S’il restait un doute après la saison régulière, les Playoffs ont confirmé que les Lakers avaient une priorité pour l’intersaison : trouver un pivot. La cible la plus mentionnée depuis des mois était Nick Claxton, mais c’est finalement vers DeAndre Ayton, fraîchement coupé par les Portland Trail Blazers que les angelinos vont finalement jeter leur dévolu.
La nouvelle a beau être un soulagement pour la fanbase – Rob Pelinka ne sera pas reparti bredouille de l’intersaison – DeAndre Ayton demeure une addition assez mystérieuse en 2025. 1er choix de la draft 2018, un statut bien difficile à assumer dans une draft qui aura vu Luka Doncic sélectionné en 3eme position, il va sans dire que la carrière d’Ayton n’est pas un long fleuve tranquille.
A tel point qu’après un retour en grâce pendant 2 saisons du côté de Phoenix, les Suns finissaient par briser leur partenariat avec leur pivot et l’envoyer du côté de Portland. Au sortir de 2 saisons dans l’Oregon, dans une équipe de bas de tableau, Ayton a pu évoluer loin des lumières et dans un relatif anonymat. A tel point qu’en 2025, beaucoup se demandent quelle addition est vraiment le néo-Laker.
Je vous propose un petit tour d’horizon : qu’attendre de DeAndre Ayton en 2025 ?
De nombreux reproches, un parcours marqué par l’inconstance
Un parcours en dents de scie à Phoenix
Difficile d’entamer une analyse de sa carrière sans une rétrospective des reproches qui lui ont été adressés. Débarqué en 2018 dans l’Arizona, la défiance était immédiatement de mise.
D’un côté, le pivot représentait un réel besoin dans une franchise qui avait enchaîné les écueils à la draft dans le choix de ses intérieurs. De l’autre, elle venait de passer à côté d’une association Doncic – Booker qui aurait produit un duo absolument intenable sur les lignes extérieures.
Si l’on faisait fi de ces considérations, n’en demeurait pas moins qu’Ayton venait avec son lot d’espoirs et de frustrations.
Certes, Ayton possédait à l’évidence de bonnes mains et des qualités physiques en faisant un potentiel défenseur de premier plan. Son statut de top pick était justifié par sa faculté à peser des deux côtés du terrain.
Malheureusement, si le potentiel était de mise, les critiques vont rapidement pleuvoir sur le pivot.
1. Un manque d’agressivité offensive et de dureté
-
Passivité en attaque : Ayton a les atouts physiques pour dominer offensivement, mais il n’utilise ni sa taille, ni sa mobilité pour finir au cercle à haut volume.
-
Trop dépendant des tirs à mi-distance : au lieu d’attaquer le cercle ou de provoquer des fautes, il privilégie de fait des jump shots dans une période où les franchises cherchent à minimiser ce tir.
2. Une intensité défensive inconstante
-
Manque d’énergie et de concentration : en dépit d’aptitudes indéniables, c’est probablement l’un des éléments les plus critiques des défauts d’Ayton, l’instabilité dans l’engagement. Il peut aussi bien produire des matchs très satisfaisants défensivement qu’arriver le suivant complètement à côté de la plaque.
-
Faible présence au rebond : avec ses 213 centimètres et une détente solide, les fans espéraient un intérieur qui change la donne dans la maîtrise du rebond. Malheureusement, il n’impacte pas le rebond offensif et les Suns seront durant la quasi-totalité de son temps dans la franchise, dominés au rebond en sa présence.
-
Rim protection en dents de scie : malgré sa taille et sa verticalité là encore, Ayton sera critiqué assez rapidement pour ses difficultés face à des intérieurs plus costauds et son manque d’énergie pour contester sur les aides de façon très régulière.
Pourtant, lorsque Chris Paul va débarquer dans la franchise, les choses vont changer pour Ayton.
Offensivement, si son style ne change pas du tout au tout, avec CP3 à la baguette, Ayton passe du 43eme centile en efficacité au 85eme. Lui qui mettait 1,14pts par tir pris pour sa saison sophomore fait un bond à 1,31 pendant 2 saisons consécutives. Mieux servi, plus concentré, il se transforme en véritable finisseur dans une équipe qui a besoin de relais derrière son duo Paul – Booker.
