Rassembler 3 stars n’a rien d’une mince affaire dans la NBA moderne. Pourtant, vous pouvez faire encore plus fort : regrouper 3 pointures de la NBA, aux talents compatibles et encore au sommet de leur art. C’est ce que les Brooklyn Nets ont réussi à faire en quelques mois. D’abord, ils ont récupéré Kyrie Irving et Kevin Durant dans une saison de transition permettant à l’ailier de récupérer d’une rupture d’une tendon d’Achille.
Puis, alors que KD émerveillait la ligue de tout son talent, prouvant qu’il pouvait revenir de la pire blessure du basketteur comme si rien ne s’était produit, Sean Marks frappait un grand coup en ramenant James Harden pour un package plutôt modeste.
Comme ça, les Brooklyn Nets venaient de former un hydre à 3 têtes, prêt à dévorer la NBA. Enfin presque. Car si l’alliage de talents proposé par les New-Yorkais avait de quoi effrayer, il était difficile d’attendre de ces Nets de dominer les Playoffs. Avec un Kyrie Irving multipliant les absences, un James Harden bien enrobé enchaînant les problèmes aux ischios et Kevin Durant, de retour d’une lourde blessure, et accumulant les pépins, la fresque n’était pas merveilleuse. Pour ne rien arranger, les Nets avaient déjà perdu Spencer Dinwiddie pour toute la saison et les nouveaux arrivants, Blake Griffin et LaMarcus Aldridge, n’apportaient pas de réelles garanties quant à leur condition physique.
Coup du sort, Aldridge allait même annoncer la fin de sa carrière à cause d’un problème cardiaque.
Dans ces conditions, il était difficile de savoir quel serait le niveau de cette équipe en Playoffs, ni quel joueur traverserait toute la post-saison sans encombre. Avec une dizaine de matchs avec son trio et aucun match avec l’effectif au complet, le niveau réel des Nets était une énigme. Comment joueraient-ils ensemble ? Quel serait leur niveau défensif ? Quel degré de fraîcheur physique possédait-il vraiment ?
Le premier tour face à une équipe de Boston décimée, au terme d’une saison médiocre allait donner une bonne image de Brooklyn. Le vrai test serait toutefois face à des Bucks vainqueurs expéditifs de Miami et portés par un trio Holiday-Middleton-Antetokoumpo en plein forme.
Malheureusement, les Nets allaient perdre Harden dans les premières secondes de la série. Puis, en pleine démonstration, une mauvaise réception d’Irving sur le pied du grec allait également les priver du meneur. Derrière une rotation extra-réduite de Steve Nash, les Nets allaient cependant apporter beaucoup de réponses les concernant.
Tout d’abord, Kevin Durant s’impose comme le basketteur ultime, absolument inarrêtable, capable de passer 48 minutes sur un terrain et de continuer d’asséner des tirs plus assassins les uns que les autres. Ensuite, leur mentalité next-man up éblouie. A chaque fois qu’un cadre tombe, un autre joueur prend sa place et trouve un moyen de contribuer. Mike James, débarqué en cours de saisons en est possiblement le plus bel exemple. En outre, leur défense est bien meilleure qu’on ne pouvait le penser. Et s’ils n’arrivent pas à stopper les Bucks au rebond, ils vont manquer d’un chouïa de remporter cette série sur un tir improbable de Kevin Durant.
Malheureusement, plutôt que de faire l’histoire pour un des tirs les plus brillants que la ligue ait connu, ne restera que cette idée : si seulement KD n’avait pas fait du 52. Durant mord en effet la ligne des 3 points et les Nets se feront briser en prolongation. Fin du parcours, certes. Mais Brooklyn ressort de cette post-saison avec un statut indéniable de favori pour la suivante.
En pleine forme, son trio est effrayant. Et le supporting cast derrière s’est avéré d’une impressionnante discipline et d’une indéniable détermination malgré un faible vécu collectif.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’effectif : DeAndre Jordan, Mike James, Spencer Dinwiddie, Jeff Green, Landry Shamet, Reggie Perry, Timothé Luwawu-Cabarrot, Tyler Johnson, Chris Chiozza, Alize Johnson, Jahlil Okafor.
