C’est désormais officiel et cela n’a véritablement surpris personne : Russell Westbrook, en claquant son 182è triple-double, vient de dépasser l’antique record d’Oscar Robertson, qui tenait depuis près de 50 ans. En la matière, les deux joueurs font office de mastodontes, au point de reléguer des icones telles que Magic Johnson, Jason Kidd ou LeBron James à simples amateurs.
Pour éviter de vous infliger un énième article sur l’historique performance de l’actuel meneur des Wizards, nous vous proposons de confronter les chiffres proposés par Westbrook sur ses 182 triples-doubles avec ceux des 181 occurrences de Robertson. L’objectif n’est clairement pas de “consacrer” un “Roi” du triple-double – ce serait aussi futile qu’arrogant -, mais plutôt d’apprécier les forces et les spécificités de ces deux joueurs qui ont, à leur manière, marqué leur temps. Pour cela, nous vous proposons de procéder par duels.
Plongez avec nous dans un monde de chiffres et de tableaux pour débroussailler ces 363 rencontres*.
*les chiffres ci-dessous ont été figés après le 182è triple-double de Russell Westbrook.
La bataille du scoring
Commençons par un disclaimer certes évident, mais inévitable. Nous allons confronter au sein de cet article les prestations d’un joueur qui évoluait à une époque où nos grands-parents n’étaient pas tous majeurs avec celles d’un de nos contemporains. Certains arguments, qui se tiennent tout à fait, tendraient à démontrer que Westbrook évolue dans une ligue de 30 équipes, avec une compétitivité incomparable avec celle connue par Robertson. D’autres, pas moins valables, estimeraient que Big O jouait en Converse All Star, avec un salaire “de misère” et dans une ligue semi-professionnelle qui possédait d’innombrables travers (matériel, préparation …). Dès lors, faisons fi de ces disparités, qu’il est de toute manière impossible à mettre sur un pied d’égalité.
Le premier acte de ce duel de titans se déroule sur le terrain du scoring. Tentons de procéder de manière similaire pour chaque catégories statistiques, et commençons par la moyenne des points inscrits par les deux joueurs lorsqu’ils terminèrent leur match avec un triple-double de plus dans leur besace.
Ainsi, sur ses 181 occurrences, Oscar Robertson inscrivit la bagatelle de 5 696 points. Si vous vous demandez comment nous sommes arrivés à ce total, dites-vous que l’un d’entre nous ne savait pas quoi faire de son mardi soir et recensa l’ensemble des statistiques match par match – merci de ne pas le juger. 5 696 points, donc. Soit 31,5 points de moyenne lors de ses “TD”. Étonnant, lorsque l’on sait que même lors de son prime, Robertson n’a jamais terminé une saison avec cette moyenne de points (31,4 en 1963-64, 31,3 en 1965-66, certes).
Cela démontre que l’enfant de Charlotte se sublimait globalement au scoring lorsqu’il réalisait ses triples-doubles. Notons d’ailleurs que 148 de ses 181 triples-doubles se concentrent dans ses 6 premières saisons dans la Grande Ligue. Cela explique que si l’on effectue la moyenne de ses statistiques sur ses 5 premières saisons, nous arrivon.. Sur un triple-double de moyenne : 30,3 points, 10,4 rebonds, 10,6 passes décisives à 48,6 % au tir… Oui, sur 5 ans.
Quid de Westbrook ? Critiqué pour sa manie à envoyer quelque vilaines saucisses en raison d’un tir par toujours très fiable, l’actuel numéro 4 de Washington possède un avantage que n’avait pas son homologue : la ligne à trois-points. De là à dire que RussWest score plus que Robertson lorsqu’il réalise son triple-double quotidien, il y a un pas … qui est loin d’être franchi.
En effet, sur les 182 rencontres, Westrbook scora 4 501 points, soit près de 1 200 de moins que son ainé. Une moyenne de 24,7 points / triple-double, ce qui se rapproche déjà plus de la moyenne globale de l’animal, qui marque 23,2 points par soir depuis le début de sa carrière, en 2008.
