Entre les 29 novembre 2019 et 2 avril 2021 @BenjaminForant et @Schoepfer68, accompagnés ponctuellement par d’autres membres de la rédaction, ont dressé le portrait de certains de acteurs méconnus ou sous-estimés de la NBA. Au total, ce sont 63 articles qui vous ont été proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010, avec quelques bonus par-ci, par-là.
Pour cette saison 2, Le Magnéto change de format. Si l’idée est toujours de narrer la carrière des joueurs dont on parle finalement trop peu, il ne s’agira plus de traverser de part en part la si vaste histoire de la Grande Ligue. Désormais, chaque portrait sera l’occasion de braquer les projecteurs sur une franchise en particulier, avec l’ambition d’évoquer l’ensemble des équipes ayant un jour évolué en NBA, mais également en ABA.
Replongez avec nous dans ce grand voyage que constitue Le Magnéto. Dans ce 64è épisode, intéressons-nous à la légendaire franchise de Boston, vue à travers l’un de ses plus emblématiques joueurs : Dave Cowens.
Carnet de voyage
Il était une fois dans l’Est
Massachussetts, 1946
La franchise de Boston est peut-être la plus iconique de l’Histoire de la Grande Ligue. Que nos amis de la côte ouest, habillés de pourpre et or, ne quittent pas l’article immédiatement pour autant ; l’assertion précédente se prête effectivement au débat, dont l’article du jour ne sera pas le théâtre.
Créée le 6 juin 1946, la franchise était à deux doigts de s’appeler Unicors ou encore Olympics, et doit logiquement son nom à son premier propriétaire, Walter Brown, manifestement grand fan des Celtics de New-York, une ancienne équipe de basket-ball disparue depuis 1929. D’abord engagée en BAA, l’équipe ne brille clairement pas sur les parquets, une fois n’est pas coutume. Pire ; les finances ne sont pas saines non plus et la faillite menace. Ce n’est qu’en 1950 que la situation évolua enfin, avec l’arrivée de Red Auerbach. L’homme aux cigares commença par se mettre tout l’État à dos en refusant de drafter l’enfant du pays, Bob Cousy, considérant qu’il n’a pas à “recruter quelqu’un juste parce que c’est le péquenaud du coin“. L’intéressé a certainement dû apprécier. En lieu et place, Boston sélectionna Charlie Share, un pivot qui resta 10 ans dans la Ligue, sans véritables coups d’éclat.
C’est d’ailleurs un concours de circonstances qui fit que Cousy posa finalement son baluchon à Boston. Drafté par les Tri-Cities Blackhawks, franchise basée à Moline (Illinois) et rapidement entraînée par… Red Auerbach, le meneur considère toutefois que le salaire qui lui est proposé ne compense ni l’éloignement géographique ni l’abandon de ses études de pilote. Les négociations échouèrent et ses droits furent transmis aux Stags de Chicago, qui vont rapidement faire faillite. Il en résulta une draft de dispersion, qui concerna 3 joueurs dont Bob Cousy… dont personne ne veut. Néanmoins, puisque Boston possède le choix #3, Auerbach n’aura pas le luxe de choisir ; il prendra le dernier joueur disponible. Et c’est ainsi que la première pierre de la plus grande dynastie de l’histoire de la Ligue démarra : avec un choix par défaut.
La suite ne sera que domination. Bill Sharman arriva en 1951, Tom Heinsohn et Bill Russell en 1956, Sam Jones en 1957. S’en suivirent 11 titres NBA en 13 années, jusqu’en 1969, date du dernier sacre de cet effectif, remporté au game 7 dans la salle des Lakers – s’il-vous-plaît.
