Il serait dur d’affirmer que l’exercice 2021-2022 des Rockets est un fiasco total, mais force est de constater que la seule image que l’on retient de leur saison est le dunk contest du très fashion rookie Jalen Green, et ses quelques 10 tentatives pour honorer son NFT. Trêve de plaisanteries…
L’an passé, Houston n’avait pas pour prétention de réaliser de grandes prouesses collectives sur le plan sportif. L’objectif était clair et affiché dès le début de la saison : avoir la meilleure place possible à la draft de juin 2022. Pour ce faire, les fusées n’ont pas fait les choses à moitié. Avec une seule victoire sur les 17 premiers matchs face à leurs compagnons de tanking du Thunder, Houston s’est mis en bonne position pour finir le plus bas possible. Au fond, peu importent les résultats sportifs, Stephen Silas avait surtout un objectif principal : créer une alchimie au sein de son très prometteur young core porté par le trio Porter, Green et Sengun.
Sans pression aucune sur les résultats, les Rockets ont pu se construire une nouvelle identité en sortant du vide laissé par le départ du Barbu deux ans en arrière. Si la saison 2020-2021 était l’année de la galère, la saison passée se devait d’être le véritable point de départ du nouveau visage de Houston.
Le début de saison de Jalen Green fut teinté de quelques irrégularités statistiques, il était capable du meilleur en inscrivant 30 points à 11/18 au tir, comme du pire en inscrivant 10 points à 4/16 au tir, le tout, à deux jours d’intervalle. Le jeune espoir de la franchise Texane a finalement réussi à passer le cap et à se libérer dans son jeu. Il a pu prouver qu’il ne n’était pas le bust de cette draft, bien que beaucoup d’observateurs aient voulu très vite lui attribuer cette étiquette.
À ses côtés, nous retrouvions le sanguin Kevin Porter Jr., avec qui il formait l’un des backcourt les plus explosifs de la ligue. Ces deux-là se sont offert quelques prestations de haute voltige au scoring et ont fini la saison en beauté face à Atlanta avec 41 points pour Green et 26 points pour KPJ.
Au moment de faire les comptes finaux les deux terminent avec des stats assez proches :
17,3 points, 3,4 rebonds et 2,6 passes décisives pour Jalen Green
15,6 points, 4,4 rebonds et 6,2 passes pour KPJ.
Collectivement, Houston a réussi son objectif en finissant bon dernier de la ligue avec 20 victoires pour 62 défaites. Tout a été fait pour obtenir le meilleur lot de la lottery et obtenir le choix du roi pour le draft. Les Rockets ont finalement hérité du troisième choix « seulement » pour cette édition de 2022. Houston doit alors viser un joueur capable de redresser le niveau défensif de cette équipe, que l’on aurait pu qualifier de « passoire » étant donné qu’aucune équipe n’a encaissé plus de points qu’eux l’année dernière…
In & out : le point sur le roster
Le roster à ce jour
Meneurs : Trevor Hudgins, Daishen Nix, TyTy Washington Jr.
Arrières : Sterling Brown, Trey Burke, Josh Christopher, Eric Gordon, Jalen Green, Kevin Porter Jr.
Ailiers : K.J. Martin, Garrison Mathews, David Nwaba, Jae’sean Tate
Ailiers-forts : Marquese Chriss, Tari Eason, Jabari Smith II
Pivots : Bruno Fernando, Usman Garuba, Boban Marjanovic, Alperen Sengun
Phase de l’équipe : Reconstruction / tanking
Cette saison se place sous le signe de la continuité des Rockets « post Harden ». Après avoir glané 17, puis 20 victoires sur les deux précédentes saisons, Houston va poursuivre sur sa lancée. Pas de grands objectifs à venir, mais il faut préparer l’été 2023 où les Rockets devront être compétitifs.
Les tendances de l’été
Une draft réussie
Après que Paolo Banchero et Chet Holmgren aient été sélectionnés aux deux premiers rangs, c’est Jabari Smith qui est appelé pour arborer la casquette aux couleurs des Rockets en troisième place. Un choix logique, pour ne pas dire évident. Pour accompagner Smith, et toujours dans une logique de renforcement défensif, les Rockets ont jeté leur dévolu sur Tari Eason en 17ème choix. Ces deux recrues peuvent réellement apporter plus de solidité à cette équipe qui manquait cruellement de sérieux lorsqu’il était temps de défendre. Pour compléter cette draft c’est TyTy Washington qui a obtenu les faveurs du front office de Houston en toute fin de ce premier tour.
Ces choix sont très cohérents et vont dans le sens du projet de reconstruction de Houston. L’année dernière nous évoquions Houston comme une ville relais où plusieurs dizaines de joueurs sont passés. Cette fois les Rockets ont trouvé leur noyau dur et vont devoir travailler autour de ces rotations.
