Alors que la draft est désormais passée et que la free agency vient de s’ouvrir, il semblerait que les emplettes des Dallas Mavericks soient déjà terminées – ou presque. Non pas que le front-office soit resté inactif, loin s’en faut. Cependant, l’absence totale de flexibilité financière met du plomb dans l’aile des éventuelles velléités des décisionnaires, notamment dans les deux dossiers “brûlants” qui demeurent encore en suspens.
Alors que la franchise s’est inclinée en finale de conférence face au futur champion – les Golden State Warriors – les mouvements réalisés au cours de ce début d’été permettront-ils à l’équipe de Luka Doncic de passer un nouveau cap ?
Récapitulatif des mouvements des Mavericks
Tout a commencé au milieu du mois de juin, par un deal réalisé entre franchises voisines. Dallas en a profité de dégraisser son effectif, en envoyant à Houston Sterling Brown, Trey Burke, Marquise Chriss et Boban Marjanovic ainsi que le pick #26 de la draft 2022, en échange de Christian Wood. Alors que le secteur intérieur de l’équipe était surtout composé de joueurs besogneux, parmi lesquels Maxi Kleber ou Dwight Powell, les Mavs ajoutent cette fois-ci un pivot (capable de jouer ailier-fort) dont le profil détonne quelque peu. En deux saisons sous le maillot des Rockets, Wood affiche quelques 19 points, 10 rebonds, 2 passes décisives et 1 contre de moyenne, en 31 minutes de temps de jeu (50 % au global, 38 % de loin sur 5 tentatives par match, 62,5 % aux lancers). Un joueur résolument offensif comme les Mavs n’en avaient pas jusqu’alors sous les cercles.
Sur le papier, le trade est convaincant pour la meilleure franchise texane de la saison. Et pour cause ; Wood est en dernière année contractuelle (14 M$) et la contrepartie envoyée à Houston est uniquement composée de joueurs de bout de banc (aucun joueur avec plus de 12,8 minutes de temps de jeu). Les risques, si tant est que l’on parvienne à en déceler, sont donc infimes. Si Christian Wood parvient à s’intégrer dans l’effectif et à être utilisé avec pertinence par Jason Kidd, il pourra jouer le rôle de seconde / troisième option offensive de l’équipe. Si son intégration est ratée, le bagne ne durera qu’une année.
En envoyant son choix de draft à Houston, Dallas faisait une nouvelle croix sur le premier tour la cuvée annuelle, après 2021 ou 2019. Le management s’est toutefois actionné au début du second tour. En envoyant deux futurs seconds tours aux Kings de Sacramento (2024, 2028), les Mavs ont fait l’acquisition du pick #37 avec lequel Jaden Hardy a été sélectionné. Le jeune homme (20 ans tout rond), qui peut jouer sur les deux postes du backcourt, était projeté très haut par nos confrères d’Envergure (13ème, scouting report ici). Encore une fois, le choix semble sans risque. Par contre, les gains peuvent potentiellement être énormes, tant le potentiel du gamin – qui a réalisé une bien mauvaise saison au sein de la G-League Ignite, il est vrai – paraît réel.
La pêche au jeune prospect s’est poursuivie en aval de la draft avec la signature pour 10 jours de Marcus Bingham Jr, pivot de 2m11 pour 97 kilos (2m26 d’envergure), qui a réalisé un cursus complet du côté de Michigan State et qui dispute actuellement la Summer League sous le maillot frappé du cheval texan. Nul ne sait s’il sera conservé, mais, dans sa meilleure version projetée, le joueur pourrait développer un tir à longue distance fiable, capacité qui est toujours recherchée en NBA.
Enfin, la free agency est arrivée, avec son petit lot de mouvements. Commençons par le plus impactant ; comme c’était dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, Jalen Brunson a quitté Dallas pour rejoindre les Knicks de New York, pour 104 M$ sur 4 ans. C’est probablement là le mouvement le plus substantiel de ce début d’été. Au cours des derniers playoffs, Brunson s’était imposé comme le véritable lieutenant de Luka Doncic, et même comme une ponctuelle option n°1 lorsque le Slovène était sur le flanc au début du premier tour, face au Jazz.
Il est cependant difficile de se montrer catégorique ; évidemment, la perte de Brunson sans aucune contrepartie constitue un coup dur pour le roster, surtout lorsqu’on se souvient que le poste de second ball-handler est primordial à Dallas. Néanmoins, malgré sa très récente et brusque montée en puissance, peut-on estimer que le joueur qu’est Jalen Brunson “vaut” 26 M$ la saison ? Sans trancher la question, il est possible d’en douter. Le même tarif, étalé sur 5 années, aurait par contre pu constituer un joli coup.
