Le 15 septembre 2020 fut un véritable tourbillon. Alors qu’habituellement, à cette date, la NBA est en sommeil, un match fera désormais date. Il restera à jamais comme le jour où les Clippers, favoris, pour beaucoup, au titre NBA, ont littéralement implosé. Tout portait à croire que la franchise avait le personnel pour venir à bout de n’importe qui, notamment grâce à Kawhi Leonard. Mais alors que la franchise semblait en contrôle toute la saison, donnant l’impression de réserver le meilleur pour la fin, elle a pris l’eau face à une jeune équipe des Nuggets pourtant menée 3-1.
Entre temps, les Clippers avaient craqué 2 fois dans le money time. Là encore ils semblaient posséder une marge de manœuvre pour bomber le torse et rejoindre les Lakers en finale de conférence. Ils l’ont cru et nous aussi. Pourtant, le 15 septembre, nous avons compris que les LAC ne se réservaient pas ; ils n’avaient tout simplement pas la cohésion de groupe suffisante pour donner ce supplément d’âme et clôturer cette série en beauté.
En regardant dans le rétroviseur, difficile de ne pas voir les Clippers comme un prétendant incontournable. Profondeur d’effectif, équipe qui se classait sans soucis dans l’élite de la Ligue : 2è offensive rating, 5è defensive rating, l’autre franchise de Los Angeles donnait beaucoup de garantie. Mieux, ils le faisaient sans donner l’impression de forcer et en gérant les absences de leurs deux stars : Paul George et Kawhi Leonard. Lorsque la pandémie tomba et décala le retour de la saison, ils marquaient également des points en étant l’une des franchises qui avait paru réagir le plus efficacement à une situation inédite. Mise à disposition d’équipes pour le suivi des joueurs, mais aussi du matériel nécessaire pour rester en forme, tout portait à croire que l’ensemble du groupe avançait dans la même direction.
De fait, si l’efficacité était au rendez-vous sans toujours y associer la manière, il n’était pas évident d’imaginer qu’un tel fossé existait entre ce qui était observé, et la manière dont cette équipe vivait.
Alors que l’intersaison a révélé les dessous d’une saison cauchemar, est-ce que la baffe reçue en Playoffs va permettre à ce groupe Ô combien prometteur de se mettre dans le bon ordre de marche ?
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : JaMychal Green (Denver Nuggets), Montrezl Harrell (Los Angeles Lakers), Jonathan Motley, Joakim Noah, Justin Patton,
Ils ont rejoint l’équipe : Nicolas Batum (Charlotte Hornets), Serge Ibaka (Toronto Raptors), Luke Kennard (Detroit Pistons), Daniel Oturu, Rayjon Tucker,
Le roster à ce jour :
Meneurs : Patrick Beverley, Reggie Jackson, Lou Williams,
Arrières : Luke Kennard, Jay Scrubb, Rayjon Tucker,
Ailiers : Nicolas Batum, Paul George, Kawhi Leonard, Terance Mann,
Ailiers-forts : Marcus Morris, Patrick Patterson,
Pivots : Serge Ibaka, Mfiondu Kabengele, Daniel Oturu, Ivica Zubac.
Les tendances de l’automne
Quelques ajustements et du départ
Avec un été chargé et un groupe qui semblait aux abois, il fallait tenter de sauver les meubles du côté des Clippers. D’un côté, des pertes étaient acceptables et attendues tant l’effectif était profond et bardé de personnalités assez fortes. D’un autre, il fallait éviter la débandade. On peut dire que la mission est plus ou moins réussie.
Du côté positif, la franchise a fait l’acquisition de Serge Ibaka, qui va apporter une présence beaucoup plus viable sur le poste de pivot. A la fois capable d’amener une assise défensive dans la raquette, il est aussi le genre de joueur très adaptable des deux côtés du terrain. Pas le genre qui vous pousse à réfléchir à une option small ball pour compenser ses faiblesses. Une belle victoire qui fera certainement oublier la perte du sixième homme de l’année : Montrezl Harrell. Excellent en régulière mais hors de forme dans la bulle, l’intérieur quitte les Clippers pour les Lakers. Un transfert qui pique mais qui devrait être largement oublié après quelques prestations d’Ibaka.
Bonne nouvelle en revanche, les Clippers ont récupéré Luke Kennard. Puisque la franchise manque de création et n’a pas réussi à récupérer un free agent satisfaisant de ce point de vue, elle se dote d’une option supplémentaire en la matière. Pas de quoi révolutionner cette faiblesse à la mène, mais au moins une option supplémentaire pour ses coachs aux côtés de Reggie Jackson et Patrick Beverley. Playmaker sous-estimé, Luke Kennard pourra éventuellement développer d’autres aspects de son jeu entouré de joueurs à même d’attirer les prises à deux.