Soudainement, les Suns décollent et feront un run jusqu’en finale en 2021, avec un Ayton impeccable en défense, beaucoup plus précis dans ses rotations, tout en maintenant une agressivité plus que bienvenue. Sa défense sur Nikola Jokic en demi-finale de conférence confirmeront qu’Ayton est bel et bien transformé.
L’année suivante, il sera tout aussi important dans une équipe qui terminera en 64-18 en saison régulière, et si les Playoffs se termineront par une défaite-surprise face aux Mavericks de Luka Doncic, pourtant bien moins armés, la débâcle semble plus collective que réellement imputable au pivot. Des tensions sont cependant palpables, et dans un Game 7 qui prend un tournant désastreux, Monty Williams décide de laisser son pivot sur le banc.
En 2022, donc, le choix de DeAndre Ayton semble moins douloureux pour les Suns. Pourtant, alors que Phoenix, entre, ambitieux dans sa saison 2022-23, les critiques vont rejaillir de plus belle.
D’un côté, Chris Paul marque le pas individuellement, accusant enfin le poids des années, Ayton semble parallèlement subir la baisse de régime du meneur dans propre production. En outre, les blessures pleuvent, laissant présager que le pivot va devoir produire plus pour compenser.
Néanmoins, son attitude nonchalante inquiète et son Usage (part d’actions terminées par le joueur) n’augmente quasiment pas. Le pivot ne shoote pas beaucoup plus et continue d’être léger dans la provocation de faute pour un intérieur. L’arrivée de Kevin Durant ne semble par ailleurs pas déclencher un électrochoc. Au contraire, sa défense sera questionnable pendant les Playoffs 2023, tandis qu’il se mettra très en retrait, laissant la charge offensive à ses coéquipiers durant la fin de cette campagne.
Alors qu’il semble s’éloigner de confirmer son statut de premier choix de draft, les tensions avec l’encadrement sont de plus en plus documentés. A tel point que désireux de maximiser leurs chances de titres rapidement, les Suns font le choix de transférer Ayton au profit de Jusuf Nurkic, pivot pourtant en difficulté suite aux nombreuses blessures ayant émaillées sa carrière.
2 années fades à Portland
Le départ à Portland dans une équipe lançant sa reconstruction représentait une opportunité de choix pour se relancer.
Certes, il n’avait plus de star à côté pour le servir, mais cela représentait l’opportunité de se tester sans avoir la pression du résultat immédiat.
Les débuts d’Ayton sont pourtant inquiétants avec une première partie de saison 2023-2024 sans énergie. L’efficacité est désastreuse, et les efforts déployés de l’autre côté du terrain ne suivent pas.
Pourtant, sa 2eme partie de saison est d’un tout autre calibre. Plus agressif, enchaînant de grosses performances au rebond, on pense alors qu’Ayton va peut-être entrer dans une nouvelle phase de sa carrière.
Malheureusement, sa saison passée ne confirme pas ce potentiel retour en grâce. Les blessures handicapent sa saison et finalement, pas réellement de cap n’est passé. Le volume n’est toujours pas au rendez-vous, et l’efficacité sur ses 2 ans en Portland sont de la complète lignée avec sa saison sophomore : sous la moyenne chez les intérieurs.
Pour autant, cela signifie-t-il qu’il ne peut pas être une addition de choix pour les Lakers ? Loin s’en faut.
Profil et apports pour les Lakers
Qui est DeAndre Ayton en attaque ?
Lorsque vous avez un pivot dans l’effectif, vous attendez un certains nombre de choses de sa part. D’être le joueur le plus puissant sur le terrain, de pouvoir sanctionner un mismatch en l’enfonçant au poste, d’être une menace sur des lobs et de poser des écrans de qualité.
La dure réalité, c’est que DeAndre Ayton ne correspond globalement pas à ce portrait.
Avec un physique plus longiligne que la moyenne de son poste et un manque de puissance dos au panier, Ayton n’est tout simplement pas ce joueur qui peut finir finalement malgré le contact et enfoncer ses vis-à-vis grâce à sa puissance physique.