Enfin, tandis que les rumeurs sur l’intérêt que la franchise porte à Kyrie Irving se faisaient insistantes, c’est JaVale McGee qui a été récupéré au soir de l’ouverture de la free agency, pour 20 M$ sur 3 ans. Le pivot vétéran vient renforcer l’armada de cols bleu de la raquette des Mavs. De plus, étant triple champion NBA, il apportera son expérience à un roster qui en manque indubitablement.
Arrivées :
- Christian Wood (PF / C) ;
- Jaden Hardy (PG / SG) ;
- JaVale McGee (C) ;
- (Marcus Bingham Jr (C)).
Départs :
- Sterling Brown (SG) ;
- Trey Burke (PG) ;
- Marquese Chriss (PF) ;
- Boban Marjanovic (C) ;
- Jalen Brunson (PG).
Enfin, notons la resignature de Theo Pinson au minimum, dont le rôle est plus crucial pour l’ambiance globale du groupe que sur le parquet. Plus encore, signalons aussi le retour de (longue) blessure de Tim Hardaway Jr, qui n’a disputé que 42 match la saison passée, avec un rendement globalement décevant (14 points à 39 % au tir, dont 33 % de loin), alors même que ses exercices 2019-20 et 2020-21 avaient été très satisfaisants.
Par conséquent, le roster des Dallas Mavericks est aujourd’hui quasiment complet. En réalité, il ne reste qu’un seul spot de disponible, les 14 autres étant occupés :
- guards : Spencer Dinwiddie, Luka Doncic, Tim Hardaway Jr, Jaden Hardy, Frank Ntilikina, Theo Pinson ;
- forwards : Reggie Bullock, Dorian Finney-Smith, Maxi Kleber, Josh Green, Davis Bertans ;
- center : JaVale McGee, Dwight Powell, Christian Wood.
Sur cette base, voici deux “5 majeur” potentielles pour la saison prochaine :
Luka Doncic – Tim Hardaway Jr – Reggie Bullock – Dorian Finney-Smith – Christian Wood
Luka Doncic – Tim Hardaway Jr – Dorian Finney-Smith – Christian Wood – JaVale McGee
Evidemment, Hardaway Jr pourrait retrouver son rôle de 6ème homme, qu’il occupait les saisons précédentes. Dans ce cas, Spencer Dinwiddie prendrait sa place de titulaire. De même, si Wood et McGee venaient à être associés dans la raquette, ce qui présenterait un plus non négligeable pour la défense intérieure de l’équipe, Bullock pourrait en faire les frais et prendre place sur le banc des remplaçants, avec un temps de jeu de titulaire, toutefois.
Les mouvements à envisager
Curieusement, alors même qu’elle a ouvert ses portes depuis le 1er juillet dernier, la free agency tourne en ce moment à l’arrêt. Certes, la première soirée nous a offert un véritable feu d’artifice contractuel, avec pas moins de 40 signatures. Depuis ? Rideau, ou presque. La “faute” revient à un certain Kevin D., qui a fait connaître ses envies d’ailleurs et qui paralyse les ardeurs des 30 franchises NBA.
Quelles sont les rumeurs du côté des Mavs ? Si Varys disposait d’un bien meilleur service d’information que nous, nos oisillons (bleu) murmurent tout de même certaines choses. Pourtant, la piste la plus “chaude” a été refroidie par un vent venu de Chicago. En effet, comme un mauvais running gag, Goran Dragic était pressenti pour rejoindre Dallas et son grand ami Slovène. Par ce biais, les texans auraient fait d’une pierre deux coups ; renforcer le poste de meneur back-up et satisfaire son franchise player. Sauf que voilà, comme lors de la trade deadline, Dragic s’est envolé pour l’est du pays.
Les autres rumeurs ? Pas grand chose de bien croustillant à se mettre sous la dent. Selon les ouï dire, le front-office serait sur le qui-vive pour recruter sur le poste d’ailier. Si nous n’avons vu passer aucun nom, les forwards aujourd’hui disponibles répondent notamment au nom de Carmelo Anthony, Markieff Morris, Eric Paschall ou encore Rodney Hood. Et bien sûr, ce fameux Kevin D.
Enfin, mais il s’agit moins d’une rumeur que d’un potins d’un mauvais magazine, Reggie Bullock fait savoir sur ses réseaux sociaux qu’il se verrait bien jouer à Philadelphia.