Ils ont rejoint l’effectif : Patty Mills (San Antonio Spurs), LaMarcus Aldridge (Retour de retraite), Paul Millsap (Denver Nuggets), Jevon Carter (Phoenix Suns), James Johnson (New-Orleans Pelicans), Cameron Thomas (Draft), Sekou Doumbouya (Detroit Pistons), Day’Ron Sharpe (Draft – Suns), De’Andre Bembry (Toronto Raptors), Devontae Cacok (Los Angeles Lakers), David Duke Jr. (undrafted).
Le roster à ce jour :
Meneurs : James Harden, Kyrie Irving, Patty Mills
Arrières : Bruce Brown, Joe Harris, Jevon Carter, Cameron Thomas, David Duke Jr.
Ailiers : Kevin Durant, De’Andre Bembry, Kessler Edwards (two way contracts)
Ailiers-fort : James Johnson, Paul Millsap, Blake Griffin, Sekou Doumbouya
Pivots : LaMarcus Aldridge, Nicolas Claxton, Day’Ron Sharpe
Les tendances de l’été
Contrairement à certains prétendants au titre, les Nets étaient très représentés durant cette draft. Certes pas présent dans les premiers choix, Brooklyn a néanmoins tenté de sa faufiler pour ajouter du talent dans une classe prometteuse. Entre échanges et possessions propres, les Nets se retrouvaient avec 4 choix entre la fin du premier tour et du second tour. De quoi ramener des rotations pour cette saison ? Potentiellement.
Avec le 27eme choix, ils faisaient l’acquisition de Cameron Thomas. Shooteur prolifique, l’arrière a probablement intéressé les Nets en priorité pour son jeu sans ballon. Tout l’enjeu pour Brooklyn sera en revanche de le priver de la gonfle. Mauvais dans la création de ses tirs, il a tendance à plomber sa réussite en tentant l’impossible. Avec des machines offensives comme Irving, Harden et Durant, on lui demandera de se spécialiser dans ce qu’il fait de mieux. Néanmoins, pas sûr qu’il gagne beaucoup de temps de jeu. Petit pour son poste, défenseur en délicatesse, pas souvent impliqué, rien n’exclue toutefois qu’il décide de produire les efforts maintenant passé au rang supérieur. S’il le fait, alors il pourrait s’avérer une rotation précieuse.
En ’29, Brooklyn s’est ensuite tourné vers Day’Ron Sharpe. Avec énormément de talent offensif, les Nets cherchent des profils plus défensifs quand il s’agit de leur poste de pivot. Ayant prévu de laisser libre un De’Andre Jordan plus au niveau, c’est un profil “à la Nick Claxton” que Brooklyn visait. Un joueur capable de protéger le cercle, d’apporter de la polyvalence défensive et du rebond. Justement, Sharpe est un pivot très doué au rebond, pan du jeu qui a fait défaut aux Nets face à Milwaukee. Pas le joueur le plus vertical de sa classe, mais doté d’une mobilité latérale correcte et de bonnes dispositions en défense, il peut dans un premier temps servir de chaire à canon par séquence. Suffisant pour aider cette équipe des Nets.
Mais la clé de cette intersaison était la free agency. Beaucoup de contrats chez les Nets expiraient, et on pouvait avoir l’inquiétude de voir la franchise parier sur les noms les plus clinquants plutôt qu’apporter les profils idoines pour cet effectif. On pouvait également craindre que cette volonté de monter un casting 5 étoiles avec des vétérans auréolés puisse limiter les vraies “bonnes affaires” disponibles. Pourtant, la franchise a sécurisé Bruce Brown, a bien laissé partir DeAndre Jordan, n’a pas insisté sur le cas Spencer Dinwiddie et a proposé un recrutement intéressant.
Il ne fait nul doute que les Nets ont deux faiblesses majeures :
- Les absences récurrentes de certains cadres
- Les facultés défensives de certains joueurs clés
Le risque en prenant trop de vétérans, c’était de connaître la même hécatombe que l’an passé et de se limiter défensivement. Pourtant, Sean Marks n’est pas tombé dans le piège et a ramené des défenseurs réputés ou à minima, des joueurs athlétiques : Jevon Carter, De’Andre Bembry, Sekou Doumbouya et Day’Ron Sharpe possèdent tous un potentiel intéressant pour densifier physiquement ce groupe. Paul Millsap est loin du joueur qu’il était, mais son arrivée apporte un défenseur collectif intelligent et encore capable de contribuer sur une quinzaine de minutes. On peut d’ailleurs être intrigué par sa relation avec Griffin, dont les profils d’intérieurs à tout faire peuvent contribuer à une attaque avec beaucoup de mouvement.
