Comment faire mieux alors que l’effectif est déjà en avance sur sa reconstruction ? Comment demander plus à ses joueurs alors que ceux-ci semblent pour la plupart avoir déjà dépassé leur plafond ? Comment franchir ce dernier obstacle et découvrir les playoffs. Les Grizz étaient en PO l’an passé, donc pourquoi ces questions ? Autant d’interrogations que Taylor Jenkins a dû se poser avant le début de cette saison 2020-2021. L’élimination au play-in tout juste digérée, il fallait déjà enchaîner sur la prochaine fois. Espérer faire mieux ? Rester au niveau ? Patienter ? Avec les retours en formes successifs de Jonas Valanciuanas, Dillon Brooks (et plus tard Jaren Jackson Jr), des roles players coriaces comme d’Anthony Melton, Grayson Allen ou John Konchar, Memphis relance sa course effrénée progressivement avec une volonté féroce d’arracher le scalp des ténors de l’Ouest. Ja Morant dans tout ça ?
À l’image de son équipe, son entrée en matière sera timide, encore blessé et seulement dans sa seconde saison, le meneur flashy peine à ajuster son tempo et son jeu en fonction des situations. Entre timidité et volonté de faire briller ses coéquipiers, il préfère nourrir le colosse Valanciuanas à l’intérieur. Il est pour l’instant trop seul mais doit toujours autant porter son équipe. Les premiers matchs seront des défaites difficiles, la saison promet d’être longue mais la NBA est un marathon, pas un sprint. Le retour à 100% d’un Dillon Brooks en quête de rédemption après une fin de saison dernière compliquée et marquée par de nombreux mauvais choix sur le terrain coïncidence avec la série de cictoires qui relance complètement l’équipe et voit apparaître un maigre espoir de Top 10. Brooks défend toujours aussi fort, est toujours aussi détestable mais ses choix en attaque sont plus précis, moins frénétiques et sa réussite au tir retrouve des standards d’efficacité. Au côté d’un Kyle Anderson candidat MIP, que la palette offensive et notamment le shoot ont fait passer à un niveau supérieur, Memphis gagne des matchs, soulage son meneur et commence à identifier ses cibles (Portland, Golden State). Au diable le développement et le tanking, Memphis va jouer son va tout.
Les Grizzlies n’ont pas le temps, aucun répit, et malgré un des pires calendriers de la Ligue en seconde partie de saison, ils poussent vers la course aux Playoffs. Ils doivent enchaîner sans cesse les déplacements et les voyages. Taylor Jenkins fera alors le choix risqué de s’appuyer fortement sur sa Second Unit dans de nombreuses fins de matchs clés pour faire pencher la vapeur. Xavier Tillman et Desmond Bane tout juste draftés auront un impact immédiat et s’imposent rapidement comme des éléments majeurs du groupe grâce à leur bonne défense et leur polyvalence offensive, Melton et Tyus Jones forment un duo de pitbulls défensifs et playmakers aussi excitants qu’étranges. Brandon Clarke ? Il peine à retrouver son niveau de first Rookie Team. Handicapé par des blessures, en manque de repères offensifs pour être bien nourri sur pick and roll et avec un shoot bien moins efficace, il vit une saison très compliquée et voit son rôle de sixième homme menacé.
Jaren Jackson Jr, ancien numéro 4 de draft et second meilleur joueur de l’équipe fera quand à lui son retour fin avril. Si la franchise a volontairement mis en péril ses chances de post-season pour laisser sa star revenir en forme, grand bien lui en a fait tant ce Jaren Jackson Jr là déborde de volonté et de rage de convaincre. Beaucoup plus agressif au rebond et au contact, en pleine confiance en ses capacités offensives – notamment son jeu au poste bas. Un shoot qui logiquement peine à revenir mais au diable les statistiques : Triple J est de retour et Memphis va pouvoir mettre le dernier coup de collier jusqu’au mano à mano décisif face à Golden State. Perdant autant de matchs stupidement qu’arrachant des come backs inespérés, Memphis se débarrassera progressivement des Blazers, Spurs, Pélicans et Kings pour retrouver lors du play-in un Stephen Curry en mission. L’enjeu est colossal, la pression folle et les analyses peu en faveur des Grizz Next Gen.
