques flashs, Chuma Okeke ne semble pas pouvoir prétendre à une place de titulaire.
Pour ce qui est du poste 5, la rotation semble assez claire. Wendell Carter Jr devrait occuper la place de titulaire, capable d’impacter des deux côtés du terrain. Derrière lui, ce n’est pas l’assurance tout risque. Mo Bamba et Moe Wagner seront en concurrence pour gratter des minutes, alors que le premier cité suscite aujourd’hui de nombreuses questions.
Fultz – Isaac – Bamba : la trinité des espoirs
Au centre des critiques et des doutes, Mo Bamba voit son avenir à Orlando s’assombrir de mois en mois. Sélectionné par le Magic en 6ème position de la Draft 2018, le pivot n’a jamais atteint le niveau espéré pour un si haut choix. Le souci, c’est que le défaut principal de Bamba serait son “moteur”. Comprenez par là son intensité de jeu, et sa capacité – et sa volonté – à la maintenir tout au long d’un match et d’une saison NBA. En plus de ses pépins physiques, bien sûr. Un travers que les scouts ont perçu dès ses plus jeunes années, avant même son entrée en NBA, et que le Magic n’est pas parvenu à corriger. Le nouveau coaching staff aura-t-il plus de succès ? On l’espère, car Bamba pourrait beaucoup apporter dans la raquette floridienne, ne serait-ce que sur le plan défensif. Une blessure lors de sa première saison et de l’intersaison qui a suivi, et des soucis liés à la COVID-19 n’ont pas aidé Bamba, qui avait montré de vrais progrès en 2020. Il pourrait profiter de l’arrivée de Mosley sur le banc pour se relancer.
A ses côtés, les deux autres grands espoirs du Magic se nomment évidemment Markelle Fultz et Jonathan Isaac. Nous en avons déjà parlé, inutile de s’étaler à nouveau. Simplement, présentons une petite statistique : en 4 saisons, Issac n’a joué que 136 matchs, et 155 pour Bamba. De son côté, Fultz a joué 113 matchs en trois exercices. Comme évoqué, nous parlons ici des probables deux meilleurs joueurs du Magic, et d’un pivot au potentiel inexploré. Dès lors, Orlando pourra bientôt répondre à une immense question pour son avenir à long terme : la franchise peut-elle compter sur ces trois joueurs dans sa reconstruction ?
Quels objectifs ?
A première vue, difficile d’imaginer cette équipe aller chercher quoi que ce soit cette saison. Pour autant, le Magic a lancé sa reconstruction et doit en conséquence se fixer des objectifs importants.
Dans un premier temps, impossible de se contenter d’un tanking en bonne et due forme. Orlando a pour évidente mission de développer ses jeunes joueurs, et cela passe par la recherche d’une identité solide, tant dans le jeu que la mentalité. Le nouveau coaching staff doit forger un caractère fort à une équipe en plein renouveau, et dans l’incertitude. Justement, cette saison doit permettre à la franchise d’identifier les joueurs essentiels à la reconstruction, ses têtes d’affiche pour les prochaines années.
Bien sûr, la probabilité de voir les floridiens lâcher leur saison autour du All-Star week-end est élevée, mais Orlando a le temps de voir venir la lottery. Un des objectifs majeurs sera de retrouver des joueurs en bonne forme. Le trio Fultz – Isaac – Bamba doit être en mesure – si la santé est avec eux – de tirer ce nouvel effectif vers le haut. Derrière, ce sont tous les jeunes éléments qui sont attendus, notamment la figure de proue Jalen Suggs, et le sophomore Cole Anthony. Tout n’est pas rose à Orlando, qui amorce une longue période de reconstruction, mais la base est saine. Et Jamahl Mosley dispose de nombreuses options pour nous proposer des rotations inventives. Et c’est bien là le véritable objectif d’Orlando : repartir de l’avant.