La suite ? Orpheline de Russell, Cousy, Sharman et de Heinsohn (qui prit place sur le banc), mais ayant toujours Havlicek, Bailey Howell et Jo Jo White en leur sein, les Celtics vont connaître leur première saison galère depuis près de 15 ans. Au final, 34 victoires pour 48 défaites et une avant-dernière place dans la Conférence est, synonyme de 4è place à la draft 1970. Une draft Ô combien importante dans l’histoire de la NBA (Bob Lanier, Rudy Tomjanovich, Pete Maravich, Geoff Petrie, Calvin Murphy, Tiny Archibald…). Une draft Ô combien importante, également, pour la décennie à venir de Boston. Avec le 4è choix, les Celtics jetèrent leur dévolu sur Dave Cowens, sur les conseils de Bill Russell. Cela ne s’invente pas.
***
Pendant ce temps-là, entre le Kentucky et la Floride
Dave Cowens est né à Newport, dans le Kentucky, peu de temps après la naissance de celle qui sera sa franchise de toujours. Tandis que les hommes d’Auerbach amassaient les titres et trophées individuels, lui enfilait les points et les rebonds comme des perles. Pourtant, comme c’est finalement souvent le cas avec les destins incroyables, les portes du basketball furent momentanément fermées pour et par le jeune garçon.
S’il commença à jouer avec la balle orange à 8 ans, c’est au lycée que tout se complexifia. En première année, un conflit éclata avec son coach et le jeune homme décida de ranger les sneakers (ou les converses) pour enfiler tour à tour le maillot de bain ou les pointes. De surcroît, il ne mesurait “qu’un” modeste 1m85 et les observateurs de la sphère basketball considéraient qu’il serait à jamais trop petit pour devenir professionnel.
Deux ans plus tard, Cowens affichait 2m01 sous la toise. Les bisbilles avec le coach étaient oubliées et l’histoire se mettait doucement en marche. Dans son sillage, Newport remporta 29 de ses 32 rencontres et son franchise player marquait 13 points et avalait 20 rebonds par soir.
C’est ainsi qu’il quitta son Kentucky natal pour intégrer la faculté de Florida State en 1967, année où Wilt Chamberlain parvint enfin à venir à bout des Celtics pour remporter son premier titre NBA. En quatre exercices à la faculté, celui qui se fait désormais surnommer Big Red en raison de sa chevelure flamboyante continuait son immense chantier. Sur l’ensemble de ses 78 rencontres, il inscrivit 17,8 points de moyenne. Au rebond ? 17,8 également. Ce total fait de lui, encore aujourd’hui, le meilleur rebondeur de l’Histoire des Seminoles, qui eurent la bonne idée de retirer son numéro à la fin de son cursus.
La vie est parfois bien faite. Voilà un intérieur bondissant, rebondeur hors pair et besogneux, qui se présente à la Draft NBA alors que Bill Russell vient de prendre sa retraite et que les Celtics réalisèrent une saison largement en-deçà de leurs standards. Et pourtant, certaines rengaines ont la vie dure ; lorsqu’il s’apprête à être drafté, Cowens est encore considéré comme étant trop frêle et petit pour évoluer au poste 5 (2m06, 104 kilos). Aujourd’hui, cela ne poserait aucun problème. Toutefois, au début des années 1970, les intérieurs dominants mesuraient fréquemment 2m13 pour 115 kilos. À côté, Cowens pouvait faire brindille. C’est là que Bill Russell, qui n’était pas géant non plus, intervint :
“Personne ne peut dire dire à ce gamin qu’il ne peut pas jouer pivot”.
Les mots de la légende firent échos chez Red Auerbach, alors GM de la franchise. Impressionné par l’éthique de travail du joueur, il décida de jeter son dévolu sur lui. La suite ? Dans une décennie 1970 qui fît la part belle aux surprises en NBA, il était tout de même certains éléments qui demeuraient immuables : parmi ceux-là, les performances de Dave Cowens sont à mettre en exergue. D’ailleurs, en fin de saison rookie (dont on reparlera), Auerbach confirma tout le bien qu’il pensait de sa jeune recrue :
“C’est un gamin très dévoué. C’est rare. Le problème, avec lui, c’est de lui dire quand il faut s’arrêter. Il en fait trop”.
