Et les Chicago Bulls prirent le contrôle de la conférence Est. Tout du moins pendant un temps. Attendus comme en net progrès la saison passée, nous n’imaginions pas pour autant qu’ils se mueraient en patron de la conférence Est pendant les premières heures de la saison.
Très en avance sur les autres formations, ils affichaient des rotations défensives et un investissement auxquels les fans n’étaient pas habitués si tôt dans le marathon de la saison régulière. Portés offensivement par DeMar DeRozan, bien secondé par Zach LaVine, les chicagaons réussirent ainsi un joli tour de force. Malheureusement, une fois n’est pas coutume pour Windy City, les blessures se sont jointes à la fête, avec la ferme intention de gâcher le spectacle. Patrick Williams sera le premier touché avec une fracture du poignet. Pas de quoi néanmoins faire tanguer l’embarcation. C’est plus tard, avec celle d’un Lonzo Ball absolument central dans le système collectif que les choses se corseront.
Dans le même temps, Zach LaVine refusait de quitter le navire alors que sa blessure à la main aurait nécessité une intervention. Tandis que la défense baissait de régime et que Billy Donovan était obligé de se tourner vers un banc pas si profond pour combler les brèches, DeMar DeRozan sortait la meilleure saison d’une carrière pourtant bien fournie pour éviter le naufrage.
Hélas, si l’ailier enchainera les performances pendant de longues semaines, il finira logiquement par baisser de régime et ne plus suffire pour porter les Bulls. Pendant un temps pressenti comme un potentiel leader de l’Est grâce à un investissement et une détonante intensité, l’équipe s’accrochera aux branches pour finir 6e de la conférence.
Qualifiés en Playoffs, une première pour Zach LaVine, les Bulls vont croiser le fer avec le dernier finaliste de l’Est, dès le premier tour : les Milwaukee Bucks. Dans une série très défensive, les Bulls ne trouveront pas réellement de solutions pour dominer la troupe de Giannis Antetokoumpo. Après avoir arraché un match, ils devront s’incliner face à un collectif tout simplement plus solide. La franchise a toutefois rempli son contrat : un cap est passé. Reste à confirmer et faire mieux, en espérant une meilleure santé…
In & out : le point sur le roster
Le roster à ce jour :
Meneurs : Lonzo Ball, Goran Dragic, Coby White
Arrières : Alex Caruso, Ayo Dosunmu, Javon Freeman-Liberty, Zach LaVine,
Ailiers : DeMar DeRozan, Javonte Green, Derrick Jones Jr, Dalen Terry
Ailiers-fort : Kostas Antetokounmpo, Malcom Hill, Justin Lewis, Patrick Williams
Pivots : Tony Bradley, Andre Drummond, Marko Simonovic, Nikola Vucevic
Phase de l’équipe : playoffs, again & again
Après avoir décroché la première participation en playoffs de l’ère LaVine, impensable pour Chicago de ne pas faire coup double cette saison. Avec LaVine, DeRozan, Caruso, Vucevic et consorts, Chicago possède sur le papier de solides arguments pour tenter de se frayer un chemin parmi les 8 prétendants assez aisément.
Suffisamment pour tenter de craquer le top 5, voire le top 4 ? C’est une autre histoire. La faute à une concurrence qui s’est renforcée, là où Chicago, nous le verrons, a privilégié la continuité après avoir déjà bien chamboulé son groupe à l’été 2021. La faute également à des carences bien identifiées, qui soulèvent de nombreuses interrogations sur la capacité de l’équipe à lutter les yeux dans les yeux avec les meilleurs de sa conférence.
Les tendances de l’été
Si l’été ne fut pas dans la lignée du précédent, la franchise devait néanmoins valider une étape cruciale et tenter quelques ajustements à bas coûts. Petit résumé de l’intersaison.
Zach “Lock” LaVine
“La free agency va être une étape importante pour moi. C’est la première fois que j’y vais vraiment en étant un agent libre sans restriction.”
Et bien, Zach, félicitations : 5 ans, 215 millions, on peut dire que cette étape déterminante a été un franc succès.
Principale attraction d’une free-agency certes peu ronflante, les Bulls ne sont s’y pas trompés, réglant le dossier dès les premières heures de l’été et en proposant à LaVine une offre qui ne se refuse pas, annihilant toute envie d’exploration du marché de celui-ci.
Depuis son arrivée à Chicago en 2017-18, LaVine s’est progressivement inscrit comme la figure de proue du projet chicagoan. Passé d’artiste virevoltant à joueur offensif complet, craint des défenses NBA et véritable fer de lance de la franchise, l’ancien Wolves n’a pas usurpé son salaire, ni son statut, et empoche à 27 ans le fameux contrat max recherché par tous. L’an dernier encore, alors que son association avec DeMar DeRozan n’avait à première vue rien d’évident, LaVine a su faire preuve d’ajustements pour favoriser l’insertion de son nouveau coéquipier, preuve que le joueur avait pleinement conscience de ce qu’il lui fallait faire pour enfin faire passer un cap à ses Bulls.