Qu’en est-il du cas Kyrie Irving ? Evidemment, du pur aspect numérique, remplacer Jalen Brunson par Kyrie Irving constituerait une remarquable embellie. D’ailleurs, le natif de Melbourne (oui, Irving est né en Australie) a démontré, lorsqu’il évoluait aux côtés de James Harden, qu’il pouvait parfaitement endosser le rôle d’arrière et de second ball-handler. Offensivement, le fit avec Doncic fait rêver. Ou cauchemarder, cela dépend de quel côté de la barrière vous vous situez. Plusieurs sources, dont le très bien informé Shams Charania, font état d’un intérêt insistant de la franchise pour l’actuel n° 11 des Nets, qui se verrait pourtant bien traverser le pays, pour enfiler le maillot jaune de Los Angeles. Reste à déterminer si attirer Irving dans le Texas constitue véritablement une bonne idée, lorsqu’on se souvient que, partout où il passe depuis son départ de Cleveland, il a le chic pour troubler le vestiaire.
Cependant, dans ce dossier comme dans tous les autres, il y a un hic. Une broutille vient mettre un bâton dans les roues de l’ambition de la franchise. Son appellation ? Le cap space. Les finances des Mavericks sont en effet dans le rouge. La saison prochaine, selon les estimations, le cap devrait être fixé à 123 655 000 $ par équipe. Au-delà, les franchises perdent grandement de leur flexibilité. Or, lorsqu’on met le nez dans le livre des comptes de Mark Cuban, on s’aperçoit que le montant susmentionné est largement franchi :
Alors que faire ? Pas grand chose à vrai dire. Puisque la franchise se trouve dans l’incapacité d’aspirer le moindre centime, ses éventuels mouvements doivent prendre la forme de trades. C’est là que le second bât-blesse ! Le roster des Mavs n’est pour ainsi dire pas spécialement attractif. Les contrats de Hardaway Jr (encore 51 M$ sur 3 ans), Dinwiddie (encore 37 M$ sur 2 ans) et de Bertans (encore 49 M$ sur 3 ans) constituent de véritables boulets solidement accrochés à la cheville des finances. Si les deux premiers peuvent, dans un monde idéal, afficher un niveau de jeu digne du contrat qu’ils ont signé, ce n’est, sauf véritable surprise, clairement pas le cas du Letton. De toute évidence, parvenir à refourguer l’un de ces contrats constituerait un petit miracle.
Quid des autres ? Si l’on excepte Doncic, les deux joueurs les plus attrayants pour les autres franchises semblent être Reggie Bullock et, surtout, Dorian Finney-Smith. Le problème, c’est que ces deux joueurs collent à merveille au système de l’équipe. Les perdre aurait un véritable coût. Si nul n’est indispensable, personne ne nous reprochera d’écrire que le profil de Finney-Smith, véritable 3 & D, est plus important pour Dallas que celui de Bertans. Reste alors le cas de Josh Green, jeune joueur à potentiel, mais son actuel salaire (3 M$) ne peut permettre de réaliser une acquisition d’envergure.
Au final, seuls Maxi Kleber et Dwight Powell, dont les contrats sont expirants, peuvent présenter un vrai intérêt pour une équipe en reconstruction et qui chercherait à se dégager une grande masse salariale pour les saisons à venir. Par exemple, un package “Maxi Kleber, Dwight Powell, Spencer Dinwiddie et plusieurs tours de draft” permettrait – contractuellement parlant – d’attirer Kyrie Irving à Dallas. Néanmoins, on voit mal l’intérêt de Brooklyn et, de surcroît, le secteur intérieur des Mavs serait à nouveau dépeuplé.
La seule éclaircie à l’horizon ? Hormis le first round 2023, la franchise possède l’ensemble de ses choix du premier tour jusqu’en 2029. Cependant, ces picks ne sont, eux non plus, pas spécialement attractifs. En effet, sauf blessure ou départ, l’équipe qui possède Luka Doncic risque fort de remporter 50 rencontres chaque année. L’équipe qui en ferait l’acquisition aurait alors le droit de drafter autour de la 25ème position.
L’été de Dallas semble donc d’ores et déjà terminé, ou presque. Deux questions demeurent : est-ce grave ? Est-il possible de faire encore mieux l’an prochain ?
Interrogations sur la saison prochaine
Est-ce grave ?
Cette question va directement de paire avec une autre, à laquelle il est malaisé de répondre : avec les mouvements réalisés, l’équipe est-elle meilleure que celle de la saison écoulée ? A priori, nous serions tenté de dire que oui. La perte de Brunson est, sur le papier, compensée par le retour de Hardaway Jr (du point de vue scoring) et l’acquisition à la trade deadline de Dinwiddie (du point de vue de la création). Ce n’est pas Byzance, mais dans des bons soirs, cela fera très largement l’affaire. Le premier a démontré qu’il pouvait être un scoreur fiable lorsqu’il laissait ses moufles au vestiaire. Le second a étonné positivement depuis son arrivée au Texas. Enfin, la ligne arrière a aussi été renforcée par Jaden Hardy, que la Mavs Nation a déjà érigé au rang de futur rookie de l’année.
