La Capitale tire la langue. Depuis le 26 décembre 2018 et la première grave blessure de John Wall, la franchise de DC navigue à vue, sans véritable objectif collectif. Pourtant, tout n’a pas été que noirceur et douleur. Depuis lors, Bradley Beal s’est affirmé comme étant l’un des trois meilleurs arrières de la Ligue. Dāvis Bertāns, lui, est devenu l’un des snipers les plus prisés du paysage NBA, là où Troy Brown Jr, Moritz Wagner et Thomas Bryant ont démontré qu’ils pouvaient être de solides roles players.
Pour autant, même au sein d’une Conférence Est faiblarde, le roster ne semblait pas être suffisamment bon pour accrocher une place en playoffs, à l’orée de l’exercice 2019 – 2020. Chez QiBasket, nous étions unanimes (ou quasi, il y avait un irréductible dont le nom sera tu) pour les voir entre les 10 et 14è places.
Nous n’avions ni complètement raison, ni complètement tort. En effet, avec un bilan de 24 victoires pour 40 défaites lors du premier arrêt de la saison régulière, les Wizards furent conviés dans la bulle d’Orlando. Sans grand(s) espoir(s), cependant, de coiffer les Floridiens au poteau. En effet, le Magic et ses 30 victoires possédait un matelas d’avance plus que confortable. Le tout était d’éviter le tournoi qualificatif en cas de rapproché de Washington.
De rapproché, il n’y en aura clairement pas. En roue libre totale, les Wizards perdront les 7 premières rencontres qu’ils disputeront à Disney Land. Les résultats n’y étaient pas, mais la manière non plus, tant les hommes de Scott Brooks enchainèrent blow out sur blow out, avant de sauver l’honneur lors de l’ultime rencontre de la saison, remportée face aux Celtics, dont le cinq de départ démontrait que les verts n’avaient plus rien à jouer (96 – 90).
Au final, en raison de ses mauvais résultats estivaux, la franchise termina 10è de sa conférence, avec 25 victoires et 47 défaites.
Et alors que le duo Wall – Beal semblait pouvoir retrouver les terrains dès Noël, le front office en décida autrement. Suite à un blockbuster trade dont nous reparlerons ci-dessous, le meneur fût transféré à Houston, dans un switch avec Russell Westbrook. Il n’en demeure pas moins que le back-court Brodie – Beal n’a que peu d’équivalent à l’Est. De là à dire qu’en ce nouvel exercice, les Wizards peuvent afficher à nouveaux de belles prétentions collectives ?
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Jerian Grant, Vit Krejci, Ian Mahinmi, Gary Payton II, Admiral Schofield, Isaiah Thomas, John Wall, Jonathan Williams,
Ils ont rejoint l’équipe : Deni Avdija, Anthony Gill, Robin Lopez, Raul Neto, Anžejs Pasečņiks, Russell Westbrook,
Le roster à ce jour :
Meneurs : Raul Neto, Ish Smith, Russell Westbrook,
Arrières : Bradley Beal, Jérome Robinson,
Ailiers : Deni Avdija, Isaac Bonga, Troy Brown Jr,
Ailiers-forts : Dāvis Bertāns, Anthony Gill, Rui Hachimura,
Pivots : Thomas Bryant, Robin Lopez, Anžejs Pasečņiks, Moritz Wagner.
A ces 14 joueurs, notons que Marlon Taylor (meneur), Caleb Homesley (combo guard) et Yoeli Childs (ailier-fort) ont signé des 10 days contracts, là où Garrison Mathews et Cassius Winston sont two-way players.
Les tendances de l’automne
Difficile de passer à côté lorsqu’on parle des Wizards ; la discussion finit toujours par concerner John Wall et Bradley Beal. Immanquablement, lors de cette free agency 2020, le nom de l’arrière était dans toutes les rumeurs. Il faut dire qu’il pourrait fiter dans l’ensemble des rosters de la Ligue, ou presque. Certains l’envoyaient à Miami, pour définitivement faire du Heat un solide prétendant au titre NBA. D’autres en rêvent la nuit à Denver.
Pourtant, rapidement, il a été annoncé que Beal avait la ferme intention de rester à Washington, pour effectuer à nouveau une saison – qu’on espérait complète – avec un John Wall enfin revenu de ses blessures. Tous les voyants étaient donc au vert pour voir le duo fouler le parquet de la Capital One Arena.