Face à eux, Curry est en pleine furie offensive avec 39 points, un Draymond Green en triple double et un Andrew Wiggins efficace avec 22 points et 10 rebonds. Coach Jenkins jettera inlassablement ses meilleurs défenseurs sur Curry, Brooks et Bane redoublant de sacrifices et d’énergie pour bousculer le meneur MVP, provoquant 7 turnovers et marquant physiquement le génie d’Oakland. Valanciunas complètement muselé par la défense collective des Dubs, Jenkins piochera dans ce qui a toujours fait l’ADN de cette franchise, sa physicalité et cette volonté de dévorer l’adversaire. Meneurs, arrières, intérieurs, peu importe le poste chaque joueur des Grizzlies va sans cesse s’empaler au rebond offensif, heurter la défense et l’attaque des Dubs, se jetant sur chaque ballon perdu et chaque ligne de passe. Memphis reste dans le match, remonte progressivement l’écart jusqu’à l’explosion totale de son meneur star Ja Morant. Imperturbable mentalement, la mâchoire serrée et le regard noir, Morant est en mission et rien ne saura l’arrêter. 35 points dont 5 trois points, 6 rebonds, 6 passes et 4 interceptions. Morant était tout simplement inarrêtable et a porté son équipe durant tout l’overtime jusqu’à la double action offensive puis défensive de Tillman face à Draymond Green qui scelle le match. Un trois point glacial, une excellente défense sur Draymond qui monte au lay-up, Golden State ne tient plus et ne reviendra. Memphis ira en Playoffs face au Jazz.
Les Grizzlies auraient pu aborder cette série avec légèreté, le sentiment du devoir accompli après une saison longue et épuisante. Il n’en fut rien tant la jeune meute avait à cœur de dévorer son opposition. Arrachant une victoire porté par le duo étincelant Morant/Brooks et une confiance collective autant insolente qu’hargneuse. Memphis s’inclinera logiquement 1-4 face à une équipe du Jazz bien mieux fournie en talents et expérience avec un Donovan Mitchell étincelant et un Rudy Gobert au four et au moulin. La saison se termine sur une leçon de basket mais le meilleur est à venir.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Grayson Allen, Sean McDermott, Jontay Porter, Jonas Valanciuanas, Justise Winslow.
Ils ont rejoint l’équipe : Steven Adams, Santi Aldama, Jarrett Culver, Kriss, Dunn, Carsen Edwards, Sam Merill, Daniel Otoru.
Le roster à ce jour :
Meneurs : Ja Morant, Tyus Jones, Carsen Edwards, Kris Dunn, Sam Merill,
Arrières : Desmond Bane, De’Anthony Melton, Jarrett Culver,
Ailiers : Dillon Brooks, Kyle Anderson, John Konchar, Ziaire Williams,
Ailiers-forts : Jaren Jackson Jr, Brandon Clarke, Kilian Tillie,
Pivots : Steven Adams, Xavier Tillman, Santi Aldama, Daniel Otoru.
Les tendances de l’été
Un trade fait, un trade offert !
Les étés depuis l’arrivée du front office actuel sont tous agités et cette fin de saison n’a pas dérogé à la règle. Jonas Valanciunas sera envoyé à New Orleans contre Steven Adams, Eric Bledsoe et un pick de draft qui deviendra l’intriguant ailier de Stanford, Zaïre Williams. Bledsoe fera plusieurs fois sa valise avant d’arriver aux Clippers. Entre temps, Memphis a récupéré un premier tour de draft en 2022, Kris Dunn et Jarrett Culver. Les Grizzlies ont allégé leur masse salariale, récupéré deux jeunes prospects à long terme et tentent de relancer un joueur qui a peiné à faire son trou chez les Wolves mais qui vaut encore le coup de tenter un dernier pari.