En revanche, on peut être un peu plus sceptique du retour de LaMarcus Aldridge ou de l’arrivée d’un James Johnson clairement sur la pente descendante. Cela offre toutefois à Steve Nash une multitude d’options intérieures et d’associations à tester pour trouver des rotations selon les qualités adverses.
Enfin, dernière arrivée (très) notable : celle de Patty Mills. Le meneur qui n’a connu que les Spurs revient comme chaque année après une excellente prestation en équipe nationale. Derrière la paire Irving-Harden, il offre une option très intéressante. Capable de porter la balle ou d’évoluer exclusivement sans ballon, son rôle devrait évoluer au gré des absences et des rotations dans lesquelles il sera impliqué. Une belle prise pour un effectif qui offre beaucoup de tirs ouverts à ses role players.
Focus sur la saison 2021-22 des Brooklyn Nets
Les Nets ont prouvé durant les Playoffs qu’en plus de posséder un trio effrayant de talent, elle disposait également d’un supporting cast prêt à se sacrifier. Au regard de leur été, il est pourtant possible que l’effectif soit encore plus complet qu’il ne l’était l’an passé, aux abords de la post-saison. A quel point cette équipe est forte ? On va essayer de décortiquer.
A quel point cette attaque sera forte ?
L’an passé les Nets ont affiché le meilleur offensive rating de l’histoire de la ligue. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils n’ont joué qu’une poignée de match avec leur trio, qu’ils en ont joué un grand nombre sans plusieurs d’entre eux et que tous devaient faire avec des gênes et blessures. Autrement dit, nous n’avons pas vu ce groupe avec un training camp en commun, nous ne l’avons pas vu en bonne santé et il en allait de même pour leur entourage. Le secret de ce succès ? 3 superstars offensives dont les skillsets s’accordent, qui sont réputés pour l’efficacité de leur jeu offensif et encore au zénith de leurs carrières respectives.
Là où l’on peut se poser quelques questions de complémentarité pour le trio des Lakers, il n’en est rien lorsqu’on parle de celui des Nets. Pourquoi ? Parce que James Harden est le meneur qu’ils n’avait pas réellement, parce que deux d’entre eux sont excellents sans ballon, et que de fait, personne ne marche réellement sur les attributions “idéales” de l’autre. A quel point ? Voyez vous-même :
Poste | PSA | Percentile | Iso | Pick & Roll | |
Kyrie Irving | Combo | 123,4 | 95 | 1,1 | 1,03 |
James Harden | Meneur | 124,3 | 93 | 1,09 | 1,19 |
Kevin Durant | Ailier | 134 | 97 | 1,18 | 1,02 |
Ainsi, ils sont tous les trois des joueurs dans l’élite en termes d’efficacité (PSA = Points par tirs pris), sont tous les trois capables de vous découper en isolation, tout comme générer des actions très efficaces sur pick&roll. Autrement dit, peu importe où va la balle, le type de play qu’appellera le joueur, vous avez un problème. Vous ne voulez pas que votre adverse mette plus d’un point par tir pris, mais aucun des 3 n’est en dessous, que ce soit : en isolation, sur pick&roll, mais c’est également le cas sur dribble hand-off ou du spot up (James Harden génère 1,53 points sur ces tirs !).
Des résultats offensifs qui justifient la crainte qu’ils inspirent. Car les Nets ont 3 joueurs qui savent non seulement tout faire sur un terrain, mais qui en prime, le font largement au dessus de la moyenne. Et si Irving et Durant on fait des saisons dans les moyennes de leur carrière, il faut ajouter qu’Harden revenu en méforme de son été, réalisait lui sa pire saison au PSA… depuis sa saison rookie.
Une adresse historique ?
Mais si les Nets font peur, c’est aussi parce que les role players sont également très bons. Et qu’ils ont de quoi briller. Le premier chapitre avait pour but de mettre en exergue cet hydre à 3 têtes que possèdent les Nets. Ceci étant dit, posséder autant de dangers à aligner ensemble signifie généralement autre chose : il y a des tirs de qualités pour les joueurs autour. Dans ce cas, de pans à étudier :
- Les stars sont-elles altruistes ? Sont-elles capables de distribuer le jeu ?
- Les role players savent-ils évoluer sans ballon ? Sont-ils adroits ?