Notons toutefois qu’à l’inverse de Robertson, Westbrook compulse ses triples-doubles en “fin de carrière” et que sur l’ensemble des 5 dernières saisons (depuis 2016-17, donc), il atteint également le triple-double de moyenne : 26 points, 10,3 rebonds, 10,1 passes décisives. Bestial.
S’il est indubitable que Robertson dispose d’un plancher au scoring supérieur à celui du MVP de 2017, ce dernier possède en revanche un plafond plus élevé. Pour le démontrer, nous avons pris le parti de recenser le nombre de triples-doubles avec au moins 40 points inscrits, puis avec a minima 50 points.
Dans la première catégorie, le plafond de l’ex-coéquipier d’Abdul-Jabbar se ressent encore, comme vous le retrouver dans le tableau ci-dessous, tout droit sorti d’une version préhistorique d’un tableur libre de droit :
Avec 22 performances du genre, Robertson domine donc Westbrook de la tête et des épaules. Il faut dire que sur ses 107 derniers triples-doubles, RussWest n’a atteint ou dépassé la barre des 40 points qu’à deux reprises, dont une fois très récemment, avec 42 points inscrit contre les Mavericks. À l’inverse, Robertson su être particulièrement régulier en la matière, en trouvant le moyen de scorer jusqu’au moment de prendre sa retraite.
Au jeu des pourcentages, il s’avère que Westbrook a inscrit a minima 40 points dans 4,95 % de ses triples-doubles, contre 12,15 % pour son homologue.
Pourtant, si on creuse un petit peu, on s’aperçoit que le boulimique contemporain n’a pas à rougir en matière de scoring, et cela pour deux raisons majeures. Celles-ci, spoiler, lui permettent de virer en tête dans ce duel fabriqué de toutes pièces.
Tout d’abord, on s’aperçoit qu’au mieux, Robertson scora 48 points dans un triple-double (48 points, 10 rebonds, 10 passes décisives, dans une défaite), tandis que Westbrook atteignit la barre symbolique des 50 points à trois reprises (1,65 % du temps, donc). On se souvient, par exemple, de ses 50 points inscrits contre Denver, match au sein duquel OKC vint à bout des Coloradiens sur un buzzer de RW (victoire +1, 50 points, 14 rebonds, 16 passes décisives). On se souvient peut être moins que 10 jours avant, le bonhomme devenait tout bonnement recordman du nombre de points inscrits au sein d’un triple-double, avec 57 unités dans une victoire contre le Magic. Même Wilt Chamberlain dû s’incliner et depuis lors, seul James Harden est venu coiffer son ancien coéquipier (60 points … contre le Magic).
Ainsi, sur les 14 triples-doubles de l’Histoire où les 50 points ont été atteints, on retrouve le nom de Westbrook à trois reprises. Encore une fois, c’est plus que Chamberlain (2), Baylor (2), Abdul-Jabbar (1) ou, a fortiori, Robertson (0). Harden reste, encore une fois, seul dans son monde (5).
Nous arrivons donc à la conclusion de cette bataille du scoring ; si Robertson possède un plancher plus élevé, Westbrook a, quant à lui, atteint des sommets inaccessibles pour son prédécesseur. Octroyons lui donc 2 points : 1 pour le nombre de triples-doubles avec au moins 50 points et un second parce que c’est lui qui a atteint la marque la plus haute, avec ses 57 points.
Oscar Robertson 1 – 2 Russell Westbrook.
***
La bagarre du rebonds
Alors que le scoring n’en est pas spécialement dépendant, la taille est un élément prépondérant de la prise de rebond(s). En cela, Robertson possède un double avantage : il mesure 6 centimètres de plus que son concurrent (1m96 contre 1m90), et évoluait surtout à une période où, hormis les golgoths de la peinture, la NBA n’était pas véritablement verticale.
En carrière, pourtant, les deux joueurs affichent la même statistique au rebond : 7,5 / match. D’ailleurs, pour ne parler que de la saison qui vient de s’achever, Westbrook affiche la 6è meilleure moyenne de la ligue, avec 11,5 rebonds, devant quelques pivots comme Jokic, Embiid ou Ayton.