Coup de foudre à Boston
Une acclimatation expresse à la Grande Ligue
La relation entre Boston et Dave Cowens dura 10 ans et 726 rencontres de saison régulière. Le mariage fût fructueux et l’amour réciproque. Avant même de parler du joueur, évoquons très rapidement l’homme qu’était Big Red. Élevé religieusement et placé dans un lycée catholique, le bonhomme en a gardé certains traits vertueux. La loyauté, d’abord. La modestie, surtout. Le sens acharné du travail, enfin.
Deux citations permettent, à notre sens, d’illustrer à merveille ces différentes facettes. La première sort de la bouche de John Havlicek, meilleur scoreur de l’histoire de Boston et coéquipier de Cowens durant 8 ans. Gardez en tête, pour prendre la pleine mesure de ce qui va suivre, qu’Havlicek fût aussi le coéquipier de Russell, Cousy et autre Sharman depuis 1962. Ainsi, dans un article destiné à un site spécialisé de la franchise bostonienne, Hondo énonça :
“Personne n’a jamais fait autant pour les Celtics que Dave Cowens”.
Voilà de qui nous parlerons aujourd’hui. Une légende, tellement méconnue du grand public actuel. Une légende d’une simplicité presque enfantine :
“Je ne me suis jamais considéré comme une superstar. Je représente les travailleurs de la NBA. Je suis honoré d’avoir été sélectionné, car je peux citer des tas de joueurs qui furent meilleurs que Dave Cowens. Il faut jouer avec les bonnes personnes et arriver dans la bonne équipe. Soyons francs ; j’ai été très chanceux”. Dave Cowens, lors de son discours d’introduction au Hall-of-fame.
Le décor est désormais planté. Pour en revenir à la première saison du rouquin, notons qu’il ne mit pas longtemps avant de confirmer les propos de Bill Russell. Deux matchs, à vrai dire, le temps de scorer 27 points et de prendre 21 rebonds contre les Suns (défaite -19). Des 27/21 lors des deux premières rencontres en carrière, ils ne sont que 3 à l’avoir fait : Wilt Chamberlain (2 fois), Elvin Hayes et Dave Cowens donc.
Pourtant, le collectif Boston toussote et n’avance pas bien vite : 10 victoires et 10 défaites pour commencer la saison. Si le scoring du rookie est aléatoire (18,6 points / soir tout de même, mais avec beaucoup d’irrégularité), l’aspirateur à rebonds était parfaitement huilé. Bien installé sous les cercles, cavalant d’un bout à l’autre du terrain comme un marathonien à Berlin, Cowens est le défenseur principal des siens ainsi que la 3è option offensive, derrière Havlicek et Jo Jo White. Surtout, il démontre qu’il n’est pas particulièrement timide à l’heure d’affronter les autres big men de la Ligue :
- 14,1 points et 14,8 rebonds de moyenne face à Willis Reed, MVP en titre ;
- 16,2 points et 14,2 rebonds de moyenne face à Wilt Chamberlain ;
- 19,2 points et 15,8 rebonds de moyenne face à Kareem Abdul-Jabbar.
Au final, Boston remporta 44 victoires cette année-ci. C’est certes trop peu pour disputer les Playoffs, mais les verts eurent tout de même de quoi célébrer, avec le titre de rookie de l’année de Cowens, partagé avec Geoff Petrie. Si le pivot de Boston fût le joueur qui commit le plus de faute de la saison, il n’en demeure pas moins que, statistiquement, son exercice est quasi-unique dans l’Histoire : 17 points, 15 rebonds, 2,8 passes décisives. Seul Elgin Baylor fit au moins aussi bien pour sa première saison.
Rebelote la saison suivante ? Effectivement. De toute manière, si vous êtes adeptes des montagnes russes, la carrière du numéro 18 des Celtics n’est pas faite pour vous. Karl Malone était adepte du 25 points et 10 rebonds ? Cowens fît sien le 19 points et 15 rebonds. En 1971, Boston présente toujours le même big three, articulé autour du scoring et de la création d’Havlicek, d’un lieutenant de luxe en la personne de White, et d’un travailleur et défenseur élite sous les cercles. Et la mayonnaise a pris.
