539 jours depuis ce soir fatidique de défaite face aux Warriors… 539 jours depuis la chute du meneur des Denver Nuggets.
Après un drive, Jamal Murray s’élance au lay-up et s’effondre. Rupture des ligaments croisés.
Fin des espoirs de la franchise en ses chances de titres immédiats.
539 jours qui auront vu Nikola Jokic devenir MVP, non pas une… mais deux fois ! Deux saisons uniques, exceptionnelles, sources d’une fierté immense pour tous les fans de la franchise du Colorado. Compensation à la hauteur de l’amertume et de la frustration de ne pouvoir voir l’essai transformé en parcours de playoff à la hauteur du talent du génie Serbe.
La faute à un supporting cast trop court et amputé du second joueur promis à exploser et porter les espoirs de l’équipe : Michael Porter Jr.
Autant de blessures, de joies, de frustrations… Douce amertume de deux saisons enfin prête à être transcendée par les retours de Jamal Murray et Michael Porter Jr. ! Cette équipe s’annonce enfin capable d’exploiter tout le talent du pivot prodige…
In & out : le point sur le roster
Le roster à ce jour :
Meneurs : Collin Gillespie, Kellan Grady, Jamal Murray, Ish Smith,
Arrières : Christian Braun, Kentavious Caldwell-Pope, Bones Hyland
Ailiers : Adonis Arms, Bruce Brown Jr., Michael Porter Jr., Davon Reed, Peyton Watson, Jack White
Ailiers-forts : Vlatko Čančar, Aaron Gordon, Jeff Green, Zeke Nnaji, Justin Tillman
Pivots : Nikola Jokic, DeAndre Jordan
Phase de l’équipe : Contender
Aussi bon soit Nikola Jokic, double MVP en titre, aucune équipe ne peut prétendre au titre suprême sans de seconde voire troisième option solide. C’est ainsi que les deux dernières années, le pivot serbe portait ces Nuggets au maximum d’un potentiel limité aux deux premiers tours de Playoffs.
Mais, loin d’être une fatalité, ce plafond n’était en réalité que temporaire pour une franchise qui a dû ravaler ses ambitions à la baisse mais était déjà prête à concourir pour le titre.
Avec les retours de Jamal Murray et Michael Porter Jr. les aspirations des Nuggets sont donc restaurées… Augmentées ?
C’est en tout cas ce que doivent laisser entendre les mouvements mise en place par le front office cet été, avec un recrutement et des arrivées sur mesure pour un contender.
Les tendances de l’été
Secousse dans le Front Office
General Manager puis président des opérations basket de l’équipe et architecte du visage des Nuggets tels qu’on les connait aujourd’hui, c’est peu dire que Tim Connelly est un membre fondamental de la franchise du Colorado. Jamal Murray, Michael Porter Jr., Jusuf Nurkic, Gary Harris, Malik Beasley, Bones Hyland, Monte Morris, Jarred Vanderbilt et bien sûr Nikola Jokic. Autant de joueurs, de talent dénichés par l’ancien scout qui a vu son flair récompensé par une offre très généreuse de la part des Minnesota Timberwolves. 40 millions de dollars sur 5 ans ainsi que des parts de la franchise. Une offre faisant de lui un des cerveaux les mieux payés de la grande ligue qu’il aurait été absurde de refuser, les Kroenke n’étant pas prêt à céder des parts de leur franchise des Rocheuses.
C’est donc avec une appréhension certaine que les Nuggets fans abordaient l’intersaison de l’équipe : difficile de succéder à pareille sommité… C’est à Calvin Booth, General Manager en chef, qu’incombera cette lourde tâche, la franchise misant sur la continuité afin de rester solide.
Le pari est pour l’instant gagnant. Booth a réussi, en effet, dès cet été, à calmer les inquiétudes de nombreux fan (dont votre serviteur faisait partie) en ciblant parfaitement les manques du roster et en prolongeant rapidement certaines nouvelles acquisitions (Kentavious Caldwell-Pope).
Retour sur la Draft
C’est en ambitieux que le nouveau président des opérations basket de la franchise a pris en main sa première draft à ce poste. Ainsi, avant même le 23 juin, un échange implique OKC : la franchise envoie un futur 1st pick ainsi que JaMychal Green et reçoit le pick 30 des Oklahomans.
21, 30 et 46, trois pick respectivement transformés en Christian Braun, Peyton Watson et… cocorico ! Ismaël Kamagate ! Trois picks pour combler des manques défensifs extérieurs et, à l’avenir, envisager une solution pérenne aux minutes de repos de Nikola Jokic à l’intérieur.