Au contraire, c’est un intérieur agile, mobile, qui préfère finir en évitant le contact. Assez naturellement, il s’est orienté vers des finitions à base de tirs proches du cercle ou à mi-distance et préfère pour finir au cercle être servi en mouvement et profiter de son extra-mobilité.
L’une de ses forces majeures dans ses bonnes saisons, est qu’Ayton aime la transition et la semi-transition. S’il plonge dans ces séquences, il y a de bonnes chances qu’il finisse la course devant n’importe quel autre pivot partageant le terrain.
En revanche, s’il est servi au poste, peu importe que ce soit la massive présence de Joël Embiid dans son dos ou celle d’un arrière, il préfèrera un hook shot ou un tir à mi-distance à tout autre type de finition.
Ceci explique que son efficacité baisse s’il n’est pas servi par un excellent créateur, mais également pourquoi il shoote moins de 2 lancers francs par rencontre sur ses 2 dernières saisons. Forcément, cela impacte aussi sa finition dans la zone où on aimerait le voir terminer, et a laquelle il a semblé renoncer depuis un petit moment : la raquette. Pour preuve, ses zones de tir depuis le début de sa carrière, et le recul de sa finition dans la zone « Rim » :
Par ailleurs, pour finir la liste des attentes autour d’Ayton, il n’est pas non plus un bon poseur d’écran, probablement en raison de son manque de dureté dans le contact, mais est en revanche une excellente menace sur les lobs grâce à sa verticalité et sa mobilité. Un avantage que les présences de Luka Doncic, LeBron James et Austin Reaves devraient largement permettre d’exploiter.
Maintenant que ce tableau plutôt sombre est dépeint, cela ne veut pas dire que tout est à jeter. S’il ne correspond pas aux standards, il n’en reste pas moins un joueur au toucher exceptionnel. Sur le hook shot, comme le mentionne Hoop Venue, depuis sa saison 2020-2021, il shoote à +58% sur ce tir, ce qui le place parmi l’élite, juste derrière Ivica Zubac et Nikola Jokic.
Par ailleurs, même s’il finit trop peu au cercle et qu’il aime un peu trop les tirs à mi-distance, sur lesquels il est dans les hauteurs de la ligue en termes de volume, il est très efficace dans les deux cas :
Il est de fait aussi adroit près du cercle, que sur des longs à mi-distance. A se demander pourquoi, d’ailleurs, il n’a jamais vraiment été tester de le pousser à prendre des tirs à 3pts, ce qui pourrait complètement changer son statut et la perception de son profil.
De fait, en dépit de son manque de puissance et de ses écrans décevants, il n’en est pas moins un bon partenaire de pick. Puisqu’il peut finir au cercle si son vis-à-vis monte trop haut sur l’aide et peut également sanctionner par son tir à mi-distance si ce dernier reste trop bas. Or, après 2 saisons sans véritable créateur de haut vol, la présence de Luka Doncic et LeBron James pourrait complètement booster sa valeur offensive.
Il est capable de profiter des lignes de drives que leur gravité offrira, notamment pour finir au cercle où il est très efficace quand il est en mouvement, et qu’il est capable de dégainer à mi-distance si la défense l’attend au cercle.
Par ailleurs, il est un passeur suffisamment compétent sur le short roll pour ne pas enrayer l’attaque lorsqu’il ne peut pas terminer pour lui-même.
Ayton n’a donc jamais réussi à passer le cap de devenir une force autonome. Mais sa valeur peut exploser selon le contexte. Surtout quand sa production offensive n’est pas absolument essentielle au bon fonctionnement initial de l’équipe.
Dès lors, la manière la plus juste de percevoir sa valeur offensive selon moi, n’est pas de l’évaluer par le bas (création d’un plancher offensif), mais par le haut : augmentation du plafond de l’équipe en fonction du niveau des créateurs qui l’accompagnent.
Qui est DeAndre Ayton en défense ?
La première chose qui vient en tête avec Ayton, c’est sa verticalité. Si vous attendez de votre intérieur qu’il vienne en aide et sabote l’attaque du cercle adverse, vous pourriez être satisfait. Grâce à sa mobilité et sa détente, il peut surgir et vous apportez autant une force de playmaking défensif (contre), que faire chuter la fréquence au cercle par la crainte qu’il inspire, s’il (re)devient réputé pour cet effort.
