Il y a des news qui donnent le smile. Les plus fins connaisseurs auront reconnu ici l’une des fines fleurs du meme game. La bonne nouvelle cette année, comme les dernières saisons, c’est qu’à l’heure de distribuer les previews au sein de l’équipe QiBasket, celle des Bucks m’a été attribuée.
Allez savoir par quel enchainement d’évènements cela a eu lieu, mais depuis quelques années, il est convenu au sein de l’équipe que toute preview impliquant les Milwaukee Bucks me serait attitrée. Et honnêtement, ça me convient assez bien. Même mieux, ça m’arrange. Les Bucks ne sont pas du genre à faire table rase du passé ou du présent, et d’années en années depuis la prise de pouvoir de Giannis Antetokounmpo, on sait globalement à quoi s’attendre : une grosse régulière, et rendez-vous en playoffs pour voir si oui ou non, l’équipe dans sa globalité a progressé.
Cette année, c’est donc fièrement que j’allais aborder l’écriture de cette nouvelle preview des Bucks, avec toutefois un changement loin d’être anodin : l’arrivée d’un nouveau head coach sur le banc. Exit Mike Budenholzer et ses airs de méchant dans Toy Story, et bonjour au coach rookie Adrian Griffin.
Bon, après tout, un peu de changement, ça ne fait pas de mal. C’est comme une nouvelle paire de draps, tout le monde râle au moment de les changer, mais finalement c’est vrai que c’est agréable. Tant pis alors si le ron-ron de la preview des Bucks allait être un brin perturbé par cette arrivée. Le reste était en place, et la révolution ne devrait pas être aussi tonitruante que cela.
Aussi, le choix était clair : la sortie de l’article était prévue le 10 ; je m’y mettrais sérieusement le 9.
Oui mais voilà.
Non seulement on a changé mes draps, mais on a également changé mon lit, repeint les murs, le plafond, on a détruit ma baraque, on m’a volé mon vélo et on a même mangé les deux derniers yaourts que j’avais dans mon frigo, que je n’ai plus non plus d’ailleurs.
Le 27 septembre, Damian Lillard a été transféré aux Milwaukee Bucks. Pour changer son histoire, l’histoire des Bucks, celle de Giannis et aussi mon planning des 8 prochains jours. Damn time.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Damian Lillard, Malik Beasley, Robin Lopez, Cameron Payne, Tyty Washington, Marques Bolden, Andre Jackson Jr, Chris Livingston, Omari Moore, Drew Timme
Départs : Jrue Holiday, Grayson Allen, Jevon Carter, Joe Ingles, Wesley Matthews, Goran Dragic, Meyers Leonard
Roster actuel :
Meneurs : Damian Lillard, Cameron Payne, AJ Green, Tyty Washington
Arrières : Malik Beasley, Andre Jackson Jr, MarJon Beauchamp
Ailiers : Khris Middleton, Pat Connaughton,
Ailiers-fort : Giannis Antetokounmpo, Jae Crowder, Bobby Portis, Omari Moore
Pivots : Brook Lopez, Robin Lopez, Drew Timme, Marques Bolden
Phase de l’équipe : le titre
Si vous faites venir Damian Lillard dans une équipe qui compte déjà Giannis Antetokounmpo et que vous ne jouez pas le titre, il y a deux solutions, dont l’une requiert des soins spécialisés, sur le court moyen et long terme. L’autre solution, c’est que vous n’êtes pas la chips la plus croustillante du paquet. Et là, désolé, mais aucun traitement n’est encore en mesure de vous rendre service.
Quand venait l’heure de discuter de son éventuelle prolongation, Giannis a multiplié les appels du pied envers son management. Oui, bien sûr il veut rester. Mais il veut rester pour gagner. Ni une, ni deux, les Bucks s’activent et lui offrent sur un plateau d’argent Damian Lillard.
A peine en octobre, mais on a déjà hâte d’être en mai. Voire en juin ?
Les tendances de l’été
Au rang des principaux adieux, Jrue Holiday bien sûr, accompagné de Grayson Allen, Jevon Carter, Joe Ingles et Wesley Matthews. Goran Dragic et Meyers Leonard complètent le tout, tous les deux devenus free agents à l’été et actuellement sans équipe.