L’autre perte notable est celle de JaMychal Green. L’ailier-fort a décidé de partir chez les Nuggets. Autre source de motivation pour l’équipe certes, bien qu’on imagine qu’ils eussent préféré le conserver. Véritable couteau suisse, Green apportait un renfort bienvenue dans la raquette et fut l’un des joueurs les plus réguliers des Playoffs. Il sera finalement le départ le plus notable pour les Clippers qui n’ont pas trouvé de solution extérieure pour palier à son départ.
Un vestiaire en proie aux flammes
Aux termes de la saison 2018-2019, les Clippers attiraient par leur cohésion. Véritable underdogs, les joueurs avaient embrassé ce statut pour briller sans véritable superstar. Spectaculaires en saison régulière, brillant par leur engagement et leur attaque débridée, ils avaient poussé plus loin que prévu les doubles champions en titre, fort de leur capacité à remonter des avances improbables en ne lâchant aucune rencontre. Évidemment, si j’introduis cette section ainsi, c’est pour rappeler à quel point cette version 2.0 des Clippers s’était prouvée aux antipodes de leurs antécédents. Si les pertes de Shaï-Gilgeous Alexander et Danilo Gallinari sont largement compensées par les arrivées de Paul George et Kawhi Leonard durant l’été, elles ont en revanche, de toute évidence, entraînées une perte d’identité aussi rapide que brutale.
En débarquant, les deux superstars ont en effet fait basculer les Clippers dans un autre paradigme. D’une équipe très soudée où l’ensemble des joueurs étaient logés à la même enseigne, le vestiaire s’est soudainement transformé en un monde à deux vitesses. D’un côté, l’ancien groupe, de l’autre, Kawhi Leonard et Paul George qui ont, comme toutes les superstars, négociées leurs avantages personnels. Selon plusieurs sources, plusieurs membres du staff et plusieurs joueurs n’auraient pas appréciés la nature des avantages réclamés par Leonard et George ; monopolisation du vestiaire des Los Angeles Kings par Kawhi pour ses échauffement personnels, nombreux retards aux entraînements ou lors des vols de la part de Leonard, main mise sur les sessions d’entraînement poussant les joueurs à penser que plusieurs annulations ont été demandées par l’un ou l’autre, refus de parler aux médias dans les 45 minutes suivant la rencontre, voire éventualité que les deux stars puissent choisir quand jouer et ne pas jouer, que ce soit avant ou pendant une rencontre.
Pour ne rien aider, les avantages accordés aux stars n’auraient pas été acceptées de la même manière. Si Leonard et son double titre de MVP des finales apportaient une certaine légitimité, une partie du vestiaire aurait mal vécu que Paul George obtienne les mêmes libertés. En dépit d’une saison régulière de haut vol avant de débarquer, les échecs répétés de l’arrière en Playoffs sur les saisons précédentes auraient rendu son piédestal plus fragile.
Si les avantages réservés aux stars n’ont rien de nouveau en NBA, ils auraient le cas présent empêché la création d’une alchimie entre les nouveaux arrivants et les anciens du vestiaire. Ces problèmes additionnés aux blessures et au load management font que les Clippers n’ont finalement que très peu joué avec Leonard et George ensemble. Un souci qui a pointé le bout de son nez très rapidement, puisque les joueurs avaient dû rater une partie du training camp.
A ces embûches, s’ajoutait une autre problématique connue à l’arrivée de ces derniers : le leadership. Considéré comme taiseux, Kawhi Leonard n’a pas pris la place que l’on attend du meilleur joueur d’une équipe. Paul George n’étant pas non plus le profil idoine dans ce registre, la franchise comptait probablement sur le côté fédérateur de Doc Rivers ou autre Tyronn Lue, mais également sur le trio Beverley – Williams – Harrell, qui avait incarné jusqu’alors l’âme de cette équipe durant 2 ans. Malheureusement, il y a un gap entre jouer les fouteurs de trouble et endosser le rôle de favori. Dans ce contexte, le rôle d’aboyeur de Patrick Beverley peut vite trouver ses limites et dans le même temps, perdre en légitimité face aux talent des nouveaux arrivants. Pour ne rien arranger, Marcus Morris, débarqué en cours de saison tenta de reprendre ce rôle de voix du vestiaire, mais souffrait logiquement d’un sérieux manque de légitimité pour le faire. En réalité, comment prendre cette place en arrivant en cours de saison ?