L’évolution actuelle du jeu, toute tournée vers le tir longue distance, favorise cette fois-ci la prise de rebonds par Westbrook par rapport au Big O. En effet, les tirs lointains engendrent souvent de “longs rebonds”, et il n’est donc plus nécessaire de se retrouver sous le panier pour cueillir la balle.
Alors que l’écart au scoring est conséquent, ce duel sur les rebonds se joue sur des détails.
Sur ses 181 triples-doubles, Robertson attrapa 2 326 rebonds, tandis que Westbrook (avec un match de plus, certes), en goba 2 321 : une moyenne de 12,8 rebonds / triple-double pour l’ancien de Milwaukee, et de 12,7 pour le coéquipier de Bradley Beal.
À l’instar de notre schéma précédent, apprécions le nombre de rebonds pris par les deux athlètes à travers deux prismes. Pour se réserver les performances d’exception, concentrons-nous tout d’abord sur les matchs terminés par l’un et l’autre avec 16 à 19 rebonds, avant d’apprécier le nombre de fois où la barre des 20 prises a été au moins atteinte.
La première de ces subdivisions n’apporte aucun changement à notre duel et ne permet pas de consacrer le “meilleur” rebondeur des deux. Et pour cause, chacun des deux larrons a entériné son triple-double avec 16 à 19 rebonds à 15 reprises exactement. On pourrait alors énoncer, comme le suggère pour qui a l’œil le graphique ci-dessous, que le pourcentage de Robertson en la matière est légèrement plus élevé (moins de matchs, donc meilleur pourcentage). Toutefois, si on apprécie la chose chronologiquement, Westbrook n’accuse aucun retard, puisqu’il a atteint les 15 performances du genre le jour de son … 181è triple-double.
Pour la première et la seule fois de notre développement, les deux arrières se retrouvent donc à parfaite égalité. Notons tout de même que 4 des 15 triples-doubles terminés par Westbrook avec un total de [16-19] rebonds ont été disputées en 2020-21 ; c’est simplement une fois de moins qu’en 2016-17, année de son titre de MVP.
Cependant, il est une performance que le meneur de Washington a réalisé plusieurs fois cette année, alors qu’il ne l’avait fait qu’une fois depuis le début de sa carrière : atteindre et même dépasser la barre des 20 rebonds au sein d’un triple-double. En effet, on retrouve trace d’une pointe à 20 rebonds et 19 passes décisives en 2018, mais la beast n’avait alors inscrit que 6 petits points. De la même manière, certain(e)s gardent en mémoire son double-triple-double en 20-20-20, dont nous reparlerons ci-dessous.
Ainsi donc, on dénombre 3 triples-doubles avec au moins 20 rebonds captés, dont deux très récents. Avec ces trois occurrences, il se classe en 2è position dans ce classement all-time officieux, juste devant Fat Lever, mais surtout derrière … Oscar Robertson. Ici, il n’y a pas match, et le champion 1971 démontre que son surnom de Big O est loin d’être usurpé.
Avec 8 triples-doubles à plus de 20 rebonds, le combo guard a tout bonnement réalisé la moitié des performances du genre dans l’histoire. On ne retrouve que Luka Doncic, Guy Rodgers et Shai Gilgeous-Alexander dans ce classement (triple-double +19 points chez un arrière), au-delà de Westbrook et Lever, déjà cités. Enfin, cerise sur l’immense gâteau, si on se cantonne au backcourt, c’est encore et toujours Robertson qui a attrapé le plus de rebond au cours d’un triple-double, avec 22 prises (37 points, 22 rebonds, 11 passes décisives, dans une victoire). Son adversaire du jour, lui, se “contente” de 21 rebonds, dans une rencontre disputée et remportée le 3 mai dernier face à Indiana : 14 points, 21 rebonds, 24 passes décisives.
Il semble désormais possible d’affirmer qu’au jeu de la cueillette sous les arceaux, Oscar Robertson surpasse, à tout le moins dans les chiffres bruts (les statistiques avancées comme de TRB % n’existaient pas de son temps), un Russell Westbrook qui n’est pourtant pas un manche dans l’exercice. Au-delà du total, il remporte donc le point donné pour le record sur un match et celui du nombres de triple-double réalisé avec au moins 20 rebonds et en profite donc pour creuser l’écart.