Dans le hall des arrivées, il y a eu du monde. D’abord via la draft, où Andre Jackson Jr (#36) et Chris Livingston (#58) ont été accueillis par les Bucks. Toujours du côté des jeunes, Omari Moore et Drew Timme, non-draftés, se sont vus intégrer dans le groupe élargi, bien que leurs maintiens dans le roster final semble incertain. Durant la free agency, Malik Beasley, Robin Lopez, Cameron Payne, Tyty Washington Jr. et Marques Bolden ont été signés.
Et bien sûr, cerise sur le gâteau : Damian f*cking Lillard est, depuis le 28 septembre 2023, un joueur des Milwaukee Bucks.
La fin de l’ère Bud’
Avant toute chose, celles et ceux qui auront décelé derrière ce sous-titre le jeu de mot sur l’un des meilleurs films de basket de tous les temps viennent de gagner mon respect. Mike Budenholzer s’en est donc allé après 5 saisons sur le banc des Bucks plus que fructueuses, avec un titre de champion remporté en 2021, le premier de la franchise depuis 1971 et l’ère Kareem Abdul-Jabbar. Avec Bud’, les Bucks seront passés du rang d’équipe prometteuse à cador de la ligue, année après année. L’éclosion de Giannis, le duo avec Middleton, puis le quator formé avec Jrue Holiday et Brook Lopez portent en partie le seau de Mike Budenholzer.
Parfois critiqué pour son manque d’inventivité et ses rotations – deux reproches que 90% des coachs doivent un jour ou l’autre affronter -, Budenholzer n’aura pas survécu à l’élimination des Bucks par le Heat au premier tour des derniers playoffs.
C’est ainsi le head coach rookie Adrian Griffin qui sera chargé de prendre la suite de Bud’ sur le banc. Une nomination “surprise” si l’on peut dire, notamment due au fait que Griffin n’a pas d’expérience en tant que coach principal. Que les fans des Bucks se rassurent néanmoins, celui-ci n’est pas étranger des bancs NBA, loin de là, avec 18 saisons en tant qu’assistant, dont ses deux premières dans le coaching staff de Scott Skiles à Milwaukee. Depuis 2018, c’est au sein des Raptors qu’évoluait Griffin, avec un titre remporté en 2019.
On attendra de voir avec curiosité les premiers éléments de jeu proposé par l’équipe de Griffin – qui va avoir fort à faire pour sa première année d’head coach – et dans l’attente, on ne peut que vous inviter à lire ce portrait des plus complets sur lui.
Khris, Brook, on sécurise
102 millions sur 3 ans d’un côté, 48 millions sur 2 ans de l’autre : affaires classées pour les Bucks !
Milwaukee a débuté son été pied au plancher pour s’assurer que le corps de son roster reste en place, et éviter ainsi les déconvenues et tensions éventuelles des discussions de prolongation/fin de contrat. Middleton va fêter ses dix ans chez les Bucks, et on espère le revoir en forme rapidement après une année 2023 difficile en raison de blessures qui l’ont contraint à ne disputer qu’une trentaine de matchs, et une opération au genou au mois de juin dernier. Surtout que cette saison, quelque chose nous dit que Khris pourrait bien s’amuser sur les parquets…
Brook Lopez quant à lui est bel et bien revenu la saison passée, après une année 2021-22 compliquée (13 matchs seulement). Une nouvelle forcément rassurante pour les fans tant l’apport de Lopez depuis plusieurs saisons, notamment défensivement, leur est valuable. Si avec l’arrivée de Lillard et la perte de Jrue Holiday, Lopez perd son partenaire défensif de référence sur pick and roll, gageons pour les Bucks qu’il ne perde rien de son impact en protection de cercle pour autant (2,5 contres par match l’an dernier, meilleure stats en carrière pour lui dans le secteur, et une chute d’efficacité au cercle de quasiment 7% pour les adversaires des Bucks quand Lopez est sur le terrain).
Dans le même temps, rempilent également Jae Crowder, Thanasis Antetokounmpo et AJ Green.
Et tout d’un coup, ce fut l’heure
Milwaukee Bucks acquire seven-time All-Star, seven-time All-NBA selection and NBA 75th Anniversary Team member Damian Lillard.
📰: https://t.co/UW5WDDCq0H pic.twitter.com/0DXHxd0E3q
— Milwaukee Bucks (@Bucks) September 28, 2023
A ce jour, la nouvelle semble toujours aussi irréelle.
