Malgré une 14eme place au sein de la conférence Est, difficile de qualifier la saison 2021-2022 des Pistons de réelle déception. Les résultats n’étaient certes pas au rendez-vous (23 victoires pour 59 défaites, 28è offensive et 24è defensive rating), mais personne ne s’attendait à ce que les hommes de Dwayne Casey visent plus haut. Non, à Detroit, l’essentiel était ailleurs. Cet exercice devait permettre l’avènement d’un nouveau franchise player à Motor City. Et ce fut le cas.
En sélectionnant Cade Cunningham avec le first pick 2021, les Pistons se sont assurés un ball handling de qualité pendant plusieurs années. Si l’ex Cowboys d’Oklahoma State n’a pas été auréolé du titre de ROY (il finira 3ème de ce classement derrière Scottie Barnes et Evan Mobley), nul doute que sa première saison dans l’élite aura été une vraie réussite. Positionné sur un poste d’arrière, aux côtés de Killian Hayes (ou Cory Joseph par défaut), il jouera 64 rencontres pour 17,4 points, 5,6 passes, 5,5 rebonds, 1,2 interceptions et 0,7 contres par soir, en un peu plus de 32 minutes par match. Des statistiques excellentes et complètes, qui lui ont permis de réaliser deux triples-doubles dans cet exercice rookie.
Une réussite donc, et une belle promesse pour les années futures. D’autant plus que le reste du Young core, présent depuis plus longtemps que Cade commence à bien évoluer. Si Killian Hayes a toujours eu des difficultés pour sa saison sophomore malgré une fin de saison bien plus promettante, d’autres ont véritablement explosé.
C’est notamment le cas de Saddiq Bey. L’ailier sophomore de Detroit a régalé en 2021-2022. Homme de base de coach Casey (82 rencontres disputées), il tournera à plus de 16 points de moyenne sur l’ensemble de la saison. Il se targuera même de rentrer dans le top 5 des scoreurs All-Time des Pistons sur une rencontre, avec un Peak à 51 points face au Magic le 17 mars.
A côté de Bey et Cunningham, on peut également souligner la belle saison de Isaiah Stewart, titulaire à 71 reprises, qui s’impose comme un élément important de cet effectif. Hamidou Diallo a également répondu présent
Hormis ces quelques joueurs, il est vrai que la saison des Pistons n’a pas été glorieuse. Après quelques rencontres, le regard était déjà tourné vers l’intersaison 2023, sur lequel était fondé de grands espoirs.
In & out : le point sur le roster

Les mouvements de l’été côté Pistons
Le roster à ce jour :
Meneurs : Kemba Walker, Killian Hayes, Cory Joseph, Saben Lee,
Arrières : Cade Cunningham, Jaden Ivey, Rodney McGruder, Buddy Boeheim (Two Way), Hamidou Diallo
Ailiers : Saddiq Bey, Kevin Knox, Alec Burks, Isaiah Livers
Ailiers-forts : Marvin Bagley III, Kelly Olynyk,
Pivots : Isaiah Stewart, Jalen Duren, Nerlens Noel
Phase de l’équipe : entre tanking et fin de ventre mou
Depuis la saison 2018-2019, les Pistons n’ont jamais terminé une saison avec plus de 23 victoires au compteur. Pourtant, dans une conférence Est au ventre mou difficile à juger (Charlotte sans Bridges ? Les Pacers vont-ils conserver ce roster? Quid des Wizards ou des Knicks?), Detroit peut rêver d’accrocher le play-in si toutes les étoiles s’alignent.
Certes, la côte n’est pas très haute et l’affaire sera extrêmement difficile à conclure, mais dans une ligue où les 10 premiers de chaque conférence jouent au moins le début de la post-season, il suffit d’une bonne série pour que les objectifs de la saison passent du tanking à l’obtention d’une place au play-in. Ne pariez pas une grosse somme sur cette qualification, mais quitte à se mouiller, pourquoi pas là-dessus !
Les tendances de l’été
Comme beaucoup d’équipes avant eux qui étaient dans la troisième ou quatrième année de leur reconstruction, les Pistons ont construit leur été en deux phases bien distinctes : l’ajout de jeunes ultra prometteurs au roster, créant ainsi un young core imposant, et le recrutement de plusieurs vétérans performants permettant l’encadrement de ces jeunes pousses.
Deux énormes prospects à Motor City
Alors que les Pistons ont abordé la soirée de la draft avec un 5è pick décevant (ils avaient 52% de chance d’avoir un top 4, et 14% d’avoir le first pick), les sourires étaient de retour sur les visages des fans de Motor City à la fin de la soirée. Il faut dire que Troy Weaver a saisi de belles opportunités pour considérablement élargir son young core en ajoutant deux prospects attendus très haut à son effectif.
Jaden Ivey
Alors que l’indécision a longtemps régné autour de ce cinquième pick, l’exécutif des Pistons a finalement jeté son dévolu sur Jaden Ivey, l’arrière explosif provenant de Purdue. Ce dernier a longtemps tenu la dragée haute pour être sélectionné par les Kings en 4, mais la franchise californienne a préféré miser sur Keegan Murray, pour le plus grand bonheur des habitants du Michigan.
