Nous y sommes. Ce soir, Tony Parker verra son numéro 9 retiré par les Spurs de San Antonio, pour compléter et rejoindre au panthéon de la franchise texane le 44 de Gervin, le 50 de Robinson, le 12 de Bowen, mais surtout et bien entendu, les 21 et Tim Duncan et 20 de Manu Ginobili. Le cercle est désormais complet, les trois compères sont de nouveau réunis, pour toujours.
Après deux cérémonies qui ont marqué les mémoires, de Tim Duncan avec un Popovich en larmes et Manu Ginobili, fidèle parmi les fidèles, c’est au tour de Tony Parker, qui vient d’intégrer San Antonio dans la francophonie avec le #MerciTony mis en place pour célébrer ce jour particulier et cette cérémonie.
Merci, car ce qu’a accompli Tony Parker est, et reste à ce jour, un fait unique dans l’histoire du basket-ball français. Aussi, ce bref article s’adresse aux plus jeunes d’entre nous, ceux qui suivent la NBA depuis quelques temps, ou qui l’ont découverte récemment. A vous tous, amis fans de NBA, sachez que ce que vous allez voir ce soir à San Antonio, c’est plus qu’une simple cérémonie. C’est l’épilogue d’une incroyable histoire, la plus belle du basket français, et vous devez y être sensible, vous devez vous en émouvoir, et voici pourquoi :
Parce qu’un Français en NBA, c’était impensable autrefois
Quand Olivier Saint-Jean, devenu Tariq Abdul-Wahad peu après, est drafté par les Kings de Sacramento, pour jouer et non pas faire juste des training camps comme Hervé Dubuisson en son temps, c’est un séisme dans le basketball français… et européen ! Car à l’époque, dans les années 90, un européen en NBA, c’est soit une perle rare, soit une erreur de casting. L’arrivée d’Abdul-Wahad en NBA, on l’a tous vécu comme une immense gloire pour notre basket. Aujourd’hui, nous sommes la première nation européenne représentée en NBA, la troisième après les américains et les canadiens.
Parce qu’un Français qui a un avenir en NBA, c’était hallucinant à imaginer
Quand Tony Parker arrive aux Spurs en 2001, on a tous les yeux rivés sur lui avec plein d’étoiles, parce que très très vite, le petit meneur dont le rêve est d’affronter Jordan, va s’installer dans le cinq de départ d’un prétendant au titre. Abdul-Wahad ne manquait pas forcément de minutes en NBA, mais il jouait dans des franchises playoffables, au mieux. Là, Tony est potentiellement un meneur titulaire, et à l’époque, Canal+ n’a pas boudé son plaisir.
Parce que sans Tony Parker, on ne serait pas aussi proche de la NBA aujourd’hui
Canal+ justement, parlons-en. Parce que si George Eddy a su faire le pont entre les deux rives de l’Atlantique pour permettre aux médias français de se montrer, d’être connus, d’avoir des interviews, c’est bien avec Tony Parker que nous avons fait nos premiers pas dans les coulisses de la NBA.
Grace à Parker, des millions de fans français de la NBA ont pu soudainement découvrir le quotidien des joueurs de la grande ligue, d’une franchise, et de la vie de ces hommes que l’on idolatrait et que l’on continue aujourd’hui d’admirer.
Parce qu’un français champion NBA, c’était la fierté nationale
Quand en 2003 les Spurs viennent à bout des Nets du grand Jason Kidd (4-2), Tony Parker, malgré des finales difficiles, est champion NBA pour la première fois. Et franchement, nous, à l’époque, on aurait signé même pour un joueur de bout de banc, même en costume, mais dont le nom était sur la liste du roster champion NBA, tant qu’il était français. Un français champion NBA…on se frottait les yeux. Et en plus, il jouait.
Parce qu’un français numéro un des ventes de maillots NBA, c’était même pas dans nos rêves
Et pourtant, Parker, numéro 9, est devenu en un rien de temps le maillot le plus vendu dans le monde. Je répète, Tony Parker a devancé Kobe, Lebron, Shaq, Iverson, et même Jordan dans les ventes de maillots NBA ! La raison était liée à son succès en basket, bien sur, mais aussi du fait que son épouse d’alors, l’actrice Eva Longoria, de la célèbre série Desperate Housewives, avait également accordé à Tony Parker une visibilité dans le monde du show-business, et ça aussi, c’était une première.
Parce qu’un français double-champion NBA, on n’avait pas les mots
Autant vous dire que le premier titre nous avait laisser plus d’émotions que le second c’est vrai… Mais franchement, un français double champion NBA… On n’arrivait plus à réaliser l’exploit. Et contre les Boys de Detroit en plus…
Parce qu’un français All-Star, c’était comme marcher sur la Lune
Le All Star Game, c’est pour les grands, c’est pour le show, c’est pour les légendes. Oui mais il a fallu, en ce mois de février 2007, à Las Vegas, comprendre que Tony Parker allait désormais faire partie de ce gratin là.