Pour commencer, et ne rien gâcher du potentiel de son équipe, la réponse aux deux premières questions est … oui. Non seulement les trois joueurs sont des joueurs qui aiment faire briller leurs coéquipiers, mais en prime ils sont particulièrement bons pour concrétiser cette volonté. Si bien sûr, ils créent beaucoup de tirs pour eux-mêmes, ils ont prouvé que les joueurs autour d’eux obtenaient des opportunités. Si Joe Harris fut le grand gagnant, on peut également citer Nic’ Claxton qui a bien profité des espacés générés par ses coéquipiers, ou Blake Griffin, qui a retrouvé le plaisir à jouer en NBA malgré un physique en berne. Dans une ligue qui prend de plus en plus de tirs derrière l’arc (cf graphique ci-dessous par @SpoachOfTheYear), posséder un recrutement capable d’exploiter espaces était donc crucial. L’objectif ? Trouver des tireurs d’élite et à défaut, des joueurs capables de prendre ces tirs et de représenter un danger digne d’être craint par les défenses adverses (même si l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous).
Mais revenons aux Nets. Qu’en est-il du supporting cast et de l’adresse ?
% à 3pts | Tentatives par match | Notes complémentaires | |
Joe Harris | 47,5% | 6,4 | 2eme joueur le plus prolifique de la ligue sur Catch&Shoot l’an passé |
Bruce Brown | 28,8% | 0,9 | Le joueur est avant tout, à ce stade, précieux pour sa défense |
Patty Mills | 37,5% | 6,3 | Dans un effectif plus fort, ses chiffres pourraient exploser |
Jevon Carter | 37,5% | 2,1 | Rendement et volume intéressant par rapport à son temps de jeu |
De’Andre Bembry | 26,4% | 1,4 | Le joueur est avant tout, à ce stade, précieux pour sa défense |
Paul Millsap | 34,3% | 2,6 | 43,5% la saison précédente, en faisant un shooteur respecté |
Sekou Doumbouya | 22,6% | 2,1 | Doumbouya était l’intérieur le moins efficace de la ligue l’an passé |
Blake Griffin | 38,3% | 3,1 | Je n’ai gardé que son échantillon à Brooklyn où il ne devrait plus forcer ses tirs |
LaMarcus Aldridge | 38,8% | 4,2 | Son mid-randge est en prime, létal |
Autour de son trio, les Nets possèdent donc une multitude de menaces derrière l’arc. Joe Harris était le joueur le plus adroit de la ligue l’an passé, et s’il a beaucoup déçu en Playoffs (32,3% pour 10,3 tentatives par match Vs Bucks), la saison devrait lui permettre de se remettre d’aplomb. Les quelques joueurs maladroits (Brown, Bembry, Doumbouya et Johnson) ont plutôt été pris pour leur défense (à l’exception du français qui ressemble plus à un pari). Tous les autres sont à la fois des joueurs qu’on ne peut laisser ouvert, mais sont en prime des passeurs tout à fait respectables à-même de faire l’extra-passe ou de se mouvoir efficacement.
Aux éléments cités dans ce tableau, on peut évidemment ajouter Cam Thomas, qui s’il n’est qu’un rookie, est réputé comme un artilleur né. Reste à voir quelles opportunités il aura. Mais selon le jeu des absences, il pourrait éventuellement contribuer.
De fait, les Nets ont tout d’une équipe qui vont faire le doublé en tête de l’offensive rating. Et pourraient être encore plus efficaces que l’an passé.
Un secteur intérieur beaucoup plus dense ?
Au regard de la balance des départs / arrivés, un élément semble frappant. Alors que DeAndre Jordan & Jahlil Okafor sont partis, l’équipe a enregistré plusieurs arrivées intéressantes : le retour de LaMarcus Aldridge, la draft de Day’Ron Sharpe (qui pourrait gagner quelques minutes), ainsi que les débarquements de James Johnson, Paul Millsap et Sekou Doumbouya.
Alors que DAJ & Okafor étaient inutilisables en Playoffs, plusieurs nouveaux arrivants représentent des options viables selon la typologie de l’adversaire. Alors que l’équipe n’avait que Griffin et Claxton pour jouer au poste 5, plusieurs athlètes et joueurs capables d’améliorer la défense, mais aussi de profiter de la force d’attraction des multiples options offensives de l’équipe, se sont joints à l’effectif. Quand vous possédez un groupe aussi talentueux, des joueurs comme Claxton, Sharpe ou Doumbouya sont tout à fait en position de s’exprimer. De bonnes qualités athlétiques et de bons déplacements peuvent vous permettre de peser sur la rencontre de multiples façons. Et c’est tout ce dont les Nets ont besoin pour être l’équipe redoutable qu’ils ont paru être contre Milwaukee malgré les blessures.
