College hoops is back. Après un exercice 2020-21 disputé dans une morosité qui nous semble après-coup encore plus triste et surréaliste, et une édition 2020 de la « March Madness » annulée après la récente propagation du virus SARS-CoV-2, cette saison est celle d’un premier retour à la normalité, avec des gradins enfin de nouveau remplis, rendant au sport universitaire ce qui fait tant de son charme : la folie de ses fans.
Le paysage du basket universitaire est également complètement chamboulé, et de façon inédite, avec une prolifération des transferts facilités par la disparition complète ou presque de la règle du « redshirt », qui forçait tous les étudiants-athlètes non diplômés à rester sur la touche pendant un an s’ils décidaient de changer d’université.
Autre nouveauté majeure bien qu’exceptionnelle cette fois : l’autorisation d’une année bonus pour les joueurs ayant normalement écoulé leur éligibilité de quatre saisons sur le circuit universitaire. Cette saison sera donc la première à être disputée par des « super seniors ». La première des conséquences sera celle d’une révolution sur bon nombre de livres des records, cette trentaine de matchs supplémentaires donnant un avantage certain pour de nombreux joueurs de cinquième année qui verront des records habituellement hors de portée devenir accessibles. Mais surtout, le niveau global n’en sera que renforcé, avec de véritables vétérans du college basketball qui continueront d’apporter leur expérience dans cette ligue de la jeunesse.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir notre cinq des joueurs à suivre pour kiffer cette saison, que vous soyez un parfait novice plutôt adepte de la (KIA) NBA (presented by Sprint, Coors Light and Mountain Dew), ou un habitué de l’horloge des 30 secondes et de la zone 2-3 de Syracuse. Cette composition n’est ni une mock draft, ni un cinq des meilleurs joueurs du championnat, mais simplement un groupe de joueur choisis de façon arbitraire, avec chacun des critères différents rendant leur saison passionnante et excitante à suivre. Saison qui sera à suivre sur beIN Sports en France, la NCAA ayant retrouvé un diffuseur dans l’hexagone – pour le basket mais également le foot US – et cette fois avec une bien meilleure visibilité qu’auparavant. Plus aucune excuse donc pour ne plus suivre la meilleure Ligue du monde.
Meneur : Caleb Love
Sophomore : North Carolina – 20 ans, 1m93, 88 kilos
Une saison freshman décevante, marquée par des records de médiocrité au shoot et presque autant de pertes de balle que de passes décisives, pour un joueur qui était pourtant une recrue cinq étoiles et un McDonald’s All-American. Mais pourquoi en faire le meneur de notre équipe alors ? Parce que le talent de Caleb Love n’a malgré tout jamais été remis en question, et qu’il était malgré son statut un simple freshman – un joueur de première année. Un été de travail et une saison d’expérience dans les pattes feront une immense différence pour le joueur des Tar Heels, qui voit également ses responsabilités s’accroître, dans une fac mythique qui retrouve pour la première fois depuis 2003 un nouveau head coach, l’ancien joueur de la fac et également NBAer connu et reconnu Hubert Davis.
L’explosion de Caleb Love semble être une évidence à l’aube de cette saison, aussi bien dans les stats que vers le cercle. Love est un joueur spectaculaire, athlétique et n’ayant pas peur d’agresser le panier avec ses dunks fluides et puissants et ses finitions près du cercle au contact des intérieurs adverses. Mais c’est son tir extérieur qui sera le facteur déterminant de sa saison, car s’il devient la menace qu’il doit être derrière l’arc, les défenses adverses seront forcées à réaliser des compromis, lesquels pourraient finir par s’avérer fatals.
Arrière : Emoni Bates
Freshman : Memphis – 17 ans, 2m06, 86 kilos
Une chose est certaine : Emoni Bates est le seul joueur de cette liste qui ne sera pas drafté en NBA l’été prochain, et pourtant s’il en avait la possibilité, il serait très probablement un unanime premier choix pour n’importe quelle franchise. Mais le natif du Michigan n’a aujourd’hui que 17 ans, il a avancé d’un an son arrivée à l’université et ne sera pas éligible avant l’année de ses 19 printemps, en 2023.
Après avoir résisté aux sirènes de l’Overtime Elite et de la G League et s’être engagé initialement avec Michigan State, Bates a finalement fait ses valises pour Memphis, devenant la nouvelle figure de proue des Tigers de Penny Hardaway, qui malgré la perte de nombreux bons joueurs sur transfert, a recommencé à faire des merveilles dans le recrutement des prospects les plus courtisés.
Emoni Bates est grand et long, mais son jeu est d’une fluidité exceptionnelle pour sa taille et son âge, rappelant par moments ce frêle ailier passé par les Texas Longhorns, qui joue maintenant avec le n°7 chez les Brooklyn Nets. Mais pour rendre la chose encore plus intéressante, Bates semble destiné à disputer cette saison officiellement avec la casquette de meneur, Penny Hardaway n’étant pas le moins bien placé pour savoir qu’un avantage de taille peut aussi être utile à ce poste. Le premier acte du spectacle d’Emoni Bates au FedEx Forum vient de commencer, et nous n’avons que trop hâte de voir la suite.
