On se perd dans nos superlatifs. Ce que nous avons vu cet été à Tokyo, nul supporter de l’équipe de France ne l’avait vécu. Jamais trois équipes tricolores n’ont été alignées dans des olympiades, jamais les deux équipes de basket à 5 n’ont été autant de fois qualifiées d’affilé pour les jeux, jamais les deux équipes n’ont obtenu de médaille en même temps, jamais une équipe de France n’avait atteint trois fois de suite les demi-finales olympiques.
Oui, ces jeux nous ont, vous ont, fait entrer dans la légende de l’équipe de France. Presque 130 ans d’histoire, et jamais, nous n’avons vu le basket français briller aussi fort. La décennie qui se dresse derrière nous est la plus grande du basket français. L’équipe de France est une aventure qui nous transporte. C’est pour ça que QiBasket vous propose d’accompagner nos équipes de France dans cette nouvelle série du Carnet bleu. Pour ce premier numéro, difficile de ne pas faire le bilan des jeux olympiques.
Equipe de France masculine : la plus grande action de tous les temps !
Un premier tour entre exploit et promenade
La compétition avait commencé dans une ambiance de doute. Après tout…le groupe complet de Vincent Collet n’avait plus joué ensemble depuis le mondial 2019. Certains médias nous annonçaient que la France serait la plus grosse déception, d’autres que les matchs amicaux nous promettaient un scénario Rio bis. Mais voilà, il n’est plus aucune équipe que nos Bleus ne peuvent pas regarder droit dans les yeux et se dire « on peut vous battre ». Et quel meilleur exemple de cette vérité que le premier match contre Team USA et avec une envie de revanche depuis 2019, on imaginait effectivement un vrai challenge. Mais en réalité, comme en 2019, les Français auront imposé une défense de fer, réussissant à contrôler le rythme tout le long de la rencontre. Les Bleus montrent que la victoire de 2019 n’a jamais été un hasard. Qui a eu l’occasion de battre deux fois de suite les Américains en compétition officielle ? On vous avoue ne pas avoir trouvé d’exemple pour l’instant.
Face aux Tchèques, on redoutait un peu le syndrome de l’Argentine en 2019, d’autant que la République tchèque, si elle n’est que peu menaçante sur le papier, l’est totalement sur le terrain. Mais la machine défensive française s’est mise en marche, écrabouillant totalement des Tchèques perdus entre les ficelles de Fournier et De Colo, et cachés sous les aisselles de Gobert et Poirier. On ne vous cache pas qu’on a siroté notre mojito les pieds dans la piscine gonflable en regardant le reste du match… de même que nous avons regardé le match contre l’Iran avec une semi-somnolence.
Un second tour dans la résilience
Nous avons rongé nos ongles jusqu’au tirage au sort pour s’éviter la chkoumoune espagnole mais nous avons au passage surement sous-estimé les Italiens qui nous auront fait peur de la première à la dernière minute. Il aura fallu arrêter les hémorragies à trois points et les fautes bêtes pour finalement reprendre confiance, notamment avec un duo De Colo-Fournier. La victoire contre l’Italie nous emmenait là où Tony Parker n’avait jamais pu poser le pied.
Que dire de la demi-finale ? Qu’elle fut historique, qu’elle restera dans les mémoires ? Oui, exactement. En face d’un Doncic qui fait le 3e triple-double olympique de l’histoire, les Bleus ont relevé le défi, même si les Slovènes ont bien failli nous avoir plus d’une fois. Il ne fut pas un seul bleu qui ne fit pas 100% de ce qu’il fallait faire pour y arriver. A +5 à quelques secondes de la fin, nous savions qu’il y eut beaucoup de désillusions par le passé, d’oublis de ces petits détails qui nous ont couté cher. Mais là non. Le match de De Colo, sur chaque action, est un roman de basket, l’implication de Fournier et de Gobert sont exemplaires et le contre de Batum sur Prepelic est à la fois l’action la plus légendaire de l’équipe de France, l’action qui définira la carrière de Batum, et le symbole d’une équipe de France qui ne lâchera rien, plus jamais et jusqu’au moindre détail. Les images que vous avez vues, elles seront gravées dans le livre d’or des bleus.
Une finale pour changer de statut
A quelques heures de la finale, le ressenti général était le même : nous y sommes pour gagner, pas pour créer un exploit, ni la surprise. La France va jouer l’or contre les USA, parce qu’elle sait qu’elle en était capable. Contrairement à 2000, les Américains ont gagné cette finale non pas parce qu’ils sont plus forts, mais parce qu’ils ont un peu mieux géré leur match. L’adresse de Durant était famélique en début de match, Dame Lillard ne se distingue par particulièrement, et la raquette américaine est aux abonnés absents. Côté Français, oui, certains leaders ont pu paraître en retrait, mais tout le groupe s’est mis en valeur, de Yabusele à Luwawu-Cabarrot. Fournier et De Colo ont su malgré tout apporter beaucoup dans le match, et Gobert a été à la hauteur d’une finale. Les larmes de Gobert montrent que les bleus sont entrés dans une autre dimension. Le trône espagnol semble céder sa place. La France est désormais sur le toit du monde de la balle orange, avec des joueurs qui veulent l’or, l’or et l’or encore. Qu’allons-nous en faire ?
