La March Madness s’est terminée il y a plusieurs semaines, la saison régulière NBA vient tout juste de nous offrir son dernier lot de rebondissements, de soirs épiques et de performances de haut niveau. Mais chez QI ce qui nous emballe c’est la Draft pleine de talents qui se profile et avec elle ses nombreux prospects. L’occasion parfaite pour revenir sur une université dont nous avons parlé plusieurs fois (et dont nous ne cesseront jamais de dire du bien), Gonzaga.
Nous nous étions arrêté aux portes de la March Madness avec plusieurs questions, les Zags ont-ils su y répondre ?
Après nous, la tempête
Gonzaga a dévasté la NCAA tout au long de sa saison régulière. Équipe invaincue, dominatrice en tout point notamment en attaque où les Bulldogs furent inarrêtables en transition et à 3 pts. Gonzaga s’est offert le scalp de grosses écuries (Kansas, Iowa, West Virginia notamment) et arrive à la March Madness sereinement. Le seul problème “majeur” à régler était la faiblesse criante au poste d’ailier fort où Anton Watson affiche de beaux progrès notamment dans sa régularité. Toutefois, est–ce assez pour aller chercher un titre ?
Coach Few a ainsi fait le choix de jouer le “tout pour la vitesse” avec un Small Ball : Jalen Suggs, Andrew Nembhard, Joël Ayayi, Corey Kispert, Drew Timme.
Nembhard, jusque là première rotation sur les postes de guard, voit ainsi sa bonne saison récompensée avec son arrivée dans le cinq majeur. Il va apporter de la taille, du playmaking et une bonne défense. Suggs reste le capitaine à bord et peut toujours autant compter sur Ayayi pour proposer une défense étouffante. Le meneur va grandement bénéficier du spacing qu’apporte Kispert au poste d’ailier-fort.
Kispert, qui justement, doit absolument profiter de la March Madness pour faire monter sa côte une dernière fois et dissiper les doutes sur lui, sera attendu en défense face à des intérieurs plus grands et plus forts. Son shoot si précieux et mortel doit encore une fois permettre de forcer les défenses à s’étirer et ainsi laisser la place au géant Drew Timme pour dominer dans la raquette. Timme arrive avec une étiquette de potentiel MOP (Most Outstanding Player), devra porter la défense et l’attaque intérieure de Gonzaga à lui seul… et prouver aux intérieurs adverses qu’il reste le roi au poste bas cette saison.
Sweet Sixteen : Gonzaga vs Norfolk State (98-55)
4 petits points dès le début du match puis un tempête portée par Corey Kispert (15 pts à la mi temps) et Anton Watson à 7/7 au tir. Gonzaga n’a pas laissé les Spartans respirer et a parfaitement exploité la défense en zone adverse. Quand la bête était blessée c’est Watson qui est venu l’achever en pénétrant plein fer dans une raquette vide. Plus de 20 pts d’écart à la mi-temps et un match sans fausses notes. Emballé c’est pesé, circulez, il n’y avait rien à voir.
Elite Eight : Gonzaga vs Oklahoma Sooners (87-71)
Bonjour, vous connaissez Drew Timme ? Le colosse moustachu a su profiter de ce match pour rappeler à la NCAA qu’il reste un candidat MOP indiscutable. 30 points 13 rebonds, une sérénité totale pour le leader des Zags, qui ont peu eu à s’employer pour défaire les Sooners, chaque run d’Oklahoma étant stoppé par un trois-points de Kispert ou de Suggs.
L’équipe classée top 8 n’a pourtant pas démérité, forçant Coach Few à garder ses titulaires longtemps sur le terrain tout en sermonnant Suggs et Kispert pour leurs fautes évitables. Peu de highlights à se mettre sous la dent, un match très sérieux qui se ponctue malheureusement sur une faute flagrante de Elijah Harkless sur Jalen Suggs. Quelques noms d’oiseaux qui se font entendre, du chest bump mais rien d’alarmant. 87-71, place au Final Four et son affiche dantesque.
Final four : Gonzaga VS UCLA (93-90)
Une des plus belles affiches de la March Madness si ce n’est la plus belle. Gonzaga doit faire face à la coqueluche de cette année, une magnifique équipe californienne qui réalise upset sur upset, hausse constamment son niveau de jeu et voit en ses rangs un jeune Johnny Juzang qui illumine la planète basket avec ses cartons offensifs.
Les Bruins vont réussir ce que peu d’équipes ont su faire cette saison : tenir tête tout le match aux Bulldogs. Se repliant inlassablement en défense, exploitant chaque espace et chaque contre attaque, les californiens auront tout donné pour tenter d’arracher une victoire et une place en finale.