Enfin, puisque la situation n’était pas encore assez alarmante, l’équipe s’est mise – de son propre chef – dans une position étrange : celle d’ennemi public. Entre moqueries, trashtalking et déclarations douteuses, elle s’est mise à dos une partie de la concurrence et du public. Une idée qui peut convenir à des équipes très soudées, mais certainement pas à un vestiaire entretenant des relations très diffuses. D’une certaine manière, les Clippers ont semble-t-il tenté de combler le silence qui s’était installé dans le vestiaire par quelque chose. Mais choisir l’hostilité générale comme moteur pour remplir le vide n’était probablement pas leur meilleure idée.
Tous ces éléments mis bout-à-bout ont grignoté, jusqu’à n’en rien laisser, les chances des Clippers de rivaliser avec leur voisin. Pire, face aux Nuggets, l’équipe a été incapable de réagir en collectif en gommant ses défauts. La faute à une communication inexistante et l’incapacité à se confronter les uns-les autres. Ainsi, elle n’était pas juste incapable de rivaliser avec les Lakers, elle s’est piégée dans ses propres suffisances, ne parvenant pas à s’offrir le rendez-vous tant attendu face aux Lakers. Un naufrage collectif lié à l’humain qui a secoué la franchise, dont les dirigeants, les coachs et joueurs – désormais gérés par un Tyronn Lue, remplaçant Doc Rivers – sont conscients. Un travail qui a déjà commencé pour jouer au niveau attendu une fois la post-saison venue.
Focus sur la saison 2020-21 des Clippers
Une mène toujours problématique
Nous le mentionnions l’an dernier dans la preview : les Clippers bien que remplis de talents possédaient deux faiblesses. La première, celle de n’avoir aucun véritable meneur de jeu capable de dicter le jeu et de créer pour autrui avec régularité. Pour compenser, les Clippers ont usé et abusé du pick & roll autour de Kawhi Leonard (qui a nettement progressé à la passe cette saison) et de Paul George dont le handle n’est pas nécessairement à la hauteur de ses talents de shooteur.
Les Clippers se sont beaucoup appuyés sur le P&R, mais également l’isolation et le post-up. Autrement dit, la base du basketball et deux types d’action qui se reposent sur l’exploit individuel. A l’inverse, ils n’étaient pas bons en transition car pas réellement dotés de joueurs pour pousser à la relance. Au final, on retrouve l’équipe en 26è position en termes de circulation de balle. Symbole de la difficulté de l’équipe à créer un premier décalage. En effet, ni Kawhi, ni George ne sont des joueurs au premier pas dévastateurs. En cela, cela signifie que l’équipe se repose vraiment sur le talent individuel pour briller.
L’ajout de Reggie Jackson en cours de saison passée et désormais de Luke Kennard apportent donc quelques options derrière Beverley. Mais soyons honnête, cela ne règle toujours pas les problèmes de la franchise, qui avait une marge de manœuvre trop limitée, sur un marché asséché, pour trouver ce profil de meneur titulaire d’une équipe prétendante au titre.
De fait, il va falloir se reposer sur l’existant. Le talent de ses deux stars qui vont devoir se débrouiller pour continuer leur progression en tant que principaux créateurs et… de l’ajustement. Lou Williams continuera de porter de nombreux ballons en sortie de banc, et Lue pourra s’appuyer sur Kennard et Jackson. Le premier représente une arrivée intrigante. En effet, s’il est un playmaker intéressant, il a aussi montré l’an passé sur un court échantillon la faculté à être un véritable danger au scoring (15,8pts par rencontre, 39,9% à 3 points). Pour vraiment obliger les défenseurs à faire un choix, il devra être régulier dans sa faculté à scorer, et si le progrès affiché l’an passé se confirme, alors il pourrait devenir une addition sous-estimée pour l’équipe. Pour cela, il faudra trouver sa place dans la rotation d’une part, mais aussi rester en bonne santé. Un détail qui compte puisque le joueur a raté 73 rencontres sur les deux dernières saisons.
Serge Ibaka, une addition énorme ?
Si les Clippers ont craqué face aux Nuggets, c’est que leur cohésion fut insuffisante pour trouver les armes. Toutefois, cette défaite en demi-finale de conférence s’est aussi construite sur l’autre faiblesse mentionnée l’été dernier : le poste de pivot. Avec les seuls Ivica Zubac et Montrezl Harrell pour défendre l’arceau, il allait sans dire que la raquette n’était pas ce qu’il y avait de plus intimidant. Dans une saison où les Lakers ont prouvé qu’on pouvait toujours obtenir le titre avec une palanquée d’intérieurs, cette faiblesse s’est avérée d’autant plus dommageable.
