A quelques semaines du début des Playoffs, la conférence Est semblait plus solide que jamais. Nos brackets mettaient en avant le succès à venir de certaines équipes et plusieurs d’entre-elles péroraient en tête au termes d’une saison régulière très aboutie.
5 des meilleurs net ratings de la saison régulière figuraient dans cette conférence, où seuls les Memphis Grizzlies, 3eme, venaient troubler l’ordre.
Les 2 meilleurs bilans de la saison (Boston et Milwaukee), paraissaient particulièrement solides, puisqu’on connaissait leur faculté à être élite des deux côtés du terrain et qu’ils possédaient un historique assez rassurant quant à leur faculté à transposer leurs bonnes dispositions dans les affrontements de Playoffs.
Vous l’aurez compris, les Milwaukee Bucks et les Boston Celtics nous apparaissaient comme deux solides concurrents pour soulever le trophée Larry O’Brien à l’issue de ces Playoffs. Pourtant, assez rapidement, les certitudes se sont effondrées.
En parallèle, d’autres équipes nous semblaient bien armées pour faire de bons Playoffs, notamment les Denver Nuggets, Philadelphia Sixers ou les Cleveland Cavaliers.
Et puis, sans prévenir, comme ça, la conférence Est s’est brisée. A tel point qu’Azad et moi-même, qui possédions des avis et perspectives différents sur ces séries, vous proposons un bilan sur 4 des échecs les plus cinglants de cette conférence : Milwaukee, Boston, Philadelphie et Cleveland, sous forme de retours sur leurs séries et avis personnels.
Et sans plus tarder, je vous propose de découvrir la partie 2, sur les favoris : Boston & Milwaukee.
Les Celtics, l’échec le plus cuisant ?
Jérémy :
Parmi tous ces favoris qui m’ont déçu, Boston restera probablement ma plus grosse surprise. On a beau régulièrement rappeler que la saison régulière est un marathon, qu’il est rarement compatible de dominer en novembre-décembre et d’être au sommet quand cela compte, en Playoffs, toujours est-il que le 12 décembre 2022, le fan des Nuggets qui écrit s’est pris une gifle.
Denver était en visite à Boston pour le premier des deux affrontements entre 2 des meilleures formations de la ligue. Cette nuit-là, les Celtics infligeaient une gifle monumentale aux Nuggets et laissaient cette fameuse impression de “voici le chemin qu’il reste à parcourir pour être considéré comme un favori pour le titre”.
L’attaque de Boston était un véritable rouleau compresseur avec une adresse certes difficile à maintenir toute la saison et un Jayson Tatum qui réalisait une début d’exercice un peu trop flamboyant, mais les Celtics avaient encore, je pensais alors, une large marge de progression en défense. Le groupe qui avait enchaîné les performances de haut vol en Playoffs grâce à sa défense demeurait intact, et l’arrivée de Malcolm Brodgon n’en diminuait pas le potentiel.
S’il est vrai que le départ d’Ime Udoka ouvrait la porte à des interrogations, l’aisance affichée par l’équipe laissait entendre que le choix de Joe Mazzulla en remplaçant était une réussite.
Pourtant, tout le malaise ressenti devant leurs 2 premiers tours de Playoffs va se confirmer face au Heat. Dès le premier tour, il y a un hic. Ces Celtics apparaissent moins polyvalents, moins complets que ceux de 2022, incapables de jouer un basket propre pendant 48 minutes. La série face aux Hawks est l’exemple typique d’une série qui plante le doute dans les esprits.
La suite ne m’a pas réellement donné plus de réponses. Sixers & Celtics allaient s’affronter en 7 matchs dans une série, là encore, qui me semblait extrêmement peu qualitative.
Le jeu proposé était pauvre, les ajustements pas si marquants et, finalement, Boston m’apparaissait loin de 2022, quand ils abattaient sans coup férir (4-0) les Nets de Kevin Durant & Kyrie Irving avant de mener une des plus belles séries de ces dernières années face aux Bucks.
