Il y a un an, le shoot de Gabby Williams au buzzer de la finale des Jeux Olympique manquait de peu de devenir le plus grand tir de l’histoire de l’équipe de France, mais le pied sur la ligne de l’aillière tricolore avait transformé un 3pts en 2pts, et nos espoirs de titre s’envolaient en fumée sur la bande de cette fichue ligne. Si l’an passé, c’était malgré tout un sentiment de fierté qui demeurait pour nos bleues, cette image de pied sur la ligne commence à devenir l’illustration du syndrome de l’équipe de France. Syndrome…ou malédiction ?
On sort les chiffres qui font mal pour certains et le bonheur pour d’autres.
Cet Eurobasket féminin, qui se termine sans médaille, une première depuis 2007, commence à le confirmer, d’une manière inquiétante. Une inquiétude à laquelle s’ajoute une réalité : les supporter français attendent encore et toujours, et désormais avec impatience, la prochaine médaille d’Or tant attendue… En tout cas par le public.
Depuis 2009, l’équipe de France féminine a fait neuf derniers carrés d’Eurobasket et quatre derniers carrés olympiques. Génial non ? Mais pour quel bilan ? Une médaille d’or…celle de 2009. Mais depuis, 7 médailles d’argent et 3 en bronze. Dans les couloirs de la Fédération française de basket, on fête chaque médaille. Parfois à raison (qui se fâcherait d’une médaille d’argent olympique sous l’ultra-domination américaine ?) mais parfois, on se dit qu’on imaginait avoir un peu plus d’or au cou… Voire beaucoup, beaucoup plus.
Et cet été, la question se pose : va-t-on encore lire des instances du basket hexagonal que sa sélection a fait un beau parcours ? Qu’il faut se féliciter du résultat ? Pour la première fois depuis 2009, nous repartons sans médaille, et même, sans la moindre joueuse dans le top 5 de l’Eurobasket… Une double gifle.
Une impression de déjà-vu ?
Comme en 2023, c’est la Belgique qui soulève le trophée, comme en 2023, c’est contre l’Espagne (on ne lorgne pas sur les visages ibériques couverts de larmes, bien évidemment) et comme en 2023, côté Français, encore la même rengaine, le même scénario, la même frustration. Oui, l’Eurobasket 2025 est une copie de celui de 2023 : une équipe de France bourrée de talents, souffrant d’absences et qui roule sur la compétition, jusqu’à ce que la hiérarchie habituelle pointe le bout de son nez pour gagner quand on commence à sentir l’odeur des médailles.
Courroux suprême, on a en plus ce sentiment que cette demi-finale contre l’Espagne, on l’a perdue plus que les ibériques ne l’ont gagnée, avec un *presque* coup de génie qui aurait pu nous emmener en prolongation. Tout est affaire de petits détails, que ce soit pour le lancer-franc manqué de Rupert qui nous coûte une place en finale, comme pour la passe ratée d’Ortiz qui coûte le titre à l’Espagne.
Mais voilà comme d’habitude, on se refait le match, on se dit qu’on avait les choses en mains, puis qu’on a déjoué. Un scénario que nous n’avons que trop connu, nous, supporters des bleus. Le fameux scénario dans lequel nous retrouvons également une incompréhension du coaching, des rotations, des discours pendant les temps-morts. Le sélectionneur Jean-Aimé Toupane n’est certes pas le seul à blâmer, mais sous sa direction, c’est un fait : la France régresse, cet été encore. Pour nos collègues de First Team, même constat : « On ne progresse pas« , « Depuis quatre années, on est mal coaché !« .