Si en prime vous apportez de la défense, une présence au rebond, alors vous pouvez même devenir une option majeure sans pour autant être un basketteur de grand talent ou très abouti. C’est exactement ce qui sera attendu de cette jeunesse : apporter de l’énergie, de la lutte. En cela, la raquette de Brooklyn semble bien plus intéressante que l’an passé (23eme au rebond défensif, 22eme au rebond offensif, 22eme defensive rating). Apporter cette variété ne paraît pas indispensable en saison régulière pour les Nets qui ont survolé les 72 matchs en se ménageant et sans autant d’options et d’athlètes.
Selon les match-ups, elle pourrait en revanche être cruciale en Playoffs.
Brooklyn, archétype d’une nouvelle NBA ?
Si les Nets n’auront pas nécessairement besoin de s’appuyer sur leur raquette en toute circonstance, c’est que la polyvalence de l’effectif semble en faire un archétype de la NBA moderne : une équipe qui peut finalement faire fi des questions de positionnement, de poste et de taille. Brooklyn semble pouvoir tester toutes formes d’associations selon l’adversaire. Que la volonté soit de se mettre au niveau défensif, d’outscorer un adversaire ou de déstabiliser une équipe à l’identité claire, tout semble abordable et envisageable.
Par exemple, si Griffin est un ailier fort, imaginer une paire Millsap-Griffin côte à côte malgré des profils très semblables n’aurait rien d’étonnant. Kevin Durant est un ailier, qui évolue souvent en 4 grâce à sa taille et le problème de match-up qu’il représente. Toutefois, une rotation qui le ferait passer pivot en attaque n’a rien d’improbable. D’autant que par exemple, James Harden, qui est le meneur de l’équipe, est plus à l’aise pour défendre des intérieurs grands et costauds que des meneurs plus véloces. Le nombre de joueurs capables d’évoluer en dehors des standards de leur “poste naturel” est très élevé. Et dans une NBA où la polyvalence est de plus en plus importante, le côté hybride est une raison supplémentaire de les craindre : les options à disposition de Steve Nash sont infinies.
Et la défense dans tout ça ?
En NBA, on dit souvent qu’une équipe doit être top 10 en offensive et defensive rating pour être sérieusement prétendante au titre. Brooklyn est une exception. Leur talent offensif est si supérieur aux standards qu’une défense médiocre ne les empêcherait pas de survoler leur conférence. Tandis qu’une défense dans la moyenne en ferait naturellement un prétendant pour le titre.
Pourtant, comme susmentionné, il est tout à fait possible que Brooklyn fasse mieux que son 22eme defensive rating de l’an passé. Le luxe de faire un training camp, mais surtout, un recrutement audacieux qui a permis de récupérer quelques pièces intéressantes de ce côté du terrain aidera forcément. Certaines rotations pourraient même être plutôt intéressantes en défense.
A titre d’exemple, une line-up avec James Harden – Jevon Carter – Bruce Brown – Kevin Durant – Nicolas Claxton offrirait une double ration de rim protection (Claxton & Durant), deux défenseurs au large et un joueur comme James Harden suceptible de couper les lignes de passe en étant caché sur le moins bon attaquant adverse. Désormais débarrassé de DeAndre Jordan, Claxton pourrait d’ailleurs prendre du poids dans la rotation de l’équipe. L’an passé, quand le jeune pivot était sur le terrain, les Nets encaissaient -11,2pts que quand il était sur le banc. Avec une année de plus, une équipe qui semble en avoir fait la principale rotation au poste 5 et avoir compris l’importance de ce type de profils, Brooklyn pourrait être enfin une équipe optimisée par rapport à son propre réservoir de joueurs.
Non, les Nets ne feront pas partie de l’élite avec beaucoup de défenseurs moyens. Mais est-ce vraiment nécessaire avec tant de talent offensif ?
Quels objectifs ?
