Est-ce qu’il ne serait pas enfin temps de reparler de Memphis ? La jeune équipe du Tennessee sort d’une saison tout sauf tranquille, aussi riche en rebondissements qu’en mauvaises surprises. Des blessures, des absents, des révélations et des joueurs qui haussent leur niveau de jeu, ne manque qu’une équipe que Memphis adore détester et vous avez les ingrédients pour un premier tour de play offs face aux Los Angeles Lakers.
Memphis : Plusieurs saisons en une
Sortant d’une très belle année 2021-2022, Memphis a abordé sa saison 2022-2023 en perdant plusieurs de ses vétérans clés. Au revoir Slomo qui est parti pratiquer la communication non violente dans le Minnesota, et D’Anthony Melton qui part rejoindre le banc de Philly. Memphis a fait le choix de la continuité en resignant Adams, Morant et Jones tout en draftant David Roddy, Jake Laravia et Kennedy Chandler avant de signer Kenneth Lofton Jr en contrat two way. Un choix pas très apprécié par les fans et la communauté des grizz : dans une conférence Ouest qui est une course constante à l’armement, Memphis a fait le choix de la prise de risque contrôlée, misant encore et toujours sur son core de jeunes pousses et sur le coaching de Taylor Jenkins pour rester une des grosses écuries de la ligue.
Le début de saison est compliqué, l’équipe peine à défendre mais Desmond Bane ( 21 points, 5 rebonds et 4 passes à pour 40% à 3 points), enfin à 100%, ne cesse de progresser. Ja Morant s’avère toujours aussi impactant ( 26 points, 8 passes pour 5 rebonds), Steven Adams s’impose comme un des meilleurs pivots de la ligue, notamment au rebond offensif, et Dillon Brooks est toujours autant détestable en défense.
Ainsi, progressivement, Memphis monte en puissance, injectant ses nouveaux draftés au fur et à mesure des oppositions. Si Jake Laravia n’a pas eu la chance de connaître une saison complète avec Memphis, David Roddy a quant à lui rendu de fiers services sur le terrain où sa polyvalence offensive et défensive lui ont permis de gratter des minutes. Puis est venue la période noire, où apparaissent successivement les déboires judiciaires de Ja Morant et la blessure de Brandon Clarke, ce qui fait que les Grizzlies perdent une de leurs meilleures options à l’intérieur. Memphis aurait pu sombrer, tomber dans la lutte au play in et voir la fin de saison gâchée par des querelles de vestiaire.
Le retour du Block Panther, en la personne de Jaren Jackson, a sonné la révolte dans les rangs du Tennessee. Le jeune ailier fort nous a offert un retour tonitruant, s’affirmant comme un candidat légitime au titre de meilleur défenseur de l’année, agressif en attaque et au rebond, contrant sans cesse et gérant mieux son éternel problème de fautes. 18 points, 7 rebonds et surtout 3 contres par match pour l’homme fort de la raquette du Tennessee qui doit désormais devoir combler les absences de Steven Adams et Brandon Clarke.
Bilan de saison régulière : second derrière Denver avec un bilan de 51-31, contre 56-26 sur la précédente saison, seconde défense avec un defensive rating de 111, une attaque moyenne avec un rating offensive de 115. Voilà une performance équilibrée, comme les aime Taylor Jenkins. De quoi nourrir des motifs d’espoir face à Los Angeles ?
Los Angeles : Drink the Kool Aid
Los Angeles a connu un grand écart complet lors de cette saison. Commençant avec un roster vieillissant, Russell Westbrook en sixième homme et un Lebron en route pour devenir le meilleur scoreur de l’histoire, la saison des pourpre et violet ne prenait pas la meilleure des directions. Jusqu’à la trade deadline, où le management de LA va complétement bouleverser son effectif. Exit Russ’, Thomas Bryant, Kendrick Nunn, Pat Beverley, Juan Toscano Anderson et Damian Jones. Bienvenue à Jared Vanderbilt, D’Angelo Russell, Malik Beasley, Mo Bamba, Rui Hachimura et Davon Reed.
