Bucks et Pistons n’avaient pas réellement les mêmes objectifs à l’approche de la saison 2018-19. Point commun des deux franchises ? Un nouveau coach débarquait sur le banc. Deux nouveaux venus, aux ambitions différentes. D’un côté, Mike Budenholzer prenait en charge les Bucks, avec pour objectif de faire de Milwaukee un contender solide à l’Est tandis que de l’autre côté, Dwane Casey prenait les commandes de Detroit pour tenter d’amener Blake Griffin et les siens en playoffs après une saison loupée.
Comment les nouveaux coachs ont traversé cette saison et comment se retrouvent-ils confrontés l’un à l’autre pour ce premier tour de playoffs ? Allez, assez perdu de temps : on attaque la preview !
Le bilan des saisons
Les Bucks tout d’abord. Les patrons de la Ligue, à la surprise générale avec un bilan de 60 victoires our 22 défaites (meilleur bilan de l’Est of course et de la Ligue entière). Les Bucks ont été cette saison tout ce qu’ils n’arrivaient pas à être avant : réguliers. Quand dans votre équipe vous avez un potentiel MVP qui est également potentiel Défenseur de l’Année, que vous avez aussi un potentiel Coach de l’Année, comment vous dire que c’est assez parlant… Du début à la fin de l’année, Milwaukee a dominé son sujet (4è offensive rating, 1er defensive rating de la ligue), à l’image de l’incontournable Giannis Antetokounmpo.
Comment parler de la saison des Bucks sans parler de Giannis ? Le grec sort d’une saison extraordinaire, fabuleuse, qui le place en tête de la course au MVP depuis le mois d’octobre – n’en déplaise aux fans de James Harden. Il établit cette saison sa meilleure ligne statistique de sa jeune carrière, et quelle ligne ! 27.7pts, 12.5 rebonds, 5.9 passes décisives, 1.3 interceptions et 1.5 contres par match. Véritable point d’ancrage offensif, capable aussi bien d’attirer les défenses que de les atomiser, le Greek Freak semble avoir franchi un cap dans son jeu. Surtout que le bougre s’est mis à allumer longue distance depuis le mois de janvier – modestement -. Si la réussite n’est pas toujours là ou régulière, quand 2 ou 3 bombes du parking commencent à rentrer pour Giannis, vous pouvez déjà faire vos valises. De l’autre côté du terrain, il est à l’image des Bucks – ou l’inverse, on ne sait pas trop – se positionnant dans la course au DPOY. Un enfer, une sensation de destruction permanente de ses adversaires, sublimée par une hargne qui fait plaisir à voir, bref, Giannis Antetokounmpo est un monstre.
Dans le sillage de leur leader incontesté, les seconds couteaux des Bucks ont également tiré leur épingle du jeu mis en place par Mike Budenholzer : Eric Bledsoe sort d’une saison très complète, Khris Middleton a eu l’honneur d’être convié au All Star Game, Brook Lopez est devenu un élément central des Bucks, mais également Brogdon, Mirotic, George Hill et j’en passe. Coach Bud’ justement, a clairement réussi son nouveau défi : plus qu’une transition opérée dans le jeu des Bucks, c’est une révolution. Meilleure défense de la ligue, 4è offensive rating, Milwaukee est solide partout, tout le temps. Les ajustements opérés à la trade deadline, avec l’arrivée notable de Nikola Mirotic pour apporter encore plus de spacing, ont tous été dans le sens du projet et n’ont pas ralenti la marche infernale des Daims vers la première place de l’Est, au contraire. Bref, Milwaukee est en forme, a un objectif en tête, et ça va cogner fort.
Côté Pistons, c’est une autre histoire. On ne peut pas dire que la qualification en playoffs a été le fruit d’une lente et douce domination, ou d’une constance certaine dans la réussite. Non, clairement pas. Ce serait même plutôt tout le contraire, avec une saison faite de hauts et de bas, d’irrégularité, de frayeur, pour arriver avec un bilan de 41-41, le pire des qualifiés en playoffs.