En effet, Jaden Ivey était l’un des prospects les plus attendus de cette draft, méritant pour certains observateurs une place avec le trio Smith/Holmgren/Banchero en haut des big board. Agé de 20 ans, le dragster de 1m93 sera surement titulaire aux côtés de Cade dès le jour 1.
Il devra certes encore progresser sur ses choix de tirs et sur certains aspects de création, mais le guard semble être prêt à chauffer à blanc la Little Caesars Arena. Athlétique, rapide, spectaculaire et bon ball handler, il apportera une alternative de grande qualité au génie de Detroit, qui sera surement décalé au poste 1 pour l’occasion.
Jalen Duren
Alors qu’on pensait que Detroit en avait fini avec ses acquisitions pour ce premier tour de la draft 2022, Troy Weaver a sorti une autre carte de son chapeau. On savait le GM fortement intéressé par Jalen Duren, pivot de l’université de Memphis. Après plusieurs échanges, qui ont vu notamment Jerami Grant partir à Portland et Kemba Walker rejoindre Detroit, Weaver réussit à mettre la main sur le jeune intérieur qui lui plaisait tant.
Mais qu’est-ce que Jalen Duren a de si intéressant?
Considéré comme un top prospect depuis plusieurs années, l’ex-Tiger, coaché par Penny Hardaway, a montré d’intéressantes qualités lors de sa première (et seule) saison à la fac. A seulement 18 ans (né en 2003), Jalen est un pivot aux caractéristiques physiques ahurissantes, qui lui permettront d’être NBA ready dès qu’il posera un pied sur le parquet : 2m11, 113 kg et 226cm d’envergure.
Très bon proche du cercle grâce à son gargantuesque physique, il est évidemment ultra prometteur d’un point de vue défensif. Disuasif, il saura accumuler les rebonds, les contres et les actions de protection d’arceau. Il devra évidemment énormément progresser de l’autre côté du terrain, que ce soit au shoot ou simplement dans la lecture du jeu, mais Jalen est un diamant à polir.
De l’expérience à la sauce new-yorkaise
A côté de ces deux jeunes ultras prometteurs, Detroit a jeté son dévolu sur de nombreux vétérans pour encadrer ce young core. Il faut dans un premier temps souligner le départ de Jerami Grant, meilleur scoreur de l’équipe du Michigan ces deux dernières saisons. Agé de 28 ans, l’ailier fort n’était malheureusement pas dans la même temporalité que ses coéquipiers, bien plus jeunes. Étant le joueur de l’effectif à la plus forte côte en fin de saison, le front-office n’a pas hésité à l’envoyer aux côtés de Damian Lilliard contre le 1st round de 2025 de Milwaukee, plusieurs seconds tours et de la place dans le cap.
Puis, entre la période de la draft et le début de la free-agency, les Pistons ont récupéré lors de plusieurs trades différents éléments de l’effectif des Knicks de l’exercice passé. Tout d’abord, on retrouve Kemba Walker. Ci ce dernier doit être coupé depuis plusieurs semaines, l’opération financière traine, et, à l’heure de l’écriture de ces lignes, il est toujours dans le roster des Pistons.
Ensuite, dans un trade qui avait pour but de faire de la place pour Jalen Brunson (tout comme celui de Kemba), Alec Burks et Nerlens Noel débarquent également à Motor City. Les deux joueurs, pour qui il ne reste qu’une année de contrat garanti avoisinant les 10M de dollars (et une team-option pour chacun d’entre eux), apporteront leur expérience. Noel, malheureusement souvent à l’infirmerie, ne devrait pas freiner le développement de Stewart et Duren. De son côté, Alec Burks apportera une alternative intéressante à Saddiq Bey sur le poste 3. Il avait beaucoup le ballon en main à NY, dépannant quelques fois à la mène. Il devrait moins voir la gonfle aux côtés de Cade ou Ivey, tout en pouvant se créer son propre shoot quand la situation le nécessitera.
Pour conclure cet été, les Pistons ont signé Kevin Knox pour un contrat de deux ans (une année garantie à 3M et une team option). Un pari sans grand risque, qui pourra dépanner au besoin.
Focus sur la saison 2022-23 des Pistons
Comme de nombreuses équipes dans leur situation, les Pistons ont fait le choix d’accumuler les jeunes joueurs au sein de l’effectif. Le tri sera fait un peu plus tard, le front-office voulant tester un peu tout le monde avant de l’effectuer. Se retrouvent donc dans le roster Jalen Duren, 18 ans, Cade Cunningham et Jaden Ivey, 20 ans, Isaiah Stewart et Killian Hayes, 21 ans et enfin Saben Lee, Saddiq Bey, Marvin Bagley et Kevin Knox, 23 ans. Sans compter le two-way Buddy Boeheim, âgé de 22 ans.
Une grande bataille va donc avoir lieu pour grappiller les minutes disponibles. Si une hiérarchie semble déjà être claire, avec Cade tout en haut de la pyramide, certaines questions restent à résoudre.