En quelques heures, LA a complétement chamboulé son roster, injectant du shoot, de la défense mais surtout de l’athlétisme tout en rajeunissant un groupe ô combien vieillissant. Des choix qui ont payé tant Los Angeles va revenir fort en seconde partie de saison, et arracher sa place en play offs face aux Wolves. Los Angeles est allé chercher sa septième place, Lebron a atteint son objectif individuel, AD revient en forme et un collectif semble se créer… mission déjà accomplie ?
Les points clés
Cap désormais sur les éléments à surveiller dans une série peut être moins indécise qu’elle n’en a l’air.
Defense to offense
Si Memphis est une attaque moyenne, l’équipe se repose énormément sur sa grosse défense pour se créer de nombreuses contre attaques. Cornaqués par Tyus Jones, Ja Morant et Desmond Bane, les joueurs des grizzs obéissent à une consigne simple mais toujours aussi efficace : agresser la raquette, trouver les shooters ouverts à 3 points et ne jamais baisser de régime. La clé en attaque comme en défense passera ainsi par un secteur intérieur verrouillé par Jaren Jackson Jr et Xavier Tillman qui devront composer avec avec un duo Vanderbilt/AD qui a les arguments pour faire le match.
Vando apporte son athlétisme et sa capacité à défendre sur plusieurs postes, là où AD quand il est en forme, reste une menace offensive et défensive conséquente et un des meilleurs joueurs à son poste. Ajoutez à cela un LeBron, certes plus tout jeune mais toujours aussi impactant, et vous tenez là la clé du match. L’équipe qui défendra le mieux sera celle qui donnera le tempo du match. Si LA peine à attaquer face à Memphis, elle s’expose à des contrattaques répétées, si Memphis peine à stopper Los Angeles, il faudra passer par du demi terrain énergivore et bien moins rentable qu’une pluie de trois points et de drive. Pour cela, Memphis devrait proposer un cinq majeur avec 4 forts défenseurs pour n’avoir que Ja à protéger. Dillon Brooks se chargeant logiquement de ralentir Lebron tandis que Desmond Bane fera le liant entre les secteurs intérieurs et extérieurs pour couper les lignes de passe, empêcher les sur nombres et les décalages.
Côté Angelinos, leur défense a été la meilleure depuis la trade deadline (defensive rating de 108), bien aidée par un d’Angelo Russell toujours autant impactant dans ce domaine et un Anthony Davis sur deux jambes. La défense en drop va si bien à l’intérieur aux grands sourcils, qui peut ainsi profiter de sa vitesse latérale et sa bonne vision du jeu pour piéger ses adversaires. Autour d’eux cependant, Los Angeles peine à contenir les menaces extérieures. Il est compliqué de demander à Lebron d’être impactant pendant 40 minutes des deux côtés du terrain et l’équipe manque de défenseurs élites ormis D’Lo. Qui défendra sur Desmond Bane ? Qui chassera Luke Kennard derrière les écrans ? Les clés de la victoire de Memphis passent par une belle réussite à trois points là où Los Angeles misera sur une défense intérieure de fer : opposition de style.
La bataille à trois points
Si Memphis est une équipe qui shoote beaucoup à longue distance, ce n’est pas pour autant une équipe qui en rentre beaucoup. 35% de réussite globale, ce n’est pas mauvais mais ça n’est pas dans le haut panier alors que l’équipe s’apprête à affronter un adversaire faible à l’extérieur. Pour améliorer cela, le Front Office a fait le pari gagnant d’aller chercher Luke Kennard… et quel bon choix !
Sa réussite à 3 points dépasse les 50% en 6 tentatives, avec une sensation constante de facilité pour l’arrière, qui combine bien avec ses meneurs et surtout avec Desmond Bane. Mais Kennard n’est pas fiable en défense et ne peut donc pas être aligné sur un haut volume de jeu, sous peine de voir LA le cibler. Autour de Bane et Kennard, Ja et Brooks ne sont pas les shooters les plus fiables, le premier préfèrant logiquement briller dans la raquette, là où le second peut autant être brillant en catch and shoot que prendre des pull up en première attention et ruiner une attaque bien ficelée.