Dans un échange à 3 franchises, Damian Lillard atterrit à Milwaukee devant un parterre d’observateurs NBA médusés. Le trade voit Jrue Holiday, Grayson Allen et des picks s’en aller direction Portland, tandis que les Suns se mêlent à bagarre pour compléter le deal et se débarrasser d’Ayton. Adieu Grayson donc, mais surtout Jrue Holiday pour Milwaukee. L’homme était semble-t-il autant si ce n’est plus apprécié que le joueur, mais la vie d’une franchise NBA est faite d’opportunité qu’il ne faut parfois pas louper. Et quand vient l’opportunité de récupérer un joueur de la trempe de Damian Lillard dans votre effectif, les sentiments s’effacent, aussi forts soient-ils.
Giannis Antetoukounmpo voulait des garanties sur la motivation des Bucks à rester compétitifs ? Il peut dormir tranquille. A partir d’octobre 2023, il partagera le terrain avec Damian Lillard. Irréel on vous dit.
Focus sur la saison 2023-24 des Milwaukee Bucks
Bien entendu, une grosse partie de cette section va s’orienter autour de l’apport potentiel de Lillard chez les Bucks. Si on ne sait pas encore quels seront les apports concrets en terme de jeu du nouveau coach Adrian Griffin, il y a tout de même fort à parier qu’avec un duo pareil pour sa première prise de poste , celui-ci n’ait pas besoin d’aller chercher très loin dans son book pour optimiser le jeu des Bucks, déjà bien en place autour du trio Antetokounmpo-Middleton-Lopez.
Roule Giannis, roule
Joël Embiid, Nikola Vucevic, Deandre Ayton, Bam Adebayo, Anthony Davis, Brook Lopez, Evan Mobley, (…) Thomas Bryant, Jaren Jackson Jr, Nick Richards, Giannis Antetokounmpo. Oui, vous avez bien lu : dans la liste des joueurs NBA qui exécutent le plus de roll sur pick and roll, Nick Richards, pivot des Charlotte Hornets qui joue 18 minutes par match, devance Giannis Antetoukounmpo.
Giannis mesure 2 mètres 11, pèse 110 kilos, a 2 mètres 21 d’envergure, peut faire des foulées de 2 mètres 64 et aller chercher une balle au chrono des 24 secondes sans sourciller. Sur un terrain de basket, le grec est une arme de destruction massive. Capable de scorer les yeux fermés en transition, où il marque la plupart de ses points, un Giannis qui s’avance vers le cercle est, grosso modo, inarrêtable. Le problème c’est qu’hormis sur transition ou isolation, c’est une chose que l’on voit trop rarement chez les Bucks.
Tout problème a néanmoins une solution, et en cela, l’arrivée de Damian Lillard pourrait être du pain béni pour le grec et les Bucks.
Bien entendu, il ne s’agit pas ici de faire d’Antetokounmpo un pivot “à l’ancienne” uniquement utilisé sur du pick and roll, mais avec l’arrivée de Lillard, les deux joueurs viennent respectivement combler un manque dans leur carrière respective jusqu’alors : Giannis récupère un ball handler d’élite et Damian un intérieur d’élite.
On en vient donc à la problématique qui agite toute la sphère NBA depuis l’annonce du transfert : comment les défenses NBA vont pouvoir gérer le jeu à deux entre Lillard et Antetokounmpo ? Et bien ça, on en sait rien chez QiBasket, mais en revanche on souhaite une chose : que ce jeu à deux existe réellement. Seulement 6,2% des actions de Giannis étaient, l’an passé, des actions en tant que roll man, alors soyons fous passons les 10, voire 15% !
Avec le passing game qu’il a développé sous les années Budenholzer, Giannis est largement capable de punir les défenses sur le short roll si les défenses ont l’idée saugrenue de venir attraper Lillard très haut sur l’écran. Lancé en mouvement, il est suffisamment agile et efficace au cercle pour punir violemment les défenses dans la peinture. Et si les défenses se concentrent trop sur le roll de Giannis, inutile de préciser le danger auxquelles elles s’exposeront avec Lillard, ou avec les Middleton, Lopez et consorts dans les fenêtres de tir.
Bref, cette saison, si Giannis roule, les Bucks devraient aussi le faire.