Mais au-delà de cette draft réussie, les Rockets avaient une autre mission : dégraisser le noyau de vétérans aux salaires trop élevés qui bloquaient certaines places du roster.
Un dégraissage important
Le premier mouvement de Houston intervient lors d’un trade avec Dallas. Les fusées envoient Christian Wood chez les Mavs contre Sterling Brown, Trey Burke, Marquese Chriss, Boban Marjanovic mais surtout contre le pick 26 de la draft. Rappelons que Houston a trade down en 29ème position et ont récupéré TyTy Washington en échange.
C’est à la fois une grande perte et une excellente nouvelle pour Houston. Wood était le meilleur scoreur de l’équipe l’an passé avec ses 17,9 points et 10 rebonds par match. Mais son implication dans le projet Rockets laissait à désirer, jusqu’à entacher l’ambiance dans le vestiaire. Désormais, grâce à son départ, les Rockets vont pouvoir libérer une place dans leur rotation, ce qui donnera logiquement un spot libre pour le développement de Sengun qui sera amené à avoir de plus grandes responsabilités.
L’autre grosse manœuvre c’est le (semi) départ de John Wall pour les Clippers. Après avoir été coupé par les Rockets, le meneur s’est engagé libre avec les Rockets. Mais rassurez-vous, Houston ne va pas payer l’entièreté du contrat du vétéran. Les Rockets ne le paieront que 41 millions de dollars pour le voir évoluer à Los Angeles, tandis que LA paiera quelques 6,5 millions de dollars pour l’ancienne icône de la capitale. Oui vous avez bien lu, vous ne rêvez pas, il s’agit là d’un des pires contrats de l’histoire de ce sport. John Wall sera mieux payé que LeBron James, ou encore Giannis Antetokounmpo par exemple. Nous ne dresserons pas la liste en entier car à vrai dire, John Wall est tout simplement le troisième joueur le mieux payé sur l’exercice 2022-2023, juste derrière les contrats de Stephen Curry et Russell Westbrook.
Cette opération ne vaudra le coup que la saison prochaine lorsque ces 40 millions de salaire d’emploi fictif disparaitront de la balance des Rockets.
Au-delà de ces deux mouvements majeurs, les Rockets n’ont pas été très actifs. Ils n’ont pas retenu Schroder, Lamb et Queen qui sont partis agents libres.
Cette année sera donc en toute logique, l’année 2 du projet de reconstruction et les Rockets n’auront pas de grandes prétentions en termes de résultats sportifs. De quoi préparer sereinement l’exercice 2023-2024, au cours duquel Houston aura un vrai rôle à jouer lors de la free agency et ainsi rendre leur effectif compétitif.
Focus sur la saison 2022-2023 des Rockets
Un seul mot d’ordre : développer
A Houston cette saison ce seront les jeunes qui auront le pouvoir. Entre Jalen Green, Alperen Sengun, Kevin Porter, Tari Eason, Kenyon Martin et Jabari Smith la moyenne d’âge n’est que de 20 ans. La mission principale cette saison va être de déterminer qui à sa place dans le projet de reconstruction. Faudra-t-il continuer à croire en KPJ ? Sengun a-t-il l’étoffe d’un pivot titulaire d’une équipe avec de grandes ambitions ? Jabari Smith peut-il convertir toute son équipe à la tâche défensive ? Autant de questions auxquelles il faudra savoir répondre au moment de la prochaine draft et free agency de 2023.
Sengun : homme de la situation ?
Nous mentionnions plus haut la perte statistique importante que constituait le départ de Christian Wood. Entre une grande présence au rebond et une part majeure dans le scoring de son équipe, Wood monopolisait une part capitale de la production de Houston. Cette saison, Sengun devra prouver qu’il est en mesure d’avoir son rôle à jouer dans cette équipe lorsque viendra le moment d’être compétitif.
L’an passé, avec 20 minutes par matchs, le turc compilait moins de 10 points, 5,5 rebonds et 2,6 passes décisives. Si de prime abord nous pouvons au mieux qualifier ces statistiques de « légères », il faut prendre en considération le fait qu’il ne s’agissait que de sa première saison dans la grande ligue et qu’il évoluait dans un contexte collectif peu évident pour performer.
Nous n’avons donc aucune certitude sur sa faculté à tenir le rang de titulaire dans cette franchise, mais force est de constater que Sengun a déjà montré qu’il pouvait proposer de bonnes performances et des matchs complets. Ce fut le cas l’an passé face à Portland, lors de l’une des rares victoires des Texans: Alperen avait sorti un match à 27 points, 7 rebonds et 3 passes décisives. La seule inconnue qui demeure autour de lui est donc de savoir s’il saura être régulier toute une saison chez les Rockets, ou si Houston devra jeter son dévolu sur l’un des pivots qui seront disponibles à la prochaine free agency. C’est pour le moment le cas pour des joueurs comme Vucevic, Turner ou encore Steven Adams.