Dès lors, au moment d’affronter Nikola Jokic, les Clippers savaient que défendre le Serbe serait, au mieux, compliqué. Ce fut malheureusement pire, puisqu’ils ne trouvèrent jamais la solution pour le contenir. Zubac ne boxant pas dans la même catégorie et Harrell étant devenu inutilisable. Ll’équipe a appris la leçon à la dure : faire l’impasse sur le poste 5 n’est pas réellement une possibilité. De fait, il n’était pas si surprenant d’apprendre que les efforts n’avaient pas été faits cette intersaison pour conserver Harrell ; la franchise se concentrant sur la piste Ibaka. L’ex-Raptors s’est avéré très précieux dans la quête du titre 2019 et peut apporter une solidité défensive qui faisait défaut aux Clippers face à des intérieurs costauds et dotés de bonnes mains. Dès lors, si la franchise possédait une excellente défense l’an dernier, il se pourrait qu’elle soit d’une part plus impressionnante encore cette saison, mais en prime, qu’elle se soit achetée un surplus adaptabilité bienvenu pour les Playoffs.
Excellente présence au rebond défensif, assez dur à poster en raison de sa force dans le haut du corps et encore capable d’apporter de la dissuasion face aux extérieurs, Ibaka est une bonne prise. Mieux, si sa défense n’était pas parfaite en saison régulière, il arrive à passer à un régime bien supérieur quand l’intensité augmente. Pour l’exemple, les Raptors avaient un defensive rating de 105,5 en régulière avec Ibaka en pivot. Il est passé à 101,5 une fois les joutes décisives lancées. Suffisant pour monter encore dans la hiérarchie défensive de la NBA ? Possible.
Quelle connexion en sortie de banc ?
Si les Clippers ont été une équipe redoutable ces dernières saisons, c’était notamment grâce à la connexion Lou Williams / Montrezl Harrell, qui apportait un feu offensif détonnant en sortie de banc. Tous les deux auréolés de titre de meilleur sixième homme, les LAC se sont départis de l’intérieur. Un coup dur ?
On peut en somme en douter. L’arrivée d’Ibaka renvoie Ivica Zubac sur le banc. S’il n’est pas un roller aussi agressif qu’Harrell, la connexion avec Lou Williams semble efficace. En pré-saison, toutes les actions en P&R appelées par Williams ont été jouées avec le pivot bosniaque. Il n’apportera certainement pas autant de points que son ancien back-up, mais va créer de l’espace pour Williams qui a une panoplie suffisamment complète pour prendre un plus grand nombre de tirs à sa charge. Si la défense souhaite arrêter Lou, Zubac a d’assez bonnes mains pour sanctionner. Cela semble d’une part suffisant en sortie de banc, par ailleurs, la profondeur de l’équipe reste très importante avec Reggie Jackson, Nicolas Batum, Luke Kennard et Patrick Patterson. Quant à Terance Mann, il montre de belles choses jusqu’ici et pourrait très bien s’avérer très utile selon les match-ups.
Bien que le one-two punch Williams-Harrell ait fait parler, leur défense restait une véritable problématique. La dissolution de ce tandem n’est donc pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour les Clippers qui seront peut-être moins électriques mais gardent une profondeur plus que suffisante pour compenser cette perte en scoring.
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Malgré le démenti de Paul George, l’objectif n’a jamais été autre que de gagner des titres depuis qu’il est arrivé aux côtés de Kawhi Leonard. En cela, évidemment, rien n’a changé pour les Clippers. Au vu des éléments sortis autour de l’état du vestiaire, les deux hommes auront fort à faire pour construire l’esprit de groupe qui leur a tant fait défaut l’an passé. Individuellement, cette saison doit également être un mea culpa de la part des deux stars : ils seront évidemment attendus plus souvent en tenue pour créer les automatismes nécessaires mais devront, surtout, faire oublier la débâcle du 15 septembre.
Non seulement cette défaite peut avoir laissé des traces collectives, mais elle représente aussi un échec individuel tant pour l’un que pour l’autre. Si Kawhi avait réalisé des Playoffs de haute voltige face aux Mavericks, Paul George avait lui été extrêmement décevant face aux troupes de Luka Doncic. Meilleur face aux Nuggets, il s’agit désormais de préparer l’équipe pour l’adversité des Playoffs afin de réellement honorer ce statut de prétendant majeur à la victoire finale. Sur le plan comptable, être dans les hauteurs des ratings tant en défense qu’en attaque est quasiment une évidence pour l’équipe. Il faut confirmer cette année, peaufiner, et toujours tenter de faire les bonnes affaires sur le marché pour combler des petites lacunes.