Score Damian, score
Avec une arme offensive telle que Giannis Antetokounmpo, on pourrait se dire que les Bucks sont déjà bien gâtés dans le secteur. Quand en plus on y ajoute un joueur comme Khris Middleton à ses côtés, la tendance est encore plus vraie. Mais là encore, l’apport de Lillard fait encore plus de sens qu’il n’y parait, tout simplement parce que Lillard excelle là où l’attaque des Bucks ne l’était pas encore.
Sur les phases d’isolation d’abord, l’apport devrait être conséquent. En la matière la saison dernière, Giannis était d’une efficacité horrible (0,83 points par possession pour 4 possessions par match, 65% des joueurs NBA faisaient mieux que lui). Dame lui, pointait à 1,17 points par possession dans l’exercice sur 5 possessions/match, seulement 10% des joueurs faisaient mieux. Tiens, tiens, tiens. Si on peut espérer que Giannis retrouve son efficacité dans le secteur, Lillard apporte ici à Milwaukee plus qu’un espoir : une garantie.
On parlait plus haut de Lillard en tant que ball handler d’élite pour Giannis, jugez plutôt : avec quasiment 40% de ses possessions jouées en pick and roll l’an dernier, Lillard scorait 1,13 points/possession l’an dernier. Mieux que Doncic, Morant, Young, Brunson, DeRozan, Haliburton, Fox et j’en passe. Mieux que 93% des joueurs en fait. Qu’il s’agisse pour lui de venir terminer au cercle ou en tir extérieur, Lillard sait faire. Et le pire, c’est qu’il a dû jusqu’ici le faire sans réel intérieur dominant à ses côtés, capable de concentrer les défenses sur lui. Comme nous l’avons évoqué plus haut, l’apport de Giannis pourrait être, pour Lillard, un gage d’optimiser encore plus son jeu offensif, qu’il s’agisse de punir par la passe, le tir ou le drive le choix des défenses.
Côté défense : drop ou encore ?
L’apport offensif de l’arrivée de Lillard compensera-t-elle la baisse défensive entrainée par la perte de Jrue Holiday ? Telle est la question. Ce n’est pas faire offense à Dame de dire que sa gestion du premier attaquant ne sera sans doute pas égale à celle de Jrue Holiday, ni sa navigation d’écran. Ou encore de dire que ses mains seront moins actives, ses aides moins tranchantes, et son anticipation moindre. Vous avez compris l’idée.
Depuis quelques saisons maintenant, la défense des Bucks avait des habitudes bien établies, avec notamment une défense en drop de Brook Lopez sur les picks and roll (= l’intérieur défenseur reste en retrait de l’écran, dans la raquette, pour empêcher un accès au cercle facile). Un schéma défensif que Jrue Holiday et sa capacité à recouvrer vite et bien son défenseur après l’écran venait grandement faciliter. Holiday parti, quid des adaptations défensives de Milwaukee ?
Et bien c’est peut être là, qu’Adrian Griffin, aura le plus fort à faire. Nous l’avons dit, offensivement, le feat de Lillard chez les Bucks apparait tellement évident qu’on voit mal comment l’attaque pourrait ne pas prendre. Défensivement, les ajustements resteront à faire, que les Bucks persistent et signent sur ce drop, à charge pour Lillard de faire de son mieux ou de missionner d’autres joueurs sur le fameux “premier attaquant” – Malik Beasley par exemple ? -, ou qu’ils décident d’adapter leurs schémas. Nul doute que Griffin se reposera néanmoins sur les solides acquis des Bucks en la matière, à commencer par le rôle de Lopez et Giannis en la matière, deux des meilleurs défenseurs NBA depuis quelques saisons désormais, chacun dans leurs rôles.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Des matchs de Milwaukee, tout simple. Difficile de ne pas être impatients de voir évoluer Lillard sous ses nouvelles couleurs, et de voir si son association avec Antetokounmpo est aussi dominatrice sur le terrain que dans nos esprits. On espère pour les Bucks que Lopez et Middleton auront bel et bien rangés leurs blessures derrière eux, et on surveillera également avec attention l’apport du banc, crucial en vue des playoffs. Car oui, sauf énorme drame, Milwaukee devrait traverser la saison régulière avec du changement certes, mais de manière assez paisible tout de même.
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