Equipe de France féminine : toujours si prêtes, toujours si loin
Un premier tour dans le doute
Comment attaquer un tournoi après avoir dominé outrageusement un Eurobasket, mais pour échouer une 5e fois d’affilé en finale, cette fois contre les Serbes ? Des terribles défaites peuvent naître de splendides victoires. Mais après la frustration, c’est le doute auquel face aux Japon, largement à la portée des bleues. Et l’équipe de France est tombée dans le piège. Les Japonaises étaient soudées et malgré plusieurs coup de colliers des Françaises, elles nous ont envoyé leur adresse derrière l’arc pour nous coiffer sur le poteau. Bien joué, hélas pour nous.
Il fallait rectifier le tir face au Nigéria. Après une séquence basket champagne, les bleues auront verrouillé la défense et enchaînent les attaques rapides concluantes, toujours avec Gruda et son turnaround jump shot au poste, Williams qui s’impose dans la raquette et Johannes qui se défoule. On s’est rapidement envolé vers un +30, et du coup, on a ressorti les mojitos et la piscine gonflable. Le défi final était de taille pour ne pas finir le tournoi sur un bide : ne pas perdre contre Team USA, et si perdre il faut, pas de plus de 12 points. Mission accomplie sur une partie dominée par les Américaines, mais les françaises terminent en dessous des 12pts de retard. Les filles font le taf et terminent dans les deux meilleurs troisièmes. Ouf.
Un quart de final bleu marine
Dans un quart de finale qui s’annonce épique, les Espagnoles ont une adresse en carton, avec 29% à la mi-temps. Les Françaises prendront le large à +12 avant que quelques pertes de balle et une mauvaise gestion du rythme ne laissent l’occasion à la Roja de revenir. C’est à ce moment la que celle que nous attendions tous décida de sortir de sa bulle pour diffuser son Basket, avec un très grand B. Un lay-up, elle vous bâche, une position de shoot, elle fait ficelle, un tir manqué, elle est au rebond : Marine Johannes martyrise l’Espagne à elle seule. La Roja est dépassée, la grande Alba Torrens est prise en faute. Il faut 15 rebonds offensifs espagnols pour que les rouges et blancs recollent…jusqu’à ce que Johannes sorte le shoot de l’espace-temps au micro-micro-buzzer pour prendre un +3 à 23 secondes de la fin. Les bleus finissent par faire la différence et filent vers une troisième demi-finale olympique d’affilée.
La malédiction de la concrétisation.
Mais voilà, comme pour l’Eurobasket de juin, et bien d’autres compétitions précédentes, les Bleues flanchent lorsqu’il faut achever le travail. Aux portes d’une seconde finale olympique en 8 ans, les Françaises auront subi le courroux de Rui Mashida. Les Françaises prendront to-ta-le-ment l’eau dans le 3e quart, avec une séquence folle de 3 minutes sans défense, sans organisation, du shoot des deux côtés, des trois points en séries. Mais à ce jeu de déglingués, ce sont encore les japonaises qui monteront à +15 et en fin de quart. Nous descendons à -24. Valérie Garnier n’a plus de mot. Mais que dire, sinon que les Japonaises ont été plus fortes, et méritent notre respect. Machida termine avec 18 passes, le record olympique, son deuxième du tournoi…
Le bronze pour tout pardonner
On tombe sur la Serbie qui nous a mangées durant la finale de l’Eurobasket. Et c’est là que la force de cette équipe de France s’est révélée une nouvelle fois, avec une domination collective des serbes qui prennent de plein fouet la revanche des Françaises qui ne laisseront quasiment aucun doute sur leur victoire. Les larmes des joueuses serbes, que Johannes achèvera de quelques trois points, ne manquent pas de nous faire plaisir, tant la frustration de la finale de l’Euro et de la demi-finale ont été fortes. La médaille est là et nous avons eu un tournoi solide malgré deux défaites de poules, mais pour finir sans solution et écrasée par « le basket asiatique ». Comment avoir ce dernier souffle, comment conclure notre réussite ? C’est ce que les bleues doivent désormais travailler, car trop de titre leur sont passés sous le nez. Bim bam boum comme on dit.
Les 3×3 : petite finale, mais grand tournoi !