Ainsi, au bout de 11 rencontres, Boston affiche 10 victoires. Cowens en profita pour réaliser quelques chantiers pas piqués des hannetons, notamment sur la tête de son camarade de draft, Bob Lanier (37 points, 15 rebonds, victoire +1). Pour la NBA, il y a comme un air de déjà vu : des hommes en vert au sommet de la Conférence est et un pivot défensif et rebondeur, cela ressemble vaguement à la décennie 1960. Sur sa lancée Cowens décrocha sa première étoile d’All-Star. Il pensa d’ailleurs offrir la victoire aux siens, d’un jumpshot décoché à 10 secondes de la sirène finale. C’était sans compter la présence du MVP du soir, Jerry West, qui assassina finalement la conférence est au buzzer.
Il est désormais reconnu dans toute la Ligue pour son énergie inépuisable et son caractère de combattant, ce que met en avant Paul Silas, alors joueur de Phoenix :
“Je pensais que c’était un homme sauvage. Je n’avais jamais vu quelqu’un avec autant de talent jouer de manière aussi agressive”.
Boston termina la saison avec 56 victoires et des ambitions renouvelées. Pas impressionné pour un sou par les enjeux printaniers, Cowens termina sa première rencontre de playoffs avec 23 points et 16 rebonds et la victoire. Si la suite de la série fût plus chaotique, il redevint Big Red au meilleur des moments, lors du game 6, pour éliminer définitivement Atlanta : 26 points, 20 rebonds à 65 % au tir. Il ne put cependant pas empêcher l’élimination des siens en finale de Conférence (second tour, à l’époque) face aux Knicks.
Sur le toit du monde
Nous voici donc en 1972-73. Une saison qui le consacra peut-être comme le MVP le plus oublié de l’Histoire de la Grande Ligue. Les chiffres, d’abord : 20,5 points, 16,2 rebonds, 4,1 passes décisives et très probablement des contres par paquets de 12. À 24 ans et pour sa troisième saison au sein de la NBA, Cowens réalisa un exercice… mythique ? La Ligue n’a vu de tels chiffres qu’à 13 reprises et le joueur des Celtics est le plus méconnu de ces déménageurs de l’extrême (Abdul-Jabbar à 3 reprises, Elgin Baylor à 2 reprises, Wilt Chamberlain à 6 reprises, Dave Cowens, Nate Thurmond).
Il faut dire qu’en tout point, la candidature de Big Red était aussi parfaite que sa coiffure. Tout d’abord, le pivot a gagné en régularité et ne connaît plus de trou d’air. Il a également pris la bonne habitude de réaliser quelques performances qui auraient été marquantes si Wilt Chamberlain n’avait pas existé :
- 26 déc. 1972 vs New-York : 38 points, 20 rebonds et 4 passes décisives, dans une victoire (+9). La NBA recense 198 matchs en 38/20/4, dont 101 pour le seul Chamberlain ;
- 17 janv. 1973, vs Portland : 35 points, 20 rebonds et 4 passes décisives, dans une victoire (+18) ;
- 9 mars 1973, @ Los Angeles : 34 points, 19 rebonds et 5 passes décisives, dans une victoire (+8) ;
- 20 mars 1973, vs Houston : 20 points, 32 rebonds et 9 passes décisives, dans une victoire (+9). On ne retrouve que 10 occurrences de 20/32/9 dans l’Histoire et le dernier en date est celui réalisé par Cowens. Avec lui ? Chamberlain 8 fois et Maurice Stokes.
Au-delà même des chiffres bruts, la saison collective de Boston est phénoménale. Il s’agit, ni plus ni moins, du meilleur exercice de la franchise, qui ne manque pourtant pas de saisons abouties. Ainsi, en cette saison 1972-73, les hommes d’Heinsohn remportèrent 68 victoires, pour 14 petites défaites. Dès lors, il n’y a même pas eu d’hésitations à l’heure de voter pour le meilleur joueur de la saison. Pourtant, Kareem Abdul-Jabbar affichait 30,2 points, 16 rebonds et 5 passes décisives. Tiny Archibald, lui, termina meilleur scoreur et passeur de la saison, chose unique dans l’Histoire.