Rassuré, le front office des Wizards ne l’a pas été longtemps. Alors que le 1e décembre 2020 sonnait la reprise de l’entraînement, le plus ancien membre de l’équipe fît part, à la surprise générale, de son envie d’être transféré. La problématique majeure, c’était de trouver un preneur pour l’immense contrat d’un Wall qui, lorsqu’il a joué au basketball pour la dernière fois, avait affronté les Pistons d’Andre Drummond et d’un Blake Griffin superstar. C’est vous dire si cela date.
Cela tombe bien ; à 2 266 kilomètres de là, une autre franchise dotée d’un back-court ultra-dominant (sur le papier, à tout le moins) connaît une situation absolument similaire. En effet, chez les Rockets, ce sont les deux franchises players, Harden et Westbrook, qui souhaitent manifestement voir si la balle est plus orange ailleurs. Si nous n’avons pas de véritables confirmations, à l’heure de la rédaction de ces lignes, sur le futur du Barbu dans le Texas, il était acté que le nouveau front-office cherchait une porte de sortie pour son meneur hyperactif, dont l’intégration dans les rangs des Rockets fût mi-figue mi-raisin.
C’est donc tout naturellement que les deux hommes furent échangés. Avec, en prime, un first pick 2023 qui est monté dans le même avion que Wall, direction Houston. Le mythique duo de la capitale aura donc finalement disputé ses dernières minutes ensemble peu après Noël 2018. Et si le départ d’un joueur qui a tant apporté à sa franchise de toujours (ou presque, du coup) représente toujours un coup de massue pour les fans, il semblerait qu’avec le peu de recul dont nous disposons, ce soient les Wizards qui sortent victorieux de la transaction.
En effet, il viennent de remplacer, gratuitement (Westbrook gagnera 1 M$ de moins que Wall l’an prochain), un meneur dont l’état de forme inquiète forcément par un Russell Westbrook revanchard après l’échec de son passage texan. On peut dire ce qu’on veut sur le MVP 2017 ; nier son talent, très au-dessus de la moyenne pourtant, reviendrait à franchir la ligne rouge de la mauvaise foi. Certes, le Brodie est un joueur spécial, dont l’absence de tir extérieur complexifie l’intégration. Rappelons cependant que Wall est loin d’être un esthète à longue distance. Surtout, les Wizards, avec Beal ou Bertāns notamment, ne sont pas démunis en matière de menace à trois-points.
Alors que le quotidien l’Équipe aurait probablement titré “Bradley Beal, parti pour rester”, c’est finalement John Wall qui s’est fait la malle. Il n’est cependant pas exclut, comme nous l’avons dit, que l’ajout de Westbrook dans ce roster, dans la conférence Est de surcroît, puisse faire passer un cap à l’équipe. Reste simplement à déterminer lequel.
Focus sur la saison 2020-21 des Wizards
Comment déployer ses ailes ?
Mettons de côté le trade de John Wall. Lorsqu’on analyse le roster de l’équipe de la capitale, on s’aperçoit que les ailes sont fournies, avec 4 à 5 joueurs qui peuvent prétendre à poser le pied sur le parquet. Numériquement, Gary Payton II et ses 4 points par soir ont été remplacés par le rookie Deni Avdija, qui n’a de rookie que le nom, tant il possède déjà une certaine expérience des matchs à enjeux. Exit également C.J. Miles, Johnathan Williams et Admiral Schofield.
Sur les postes 3 et 4, Scott Brooks se retrouve donc avec Deni Avdija, Isaac Bonga, Troy Brown Jr, Anthony Gill, Dāvis Bertāns et Rui Hachimura. Si on exclut – de manière tout à fait arbitraire – Gill de la discussion, les 5 autres peuvent légitimement souhaiter une place de titulaire. Tous possèdent en effet des arguments à faire valoir. Avdija et Hachimura ont pour eux l’idée de développer la jeunesse pleine de talents. Le japonais sort effectivement d’une saison rookie prometteuse, bien que peut-être insuffisante pour une 9è place de draft. Néanmoins, les deux internationaux représentent, pour l’heure, le futur de la franchise. Ils n’attendent qu’à poser le pied sur le terrain pour se développer. Pour autant, si Hachimura tient la corde pour débuter la rencontre dans le cinq majeur, il ne semble pas que ce soit prévu – ni souhaitable – pour Avdija.