C’est surtout les arrivées de Christian Wood et JaVale McGee qui pourraient permettre à l’équipe de passer un cap. Le premier, qui a toujours évolué dans des équipes bien plus intéressées par la draft que par le titre NBA, devra prouver qu’il peut conserver un rendement intéressant dans une franchise ambitieuse. Néanmoins, il constitue – enfin ! – une menace offensive dans la raquette, tout en alimentant le spacing de l’équipe. Positionné au poste de pivot, il s’inscrirait dans la formation “fer à cheval” de Dallas, destinée à laisser de la place pour les drives de Doncic. Il constitue également une menace verticale sur des lobs, comme son nouveau compère McGee. Celui-ci bon défenseur malgré l’âge qui avance, constitue un ajout intéressant sur et hors du terrain, s’il venait à avoir encore un peu d’essence dans le réservoir.
Dans ce monde idéal, ce n’est donc pas grave si les Mavericks ne venaient plus à réaliser le moindre mouvement digne de ce nom d’ici la reprise de la saison. Si les observateurs se désespèrent de voir un jour Luka Doncic être entouré par une seconde superstar ou, a minima, une seconde option de luxe, l’équipe mise à la disposition de Jason Kidd pour la saison 2022-23 demeure cohérente. Après tout, n’est-ce pas dans l’identité de la franchise d’aller loin en playoffs avec un effectif de besogneux ?
Est-il possible de faire encore mieux l’an prochain ?
La section précédente nous pousserait à répondre par l’affirmative. Rien n’est pourtant moins sûr. Certes, Dallas s’est légèrement renforcé. Cependant, c’est également le cas de plusieurs équipes du côté ouest du pays. Les Suns devraient être particulièrement revanchards après leur déconvenue en demi-finale de conférence. De plus, le fameux Kevin D. est attendu dans l’Arizona. L’imaginer aux côtés de Chris Paul et Devin Booker a de quoi filer des sueurs froides à n’importe qui qui n’a pas le cœur orange.
Les Warriors, eux, ont conservé leur ossature, tout comme les Grizzlies. Et si le Jazz semble avoir fait une croix définitive sur son avenir proche en laissant partir Rudy Gobert, on dénombre pas moins de 5 franchises qui pourraient (re)venir jouer les trouble-fêtes au sommet de la conférence. Les Nuggets, tout d’abord. La franchise des Rocheuses possède non seulement le double MVP en titre, qui vient de signer le plus gros contrat de l’histoire, mais elle devrait également enregistrer les retours de Jamal Murray et de Michael Porter Jr, en plus de la très maline signature de Bruce Brown. Si les deux premiers reviennent en forme – ce qui n’est pas garanti, contrairement au contrat maximum de MPJ – Denver devrait pouvoir se mêler à la lutte pour le podium.
Il en va de même pour les Clippers, qui ont non seulement attiré John Wall, mais qui récupèrent également Kawhi Leonard. Encore une fois, si le physique de ce dernier suit, la seconde franchise de L.A a de quoi nourrir de grandes ambitions. Au rayon des franchises players sur le retour, notons également celui de Zion Williamson chez les Pelicans, qui possèdent désormais une équipe particulièrement attrayante et compétitive, mais aussi celui de Damian Lillard à Portland, dont la qualité du roster s’est accrue au cours de l’été, avec les arrivées de Shaedon Sharpe, Gary Payton II et Jerami Grant.
Les Wolves, enfin, risquent fort de posséder un 5 majeur effrayant, avec D’Angelo Russell, Anthony Edwards, Jaden McDaniels, Karl-Anthony Towns et Rudy Gobert. Si le front-office parvient à bâtir un banc des remplaçants ne serait-ce qu’honnête (Kyle Anderson a déjà posé ses valises dans le Minnesota), les loups des bois devraient être, eux-aussi, à la bagarre pour éviter le play-in, et bien plus si affinité.
Dès lors, les Mavs peuvent-ils espérer retourner en finale de conférence l’an prochain ? Mieux, peuvent-ils rallier les finales NBA pour la première fois depuis 2011, l’année bénie ? Avec Luka Doncic au top de sa forme physique, rien n’est impossible. Mais la marche sera longue. Et rude. Et difficile. Et… Après tout, ne partons pas trop optimistes ; nous ne pourrons qu’être agréablement surpris !