L’utilisation du conditionnel est toutefois de mise. Les critiques vis-à-vis d’Ayton se sont globalement justifiées toute sa carrière. Son inconstance dans l’effort, qu’elle soit liée à un manque de motivation ou à des problèmes de fatigue, se sont dans tous les cas très souvent matérialisées.
Ainsi, vous pouvez aussi bien avoir la version 2021, capable d’aide extrêmement précieux tout au long de la campagne de Playoffs, que des versions antérieures ou ultérieures, beaucoup moins présentes sur les lignes de drive. D’ailleurs, ses statistiques sont globalement contrastées en carrière.
Malgré ses bonnes dispositions physiques, il tend à réduire le volume de finition au cercle par sa présence… Mais pas la réussite.
Cette inconstance ne s’est d’ailleurs pas retrouvée que dans les rotations. Bien que son manque de puissance l’ait souvent desservi offensivement pour jouer au poste, il est, à son meilleur, un des meilleurs défenseurs au poste de la ligue. Ce que sa puissance peut lui faire perdre comme terrain, sa mobilité et sa verticalité permettent de le compenser. Résultat, il s’est avéré excellent contre des intérieurs traditionnels à la Nikola Jokic, tout comme des intérieurs plus axé sur leur mobilité comme Giannis Antetokoumpo.
Là encore, les résultats ont été très contrastés d’une période à l’autre. Mais ses bonnes périodes ont été suffisamment nombreuses pour valider qu’il en est capable.
En outre, il est intéressant de noter qu’un élément stable de sa carrière est sa capacité à défendre sans se mettre en danger d’expulsion. Quand Ayton est sur le terrain, ses équipes concèdent nettement moins de lancers francs. Un véritable savoir-faire pour un pivot, souvent bien plus impliqué dans les possessions défensives que ses extérieurs. D’autres bons défenseurs, comme Jarren Jackson Jr, pêchent souvent par agressivité. Pas Ayton.
Conclusion : les Los Angeles Lakers, bon ou mauvais choix pour Ayton ?
DeAndre Ayton vient de passer par un buy-out à seulement 26 ans. Pas vraiment un bon signe pour la carrière d’un 1er choix de draft.
Dans ce contexte, il fallait pour ce dernier bien choisir la franchise avec laquelle évoluer l’an prochain.
Et je pense qu’il a fait un choix particulièrement intelligent en la matière.
Il est très difficile d’émettre ce genre d’avis sur des joueurs que l’on ne côtoie pas, mais rares sont les joueurs qui semblent plus dépendants des personnes qui le pousse au quotidien que DeAndre Ayton.
Choisir une équipe faite de LeBron James & Luka Doncic paraît donc une évidence en la matière.
Mais plus que ça, c’est l’évidence du fit en attaque qui me paraît valider ce choix. Il faut penser à DeAndre Ayton comme une menace exceptionnelle sur le lob et manquant terriblement d’autonomie en attaque.
Pour un joueur à ce point dépendant d’autrui, il s’agit de trouver des créateurs de premier plan capables de compenser ses limites. Surtout quand vous pouvez heurter l’adversaire sur le pick, mais que vous êtes un poseur d’écran assez médiocre.
Il convient alors de trouver à la fois un porteur de balle qui sache vous trouver, mais qui saura également faire la différence de lui-même si votre écran est insuffisant.
Avec 2 voire 3 très bons créateurs balle en main dans l’équipe, DeAndre Ayton s’assure d’avoir toujours un joueur capable de le mettre en valeur à ses côtés.
S’il arrive à régulariser ses prestations défensives, le reste pourrait très bien se faire tout seul.
Autrement dit, s’il n’est pas un joueur qui arrive avec une multitudes de garanties, notamment dans l’investissement au cours de la longue saison NBA, il est en revanche dans le contexte idéal pour se faciliter la vie. Et qui sait, le plaisir revenant, peut-être que la meilleure version de lui-même pourrait, enfin, revoir le jour.