Contre le Heat, cette année, les Celtics ont simplement donné le bâton pour se faire battre. Le trou d’air fut monumental pour débuter la série, et toute l’abnégation du monde ne permet pas de revenir, mené 3-0.
Les déclarations du très jeune coach des Celtes, au terme du Game 2, est d’ailleurs l’ultime révélateur de cette campagne en demi-teinte pour Boston.
« Je ne les ai tout simplement pas préparés à jouer. Je n’ai tout simplement pas exécuté le bon plan de jeu. C’est mon travail de m’assurer qu’ils sont connectés et qu’ils sont prêts à jouer, et je ne l’ai pas fait ».
Existe-t-il une déconnexion avec et entre ses joueurs ?
« Oui, c’est là que je dois être meilleur, comprendre ce dont cette équipe a besoin pour s’assurer qu’elle est connectée, qu’elle est physique et qu’elle est unie au moment où elle entre sur le terrain », répond-il.
Azad :
C’est le cœur brisé que j’écris ces quelques lignes. Le 15 Avril dernier, alors que le Game 1 contre les Hawks prenait place, Boston ressemblait à l’équipe qui allait rouler sur la Conférence Est. Tous les indicateurs de saison régulière étaient au vert : aucun blessé et l’avantage du terrain sur toutes les séries. Mais, pourtant, dès le premier tour contre les Hawks, des premiers doutes sont apparus. Ces doutes ont été encore plus mis en avant face au Sixers. Il aura fallu attendre le Game 6 pour que Joe Mazzulla utilise la line-up avec Robert Williams et Al Horford. Et comme on pouvait s’y attendre, le résultat est immédiatement positif.
Le coaching aura vraiment été problématique sur cette série du côté de Boston et les exemples sont nombreux. Avoir vu des minutes de Payton Pritchard avant celles de Grant Williams face au Heat est une erreur professionnelle. Avoir fait jouer Malcolm Brogdon pendant 7 minutes sur le Game 7, alors que l’ancien Pacers était clairement blessé également. La dernière déception vient de l’incapacité chronique de l’attaque de Boston à trouver des solutions face à la zone de Miami.
Mais Joe n’est pas le seul coupable. Par moments, la suffisance des joueurs de Boston, ainsi que le manque de sérieux et de discipline auront été tout aussi problématique. En plus de ça, propulsé comme Head Coach alors qu’il n’était même pas sur le banc des Celtics pendant les matchs la saison dernière, et à à peine 34 ans, Joe a aussi été dépouillé de tous ses assistants les plus expérimentés. Brad va devoir faire un meilleur travail pour entourer son jeune poulain.
Pour finir, le dernier coupable a été la variance. Et non pas la variance de la réussite à trois points de Boston, mais plutôt celle de leurs adversaires. Cette variance qui avait été très avantageuse en saison régulière pour Boston a été totalement inversée lors des Playoffs:
Réussite à trois points des adversaires des Celtics | % |
Saison Régulière | 35% |
Playoffs | 38% |
Réussite à trois points des adversaires des Celtics sur les tirs ouverts (6+ feet) | % |
Saison régulière (18 per game) | 37% |
Playoffs (15 per game) | 42% |
Alors oui, mettre cette debacle sur le dos de la malchance serait se mentir. Mettre cette désillusion uniquement sur le dos de Joe serait hypocrite. Mettre cette déconvenue uniquement sur le manque d’envie des joueurs de Boston serait un raccourci trop facile. Les raisons sont nombreuses, mais la conséquence est une défaite à un match de nouvelles Finales NBA.
Bucks, naufrage annoncé ou réelle surprise ?
Jérémy :
La finale que j’avais appelée pour ces Playoffs était Denver – Milwaukee. Avec plusieurs défenseurs parmi l’élite de la ligue, une Superstar répondant au nom de Giannis Antetokoumpo, un banc plus profond que les saisons précédentes et une saison régulière tout en contrôle, je ne voyais pas ce qui pouvait les empêcher de rejoindre Boston en finale de conférence.