Peu d’équipes peuvent clamer avoir autant entre leurs mains la faculté à régler leurs problèmes. A eux de prendre le problème à bras-le-corps.
L’avis éclairé, avec @ClippersFR
Grosses rumeurs sur la dégradation du vestiaire, est-ce que cette intersaison te semble assez pour construire ce qui a manqué ?
Honnêtement, j’ai encore quelques craintes concernant cet effectif et l’entente globale au sein du groupe, mais je pense que cela ne pourra pas être pire que la saison passée. Les joueurs sont récemment tous passés au micro pour en parler, lâcher ce qu’il avaient sur le cœur, reconnaître leurs torts et leurs erreurs, et je pense que ça devrait les aider à avancer, sans compter qu’il manquait réellement un « vécu collectif » la saison dernière, ce qui devrait se corriger légèrement cette année. Trezz était par ailleurs l’un des éléments qui posaient problème dans le vestiaire. Pas forcément par son comportement, mais pas le fait qu’il n’hésitait jamais à lâcher des bombes aux médias en scred, afin que les infos sur notre vestiaire en lambeaux soient révélées. Maintenant, cela va également beaucoup dépendre du changement de comportement de PG et Kawhi, deux stars aux privilèges scandaleux qui doivent faire des efforts pour revenir au cœur du groupe, leader ce dernier et devenir de vrais exemples.
Des départs, des arrivées, que penses-tu du niveau de l’équipe comparé à la saison passée ?
Globalement, cela devrait, sur le papier, être assez proche finalement, bien que je pense que ce groupe soit plus « cohérent » et que les nouveaux gars « fittent » mieux que leurs prédécesseurs. Remplacer Shamet par Kennard est un pur upgrade en termes de playmaking et d’arme offensive globale, la perte de Trezz a largement été compensée par l’arrivée d’un Ibaka dont nous avions cruellement besoin (défense, taille, mentoring, relation avec Kawhi…), surtout arrivés en Playoffs. Et idem pour Batum : certes, il sort d’un passage très compliqué aux Hornets, mais il l’a lui-même reconnu : c’était un enfer dont il compte bien se sortir dans un nouveau cadre de contender, où on lui permettra de s’exprimer tranquillement en sortie de banc. Il apporte encore un peu de taille, de défense, ce qu’on venait de perdre avec le départ de JaMychal Green. Les quelques additions en fond de banc comme Ky Bowman, ou nos rookies très intéressants que sont Oturu et Scrubbs, font également du bien. Manque toujours cependant un réel playmaker pour faire tourner quelques systèmes dans cette équipe, mais à voir si Kawhi ou PG seront capables de s’améliorer dans ce registre cette année.
Beaucoup de load management l’an passé, penses-tu qu’il y aura moins de précaution et une plus grosse saison régulière cette saison ?
C’est clair qu’à la longue, le load-management était devenu très lourd à supporter en tant que fan. Bien qu’on ait vu le résultat probant en Playoffs, avec un Kawhi physiquement en grande forme et statistiquement impressionnant, même si au final, on a un peu un sentiment de « tout ça pour ça » quand on voit que le mental a fini par craquer au second tour. D’un point de vue physique, nul doute que ça a permis à un Kawhi de ne pas du tout se blesser et d’être à 110% en septembre, mais je ne vous cache que j’aimerais bien le voir un peu moins choisir ses matchs et jouer quelques back-to-backs cette saison. D’autant que d’un point de vue cohésion de groupe et vécu collectif, un peu moins de load-management aiderait les Clippers, à terme, à mieux jouer ensemble, avec un rythme moins haché par ces pauses et repos incessants.
Comment vois-tu les Clippers par rapport aux concurrents ?
C’est là que ça se complique : j’ai l’impression que dans le même temps, à l’Ouest, tout le monde (ou presque) s’est renforcé. Les Lakers sortent une intersaison titanesque après le titre, les Nuggets et les Mavs vont voir leurs jeunes superstars continuer de progresser, si la sauce prend aux Rockets et que Wall et Cousins sont en forme, ça peut être très chiant… et je ne parle même pas des Suns, Blazers, ou même Warriors, Grizzlies ou Pelicans. Et en plus, les Nets récupèrent Durant cette année. Ça va clairement être corsé, mais à nous de prouver que cette équipe se doit d’être aussi belle sur un parquet qu’elle ne l’est sur le papier. En évitant de choke, si possible.