À la sortie de cette Draft 2022 Christian Braun est vu par beaucoup comme un prospect dit « NBA Ready ». Il devrait donc pouvoir apporter quasiment immédiatement grâce à ses qualités défensives, sa capacité de shoot, notamment à 3 points, et sa discipline collective. Polyvalent loin du ballon l’arrière/ailier a tout du futur rôle player 3&D, profil dont n’importe quel contender ne peut manquer.
Peyton Watson et Ismaël Kamagate devraient être des joueurs à l’apport bien moins immédiat. Le premier n’a finalement que très peu joué en NCAA et, malgré des qualités physiques et athlétiques hors normes pouvant faire espérer un profil de défenseur extrêmement polyvalent, il lui reste beaucoup à développer avant de faire ses premiers pas dans la grande ligue… Le second restera encore un an en France à jouer pour le Paris Basketball avant de pouvoir faire ses valises pour les Rocheuses, une bonne nouvelle pour les fans franciliens (dont je fais partie) qui pourront aller le scouter directement cette saison…Intérieur complet, ses espoirs futurs de pouvoir prétendre à une place de back up derrière Nikola Jokic sont d’autant plus réels que la franchise fait face à un véritable manque sur ce poste… DeAndre Jordan semble en effet vraiment envisagé dans ce rôle par M.Malone… (non, vous ne rêvez pas, nous sommes pourtant bel et bien en 2022…).
Carré d’As autour du Joker
Chose rare du côté de Denver, le grand mouvement de l’été est un trade. Will Barton et Monte Morris sont échangés contre Kentavious Caldwell-Pope et Ish Smith. KCP est la pièce maîtresse de cet échange pour des Nuggets qui manquaient jusqu’alors cruellement de défense sur le backourt. Signer un des 3&D les plus expérimentés de la ligue leur permet ainsi de compléter un cinq majeur ultra complémentaire et sans beaucoup de défauts.
Jamal Murray – Kentavious Caldwell-Pope – Michael Porter Jr – Aaron Gordon – Nikola Jokic
Ce cinq pourra aisément prétendre à faire partie des meilleurs de la ligue la saison prochaine et devrait atteindre les plus haut niveau d’offensive rating ! Mais, plus que la saison régulière, c’est en envisageant les playoffs que la venue de KCP prend tout son sens.
Celle de Bruce Brown également, puisque, quelques semaines plus tard, Calvin Booth consolidait encore un peu plus la défense extérieur de l’équipe avec ce profil plus switchable et tout aussi fiable. Cela devrait permettre à la franchise d’imaginer des luttes de playoffs dans lesquelles elle aurait des armes différentes à utiliser pour palier à ses manques (vous avez dit ciblage de Michael Porter Jr en défense ?).
Pour aligner une telle force de frappe, les Nuggets ont été prêts à prendre plus de risques que l’on pourrait croire. En effet, si Will Barton semblait clairement en fin de cycle avec la franchise, la perte de Monte Morris, playmaker et meneur back up parfait derrière Jamal Murray, pourrait en revanche coûter plus chèr à l’équipe et donner quelques sueurs froides aux fans, mais surtout à Michael Malone…
Focus sur la saison 2022-23 des Nuggets
Un banc en question : Bones Hyland en sauveur ?
La saison passée, Denver affichait le pire différentiel de la ligue entre l’apport de son cinq majeur et de son banc… et plus globalement chaque minute passée sans l’aide de Nikola Jokic était une abysse infinie qu’il fallait supporter sans broncher et rattraper par la suite, usant encore un peu plus, si il le fallait, le pivot serbe aux épaules déjà bien alourdies.
La faute en revient à un effet mésestimé que peuvent avoir les blessures dans un effectif : le décalage des rôles des joueurs. En l’absence de votre option n°1 dans un domaine donnée, votre option n°2 doit passer option n°1 et votre option n°3 devenir une seconde option. En l’occurrence, en l’absence de Jamal Murray, c’est Monte Morris qui devait enfiler le costume d’option n°1 et si le niveau du meneur back up s’avérait suffisant pour cette tâche (temporairement), la 2nd unit, elle, était désormais en manque cruel d’un gestionnaire pour la guider, les options n°3 des Nuggets à la mène (Facundo Campazzo) s’avérant trop limitées.
Cet effet a été d’autant plus dommageable que les seconds couteaux des Rocheuses n’affichaient pas des profils très complémentaires et partageaient notamment une faiblesse commune pour l’attaque du panier. Résultat ? Trop souvent, le ballon faisait le tour de la raquette en fer à cheval avant d’être mis en orbite depuis la ligne à 3 points, sans grand espoir d’atterrir dans les filets, encore moins confortablement.