Oscar Robertson 4 – 2 Russell Westbrook
***
Le duel des passes décisives
Le match n’est pas pour autant plié et le focus sur les passes décisives semble profiter à notre contemporain. Certes, une fois encore, c’est Big O qui affiche le plus de passes totales au sein de ses triples-doubles, d’un fin cheveux : 2 373 contre 2 352. Cela lui permet de dépasser la moyenne de 13 passes / triple-double (13,1), tandis que Westbrook n’en est pas loin (12,9). Robertson fonde son “succès” sur sa constance ; alors qu’il scorait et attrapait bien moins de rebonds en fin de carrière (et même, en grossissant le trait, sur ses 5 dernières saisons), il a toujours distribué énormément de passes décisives.
Les plus taquins peuvent avancer que donner la balle à Abdul-Jabbar augmente certainement plus facilement le total de passes décisives que de l’envoyer à Robin Lopez ou Steven Adams, et ils n’auraient pas tort.
Cela se retrouve également dans le nombre de triples-doubles terminés avec [16-19] caviars offerts aux copains, où il n’y a pas vraiment de match. Encore une fois, la terrible constance de Robertson lui permet de dominer assez largement son homologue :
Pourtant, la tâche n’était pas aisée ; avec 21 triples-doubles recensés avec [16-19] passes décisives, Westbrook se retrouve sur la 3è place du podium all-time, à 6 longueurs de Magic Johnson et 13 de l’insatiable Big O. À eux trois, ils présentent pas loin de la moitié des triples-doubles du genre (82 sur 169), signe qu’en matière de passes décisives, ils n’ont rien à envier à personne. Bien évidemment, handicapé par son physique “classique”, Stockton n’a jamais réalisé le moindre triple-double (career high bloqué à 9 rebonds), mais peut largement venir discuter avec ses trois camarades en matière de passes décisives.
Quoi qu’il en soit, sur cette catégorie intermédiaire, Robertson creuse encore un peu plus l’écart avec Westbrook. Pourtant, en dépit de tout cela, Wesbrook s’avère en réalité être encore plus impressionnant que son adversaire dans l’exercice de la passe décisive.
Tout d’abord, il est celui qui, dans l’Histoire, a réalisé le plus de triple-double avec au moins 20 passes décisives. Par exemple, Wilt Chamberlain, Luka Doncic, Isiah Thomas ou Fat Lever ne l’ont fait qu’une fois. Oscar Robertson, lui, est bloqué à 3 occurrences, battu en la matière par Magic Johnson (4) et Rajon Rondo (4 également). RussWest, lui, n’est pas près d’être rattrapé, puisque ses 6 performances du genre font qu’il est seul dans sa galaxie.
Encore une fois, il passa la démultipliée en 2020-21 : au départ de la saison, il était ex-aequo avec Robertson, et c’était d’ailleurs encore le cas jusqu’au 28 mars 2021. Sur les 24 triples-doubles avec au moins 20 passes décisives de son Histoire, la NBA en a vus 4 depuis cette date :
- Russell Westbrook (29/03/21) : 35 points, 14 rebonds et 21 passes décisives dans une victoire face aux Lakers,
- Luka Doncic (01/05/21) : 31 points, 12 rebonds et 20 passes décisives dans une victoire face à … Washington,
- Russell Westbrook (03/05/21) : 14 points, 17 rebonds et 24 passes décisives, dans une victoire face à Indiana,
- Russell Westbrook (10/05/21): 28 points, 13 rebonds et 21 passes décisives dans une défaite face aux Hawks.
Ce qui fait que depuis le début du mois de mai 2021 (pour rappel, les chiffres ont été gelés au soir du 182è triple-double), Westbrook affiche 17,2 passes décisives de moyenne. Dès lors, rien n’interdit aux plus rêveurs d’entre nous de voir le meneur des Wizards atteindre un jour les 10 triples-doubles avec 20 passes. Ce serait alors au moins le double que n’importe quel autre joueur ayant un jour foulé un parquet de la Grande Ligue.