Il y avait donc Kobe, Shaq, Lebron, Nash, Stoudemire, Garnett, Nowitski, Allen, Iverson… Toute la bande… et Tony Parker. Une sélection All-Star juste sur le coup, due à une bonne année ? Non non, il en aura six au total dans sa carrière.
Parce qu’un français MVP des Finales, c’est… Mais… mais c’est pas possible, si?
Et si… Tony Parker va repousser les limites de l’imagination des fans NBA français et va se permettre deux incroyables exploits : celui de mener une franchise en Finales NBA pour sweeper la bande à Lebron James, mais en plus de ça, il va rafler le premier trophée de MVP des Finales remporté par un européen.
Rien. Que. Ça. Rien que ça. L’histoire, la légende de la NBA s’est écrite en bleu blanc rouge, avec un commissionnaire de la NBA qui parle, micro en main, en français, durant une cérémonie officielle. La fierté d’un peuple entier. Pendant quelques jours, on a même osé se dire “c’est le meilleur du monde”. Et dire qu’il terminera avec un titre de plus, au terme de somptueuses Finales jouées par les Spurs… Les frissons.
Parce que deux olympiades, une médaille d’argent, deux de bronze et une en or
Oui parce que beaucoup ont dit que sans Duncan, sans Ginobili, sans Popovich, Tony Parker, MVP des Finales, triple champion NBA, c’était de la daube.
Donc je rappelle aussi hein : il a obtenu des médailles en 2003, 2011, 2015 et gagné l’Eurobasket 2013 sans tout ce petit monde. Il a aussi emmené la France à ses premières olympiades depuis Sydney en 2000. Je rappelle aussi que seul les frères Gasol peuvent se vanter d’avoir remporté l’euro basket et avoir un titre NBA, dans toute l’histoire de la FIBA.
Non vraiment, c’est de la daube.
Parce qu’un français a été le joueur le plus titré en activité de la NBA, et ça, on n’aurait jamais osé imaginer le vivre… Mais vous, vous ne le vivrez probablement plus jamais.
A partir de 2016 et jusqu’à juin dernier, le joueur en activité de la NBA le plus bagué, c’était Tony.
Tony Parker et Manu Ginobili ont repris ce titre ensemble lors des départs de Duncan et Kobe et leurs incroyables 5 bagues chacun. Et puis Ginobili a pris sa retraite… Et pendant un an, le joueur le plus titré de la NBA, c’était pas Lebron, c’était pas Curry, c’était pas Durant, c’était personne d’autre que Tony Parker. Réalisez-le bien, c’est probablement la seule fois de votre vie que vous aurez connu ça.
Parce qu’un français aura son numéro accroché au plafond d’une franchise NBA
Ultime exploit du frenchy, ultime cadeau qu’il nous fait, ultime frontière repoussée : le numéro 9 de Tony Parker, l’homme qui cria dans un verstiaire de l’équipe de France “On se bat avec notre fierté“, aura son maillot au sommet d’une salle des plus prestigieuses de la NBA, d’une des franchises les admirée de l’histoire, aux côtés du meilleurs ailier fort de tous les temps, d’un des meilleurs pivots de tous les temps, d’un des meilleurs arrières de tous les temps.
Bref, Tony Parker entre au panthéon du basket.
Parce qu’un français au Hall of Fame, personne ne l’imaginait en 2001
Tony, c’est une belle histoire, une histoire française, qui est dans nos coeurs. Il est le meilleur joueur français de tous les temps, il est un des meilleurs meneurs NBA de tous les temps, il est un des meilleurs joueurs NBA de tous les temps, il est le meilleur meneur des Spurs de tous les temps.
Notre cynisme très français nous rattrape parfois, et j’ai vu certains jeunes des dernières générations de fans NBA mettre en doute l’éligibilité de Parker au Hall of Fame.
Soyons clair : Tony est une légende, il a été le pionnier de la France dans tous les domaines de la NBA, et sa place au Hall of Fame, il l’a déjà gagnée il y a plus d’une dizaine d’année. Son entrée au HOF sera notre ultime occasion de lui dire merci.
Mais ce sera le merci du basket entier, et ce soir, c’est le merci de la NBA. Alors si tu es fan de NBA, si tu es français, ce soir, cette nuit, elle est pour toi, et ne l’oublie pas. Ce que tu verras ce soir, personne ne l’a jamais vu, et personne n’a jamais pensé le voir un jour.
Merci Tony !