Un joueur domine largement le reste du roster à Detroit, en la personne de Blake Griffin. Pendant un long moment, on a pensé que l’association Griffin-Drummond pouvait dominer les débats, mais prenons le temps de le dire : seul Blake Griffin peut les dominer. Alors attention, loin de nous l’idée de banaliser les efforts fournis par Andre Drummond, mais les soirées où Blake Griffin était en feu, dominait, et se démultipliait pour mener les siens à la victoire parlent en sa faveur. L’équation était assez simple pour les troupes de Dwane Casey cette saison : la victoire passait par une énorme performance de leur ailier-fort. Véritable poste 4 moderne polyvalent, Griffin n’hésite plus à créer autour de lui, à diriger l’attaque des siens du poste haut, bas, en isolation, sur transition ou sur pick’n’roll en porteur de balle. Griffin est le maître à jouer de Detroit… Et justement, c’est là que le bas blesse.
Car hormis Blake et Drummond, le reste du roster a donné du fil à retordre à Dwane Casey. Ce dernier le répétait sans cesse à la mi-saison : le plan de jeu est bon… Mais les tirs ne rentraient pas. Luke Kennard était entre autres visé particulièrement par le technicien aux allures de lieutenant de police. Il faut dire que sur les lignes arrières de Detroit, il n’y a pas pléthore de joueurs à utiliser pour celui-ci – et entendez par-là de bons joueurs réguliers. S’il faut noter la saison pleine de Reggie Jackson, qui a disputé les 82 matchs des Pistons, il faut de suite contraster celle-ci avec une irrégularité maladive chez ce bon vieux Reggie, capable d’être aussi bon que fantomatique. Il est à l’image de la saison des Pistons : bien, mais pas top. Derrière lui, les postes extérieurs ne sont clairement pas les plus fournis, sans compter qu’il a fallu composer à mi-saison avec le départ de Reggie Bullock, de Stanley Johnson, et avec l’arrivée du vétéran Wayne Ellington. Kennard, Ellington, Ish Smith, le jeune Bruce Brown, Langston Gallaway… Forcément la base est un peu friable, et ça s’est ressenti dans les résultats obtenus.
Derrière l’incontournable Blake Griffin, seul survivait donc durablement Andre Drummond. Revenu à un niveau qui était le sien avant la saison dernière catastrophique, Dédé a mangé du rebond, montré les muscles, et essayé tant bien que mal de venir au secours de son ailier-fort et leader incontesté. Contrairement à l’an dernier où les reproches étaient largement justifiées, aucun fan des Pistons ne saurait cracher sur l’apport du pivot cette saison de manière valable. S’il peut par moment laisser cette sensation de faire des stats dans le vide, un Drummond en 18-18 sera toujours bienvenue pour aider Blake. Aux forceps donc, les Pistons arrachaient leur qualification en playoffs. Et sont prêts à affronter le monstre grec.
Enfin, je sais pas, pt’être…
Les match ups clés
Blake Griffin vs l’infirmerie
Oui, car le leader des Pistons n’est pas au top du top. Touché au genou en fin de saison, il n’a pas disputé le dernier match de saison régulière contre les Knicks et est actuellement en day-to-day : autrement dit, on attend de voir si ça tient. S’il se dit qu’au pire des cas, Griffin devrait louper le game 1, il faudrait mieux pour Detroit que les genoux de leur leader tiennent, car sinon la série pourrait s’avérer très expéditive, face à des Bucks déterminés à passer ce premier tour le plus rapidement possible en vue d’une demie-finale de conférence contre un adversaire d’un autre calibre…
Andre Drummond vs Brook Lopez
Deux pivots avec deux styles diamétralement opposés. Andre Drummond est un pivot à l’ancienne, défenseur, rebondeur, qui a clairement sa zone de confort dans la raquette, où il peut dominer. Meilleur rebondeur de la ligue et capable de capter plus de 5 rebonds offensifs par match, Drummond peut faire mal à une raquette de Milwaukee qui n’a pas les armes physiques pour le contenir – excepté l’envergure de Giannis, allez. De l’autre côté, Brook Lopez s’est totalement réinventé sous les ordres de Budenholzer, et passe le plus clair de son temps derrière la ligne à 3pts : 65% de ses tirs viennent de là – oui, c’est fou. Son objectif ? Écarter le terrain pour les drives de Giannis, et apporter du shooting aux Bucks. En transition, sur pick’n’pop, en kick out, il peut dégainer partout et tout le temps.