Il n’en demeure pas moins qu’avec 67 premières places et 444 points, c’est Dave Cowens qui s’est vu remettre le trophée Maurice Podoloff. Notez qu’en cette époque, et jusqu’en 1980, ce sont les joueurs qui votaient et un joueur ne pouvait pas voter pour lui-même ou pour un de ses coéquipiers. C’est donc dire la reconnaissance qu’il avait de la part de ses adversaires. D’ailleurs, vous a-t-on dit qu’avant cela, le pivot avait également été nommé MVP du All-star Game ? La razzia individuelle n’est pas unique (11 occurrences dans l’Histoire), mais demeure extraordinaire. Le principal intéressé semble d’ailleurs en prendre pleinement conscience :
“Être nommé MVP par mes pairs signifie énormément pour moi. J’ai toujours tenté de gagner le respect des autres joueurs. Ils sont les seuls qui comprennent les sacrifices effectués”.
Pourtant, c’est une bizarrerie que la NBA réservait parfois, Cowens ne fût pas nommé dans la première équipe de la NBA. En somme, le meilleur joueur de la Ligue ne méritait pas d’être inclus dans la meilleure des équipes, dont la raquette était composée de Spencer Haywood et de Kareem Abdul-Jabbar.
En somme, pour parachever la masterclass, il ne manquait qu’un titre NBA. Inutile de préciser que les Celtics faisaient office d’immenses favoris. Et pourtant, comme la saison passée, Boston chuta en finale de conférence face aux Knicks après avoir éliminé les Hawks. Sur les 7 rencontres de ladite finale, Cowens est irréprochable, ou presque : 24,4 points, 14 rebonds, 3 passes décisives, le tout en limitant Willis Reed à 10,4 points et 6,4 rebonds, à 43% au tir. Autant dire que si l’équipe s’était hissée au niveau de son franchise player, Boston serait allé défier les Lakers en finale NBA, dans une confrontation so sixties.
Le rendez-vous pour les finales NBA était toutefois pris. Il suffisait simplement d’attendre encore une grosse année.
Le titre NBA, enfin
Que faire lorsque le MVP en titre réalise une saison à nouvelle fois hors du commun ? Tony Parker a répondu à cette question, posée autour du “cas Steve Nash” en 2006. Selon le meneur français, il était certain que la canadien allait remporter son second trophée consécutif, puisque son influence sur le jeu des Suns avait encore grossi.
La Grande Ligue ne retint pas le même raisonnement en 1974. Ce n’est pas faute pour Cowens d’avoir réalisé un exercice à la hauteur de ses habitudes : 19 points, 15,7 rebonds, 4,4 passes décisives, 1,2 interception et autant de contres, pour 2 petites rencontres manquées.
Si Big Red ne souleva pas son second titre de MVP, c’est notamment parce que, collectivement, les Celtics redescendirent de leur nuage : 56 victoires, soit 12 de moins que la saison précédente. Il n’en demeure pas moins que derrière Abdul-Jabbar, Bob McAdoo et Bob Lanier, c’est Cowens qui termina 4è dans la plus grande course individuelle de l’année. L’important était ailleurs.
En effet, au premier tour des playoffs, il s’agissait d’écarter les Braves de Buffalo, au sein desquels jouait McAdoo, meilleur scoreur de la Ligue. Chacun dans leur style, les pivots vont se rendre coup pour coup durant 6 rencontres. Monstrueux offensivement, McAdoo scora 31,7 points de moyenne, agrémentés de 13,7 rebonds en 45 minutes. En face, Cowens réalisait sa ligne statistique fétiche, avec 19,2 points, 16 rebonds et 3 passes décisives en 46 minutes. Il n’en demeure pas moins que dans le sillage d’un Havlicek hors norme, ce sont les Celtics qui compostèrent leur ticket pour le second tour, histoire d’y retrouver les Knicks pour la 3è année consécutive.