L’entente Cade- Ivey
Comme évoqué dans les paragraphes précédents, le choix de Jaden Ivey semble parfait pour accompagner Cade Cunningham sur les lignes arrières des Pistons ces prochaines saisons. Complémentaires, les deux arrières seront les deux principaux porteurs de balle des Pistons, et le rookie pourra profiter de la vision de jeu et de la qualité de passe de son camarade pour scorer à foison. De plus, hyper-athlétique, Ivey est très attendu sur sa défense. Il pourra donc soulager Cade sur ce point également. Bien que la réussite longue distance laisse encore à désirer (31% pour Cade sur sa saison rookie en 5,7 tentatives par match et 35% en 5 tentatives pour Ivey pour sa dernière année universitaire) et que Ivey n’est pas aussi propre balle en main que son franchise player (2,5 ballons perdues par match l’année passé à la fac), l’un devrait simplifier la vie de l’autre, dans un sens comme dans l’autre.
La connection entre les deux sera donc le moteur de ces Pistons en cette saison 2022-2023. En tout cas, les deux semblent sur la même longueur d’onde : “J’essaie juste d’apprendre son jeu et, le plus important, comment je peux en bénéficier. On est là l’un pour l’autre, toujours en train de travailler, d’apprendre. Il va falloir quelques entraînements pour s’y habituer. Je sens que collectivement, on essaie de construire quelque chose ici. On doit juste continuer à travailler comme des partenaires.”, confiait Ivey avant la Summer League.
Le cas Hayes
Si un joueur fait les frais de l’arrivée de Jaden Ivey à Détroit, c’est bien notre frenchie Killian Hayes, peu convaincant lors de ses deux premières saisons à Détroit. Dwayne Casey a choisi de le positionner dans la seconde unit à la mi-saison. Une décision qui s’est avérée payante, car la fin d’exercice du meneur français est plutôt intéressante, en témoignent ses 26 points-8 passes et 7 rebonds face à OKC en avril.
L’arrivée du rookie va conforter Killian Hayes dans cette position de meneur back-up. Dans une rotation à 3 avec Cade et Jaden Ivey sur les lignes arrières, il aura moins de pression et pourra continuer à reprendre confiance en lui. Aux côtés de joueurs d’expériences dans la second unit comme Cory Joseph, Hamidou Diallo ou Alec Burks, le français de 21 ans a de quoi progresser.
Sur certaines séquences, il sera possible que les 3 guards se retrouvent ensemble sur le terrain. Ivey ne mesure “que 1m93”, mais son physique pourrait lui permettre de tanker des physiques plus grands. Les deux autres sont plutôt grands et ont une grande envergure pour leurs postes (1m98, 2m13 d’envergure pour Cade, 1m96, 2m07 pour Hayes). L’arrivée d’Ivey, finalement une bonne nouvelle?
Bagley, le facteur X?
Il restera dans les mémoires pour être le pick précédant Luka Doncic. Marvin Bagley III, deuxième pick de la draft 2018, a été transféré des Kings aux Pistons en février, dans un trade impliquant 4 équipes et de nombreux joueurs dont Serge Ibaka et Donte Divicenzo. Alors qu’il avait grandement besoin de changer d’air, il se trouva derrière Jerami Grant dans la rotation des postes 4, mais débutera tout de même 8 rencontres sur les 18 qu’il jouera.
Les performances sont prometteuses : plus de 14 points de moyenne dont plusieurs pointes à plus de 20, quelques doubles-doubles et de la confiance qui s’installe.
Durant l’été, il a prolongé son contrat dans le Michigan de trois saisons, pour un salaire de 12,5 millions par année. Alors que Jerami Grant a rejoint la conférence Ouest, il semble être la seule option viable pour débuter les rencontres sur le poste 4. S’il arrive à éviter les blessures (62 rencontres jouées sa saison rookie, puis 13, 43 et enfin 48), il pourra s’avérer utile en bout de chaine. Il bénéficiera des caviars de ses arrières, et devrait trouver des paniers faciles. Il sera possiblement l’élément surprise des Pistons cette saison.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Des jeunes prometteurs et spectaculaires, des joueurs à la relance et des vétérans pour encadrer tout ça. Detroit ne vise pas très haut, mais l’équipe peut néanmoins être plaisante à regarder.
Si je devais faire ma liste comme si je m’adressais au père Noel, j’aimerais donc voir à Detroit un backcourt ultra performant, avec deux joueurs qui se comprennent et régalent des spectateurs de la Little Caesars Arena qui en ont grandement besoin.
J’aimerais également voir un coaching de Dwayne Casey un peu plus audacieux, lui qui a été critiqué la saison passée pour ses choix frileux au sujet des jeunes joueurs du roster. J’espère les voir un maximum sur le terrain en cette saison 2022-2023.
Enfin, j’aimerais que Detroit redevienne une place forte de la ligue, marquée par une forte identité défensive. Comme l’a très bien indiqué Ivey en interview, “l’état d’esprit des Pistons, c’est l’état d’esprit des Bad Boys, et elle consiste à revenir en défense !”