Autour de cela, peu d’autres mouvements tant l’ensemble du roster est déjà verrouillé. Kilian Tillie voit sa belle raison rookie récompensée par un contrat two way. Il formera un duo bien bouillabaisse bien ratatouille avec Yves Pons dans l’équipe G League.
Stabilité et prise de risques
Fort de son expérience de la saison dernière, Memphis repart avec un effectif équilibré sportivement et financièrement. Les quelques départs permettent d’alléger des rotations denses sur les postes de pivot et d’arrière qui devraient profiter à JJJ et Desmond Bane. L’effectif perd un très bon joueur de plancher en la présence de Valanciuanas mais allège son salary cap pour pouvoir résigner Jaren Jackson Jr et lui redonner une plus grande importance en attaque, lui qui tournait à 18pts et 40 % à 3pts avant sa blessure. Il est clairement le second joueur après Ja Morant qui bénéficiera de la nouvelle répartition des tickets shoots. Autour d’eux ? Le groupe garde le même corps, a pris de l’expérience mais est renforcé par l’ajout d’une troisième option sur les ailes avec l’arrivée de Williams qui devrait voir le terrain après un trade de Kyle Anderson. Fort shooter et playmaker, l’ailier longiligne doit absolument se renforcer physiquement et améliorer son handle s’il veut un temps de jeu conséquent dans cette ligue.
Focus sur la saison 2021-22 de Memphis
Les Grizzlies n’ont plus réellement les pieds dans les bases de leur reconstruction. De fait, comment faire mieux ?
Définir le trio arrière
Malgré le départ de Grayson Allen parti chez les Bucks, Memphis a toujours face à lui le dilemne du trio de la ligne arrière. Le duo Morant-Brooks a haussé son niveau de jeu toute la saison, notamment en PO face au Jazz, de fait, où placer Desmond Bane et Slowmo ? Bane devrait logiquement être le shooting guard titulaire tant son apport au shoot, en défense et au playmaking est vital en troisième option pour Memphis. Slowmo, avant le retour de JJJ proposait un rôle de stretch four parfaitement complémentaire de Jonas Valanciuanas… Mais il faut réintégrer Jaren Jackson. Le scénario logique veut que Bane reste le sixième homme tant que Slowmo n’est pas échangé (à la deadline ?). Brooks, quant à lui, garde son rôle de pitbull défensif mais devrait voir son rôle offensif être encore renforcé. Devons-nous attendre une saison à 20 pts ?
Vous avez vu ma licorne ?
Jaren Jackson Jr concentre autant d’espoirs que de doutes. Il entre dans sa quatrième saison, est enfin à 100% et semble avoir débloqué ce verrou mental qui l’empêchait d’exploiter pleinement son athlétisme élevé et ses bras tentaculaires en défense sur de longues séquences. Mais l’élément le plus attendu est bien sûr son shoot létal. Enfin libéré des nombreux tirs dans la raquette de Valanciuanas et évoluant dans une équipe qui devrait augmenter encore une fois son tempo de jeu, il faut nous attendre à voir JJJ profiter d’un spacing porté par Morant et Brooks. De là à espérer plus de 5 tirs à 3pts tout en revenant à 40% ? Objectif atteignable. Il bénéficiera en plus d’un Steven Adams pour assurer au rebond offensif et poser des écrans virils pour ouvrir la route du drive à Morant.
Ja Rule
Par où commencer avec l’ancienne gloire de Murray State tant il a dépassé toutes les attentes en lui ? Leadership, attaque, défense, sang froid dans le money Time; Morant conclut sa saison en boulet de canon avec le scalp de Stephen Curry et une série de Playoffs à 30pts, pleine de floaters et de drives rageurs. Morant a prouvé qu’il peut et doit devenir la première option de son équipe tant il élève le plancher de tout ses équipiers par son alliage de vitesse-puissance et sa vision du jeu. Son shoot et son jeu off ball restent très perfectibles mais il est déjà en avance sur la timeline de son équipe.
De là à le voir prétendre à une plage légitime au All Star Game ?