Il n’y aura pas match, cette fois-ci. Jamais New-York ne vit le jour dans l’affrontement. Ironie du sort, la meilleure performance de Cowens se solda par l’unique défaite des Celtics au cours de la série : 28 points, 22 rebonds, 4 passes décisives. En finale de Conférence, seuls Abdul-Jabbar (2 fois) et Tim Duncan réalisèrent un tel match.
Abdul-Jabbar, d’ailleurs. Voici le meilleur joueur de l’Histoire qui se dresse sur la route des Celtics en finale NBA. Les Bucks présentent d’ailleurs le meilleur bilan de la saison régulière. Contrairement à la saison précédente, ce ne sont pas les Celtics qui ont les faveurs des bookmakers. Face à la domination sans faille du pivot adverse, Cowens changea de rôle ; moins défenseur, plus scoreur et distributeur. L’objectif était d’obliger Jabbar à défendre, histoire qu’il soit (un peu) moins efficient de l’autre côté du terrain.
Cela ne fonctionna pas spécialement, et l’homme aux lunettes scora tout de même 32,5 points par match. Son impact sous les cercles diminua toutefois, notamment au rebond. Depuis le début des playoffs, Jabbar n’avait jamais pris moins de 14 rebonds (19 de moyenne). Face à Cowens, qui lui rendait quand même 12 centimètres, il n’en prendra jamais plus de 15. Big Red, quant à lui, inscrivit plus de 22 points par soir pour maintenir les siens à flot, dans une série où aucune équipe ne remporta deux matchs consécutifs.
C’est d’ailleurs lui qui fit la différence au game 7. Tout d’abord, il maintint son vis-à-vis à un “timide” 26 points et 13 rebonds, son plus mauvais match de la campagne. De surcroît, Cowens claqua 28 points, avala 14 rebonds et distribua 4 passes décisives. Il fallait bien ça pour compenser la défaillance de John Havlicek (16 points, à 6/20 au tir) et celle de Jo Jo White (16 points, 6/15 au tir). C’est ainsi que Boston remporta un nouveau titre NBA, le premier depuis 1969.
Le titre de MVP des finales fût toutefois remis à Hondo, quand bien même cela puisse prêter à débat. Toutefois, nul ne doute que Cowens en avait cure : le voilà champion NBA.
Opérons un rapide saut temporel, pour arriver au printemps 1976. Entre temps, le pivot fit exactement ce qu’il faisait depuis maintenant 6 ans : 19,6 points, 15,4 rebonds, 4,3 passes de moyenne sur les deux saisons régulières (1975 et 1976), 2 sélections au All-Star Game, autant dans la All-NBA 2nde Team et dans les All-Defensive Team (la seconde équipe en 1975, la première en 1976), une 2è place au MVP en 1975 et une 3è en 1976. Vous avez dit “régularité” ? Vous avez dit “monstrueux” ?
Si nous nous arrêtons au printemps 1976, c’est que Boston est de retour aux affaire. Après une défaite surprise en finale de Conférence la saison précédente face aux Bullets, les hommes d’Heinsohn, toujours menés par leur immuable big three, sont bourrés d’ambition au moment d’entamer la post-season. En guise d’amuse-bouche, il convient à nouveau d’écarter les Braves de McAdoo. C’est chose faite, en 6 rencontres. Au cours de la 4è d’entre elles, remportée par Buffalo, Cowens disputa les 48 minutes de la rencontre, pour 29 points, 26 rebonds et 8 passes décisives. 29/26/8 en Playoffs, seul Wilt Chamberlain l’a également fait (à 3 reprises).
En tant que plat de résistance, il est désormais nécessaire d’avaler les Cavaliers, équipe dénuée de véritable star mais diablement homogène. Encore une fois, il faudra 6 rencontre à Boston pour plier la série. Nous vous ferons pas l’affront de répéter la ligne statistique de Cowens, puisque c’est exactement celle qu’il présente depuis 1970.