Avec un Kispert bien tenu en attaque (5/18 au shoot malgré des actions clutch), un Timme toujours aussi dominant en attaque avec 25 pts, généreux en défense avec 4 charges provoquées mais ciblé constamment, l’étincelle devait néanmoins venir d’autres personnes. L’heure pour certains d’affirmer un statut et des promesses tenues.
Dans cette bataille sur les lignes arrières, le choix de Few d’aligner son trident Suggs, Nembhard, Ayayi, a été payant du début à la fin. Cavalant sans cesse, appliquant une pression constante sur une équipe à la force offensive terrifiante, le trio termine avec un cumul de 48 pts.
Le lead changera 19 fois au cours du match, jamais UCLA n’aura lâché, porté par un trio Juzang, Jaquez Jr et Campbell en feu total. Des tirs lointains, des pénétrations rageuses et des isolations digne des meilleurs Far West, Los Angeles n’a rien lâché. L’histoire s’est ensuite écrite sur deux phases de jeu épiques .
Le contre monstrueux de Suggs sur Jaquez Jr avant de lancer une contre attaque et trouver Drew Timme en transition. 3 dribbles, une passe chirurgicale et un dunk dans le trafic plus tard, Gonzaga retrouve une rage de vaincre qui la verra terrasser la bête californienne. Malgré cela, Juzang arrache un tip in, permettant par-là à son équipe de recoller à 90-90.Gonzaga n’a pas de temps mort, le temps presse il faut terminer le match. Kispert récupère la balle et la transmet immédiatement à Suggs. Un tir létal, du milieu du terrain va crucifier UCLA. Hammer. Nail. COFFIN. 93-90
NCAA Finals : Gonzaga vs Baylor (70-86)
L’affiche tant attendue, décalée à cause du Covid, entre deux mastodontes qui n’ont pas eu l’occasion de se rencontrer. Énorme opposition de style entre un Gonzaga ancré dans un basket moderne, fluide et collectif, face à une meute de Baylor qui sent bon le 90’s basketball. Une raquette composée de colosses qui sèment la terreur au rebond et au poste bas, un arrière étincelant en la personne de Davion Mitchell bien appuyé par Jared Butler. Une affiche de rêve ? Tout à fait. Un match serré ? Malheureusement non…
Vous vous souvenez du choix de Mark Few de glisser sur un small ball et décaler Timme au poste de pivot ? Choix payant n’est-ce pas ? Mais que se passe-t’il si votre ailier-fort titulaire est en réalité un ailier qui peine déjà à s’imposer face à des gabarits similaires ?
Il se passe un run de 19 points de Baylor. Un tabassage en règle où Baylor a mangé complètement Gonzaga au rebond offensif quand les shoots ne rentraient pas. Une réussite insolente au tir, une domination physique en attaque et en défense incarnée par un Jared Butler impossible à stopper et un Mitchell Donovanesque. Les Zags ne lâcheront pas, Few switch sur une défense de zone, recentre son attaque sur Timme qui semble bien trop seul ce soir. Suggs et Ayayi cadenassés en défense, Kispert forcé de se sacrifier constamment pour tenir une raquette. Les nerfs à vif, la fatigue importante due à l’overtime contre UCLA, un subtil mélange de trashtalking et de manque d’expérience. Gonzaga s’est pris une leçon de basket au pire moment, Suggs n’est jamais rentré dans son match, ses deux fautes rapides condamnant son équipe à courir après le score.
Gonzaga reviendra timidement à 9pts avant de définitivement céder. Les joueurs craquent. Les larmes coulent. Timme lâche un soupir plein de frustration tandis qu’il voit Baylor devenir, pour la première fois de son histoire champion NCAA. Une seule défaite, dans la saison, mais la pire possible.
Les Bulldogs concluent là une magnifique saison de la pire des façons. Trois de ses stars s’en vont rejoindre la NBA (Suggs, Kispert, Ayayi). Timme, Nembhard et Watson vont rester pour améliorer encore une fois leur niveau et leur côte à la Draft. Beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire mais nous en traiterons d’ici peu.
En bon bulldog, Gonzaga a manqué de souffle dans un moment critique, tirant la langue face à un ours bien moins flamboyant mais beaucoup plus efficace. Ce devait être la March Madness de Drew Timme, l’histoire retiendra celle de Davion Mitchell.
L’avenir reste radieux pour Gonzaga qui tourne son regard vers les étoiles et les promesses de la saison suivante. En cela, l’arrivée dans l’équipe de Chet Holmgren est prometteuse. Si cette année si particulière se termine dans le silence du vestiaire, nul doute que l’on reverra les Zags bientôt en finale NCAA.