Là où Drummond devra tout faire pour créer le contact, Lopez fera tout pour le rompre. Si les deux se neutralisent, l’avantage sera à Milwaukee. Si Drummond parvient à enrayer la machine Bucks de l’intérieur, qui sait…
Khris Middleton vs .Reggie Jackson
Oui, les deux joueurs ne seront pas en confrontation directe, évidemment. Mais l’un comme l’autre, ils semblent détenir entre leurs mains une clé importante de la série.
Middleton, tout d’abord. Personne sur les lignes extérieurs de Detroit ne peut contenir Giannis, c’est un fait, et c’est la même chose pour Middleton. Kennard, Galloway, Brown et compagnie peuvent s’agiter autant qu’ils le veulent, le lieutenant de Giannis est bel et bien l’extérieur le plus talentueux de la série. Si Middleton rentre dans sa série correctement, notamment du point de vue de sa réussite aux tirs, il permettra à son coach un luxe non-négligeable en playoffs : la gestion. Un Khris Middleton à 20 points de moyenne sur la série, c’est l’assurance de voir Giannis gérer un peu plus ses efforts, et surtout, c’est permettre à Milwaukee de ne pas gâcher ses forces dans une série qu’ils ne veulent pas voir se prolonger.
Pour Reggie Jackson, c’est un peu pareil, mais avec l’effet inverse. Si Blake Griffin est en forme, il fera sans aucun doute sa série comme attendu. Si Andre Drummond reste dans les standards de sa saison régulière, voire tape du poing sur la table un peu plus fort, c’est également tout bénéf’ pour Detroit… Mais il faudra plus, bien plus pour pouvoir faire douter les Bucks et faire durer la série, et ce plus doit être Reggie Jackson. Il aura certes fort à faire avec un Eric Bledsoe sur le dos, qui doit se racheter de sa série de playoffs de l’an dernier, mais justement : c’est là que l’on doit voir qui est vraiment Reggie Jackson. Est-il capable, quand son équipe en a besoin, de faire le nécessaire pour aider son duo d’intérieur ? Pour Detroit, c’est une condition indispensable à la réussite.
Les tirs, les tirs, toujours les tirs
Pour gagner au basket, il faut bien défendre, et il faut mettre les tirs. Detroit a souvent eu du mal à l’emporter durant la saison à cause du manque de réussite de ces extérieurs. Au contraire, quand ceux-ci règlent la mire, tout le Michigan respire. Avec une défense de Milwaukee qui laisse beaucoup de 3pts à ses adversaires – on y reviendra -, les shooteurs de Detroit ne devront pas se faire prier. A défaut, Milwaukee aura juste à exploiter du mieux possible les transitions offertes. Et quand vous avez Giannis dans votre équipe, les transitions… Côté Bucks, on rejoint un peu ici le point évoqué avec Middleton. Giannis est un formidable aimant à défenseurs. Quand il pénètre dans la raquette, il n’est pas rare que 3 défenseurs soient attirés. Or, le grec sait trouver ses shooteurs extérieurs, à l’image d’un Brook Lopez, d’un Tony Snell ou d’un Middleton. Et si les Bucks plantent leurs tirs longue distance, les problèmes vont commencer à être beaucoup trop nombreux pour Dwane Casey…
A quoi s’attendre ?
Commençons par les Pistons pour une fois. Une chose est sûre : Dwane Casey va avoir du boulot, du gros boulot. Milwaukee est la meilleure défense de la ligue, c’est un fait.
Déjà, les hommes de Budenholzer laissent peu de tirs (27% seulement, 1er de la Ligue) et de points (29.6 par match, 1er également) à leurs adversaires dans la raquette. Or, quand vos deux hommes forts sont Blake Griffin et Andre Drummond, la raquette est votre salut. Plus encore, les Bucks sont l’équipe qui offre le moins de transition à l’adversaire, concédant seulement 11 points par match dans le domaine. Or, le mieux pour ne pas affronter une défense demi-terrain solide, c’est de l’exposer en transition…
Alors, il y a-t-il quelque chose d’intéressant à exploiter pour Casey dans tout ce bourbier ? Peut-être oui. Car les Bucks laissent beaucoup, beaucoup trop de tirs à trois-points à leurs adversaires : c’est même la première équipe de l’histoire NBA à se prendre plus de 1000 3pts dans la truffe (3 équipes depuis ont franchi le cap). On dirait bien que les shooteurs de Detroit, mis en cause par Casey plus tôt dans la saison, vont avoir des opportunités de briller. Et ils feraient bien de ne pas se louper comme dit plus haut, car les faiblesses de la défense des Bucks ne sont clairement pas nombreuses… Galloway, tout le Michigan compte sur toi pour allumer.