De surcroît, il remporte également le point octroyé pour le “record” de passes distribuées au sein d’un triple-double. Robertson s’est arrêté à 22 passes à deux reprises. Westbrook a également réalisé une performance à 22 passes décisives (26 / 11 / 22), mais a surtout atteint les 24 caviars à deux reprises, ce qui constitue un record all-time, copartagé avec Rondo et Thomas. Au-delà de sa rencontre disputée en début du mois contre les Pacers, dont nous avons déjà parlé, citons son extraordinaire match conclu avec 24 points, 13 rebonds et 24 passes décisives dans une défaite concédée face aux Spurs le 10 janvier 2019.
Encore une fois, on constate que le plancher de Robertson est plus haut que celui de Westbrook et que la logique s’inverse si l’on en vient à s’intéresser aux plafonds des deux joueurs.
Oscar Robertson 5 – 4 Russell Westbrook
***
L’affrontement du “plus beau” triple-double
Entrons, avec cette avant-dernière catégorie, dans le purement subjectif. Les résultats qui vont suivre résultent toutefois d’un sondage interne, quand bien même l’échantillon des votants ne permet bien évidemment pas d’être représentatif.
Avant de déterminer qui de OR ou de RW a réalisé le plus beau triple-double, il convient de sélectionner la plus belle prestation de chacun des deux monstres. Opérons par ordre chronologique ; pour Robertson, nous avons réalisé une présélection des deux triples-doubles qui nous paraissent être les plus impressionnants, en raison des chiffres et du contexte. Présentons-les rapidement pour que vous puissiez vous-aussi vous faire votre propre idée :
- 42 points, 21 rebonds, 10 passes décisives dans une victoire (+9) face aux Bullets de Walt Bellamy et Bailey Howell,
- 37 points, 22 rebonds, 11 passes décisives dans une victoire (+4) face aux Celtics de Bill Russell, Sam Jones, Tom Heinsohn et John Havlicek.
D’un côté, vous avez le seul est unique triple-double de tous les temps avec 40 points et 20 rebonds pour un arrière. En effet, les 9 autres ont été réalisés par Abdul-Jabbar (1), Elgin Baylor (1), Wilt Chamberlain (6) et DeMarcus Cousins (1). En cela, cela vous positionne la performance de Robertson en cette soirée de janvier 1965. Par contre, l’adversité, elle, n’était pas véritablement au rendez-vous, puisque les Bullets avaient un bilan très légèrement négatif au moment de la rencontre.
De l’autre, on ne retrouve pas beaucoup plus de triples-doubles en 37/22, avec 14 occurrences en tout et pour tout. Encore une fois, Robertson est l’unique arrière du groupe. De surcroît, il profite de la rencontre pour claquer son record de rebonds au cours d’un triple-double et le tout, s’il-vous-plaît, face aux hégémoniques Celtics, qui présentaient un bilan de 24 victoires pour 4 défaites avant le match.
Notons à toutes fins utiles que la précision au tir est assez similaire sur les deux rencontres : 16/31 au tir et 10/11 aux lancers face à Baltimore, 14/31 et 9/9 contre Boston. Dès lors, nous avons tranché pour le second d’entre eux, et considérons que le “plus beau” triple-double de la carrière d’Oscar Robertson est constitué des chiffres suivants : 37 points, 22 rebonds, 11 passes décisives.
La présélection opérée pour Westbrook est composée de trois performances :
- 57 points, 13 rebonds, 11 passes décisives face au Magic en 2017,
- 50 points, 16 rebonds, 10 passes décisives face aux Nuggets en 2017,
- 20 points, 20 rebonds, 21 passes décisives face aux Lakers en 2019.
La première constitue la seconde marque aux points pour un triple-double, comme nous l’avons déjà mentionné. Westbrook s’est, en plus de cela, payé le luxe d’être particulièrement clutch pour venir à bout d’Orlando, en décrochant la prolongation d’un trois-points à 7 secondes de la sirène. Ce match de mammouth est ponctué par son 21 / 40 au tir, dont 40 % de loin.