Green / KPJ : continuer dans ce sens ?
C’était l’une des principales questions lors des previews de l’an passé. Est-ce que ce duo peut décemment exister dans une équipe avec de grandes ambitions ? Pourquoi pas. A vrai dire ces deux-là ont eu leurs coups de chauds, individuellement mais aussi collectivement. Si leur début de saison fut assez compliqué, le backcourt le plus explosif a appris à jouer ensemble. Si bien qu’après le all star game, l’offensive rating du duo est passé à 114pts, contre 102 avant l’ASG. Seulement, c’est en défense que le bât blesse, et pas qu’un peu.
Si l’on peut attribuer à Green le bénéfice du statut de rookie, et à KPJ celui de s’intégrer dans une nouvelle franchise, il existe malgré tout un fossé béant entre leur niveau défensif et celui des top teams de la NBA. La paire Green/KPJ a un net rating négatif à hauteur de –8,7, qui les situe dans les pires duos de la ligue. Les deux doivent donc absolument step up défensivement, car la seule présence de Jabari Smith dans l’effectif ne suffira pas à cacher les errements de tout le 5.
De l’autre côté du terrain, tout va mieux. A tel point que sur les 11 derniers matchs de la saison passée:
- KPJ c’était : 22.4 points / 7.2 passes (2.5 ballons perdus) / 5.6 rebonds 46,2% au tir / 38,1% 3pts (8.8 tentatives) et 85,3% aux lancers
- Et Green : 25.3 points / 2.6 passes / 4.4 rebonds / 47,6% au tir / 41,1% 3pts (9.7 tentatives) et 76,6 aux lancers.
En conclusion, leur duo doit absolument progresser défensivement, sans quoi Houston ne pourra jamais prétendre à jouer le titre en l’état.
La Preview vidéo
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
L’avis éclairé de @Rocketsnationfr
Toute la hype de cette draft s’est logiquement portée sur Jabari Smith, en dehors lui qui vas-tu suivre avec le plus d’attention ?
Le joueur à suivre mis à part Jabari Smith sera très clairement Jalen Green avec une saison sophomore qui s’annonce assez importante pour lui. L’enjeu sera de montrer qu’il est, et pourrait être le joueur qu’on a aperçu sur la deuxième partie de saison l’an passé. S’il compte devenir une superstar, comme beaucoup l’envisagent, il va falloir attaquer fort sa deuxième saison dans la ligue. Je mentionnerais bien aussi Alperen Sengun, qui sort tout juste d’un Euro très solide avec la Turquie. Il passera sans aucun doute pivot titulaire des Rockets cette saison, et l’attente est assez haute à son égard. Il va falloir qu’il prenne de l’expérience rapidement pour limiter ses erreurs défensives et son manque de maturité sur certains placements, mais le potentiel est là, donc j’aurais un œil focus sur Al-P également.
En parlant de cette dernière draft, es-tu satisfait de cette dernière, et de l’intersaison en général ?
Les moves à la dernière draft ont été parfaits du côté de Stone et le FO des Rockets. Le seul regret pour moi a été le manque d’agressivité pour aller chercher Banchero en 1, mais Jabari est un profil qui fit parfaitement avec nos jeunes cadres. Il va apporter une mentalité de défense qu’il nous manque pour le moment bien que des éléments comme JayGup, Tate, Garuba ou encore KJ maîtrisent ce domaine. Il va falloir gérer le dossier KPJ, et ensuite signer des FA l’été prochain pour enfin avoir un projet viable et durable on l’espère.
Chez Qi nous voyons mal les Rockets avoir une véritable ambition sportive pour cet exercice 2022-2023, qu’attends-tu de cette saison ?
Dans le meilleur des scénarios, Houston se dirige en play in avec un Jabari 3&D déjà NBA ready, Jalen à 25 points de moyenne, et Sengun pivot indiscutable. Mais soyons réalistes, cette équipe manque cruellement d’expérience. L’ajout d’un vétéran ou deux sera nécessaire à terme. Le cap des 25 victoires doit être atteint, pour moi c’est l’objectif le plus réaliste. Tout en continuant de développer les jeunes, et cela doit commencer par une réelle confirmation et step up de Jalen. Quid aussi de KPJ au poste 1 titulaire de cette équipe ? Cette saison sera cruciale pour lui surtout qu’il sera FA l’été prochain.
Vous l’aurez compris, on ne se précipitera pas chez les Rockets cette saison. Le principal sera de développer une équipe sérieuse, capable de réaliser de belles choses l’an prochain, et surtout de finir devant le rival historique d’Oklahoma…