L’objectif est évidemment le titre. Rien d’autre. Les Nets apparaissaient comme un projet sur plusieurs saisons. Tout semble maintenant réuni pour frapper un grand coup. La première année devait permettre de préparer le terrain pour Kevin Durant, la seconde de tester tout ce monde. Cette 3eme saison apparaît comme l’alignement d’une longue reconstruction pour Brooklyn. Si les Bucks sont champions, tout porte à croire que l’équipe à abattre cette saison sera finalement la franchise New-Yorkaise. Plus que celle du Wisconsin ou le Big Three de Los Angeles.
Pour cela, l’équipe doit évidemment être aussi effrayante offensivement que ce qu’elle promet, mais ménager son groupe en vue de la post-saison. Si la saison régulière est une répétition, elle représente un risque majeur pour un groupe aussi fort : perdre ses éléments majeurs dans ce long marathon de 82 matchs. A ce titre, on peut douter que la première place de l’Est soit un réel objectif pour les Nets. L’avantage du terrain apparaissant presque comme une débauche d’énergie inutile dans une Conférence Est qui semble plus dense que la saison passée.
L’avis de @BrooklynNetsFRA
On va commencer par l’élimination l’an passé face aux Bucks. Qu’en ressort-il selon toi ? Plutôt de la déception ou du positif pour cette année ?
Dans un premier temps, et au-delà de la déception, c’est un sentiment de frustration qui prédomine. Les Nets avaient clairement la main sur la série avant la blessure de Kyrie. KD a porté l’équipe avec un game 7 d’anthologie… Il faut néanmoins féliciter les Bucks qui ont mieux géré l’overtime du Game 7. Qui plus est à l’extérieur. Avec du recul, on peut tirer du positif de cette série. Déjà on a vu que même sans pivot de métier, on était finalement qu’à un gros orteil de passer les futurs champions. Le tout sans Kyrie et avec un James Harden sur une jambe. On a surtout vu que même face à l’un des (voir le) intérieurs les plus dominants de la Ligue, notre raquette, reputée faiblarde défensivement, avait du répondant. Cela donne énormément de confiance pour la saison prochaine.
Avec un trio qui fonctionne extrêmement bien ensemble, que fallait-il ajouter cet été ? Est-ce que tu penses que ça a été fait ?
À mon sens, cette intersaison a été rondement menée par le front office des Nets. Il fallait déjà conserver nos cadres. KD a prolongé, les discussions autour des extensions de contrat d’Harden et Kyrie avancent bien. Ensuite on a su garder les pitbulls Blake Griffin et Bruce Brown qui apportent le hustle si important pour jouer le titre. Finalement la seule déception a été de perdre notre chouchou Jeff Green. Mais le fait de voir arriver Paul Millsap compense largement cette petite déception. Ensuite on remplace numériquement Landry Shamet par Patty Mills. Il apportera une solution alternative à la mène pour suppléer Kyrie et James. DeAndre Jordan est remplacé par LaMarcus Aldridge. Pour moi, les Nets (en tout cas sur le papier) se renforcent clairement. On compense un manque de backup à la mène et on apporte du muscle dans la raquette. C’était l’objectif de l’intersaison. Sans oublier le superbe choix de Draft que représente Cam Thomas. Été des Nets validé.
Les Nets sont perçus comme favoris pour le titre cette année. Quelle(s) sont les plus grandes embuche(s) selon toi ?
On ne va pas se mentir, les Nets sont favoris. C’est d’ailleurs ce que les bookmakers annoncent. Mais être favoris n’assure pas un titre. Plusieurs choses peuvent nous empêcher d’être sacrés. Dans un 1er temps, la santé de nos joueurs. On a vu la saison passée que nous n’avions pas été épargné par les blessures. On prie donc pour que nos joueurs majeurs soient présents jusqu’au bout des Playoffs. Ensuite les adversaires. Le basket ne se joue pas que sur le papier. Déjà sortir de l’Est n’est plus si facile. Des franchises se sont bien renforcées. Je pense notamment au Heat. D’autres comme les Hawks ou même les Knicks vont confirmer et encore embêter les favoris de l’Est. Et puis il reste les Bucks et Sixers toujours très forts. Enfin si par bonheur on sortait vainqueur de notre conférence, on sait que de l’autre côté il y aurait de toute façon du lourd en Finales NBA. Lakers, Clippers, Suns, Nuggets etc… Rien n’est gagné d’avance. Mais OUI on entame cette saison avec encore plus de détermination que la dernière. On y croit !