La seconde reste dans les mémoires pour avoir cloué le cercueil des ambitions de playoffs de valeureux Nuggets. En tirant à 53 % dont 41,7 % de loin sur 12 tentatives, le meneur d’OKC réalisa son 42è triple-double de la saison (record all-time, devant les 41 de Robertson) d’un trois-points buzzer beater qui scella la 9è place de Denver au sein de la conférence ouest.
La troisième est quasi-unique en son genre. En effet, la NBA n’a vu un double-triple-double qu’à deux reprises. Pour se rappeler du premier, il faut remonter au 2 février 1968 avec les 22 points, 25 rebonds et 21 passes décisives de Wilt Chamberlain. Toutefois, ce dernier était le pivot le plus dominant de son époque. Westbrook, lui, est un meneur qui évoluait aux côtés d’un Paul George en mode MVP, ou presque. Dès lors, ses 20 points, 20 rebonds et 21 passes décisives un soir d’avril 2019 constitue un véritable exploit et s’avère être, pour nous, son plus beau triple-double en carrière.
Dès lors, il a fallu trancher entre les deux “finalistes”, et notre vote est naturellement revenu au double-triple-double de Westbrook, pour sa portée véritablement historique. Par ce biais, l’avance de Robertson dans notre duel fond comme neige sous cagnard.
Oscar Robertson 5 – 5 Russell Westbrook
***
La guerre des victoires
Faire des triples-doubles, c’est bien. Cependant, dans la défaite, la performance n’est pas pleinement satisfaisante, puisque seule la victoire est belle, a fortiori dans le sport américain qui ne laisse que peu de place au romantisme.
Avant d’en venir aux statistiques des deux joueurs, notons que lorsqu’ils parviennent à terminer leur rencontre en triple-double, la victoire est bien souvent présente. Ainsi, sur les 363 matchs analysés, on dénombre pas moins de 269 (soit 74,1 %) victoires. En guise de comparaison, rappelons que le Jazz d’Utah, meilleure équipe de la saison régulière 2020-21, a remporté 72,2 % de ses matchs. Dès lors, si l’on peut accuser les deux bonhommes de stats padding, force est de constater que leurs tripes-doubles aboutissaient à autre chose que garnir le placard des matchs références : ils mènent très souvent au succès.
Encore une fois, les deux joueurs affichent des chiffres très similaires. Cependant, les pourcentages viennent faire basculer la balance vers l’un d’entre eux :
Chaque observateur avisé sait en effet que RussWest ne fait pas ses statistiques dans le vide complet. Ainsi donc, avec 75,3 % de victoires lors d’un triple-double, il surpasse d’assez loin son taux de victoire global (611 victoires sur 943 matchs de saison régulière, soit 64,8 % de victoires). Surtout, il gagne plus souvent que Robertson, qui remportait 72,9 % des matchs terminés en triple-double (669 victoires sur 1 040 matchs de saison régulière, soit 64,3 % de victoires). Précisons tout de même que Big O remporta énormément de rencontres lors de ses 4 dernières saisons, disputées à Milwaukee, au sein desquelles il ne réalisa “que” 5 triples-doubles en tout. Sur sa période Royals, on tombe sur le ratio suivant : 56 % de matchs gagnés.
Dès lors, octroyons un point à Russell Westbrook, qui possède un plus haut pourcentage de victoire en cas de triple-double, et un à Oscar Robertson qui, lorsqu’il réalisait sa performance fétiche, possède un impact supérieur dans la victoire des siens que ne le fait Westbrook (+ 10,8 points pour ce dernier, + 16,8 points pour OR, par prorata).
Voici donc notre score final :
Oscar Robertson 6 – 6 Russell Westbrook.
***
La synthèse sera courte. L’idée de cet article n’était pas de déterminer qui est le plus grand champion que le triple-double ait vu, loin s’en faut. À l’inverse, l’objectif était de présenter les chiffres réalisés par ces deux incroyables athlètes, en mettant en avant leur plancher, leur plafond, leurs records et leur impact. En somme, il n’y a ici personne à couronner, ce que démontre ironiquement (et sans le vouloir) le score final. Par contre, il y a a minima 363 performances qui méritent plus qu’un coup d’œil.