En effet, si le transfuge Israélien semble tout à fait capable de tenir un poste d’ailier titulaire en NBA, il exprime son meilleur basket balle en main. Or, dans le cinq majeur, la gonfle sera confiée, bien évidemment, au duo Westbrook – Beal. Les deux hommes affichent exactement le même usage rate % la saison dernière : 34,4 %, soit les 5è et 6è de la Ligue. Fatalement, la balle ne serait confiée à Avdija qu’une fois toutes les morts de Pape s’il côtoie les deux superstars sur le terrain. Par contre, au sein de la second unit, l’ancien de Tel Haviv pourrait se muer en premier ball handler ; ce serait à la fois profitable pour son développement, mais également pour le jeu et la profondeur des Wizards.
Comment faire, dès lors, au poste 3 ? Deux hommes semblent en balance : Isaac Bonga et Troy Brown Jr. Comme l’indique @WizardsFrance, qu’on remercie au passage pour son aide, la meilleure option semble être la titularisation du premier nommé. L’avantage de Bonga, c’est qu’il est suffisamment long pour défendre sur les ailiers, mais également qu’il n’a pas besoin de la balle en attaque, chose importante pour les rotations de Brooks. En effet, la gonfle et le scoring devront être partagés entre Westbrook, Beal et Hachimura. Il ne ferait pas de mal à l’effectif que Bonga se mue en 3&D, même s’il n’a pas démontré, lors de ses deux premiers exercices, qu’il était capable de dégainer avec fiabilité et volume à longue distance. Pourtant, accroître son efficacité à distance permettrait d’améliorer la menace extérieur du cinq de départ, pour libérer de la place dans la raquette aux pénétrations de Westbrook.
Troy Brown Jr, qui a pris l’an dernier trois fois plus de tirs que Bonga (9 contre 3), serait donc parfait pour dynamiser la second unit aux côtés d’Avdija et de … Dāvis Bertāns. Il semblerait que le plus précis des rouquins va continuer à sortir du banc. Pourtant, son nouveau contrat (80 M$ sur 5 ans) pourrait faire de lui un titulaire en puissance au poste 4, si l’on devait suivre la doctrine du “on ne paie pas un joueur autant pour le faire sortir du banc”. Cependant, le 8è du trophée du meilleur 6è homme la saison passée est ce qu’on pourrait appelé un “faux remplaçant”. Certes, il ne commence pas la rencontre sur le parquet ; pour autant, son temps de jeu sera – à n’en point douter – celui d’un titulaire.
Profondes mais dénuées de toute star, les ailes des Wizards peuvent constituer un des points forts de l’équipe. Reste à voir comment Brooks va organiser ses changements, lui qui était plutôt partisan des rotations binaires la saison dernière. Les décisions du Head Coach vont également être particulièrement importantes en ce qui concerne les aptitudes défensives de l’équipe.
L’attaque, l’attaque, l’attaque ?
Russell Westbrook – Bradley Beal – Isaac Bonga – Rui Hachimura – Thomas Bryant. Le premier est le joueur qui a le moins contesté de tir l’an passé. En 12 ans, jamais Westbrook n’a véritablement prouvé qu’il pouvait être un bon défenseur. S’il possède indéniablement les qualités physique pour contenir le meneur adverse, il semble manquer de Q.I défensif, mais également d’envie. A côté de lui, Beal est plus concerné par la tâche défensive que son nouvel homologue, sans pour autant être un véritable lock-down. Si l’on peut se prêter au jeu des comparaisons douteuses, il semble que le back-court Stephen Curry – Klay Thompson soit mieux armé pour défendre contre les extérieurs dominants adverses.
Le problème est le même pour Hachimura. Le bonhomme et ses 2m18 d’envergure n’est pas le dernier à passer son tour de son côté du terrain. Ses errances sont d’autant plus flagrantes que Thomas Bryant, son collègue dans la raquette, a également fait l’objet de critiques pour son implication défensive la saison passée.
Il se profile donc un roster certes talentueux, mais résolument tourné vers l’offensif. Or, l’Histoire nous le rappelle fréquemment, il est plus aisé de remporter un match – et a fortiori une série de playoffs – en encaissant un panier de moins qu’en voulant à tout prix scorer un panier de plus. Ce ne sont pas les Suns de Steve Nash, ni les Mavericks de Doncic, qui prétendront l’inverse.