Arrière : Buddy Boeheim
Senior : Syracuse – 22 ans, 1m98, 88 kilos
Le fils de l’entraineur est parfois un peu pistonné, surtout quand papa est une légende du coaching, demandez donc à messieurs Self ou Calipari. Jim Boeheim, par contre, après près de 45 ans à la tête des Orangemen de Syracuse, n’a pas vraiment besoin de répondre à un quelconque soupçon de favoritisme lorsqu’il lance son fils Buddy sur le parquet. Ce dernier est le meilleur joueur de l’équipe, un de ces scoreurs qui peuvent prendre feu et offrir une joie contagieuse à ses coéquipiers et la trentaine de milliers de fous en Orange qui peupleront de nouveau le Carrier Dome lors des soirs de match.
Il a grandi dans les jupons (les joggings bien baggy bien Rasheed Wallace) de Carmelo Anthony, et il est maintenant adoubé et complètement validé par Me7o. Buddy Boeheim était l’une des grandes attractions de la dernière March Madness, et cette saison il repart pour sa plus belle tournée.
Intérieur : Moussa Diabaté
Freshman : Michigan – 19 ans, 2m07, 86 kilos
Comment ne pas remplir ce cinq sans l’intérieur 5 étoiles en provenance de l’IMG Academy et de… Paris ? Diabaté s’est engagé à Michigan il y a quelques mois, et Juwan Howard ne cesse déjà de louer la détermination de Moussa, l’une des recrues phares des Wolverines avec le canadien Caleb Houstan de la Montverde Academy.
Paradoxalement méconnu en France, qu’il a quittée à l’âge de 14 ans pour les Etats-Unis, Moussa Diabaté a l’occasion de se faire un nom sur sa terre natale et de continuer à faire parler de lui sur sa terre d’adoption, pour probablement y faire ensuite toute sa future carrière professionnelle. Mais d’abord, il y a un titre à aller chercher avec les « Maize and Blue », puisque Michigan est cette année encore l’un des favoris pour le titre national.
Pivot : Drew Timme
Junior : Gonzaga – 21 ans, 2m08, 107 kilos
En parlant de favori pour le titre, en voici un autre : les Gongaza Bulldogs – battus (et même écrasés…) contre toute attente lors de la finale nationale contre le Baylor de Jared Butler et Davion Mitchell (entre autres) – seront de nouveau l’équipe à abattre. Cette petite université transformée en mastodonte du basket par le travail de Mark Few et de ses adjoints, dont le nouveau head coach d’Arizona, Tommy Lloyd, dispose cette année encore d’un effectif absolument monstrueux, avec notamment l’arrivée de Chet Holmgren, la vraie « licorne » du basket américain (attention toutefois à ne pas devenir la version américaine de Skal Labissière).
C’est dans la raquette qu’il faudra regarder pour trouver le leader de cette équipe. Pas le jeune Holmgren, mais plutôt l’homme au bandeau et à la moustache de mec un peu louche : le pivot Drew Timme.
Avec son jeu de pivot à l’ancienne, Timme est presque impossible à arrêter pour les intérieurs au niveau universitaire. Son interminable arsenal de moves, la qualité de ses appuis et son toucher le rendent injouable pour beaucoup d’équipes, et nombreux sont les analystes à voir en lui tout simplement le meilleur joueur du championnat universitaire cette saison. Gonzaga est l’équipe à suivre, le plus beau modèle que le basket universitaire n’ait jamais proposé, et il faut donc suivre Drew Timme pour accompagner le parcours de cette équipe exceptionnelle, qui continuera sa quête maudite d’un premier titre dans son histoire.
Sixth man : Max Abmas
Junior : Oral Roberts – Meneur – 20 ans, 1m85, 73 kilos
On ne pouvait pas compléter notre équipe sans un sixième homme qui vient mettre l’impact qu’il faut quand l’adversaire un peu fatigué aimerait juste un petit peu de répit. Et dans quel luxe vit-on quand ce sixième homme n’est nul autre que le meilleur marqueur de la saison passée en NCAA Division avec presque 25 points par match ?
Max Abmas – prononcé Assmas ou « ace-miss » car le B est en réalité un eszett, le double S allemand (Arte est disponible sur le canal 7 de votre télévision et c’est la meilleure chaîne du monde) – joue pour Oral Roberts, une « petite fac ». Il n’est ni le premier, ni le dernier à faire des grosses stats dans ce contexte, faisant surtout face à des adversaires de moindre calibre.
La différence, c’est que Abmas et son équipe ont été la sensation de la dernière March Madness, éliminant des gros calibres comme Florida et Ohio State, et que son retour à Oral Roberts est le plus surprenant dans le paysage universitaire depuis le retour de Stephen Curry à Davidson en 2008. Abmas aurait pu tenter la NBA, même si les scouts ont encore des doutes sur sa capacité à être meneur dans la Ligue des 100 matchs par saison, ou même profiter des nouvelles facilités de transfert en NCAA que l’on a évoqué précédemment pour rejoindre une grosse fac. Et il a pourtant décidé de repartir pour une nouvelle danse à Tulsa dans l’Oklahoma, lui qui ne sera que dans sa troisième saison universitaire. Chaque minute passée devant un match de Max Abmas à Oral Roberts est assurément un investissement judicieux pour notre temps de vie.