Le dessert est composé principalement de cactus. Pour la première fois de leur histoire, les Suns de Phoenix se qualifièrent pour la finale NBA, un peu à la surprise générale. Cette fois-ci, Cowens doit se coltiner Alvan Adams, rookie de l’année et All-Star. L’on peut dire que c’est chose faite, puisqu’à nouveau en 6 rencontres, et avec 20,5 points et 16,3 rebonds de moyenne, Cowens et les Celtics remportèrent leur second titre NBA en l’espace de 3 ans. Encore une fois, le titre de MVP des finales passé sous le nez du pivot roux, pour être remis à Jo Jo White. Encore une fois, a posteriori, cela se discute très largement.
La carrière de Dave Cowens dura encore 5 années, que nous passerons rapidement.
La lune rousse
Le crépuscule de la carrière de Big Red se fera progressivement. Collectivement, les Celtics perdirent Havlicek en 1978. De toute manière, la fin de la décennie fît la part belle aux surprises, et les Blazers de Bill Walton, les Bullets d’Elvin Hayes et les Sonics de Jack Sikma remportèrent le seul titre de leur histoire. Il n’en demeure pas moins que Cowens fût encore 3 fois All-Star, pour un total final de 8 sélections.
Notons qu’en fin de saison 1978-79, il cumula la casquette de joueur et celle de coach des Celtics, comme le fit Bill Russell dix ans auparavant. Toutefois, comme il l’avoua très honnêtement plus tard, ce second poste était, pour lui, celui de trop :
“Je n’avais aucune expérience de coaching, c’était trop pour moi”.
Boston termina la saison avec 29 victoires, le second pire bilan de l’équipe en NBA pour l’époque. Toutefois, comme en 1970, cet exercice difficile n’en appela aucun autre, puisque l’année suivante, Larry Bird intégra l’effectif et les Celtics remportèrent 61 victoires.
Cowens ne partagea qu’une saison aux côtés de Bird, pour une défaite en finale de Conférence face aux 76ers de Julius Erving. Il décida de partir à la retraite en 1980 (en étant All-Star, 14,2 points, 8,1 rebonds, 3 passes décisives). Il fera un très éphémère come-back deux ans plus tard, du côté de Milwaukee, avec lesquels… il sweepa les Celtics au premier tour des Playoffs… depuis les tribunes. En effet, les blessures récurrentes aux pieds et aux genoux eurent raison de Big Red, dont le dernier match en carrière fût disputé le 16 avril 1983.
Pour conclure ce portrait, mouillons-nous un petit peu. Où plaçons-nous Dave Cowens dans la si riche histoire des Celtics ?
La place au box-office des Celtics
Les chiffres, d’abord. Permettons-nous de vous les présenter dans un tableau, parce que Cowens truste les places d’honneur dans plus ou moins toutes les catégories statistiques des Celtics.
Ajoutez-y 8 sélections au All-Star Game, 3 dans les All-NBA team et dans les All-defensive team, 1 titre de MVP, de rookie de l’année et de MVP du All-Star Game et 2 titres de champion NBA et, évidemment, un numéro 18 retiré. Notons également que Cowens fût nommé parmi les 50 et les 76 greateast all-time de la NBA. Sans que cela ne se prête au débat, cette fois-ci.
Tout cela fait que dans l’histoire de la franchise 17 fois championne, Dave Cowens possède une place de choix. Au final, il semblerait que seuls Larry Bird, Bill Russell et Bob Cousy puissent véritablement être considérés comme étant plus importants que lui pour les Celtics. À notre sens, Cowens se retrouve en tête du premier groupe de poursuivants, en compagnie de John Havlicek et devant Robert Parish, Kevin McHale, Sam Jones ou autre Paul Pierce.
Rappelez-vous que, malgré tout cela, Dave Cowens ne se considérait pas comme une superstar. Sit down, be humble.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Saison 1 : l’intégralité des articles ;