C’était la grande nouveauté de ces jeux, le grand pari et il fut payant. Le basketball 3×3 a suscité l’intérêt de tous, même du Président Emmanuel Macron, venu assister au premier match de notre quatuor Guapo-Paget-Touré-Filip. Malgré un premier tour à poule unique un peu compliqué, avec une défaite d’entrée de jeu contre les Américaines, puis une seconde contre le Japon, la qualification aura finalement été assurée grâce aux victoires contre l’Italie, la Mongolie, le Comité russe, puis la Roumanie.
En quart de finale, l’occasion était belle de prendre une revanche sur le Japon. Et ce fut chose faite avec une Guapo en feu et une Paget qui n’avait qu’une envie : casser des chevilles ! Malgré quelques frayeurs, la France met ses shoots, serre la vis en défense et ne lâchera à aucun moment son avantage. En demi, face aux Américaines, Filip rectifie le tir dans la raquette après une rencontre un peu brouillon face au Japon. Mais la taille des Américaines nous pose soucis, Guapo puis Paget sont bâchées sans merci, et contrairement aux japonaises, nos adversaires ont une sacrée adresse. Dans les ultimes secondes, les bleues réussiront à égaliser et à obtenir la possession jusqu’à ce que le drame arrive. Sur la remise en jeu, la balle sort et c’est là qu’interviendra l’arbitrage vidéo qui constatera par 300 fois, en qualité HD BlueRay et avec un champ de vision à 360° que c’est bien l’américaine qui touche la balle en dernier avant la sortie. L’arbitre décidera en toute logique…de rendre la balle aux Américaines. La fin de match se termine par une guerre de tranchée, que nos adversaires arrivent à arracher sur des fautes et des lancers. Petit goût amer.
Dans le match pour le bronze la taille et le physique des chinoises auront mis très à mal le trio français. Mamignan Touré sonnera certes une révolte mais en étant quasi-seule à marquer. Bien que les Françaises soient à deux doigt d’arracher une prolongation, la dernière possession est très mal jouée, Paget envoyant la balle pour Touré dans les tribunes. Bien qu’ayant échoué d’un rien, l’équipe de France 3×3 termine 4e au terme d’un tournoi que l’on a adoré regarder !
Nos médailles d’or :
L’équipe 3×3 : le tournoi est passé trop vite ! Mais les pionnières tricolores de l’olympisme du basket en 3×3 ont fait honneur au maillot. Si vous vous intéressez au basket 3×3, des compétitions ont lieu partout en France.
Nicolas Batum : son contre contre la Slovénie ? La meilleure action tricolore de tous les temps (oui, on est comme ça ici). Nicolas est désormais le joueur français le plus médaillé de l’histoire des bleus. Et si… GOAT ?
La communauté des fans : des supporters qui inventent le surnom “Mousta’farfalle”, la révélation du compte Bask’Elleball sur Twitter, les visuels de Ptitecao, les tweets de Lily Batum, les levés à 4h30 du matin pour la finale des Bleus, … Pendant deux semaines et demi, nous avons vécu comme une famille, à laquelle se sont ajoutés nos équipes de handball et de volleyball. Lorsque les jeux sont un succès, c’est bien, lorsque nous le vivons ensemble, c’est énorme.
L’annonce de la grossesse de Valériane Vukosavljevic : “Ma plus belle médaille se trouvait là“. Couverte de ses médailles olympiques, Valériane nous a fait une annonce toute aussi attendrissante qu’à l’image de ces Jeux, qui furent très féminins. C’est aussi une manière de rappeler à ceux qui résument la femme à être soit une athlète, soit une mère, on peut être aussi les deux.
Nos médailles en bois :
Le tirage au sort des quarts de finale : classement inutilement complexe alors que des simples positions de groupes pouvaient suffire… Et surtout… Aucun lien pour diffuser le tirage au sort. Même la Fédération française de basket cherchait désespérément un lien sur twitter.
Une finale des jeux Olympiques à 11h30 : tout ça pour permettre à NBC et son diffuseur boiteux Peacock, payant pour les Américains et même plus défaillant que FranceTV, de pouvoir diffuser en prime time, en mettant le match pour le bronze après la finale. Voilà les dégâts que l’argent peut faire au sport.
La cacophonie sur les diffuseurs : à chaque compétition, à CHAQUE compétition. George Eddy lui-même est venu fulminer de l’absence de commentateurs, et le reste des fans ont une nouvelle fois pris en pleine poire la méconnaissance du basket de la part de FranceTV. Voilà bientôt une décennie qu’on s’arrache les cheveux à demander des spécialistes au micro. Ce n’est pas si compliqué, même QIbasket en a trouvé.
A noter dans votre prochain Carnet bleu :
La FIBA Europe cup du basket 3×3 à Paris au Trocadéro à partir du 11 septembre !
Le bilan de la coupe du monde des U19 et du European Challenger des U16 féminines !