Quand d’autres Nations saisissent leur chance
Le bourreau habituel espagnol s’est chargé de nous faire pleurer, encore une fois, avec son habituel basket académique, contre lequel on semble tant se casser les dents. Comme s’il suffisait qu’il montre le bout de son nez pour que tout s’arrête. Comme d’habitude, cette défaite arrive après avoir dominé le tournoi. Une situation que nous ne sommes pas seuls à ressentir. Pendant la finale, les commentateurs belges expliquaient la mauvaise première mi-temps des Cats par le fait que l’équipe belge avait l’habitude de dominer ses matchs, au lieu d’être derrière. La Belgique, elle, indique la voie à suivre et vient de faire le doublé, deux fois contre la Roja. Cette Nation qui « ne serait pas un pays de basket’ n’a eu besoin que de deux finales contre les espagnoles pour empiler deux médailles d’Or, dont une dans ce finish légendaire ce dimanche soir.
Après avoir subit la domination d’une équipe italienne solide, nos bleues ont du regarder d’autres pays saisir leur chance. La Belgique fait un doublé avec un groupe au complet, joueuse de WNBA comprises, pendant que la France attendait les dépêches annonçant qui renonce avant de compter avec ce qui reste. Et si l’on sait les contraintes de contrats en Amérique pour nos joueuses, on remarque simplement que ça ne semble pas être un problème chez nos voisins…
Taper du poing sur la table à Paris… et à la porte de la FIBA ?
Que faire aujourd’hui ? En premier lieu, il faudra évidemment dresser un bilan pragmatique : oui, la France a régressé dans son statut. Non pas qu’elle à mal joué, au contraire, on a vu encore une fois que le talent était là. Mais l’exigence de médaille devrait peser dans les réflexions sur l’avenir de l’équipe et du staff. Et il faudra donc dresser le reliquat du coaching qui ne cesse de questionner, des rotations aux choix tactiques…Il faudra aussi et surtout tracer une feuille de route claire et surtout, se donner TOUS les moyens. Qu’importe qu’une joueuse rate une préparation, qu’importe qu’un contrat doit être signé : on doit partir avec tout ce qu’on peut avoir de meilleur.
Mais si on est au complet, on gagnera forcément ? Non, mais on se donnera toutes les chances, et on se donnera aussi l’occasion de connaître notre niveau réel, pour progresser. Enfin, la Fédération doit comprendre que les matchs de préparations sont, encore une fois, superflus. Ils ne montrent pas leur utilité sur le résultat final.
Enfin, faut aborder l’éléphant dans la pièce : l’Eurobasket est en plein, plein, PLEIN début de saison WNBA et la ligue féminine américaine devient de plus en plus forte, intense, suivie et enthousiasmante. Ça, on ne va pas s’en plaindre. Le problème c’est que ce conflit d’agenda peut estropier un effectif. Comme pour le mondial féminin qui va désormais se faire en Novembre-Décembre à compter de 2030 (une décision toute récente), il faut pousser la porte de la FIBA pour demander : doit-on maintenir un Eurobasket en juin, lorsque toutes les meilleures joueuses européennes sont appelées outre-Atlantique ? Un Euro en janvier par exemple, comme pour le handball, n’est rien d’infaisable, surtout quand on impose aux joueuses un agenda ultra-serré (l’Eurobasket féminin ne dure qu’une semaine et demi… Celui des hommes deux semaines et demi). Mais n’allez pas croire qu’il s’agit là d’une demande bien française…les supporters et l’équipe belges ont découvert avec désarrois que Julie VanLoo avait du rater la fête du titre à Bruxelles pour rentrer en Amérique auprès de son équipe des Valkyries qui… l’a coupée alors qu’elle était encore dans l’avion.
Bonjour le respect, bonjour le gâchis. En attendant, la WNBA va continuer ses expansions, la FIBA doit en être consciente.
Depuis 2009, la France pile, au même endroit, au même stade. Elle rate plus que des chances d’asseoir son palmarès : elle met en péril l’héritage d’Isabelle Fijalkowski, de Yannick Souvré, de Sandrine Gruda et de Céline Dumerc qui ont pavé la voie dorée du succès.
Au prochain Eurobasket, nous seront 18 ans après le dernier titre. Si nous voulons prouver notre talent (et ce talent est immense) montrons le maintenant, avant qu’un autre pays n’arrive avec sa génération dorée pour venir encore nous barrer la route et nous laisser encore une fois… le pied sur la ligne.