Les objectifs
Faire aussi bien semble être un objectif atteignable même si l’Ouest s’est renforcé comme chaque année. Un creux semble se dessiner entre les équipes du Top 5 et le reste de la conférence. Les chaos ambiants que sont Dallas, Portland couplés aux équipes en pleine transition que sont Golden State, New-Orleans ou les Spurs permettent à Memphis d’envisager une deuxième année en post season.
Comme le Front Office est l’un des acteurs majeurs des dernières trades deadlines, des questions se posent autour de l’effectif. Adams et Slowmo vont ils terminer la saison à Beale Street ? Zaïre Williams va-t-il voir un temps de jeu élevé quitte à pénaliser son équipe ? Et surtout, Memphis peut elle vraiment envisager d’aller en Playoffs sans réel pivot ?
L’avis éclairé de @GrizzliesFR
Comment faire mieux après la dernière saison ? Est ce l’objectif dans une saison avec toujours autant de jeunes à développer et une concurrence à l’ouest qui s’est encore renforcée ?
Un bilan en positif pour la première fois depuis 2017, deux matches de play-in maîtrisés, un retour en playoffs avec en prime une victoire grattée sur le parquet du Jazz, ça sera a priori compliqué de faire mieux la saison prochaine. Tâchons au moins de faire aussi bien même si, on le remarque depuis plusieurs mois maintenant, ce nouveau Front Office n’est pas pressé. L’horizon temporel de Kleimann et ses hommes est plus lointain : si l’ère du Grit & Grind se contentait du rôle de trouble-fête, l’ère Grizz Next Gen préfère s’inviter dans le coin VIP une fois le printemps venu.
Et Memphis est donc prêt à prendre son temps pour y parvenir. Figurer en Playoffs une deuxième saison de suite serait positif mais n’est pas une finalité, ni même une priorité : l’axe est une fois de plus mis sur le développement. Les moves de l’été l’ont d’ailleurs montré, les Grizz débarquent avec l’effectif le plus jeune – ou presque – de toute la NBA, tentent des paris, misent avant tout sur l’évolution de ses hauts potentiels, quitte à devoir sacrifier certains de ses plus vaillants soldats.
Comment le départ de Valanciunas va il être compensé notamment dans l’apport au scoring ?
On parlait de vaillant soldat, le voilà. Jonas a été prié de faire ses bagages pour permettre entre autres de récupérer Ziaire Williams et son absence fera forcément défaut l’an prochain. Il était celui qui permettait de maintenir le bateau à flôts les matches où Ja Morant se montrait en difficulté. Toujours là pour planter son double-double, il offrait à l’équipe un niveau plancher qui lui permettait de rester compétitive soir après soir. Il était aussi la – quasi – unique solution de fixation à l’intérieur pour proposer une alternance dans notre jeu. Sans lui tout ça va changer, Adams est un bon pivot de métier mais n’a pas le même profil et ne pèsera pas autant offensivement.
On peut s’attendre à un Ja qui dépasse enfin les 20 ppg, mais aussi à un Dillon qui continue de prendre de l’ampleur comme lieutenant dans la foulée de ses magnifiques playoffs. Surtout on attendra énormément de la licorne, longtemps écartée des terrains l’an dernier, qui devrait normalement sortir les crocs.
Que faut il attendre de JJJ alors qu’il s’agit de sa dernière saison avant prolongation ? Ne serait ce pas la saison pleine tant attendue ?
C’est une saison importantissime, pour lui comme pour Memphis. D’abord pour lui puisque son contrat rookie arrive à échéance et après avoir vu ses collègues de cuvée signer leurs gros chèques, JJJ espèrera lui aussi toucher le jackpot que son statut de numéro 4 de Draft lui octroie. Pour Memphis ensuite qui va jouer une partie de son avenir à moyen terme sur cette signature : est-il l’homme nécessaire pour entourer Ja Morant ? est-il un simple lieutenant ou un véritable candidat au profil All-Star ? Beaucoup de questions sont en suspension, également concernant sa santé.
Dans le Tennessee, on attend que les promesses de ses trois premières – mais écourtées – saisons se convertissent en assurance. Pour pouvoir un jour prétendre au coin VIP à l’heure de la post-season.