A l’heure où la NBA gonfle sa bulle et multiplie les tests COVID-19, il y a 8 équipes qui ne se préoccupent pas de savoir s’ils pourront compter sur tous leurs joueurs pour boucler la saison. Parmi elles : les Cleveland Cavaliers.
Alors que la team de l’Ohio semblait sortir une narine hors de la vase, le confinement est venu leur rappeler la dure mais juste condition qu’est la leur : une équipe de bas de classement qui n’intéresse quasiment que sa fanbase.
Du coup, comment occuper tout ce beau monde et préparer des jours meilleurs ? Comment redevenir une équipe qui rejoue les playoffs rapidement ? Cette post-saison sera celle de tous les dangers pour le management Wine and Gold ,et l’heure n’est pas à faire dans la dentelle.
De prime à bord, on pourrait claquer des genoux mais il y a 2 aspects qui doivent rassurer les fans des Cavs : d’une, le management n’a pas encore montré de signe de faiblesse, et deux, Cleveland a beaucoup d’options, et c’est toujours mieux cela que l’inverse.
Le secteur intérieur
28.7 millions de dollars… Bon, qui n’aurait pas pris son option à ce prix-là ? Ouais, c’est bien ce qu’il me semblait.
C’était attendu et c’est fait Andre Drummond va rester à Cleveland la saison prochaine. Là où ça devient plus louche, c’est qu’on parle déjà d’extension de contrat en octobre qui chaufferait bien tout le monde… Bien sur, les coups de comm’ en NBA sont monnaie courante et il peut s’agir là d’opération séduction de la fanbase qui en a grandement besoin, mais si on se penche sur le secteur intérieur des Cavs, on voit tout de suite que c’est l’embouteillage : Andre Drummond, Kevin Love, Larry Nance Jr, Jordan Bell, Dean Wade, ça c’est pour l’acquis, et il reste encore à trancher le cas Tristan “Seven or nothing” Thompson.
Drummond, même s’il empile les stats, n’a plus l’avenir radieux qui semblait lui être promis. Le pivot semble avoir atteint son plein potentiel. Est-ce le potentiel dont Cleveland a besoin? Pas sûr.
Ceci étant dit, on peut imaginer le front-office des Cavs signer Thompson pour une période courte, en 1+1 par exempl, et créer un lab test géant toute la saison prochaine. Ou alors, autre option : ne pas garder Thompson, trader Drummond en cours d’année, et drafter un James Wiseman ou Onyeka Okongwu.
Finalement, l’épisode COVID aura sans doute permis au management de prendre tout son temps pour peser le pour et le contre de chaque situation et ne pas devoir agir dans l’urgence. Il y aura peut-être des adieux déchirants à faire, mais nécessaires, car vouloir prolonger pour prolonger peut aussi plonger la tête des Cavs sous l’eau du cap space, et ça même si Cleveland possède les bird rights de Thompson, leur permettant de s’affranchir en partie de la rigidité du cap.
Il s’agira plutôt de trouver une alchimie entre ce qui marche à Cleveland, et le secteur intérieur.
Définir clairement le starting five
La stabilité est une donnée importante pour les équipes qui veulent jouer les premiers plans et en ce sens, un 5 de départ se doit d’être cohérent mais aussi installé.
En premier lieu, il faut faire un choix clair à la mène : Sexton ou Garland, mais les deux ensemble, force est de constater que ça ne marche pas et que changer en permanence, ça ne va ni pour les deux joueurs cités, mais aussi pour leurs partenaires. Ce sont deux styles très différents, et donc deux approches différentes pour les joueurs qui les entourent.
Matthew Dellavedova ne sera probablement pas prolongé (merci de lui trouver une place dans le staff par contre), et les Cavs auront besoin d’une bonne rotation à la mène en sortie de banc.
Vu ses progrès et sa marge de progression qui semble avoir reculé, j’opterai pour Sexton, qui a montré de belles choses en matière de scoring bien sûr, mais aussi des avancées significatives en défense et en lecture de jeu. Dommage que la saison soit écourtée, eton comprend bien que Cleveland milite en faveur d’une seconde bulle à 8 équipes pour continuer à monitorer son évolution.
Aux côtés de Sexton, il faut titulariser Kevin Porter Jr rapidement pour lui donner les clés de l’attaque. Il a confirmé son potentiel jusqu’à présent et pourrait encore monter plus haut en régularité si son temps de jeu augmente. Cedi Osman devrait garder la confiance placée en lui : il a su confirmer au fil du temps son bon niveau, jamais excellent mais jamais mauvais des deux côtés du terrain. On notera aussi une meilleure régularité derrière l’arc.
Pour le secteur intérieur, Love et Drummond me semble tout indiqué pour compléter ce 5 avec les qualités qu’on leur connait, reste qu’il faudra améliorer le pick and roll Sexton-Drummond (ou du moins le tester dans le lab des 8 qui se profile). Schéma-type : Love et Osman sont positionnés dans les coins, Porter à 45°, et on joue pick and roll en tête avec Drummond et Sexton. C’est ultra simpliste, mais ça créé de vrais soucis avec la plupart des équipes de la ligue.
En sortie de banc, on aurait donc une brochette Garland, Windler, McKinnie, Nance Jr et Thompson, ce qui créera des combinaisons forcément différentes, et un jeu plus varié.
Drafter ou pas ?
C’est sûr : les Cavs choisiront dans les premiers picks de la draft 2020.
Selon l’agent de Killian Hayes, interviewé dans le podcast d’Envergure, Cleveland ne cherche pas un guard. Dès lors, on en revient à la problématique des intérieurs, mais on peut aussi envisager Deni Avdija comme une option viable pour prendre place sur le banc.
Avec ses 2.05m pour 100kg le joueur israélo-serbe à de quoi séduire la franchise de l’Ohio à commencer par le fait qu’il soit pro depuis 3 ans avec le Maccabi Tel-Aviv, mais aussi double champion d’Europe avec les U20 (dont une fois MVP). La compétition, il sait déjà ce que ça implique en terme d’hygiène de vie, de sacrifice, de travail, …
C’est d’ailleurs ce qui plait chez Cedi Osman : il n’était pas forcément NBA ready mais working ready certainement et ça se traduit aujourd’hui par de belles prestations des deux côtés du terrain.
L’école européenne séduit aussi car on y développe la vision et le collectif du joueur, là où les US baignent dans le highlight depuis le plus jeune âge, et c’est précisément de ça que les Cavs ont besoin : de joueurs qui savent jouer au basket avec d’autres joueurs qui ne seront pas les meilleurs. Si vous avez cela à plusieurs postes, vos chances d’avoir un collectif efficace augmente, et votre besoin de star diminue. Pour un petit marché, c’est l’idéal.
Maintenant, pour rendre cela encore plus parfait, Cleveland devrait descendre un peu dans la draft pour ne pas le prendre trop haut, et qui sait, récupérer un petit quelque chose au passage…
Conclusion
Même si toutes les options sont sur la table, ce n’est pas le moment de se manquer en voulant faire plaisir. La NBA reste un business, et la salle rénovée aura besoin de public pour la remplir et pour cela, il n’y a pas de recette miracle, il faut gagner.
Kobi Altman a devant lui une période-clé durant laquelle il peut bâtir pour du long terme le visage de la franchise, à condition de faire les bons choix. Il a su, par le passé, faire preuve de jugeote et d’audace dans des dossiers complexes, et a su tirer la quintessence de chaque deal.
Plus que jamais en 2020, espérons que Kobi soit toujours bien Kobi !