Face à ce problème, une éclaircie : le rookie Nah’Shon ‘Bones’ Hyland.
Anticipé comme un rookie extrêmement fort sur le dribble, en création individuelle et bon sur le shoot mais faillible dans à peu près tous les autres domaines du jeu, Bones s’est finalement révélé plus qu’intéressant dans l’initiation collective de l’équipe. Des flashes de playmaking intriguant couplés à une capacité de drive et d’attaque du panier l’ont vite rendu indispensable à la 2nd unit. Suffisant pour faire peser sur ses frêles épaules la bonne marche du banc dès sa seconde année ? C’est en tout cas le pari du Front Office et seul le temps nous dira si cette décision s’avérera judicieuse.
Cette expérience risque d’être jalonnée de hauts et de bas et l’on tentera de se rassurer en gardant en tête que Michael Malone, si il en avait besoin, pourrait compter sur Ish Smith, meneur back up d’expérience, mais aussi sur les capacités de playmaking secondaires d’un joueur comme Bruce Brown pour maintenir un plancher suffisant en sortie de banc. On attendra beaucoup du coach qui devra également jongler avec les retours de blessures de Michael Porter Jr et Jamal Murray. Cela pourrait bénéficier à la seconde unit si stagger (échelonner les minutes de certains starter pour les laisser jouer avec la 2nd unit) il y avait. En espérant ne pas trop en demander au technicien qui croit encore pouvoir faire l’économie de faire jouer Zeke Nnaji en lieu et place de DeAndre Jordan… en 2022…
Remettre la production du banc à niveau : une opération pas impossible… mais semée d’embuches, vous l’aurez compris…
Les retours ! MPJ et Murray au rapport
Il n’aura malheureusement fallu que neuf matches la saison précédente pour voir Michael Porter Jr. rejoindre l’infirmerie et y rester pour l’entièreté de la saison… Neuf matches qui n’auront pas pu nous apprendre grand-chose du joueur et de son évolution potentielle. Un énième coup du sort, d’autant plus frustrant qu’en l’absence de Jamal Murray, c’était là le principal intérêt de la saison des Nuggets qui s’envolait.
Tout ce qu’on pouvait espérer voir comme développement pour le joueur est donc à reprendre et pourrait l’être mot pour mot (je me permets ainsi de vous renvoyer à ma preview de l’année précédente, dans laquelle tout un paragraphe est consacré à la question).
Jamal Murray a, lui, déjà prouvé tout ce qu’il pouvait apporter à l’équipe et la priorité sera surtout de le préserver un maximum et d’envisager la saison comme une préparation continue afin de lui permettre de retrouver ses sensations pour les playoffs. En espérant que le joueur et Michael Malone sachent gérer ce retour progressif avec sagesse, l’un et l’autre n‘étant pas réputés pour leur patience… On surveillera particulièrement les minutes du meneur mais également ses appuis (compensation avec l’autre jambe) en priant pour qu’il réussisse à retrouver son meilleur niveau pré-blessure.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Bien sûr, le premier espoir est de revoir et Jamal Muray et Michael Porter Jr. revenir à leur meilleur niveau au cours d’une saison complète. Dans le meilleur des monde Bones confirme également son éclosion et parvient à suffisamment bien gérer la 2nd unit pour que celle-ci ne soit plus un problème. Plus globalement, avec un roster plus complet et une profondeur retrouvée on espère surtout, et enfin, voir Nikola Jokic souffler un peu… Lui qui porte la franchise à bout de bras depuis deux an, et enchainait même cette saison avec l’Euro, mériterait bien de pouvoir voir l’équipe aller chercher quelques victoires sans avoir besoin de sa présence ou de son omnipotence. Peut-être pour la période post-all star game ? Que l’équipe puisse gérer les minutes de ses cadres serait un luxe plus que profitable en vue des playoffs et de bon ton à ce stade de son développement, pas sûr malheureusement que cela soit possible pour la franchise au vu de la concurrence du haut de tableau à l’Ouest…
Enfin, dans le jeu, une profondeur d’effectif pareille ainsi que le retour des profils de Murray et Porter permet de se laisser aller à rêver d’un style de jeu offensif fou, dans lequel cut, dummy action, flare screen et autres sont légions… L’ensemble étant maximisé par des joueurs pouvant tout faire et sanctionner à tous les niveaux du terrain. Une symbiose offensive entrevue juste après l’acquisition pour Aaron Gordon et qui a laissé observateurs avisés et fans euphoriques dans l’attente de sa réédition… sur le long terme et sans frein cette fois-ci.