Plus encore, pour permettre à Detroit d’exister dans la série, il va falloir trouver la bonne combinaison pour faire jouer Griffin et Drummond. Drummond doit massacrer Lopez à l’intérieur, tout en évitant d’attirer tous les défenseurs sur lui – sa vision et ses qualités de passe ne sont pas suffisantes pour créer des décalages. Le problème, c’est que Casey ne peut pas jouer l’isolation au poste sur Drummond, comme on le ferait naturellement avec un Embiid, un KAT ou un Aldridge. Il faut le lancer sur pick’n’roll, ou le trouver sur des drives. Les pick avec Jackson ou Griffin en ball handler devront être privilégiés, même si la défense des Bucks s’y attendra forcément. Dans l’idéal, il faudrait également essayer d’isoler Giannis en défense, le faire s’éloigner de la raquette, pour ne pas que sa présence physique impacte les transmissions sur le grand Drummond. Plus facile à dire qu’à faire…
Pour les Bucks, le plan de jeu est simple et les choses sont beaucoup moins casse-tête. Il faut faire ce qui a fonctionné toute la saison, rien de plus, rien de moins.
La défense en premier lieu, devra être imperméable, voire asphyxiante, notamment pour permettre à Milwaukee de développer son jeu de transition dès le début de match. Par des conduites de balle rapides de Bledsoe ou Giannis, ou par des pull up en transition de Lopez, les Bucks ont clairement le potentiel pour faire exploser la défense des Pistons à chaque contre-attaque. Pour ce qui est de la défense demi-terrain et pour répondre au défi physique que devrait leur imposer le duo Grffin-Drummond, les Bucks vont devoir être très intelligents dans leur défense sur les picks et dans leurs rotations inhérentes à ces phases de jeu. Le moindre décalage manqué sera une opportunité pour les shooteurs de Detroit de faire feu.
Offensivement, Budenholzer ne devrait pas changer une recette qui fonctionne : Giannis sera le créateur numéro un et le principal décideur de l’attaque des Bucks. Tout le monde le sait, tout le monde s’y attend, et ça à chaque match, mais pour autant le grec parvient à planter 30pts en 23min s’il le veut. S’il arrive à perforer le premier rideau défensif que lui oppose Detroit, les matchs peuvent tourner au massacre. Pour soulager son équipe, il devra notamment aller chercher les fautes au cercle sur Drummond, afin de forcer Casey à faire jouer Thon Maker ou Pachulia. En dehors de Giannis, les Bucks sont remplis d’option, à l’image de Khris Middleton qui sait se montrer létal en isolation, des shoots de Brook Lopez, ou de l’avantage que peut avoir Bledsoe sur les meneurs adverses.
Calendrier
Game 1 : Milwaukee – Detroit, le 14 avril à 1h
Game 2 : Milwaukee – Detroit, le 17 avril à 2h
Game 3 : Detroit – Milwaukee, le 20 avril à 2h
Game 4 : Detroit – Milwaukee, le 22 avril à 2h
Game 5 : le 24 avril, horaire non défini, à Milwaukee
Game 6 : le 26 avril, horaire non défini, à Detroit
Game 7 : le 28 avril, horaire non défini, à Milwaukee
Pronostic
Milwaukee Bucks, 4-0
Oui, on prend un peu de risques au regard des victoires de Brooklyn et du Magic d’hier soir, mais on reste fidèle à nos convictions. L’écart est trop grand entre les deux formations. Si les matchs-up des playoffs effacent bien souvent les statistiques et classements, ici le nombre de matchs-up favorables aux Bucks semblent trop élevé pour espérer quelque chose pour Detroit.
Les Pistons devraient jouer avec l’insouciance d’une saison déjà réussie avec cette qualification, et on n’est pas à l’abri d’un match serré où l’énergie des Pistons peut les faire tenir, mais Milwaukee et Giannis semblent trop fort pour l’inspecteur Casey et ses troupes. Les Bucks veulent faire vite et bien pour ce premier tour, pour enfin passer ce cap et faire valoir leur nouveau statut d’outsider, et on craint que les Pistons ne soient des victimes idéales.
Bons matchs à toutes et à tous !