Coté Los Angeles, si D Lo et Malik Beasley ont réellement solidifié l’apport offensif à trois points, l’ensemble de l’effectif reste assez irrégulier sur ce point. LA ne manque pas de pétards offensifs entre Austin Reed, D Lo et Beasley mais plutôt de régularité dans l’arceau. Leur réussite correcte à longue distance de 37% devra être haussée pour profiter des tirs que laissera Memphis.
La bataille de taille
Comme dit plus haut, Los Angeles part avec un avantage de taille conséquent, une raquette longue et athlétique, un multiple all star et ancien candidat DPOY, un Lebron toujours aussi polyvalent malgré le poids des années. Les Angelinos ont logiquement les clés pour empêcher Memphis de briller au rebond offensif et donc de les empêcher de se nourrir en secondes opportunités. Si JJJ prend des fautes rapidement, Memphis risque de se retrouver dans l’embarras. Derrière Tillman et Jackson Jr, Memphis ne peut proposer que David Roddy et Kenneth Lofton. Si le premier a prouvé cette saison qu’il pouvait avoir un impact positif sur le terrain, le second a profité de la fin de saison pour faire la démonstration de ses talents offensifs. Mais tout fan de Lofton Jr que je suis, il reste une cible en défense privilégiée qui ne peut pas être alignée sur un haut volume sous peine de sanction.
Le cas Lebron James :
LeBron, encore et toujours, reste un cauchemar pour la grande majorité des défenses NBA. Ses 28 points, 8 rebonds et 7 passes contrastent avec une efficacité à trois points en baisse, à seulement 32%. Le King a beaucoup surcompensé en début de saison pour porter offensivement son équipe et cela s’est ressenti en fin de saison. S’il n’est plus dans son prime, sa polyvalence offensive permet toujours à LA de proposer des line up différents et variés. Du small ball pour faire rentrer Hachimura comme un tall ball autour de Vanderbilt et AD. En défense, cependant, il peine à tenir les extérieurs les plus agiles, sa vitesse latérale ayant baissé, il est peu judicieux pour LA d’envoyer Lebron au front sous peine de voir son apport offensif baisser. Darvin Ham devrait logiquement cacher Lebron en l’envoyant sur un des joueurs non shooter de Memphis. Placer Lebron face à Xavier Tillman permettrait autant de sécuriser l’apport au rebond défensif que de préserver l’ailier éternel en le plaçant face à un joueur qui aura peu la balle en main.
Qu’attendre de la série ?
Ici on fait le choix du fan, certes, mais surtout de la profondeur et du collectif. Un choix audacieux tant il est compliqué de miser contre un Lebron James en play offs. Autour de lui, Los Angeles possède de belles garanties défensives, sauf à l’extérieur, et n’a pas réellement trouvé son équilibre en attaque. LA se repose énormément sur son cinq majeur pour arracher ses victoires. Memphis part certes avec une raquette moins fournie, mais avec un banc complet, des profils variés qui sauront sanctionner les failles défensives sur les postes de meneurs et arrières côté Los Angeles. Memphis devra miser sur son adresse extérieure autour de Bane et Kennard, Ja profiter des nombreuses brèches offertes par le système de jeu de LA et forcer Vanderbilt à sortir de sa raquette.
La bataille du coaching sera une des clés de la victoire pour les deux équipes, Jenkins a prouvé tout au long de la saison qu’il sait adapter sa rotation en fonction de l’adversité là où Darvin Ham a montré qu’il pouvait changer complétement de style de jeu en cours de saison. La gestion des remplaçants autour des hommes forts sera l’aspect qui fera sûrement basculer la série. Les joueurs à suivre côté Memphis : Ja, Bane et JJJ. Côté Los Angeles : Lebron, AD, D-Lo.
Probabilités de victoires :
Memphis Grizzlies : 75%
Los Angeles Lakers : 25%