Avec cette défense en fer de lance, leur affrontement avec cette équipe de Miami très maladroite en saison régulière me semblait être une formalité.
La blessure de Giannis rebattait les cartes, mais ce groupe était largement armé pour faire face 1 match ou 2 en attendant son Franchise Player. Leur attaque a pourtant tenu le choc, mais le spectacle auquel nous avons assisté me paraît encore inconcevable a posteriori. La défense des Bucks, qui était pourtant leur atout majeur, a explosé, ouverte aux 4 vents face à une adresse insolente de Miami, mais aussi face à une énergie que Milwaukee n’aura pas su égaler.
Première équipe de la conférence Est à passer à la trappe, le pire reste probablement qu’ils n’ont jamais donné l’impression de pouvoir rivaliser. Or, quand Boston nous a donné le temps d’analyser leur échec. Celui des Bucks reste juste un mystère absolu pour moi.
Azad :
En écrivant la preview des Bucks contre le Heat, j’étais plus inquiet de l’attaque des Bucks que de leur défense. En effet, les Bucks étaient la 4eme défense de la ligue, et semblaient avoir retrouvé de leur superbe. Giannis Antetokounmpo était toujours un défenseur impactant, et Jrue Holiday reste un des meilleurs défenseurs sur le porteur de balle.
De plus, ce collectif avait l’habitude de défendre ensemble, avec les schémas mis en place par Mike Budenholzer depuis son arrivée dans le Wisconsin. Tout ça pour dire que leur défense ne m’inquiétait pas vraiment.
Leur attaque, néanmoins, me posait plus de problèmes. Déjà, les Bucks n’étaient “que” la 13eme meilleure attaque de la ligue. Mais, au-delà des chiffres, j’anticipais une attaque stéréotypée qui dépendrait essentiellement de l’adresse à trois points. De plus, les Bucks étaient une des pires équipes de la ligue pour aller chercher des lancers-francs, ce qui peut se révéler très utile dans des matchs serrés. Les Bucks arrivaient donc en Playoffs avec une défense solide, mais une attaque à haute variance (41% de leur tirs étaient à trois points). On pouvait donc s’attendre à une surprise si l’attaque des Bucks commençait à dérailler contre le Heat.
Mais l’inverse de ce que j’attendais s’est produit. En effet, l’attaque des Bucks a tenu la baraque contre le Heat, avec la même efficacité que sur la saison régulière. Par contre, la défense… Contre le Heat, les Bucks ont encaissé 120 points par 100 possessions. C’est 9 points de plus par 100 possessions que lors de la saison régulière. Les Bucks ont littéralement pris l’eau. Le Heat a été diablement efficace au tir face à Milwaukee et ils ont réussi à générer beaucoup de pertes de balle chez les Bucks.
En plus de ça, Jimmy adore chasser les match-ups faciles, et les Bucks sont composés de proies faciles (Khris Middleton qui revient de blessure, Grayson Allen et Joe Ingles). Alors oui, peut être qu’on aurait pu anticiper la défaite des Bucks, mais mon diagnostic n’aurait tout de même pas identifié les bons symptômes.
***
Pendant que le Miami Heat surprend son monde en retrouvant son basket au meilleur moment, plusieurs équipes de l’Est ont terminé leur saison avec beaucoup d’interrogations quant à leur avenir. La valse des coachs qui a plus que bien commencé depuis la fin de saison a vu beaucoup de visages marquants être éjectés de leurs sièges.
Les Boston Celtics ont maintenant un été chargé avec quelques dossiers à gérer : la situation contractuelle de Grant Williams, les rumeurs autour de Jaylen Brown et une décision à prendre sur comment manoeuvrer leur coaching staff repris à la hâte en début de saison dernière. Les Milwaukee Bucks ont quant à eux licencié Mike Buldenhozer remplacé par Adrian Griffin et s’ils n’ont pas semblé chercher à modifier leur groupe, pourrait-on avoir des surprises ?
L’intersaison parlera bientôt.