A défaut de se muer en véritables défenseurs élites, il est attendu des joueurs précités qu’ils réalisent les efforts défensifs nécessaires pour faire braire leur vis-à-vis. S’ils sont effectués, les Wizards commenceront à devenir pénibles à jouer. En effet, il est indéniable que l’attaque tournera à plein régime ; le roster est plein de joueur capables de mettre la balle dans le cercle. Reste à voir si en plus de faire lever les foules, Washington sera capable de remporter des matchs – à défaut de titre NBA. Pour bien figurer dans une conférence Est prenable, et – qui sait – se qualifier en playoffs tout en évitant le piège du play-in tournament, il sera impératif que l’effectif de Scott Brooks, plus mauvaise défense de la Ligue l’an dernier, se souvienne qu’un terrain de basket est doté de deux paniers, et qu’il convient de protéger le second.
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Nous venons d’en parler. Avec ce qui s’apparente comme le meilleur back-court de l’Est, des ailes profondes et une raquette peut-être en-deçà, les Wizards peuvent, voire doivent, viser la 6è place de leur conférence. La concurrence sera pourtant rude ; si certaines franchises semblent plutôt appelées à disputer le podium (en vrac, les Bucks, les Celtics, les Nets, voire les Sixers) et que d’autres n’auront pas les moyens d’être véritablement compétitives (Knicks, Pistons …), il reste un bloc homogène de franchises qui se battront pour terminer à la 6è place.
De là à imaginer les Wizards faire la nique aux Pacers ou aux Raptors ? Il y a un pas qui semble difficile – mais pas impossible – à franchir. Avec un Westbrook qui a directement affiché ses ambitions, et dont l’âge avançant réduit d’autant les possibilités de titre NBA, l’objectif collectif pour la saison à venir se divise en deux phases. Tout d’abord, se qualifier en playoffs semble être le minimum attendu de l’effectif en place. Pour rappel, il n’est pas exclut de voir le 10è de la conférence Est, à l’issue de la saison régulière, venir se bagarrer en playoffs en avril. Éviter le tournoi qualificatif constitue la seconde partie du plan. Pour, pourquoi pas, avoir un autre rôle que celui du punching-ball lors du premier tour de la post-season ?
L’avis éclairé de @WizardsFrance
Que penses-tu du transfert de John Wall ?
Ce trade, aux premiers abords, est un déchirement inexplicable car Wall représentait énormément pour la franchise, sur et en dehors du parquet. Pour autant, son retour était une inconnue, qui a disparu (pour les Wizards) avec son trade à Houston et avec l’arrivée de Westbrook. Je pense qu’à l’heure actuelle, tu peux pas avoir un meilleur deal que celui-ci, et ne pas le tenter aurait été stupide ; Westbrook voulait partir, il retrouve Scott Brooks (son entraîneur a OKC avec qui il a joué les finales NBA en 2012) qui le connaît bien et saura le mettre en confiance.
Surtout Westbrook arrive avec cette mentalité de gagnant, il veut gagner tout de suite, et son énergie va être bonne je l’espère pour les nombreux jeunes de l’effectif pour se dépasser encore plus (1er entraînement à DC, il est arrivé avec 3h d’avance). Pour moi, son association avec Beal va parfaitement fonctionner. Certains la compare déjà à celle avec Harden, mais objectivement dans un jeu sans ballon, Beal est meilleur que James Harden. Donc il est bon de parier sur une bonne entente du back-court.
Les Wizards, plus mauvaise défense de la saison passée, peuvent-ils devenir au moins correct dans l’exercice ?
Au-delà de notre duo All-star, il faut que l’ensemble de l’effectif progresse, et surtout en défense. On va avoir de belles occasions en attaque, mais derrière il va falloir être attentif en défense pour gagner des matchs et aller en playoffs en essayant d’éviter le Play-in. C’est la qu’on va attendre Troy Brown Jr, Rui Hachimura, et Thomas Bryant : sur leurs capacités à mettre dedans à plus ou moins longue distance, mais aussi sur celles d’avoir le couteau entre les dents en défense. La défense reste la grosse part du travail.