Les fans peuvent respirer, les rumeurs se calmeront au moins pour un temps : Zach a dit “je reste”.
Après la tempête, le calme
Si les Bulls avaient agité l’été 2021, l’été 2022 aura été placé sous le signe de la sagesse. Il faut dire aussi que, vu le roster et les salaires déjà distribués, la marge de manœuvre n’était pas dingue du côté des Grands Lacs. Saluons tout de même les deux principales arrivées de l’été, deux visages bien connus de NBA : Goran Dragic et Andre Drummond.
Nous l’évoquerons plus en détail dans la section suivante, mais les Bulls devraient disputer une bonne partie de la saison à venir sans Lonzo Ball. Caruso et Dosunmu devraient être appelés à la rescousse par Billy Donovan, mais il n’en reste pas moins vrai que derrière eux, le banc de Chicago sonnait assez creux sur les postes arrières, hors Coby White (et il faut vite le dire). L’arrivée du vétéran Goran Dragic ne peut donc être qu’être saluée. Certes, il n’est plus aussi vif et fringuant qu’avant, et a semblé en perte de vitesse l’an passé (seulement 21 matchs disputés entre Brooklyn et Toronto), mais Dragic pourrait rendre bien des services à une équipe de Chicago au banc parfois défaillant l’an passé.
A ses côtés, Andre Drummond. Après 7 saisons et demie à Detroit, Andre ne quitte plus son sac à dos : Cleveland d’abord, Los Angeles ensuite, avant de s’envoler direction Philadelphie pour finir avec une pige à Brooklyn pour la forme. 4 franchises en deux saisons, Drummond est dans ce qui ressemble à un tournant de sa carrière. Passé d’un joueur parfois considéré comme majeur dans une équipe, le voilà devenu un role player allant de plaisant (Philly, Brooklyn) à nul (Cleveland, LA). Aussi, s’il est dans la lancée de sa saison passée, l’acquisition est honnête, sans révolutionner le poste des Bulls. S’il penche plutôt vers une version plus antérieure, alors on sait aussi qu’il oubliera 90 % du temps de se placer en aide, qu’il sera incapable de suivre sur les switchs de près ou de loin, et qu’il aura encore, après près de 10 ans de NBA, des sauts de concentration inexplicables. Bref, un renfort, oui. Lequel ? Croisez les doigts !
Focus sur la saison 2022-23 des Bulls
L’an passé, nous avions multiplié les focus sur la franchise. Est-ce que l’équipe manquait réellement de shoot ? Est-ce que DeRozan trouverait facilement sa place ? Quelles lacunes avaient été compensées ? Cette année, après une saison à observer ce groupe, beaucoup de réponses ont été données. Néanmoins, désormais conscients des forces et faiblesses de cette équipe, quelles sont les questions clés à l’aune de cette nouvelle saison ?
Lonzo Ball, métronome des ambitions
Si on peut dire d’un joueur que son absence a tout changé, c’est bien de Lonzo Ball. Après plusieurs saisons à tenter des paris à la mène, les Bulls se sont finalement tournés vers une valeur sûre l’an passé avec Ball.
C’est simple, la présence du meneur transcende son équipe.
Défensivement, d’abord. Pour 100 possessions jouées, Chicago encaissait 8,6pts de moins quand le meneur était sur le terrain. Grand pour le poste, mobile, précieux en défense collective ou sur l’homme, Ball était le maestro d’une défense qui survivait très mal à son absence. Si les Bulls ont rapidement marqué le pas quant à leur capacité à s’imposer comme une défense majeure, ils ont néanmoins compris, lorsque Lonzo était présent, à quel point il était un maillon indispensable pour Billy Donovan.
Offensivement, malgré des difficultés persistantes, Ball profitait de la nécessité pour les défenses adverses de cibler le duo LaVine-DeRozan en priorité et de sa bonne intelligence de déplacement pour atteindre des niveaux d’efficacité records en carrière. Grâce à une adresse détonante à 3pts (42,3% pour 7,4 tentatives par match), l’aîné des frères Ball parvenait à apporter une menace longue distance que seul LaVine semblait en capacité d’apporter jusqu’alors. En matière de playmaking, doit-on parler de l’évident step-up qu’offre la présence de Lonzo Ball sur un terrain de basket ?
Malheureusement, une fois n’est pas coutume, sa saison allait être entachée de l’éternel glas des blessures. Fin décembre, une première alerte allait lui faire manquer quelques matchs, avant de devoir s’éloigner des terrains mi-janvier pour une opération du ménisque (déchirure). Sur le papier, un nouveau coup dur pour des Bulls, déjà privés de rotations clés. Toutefois, c’était supposé être un mal pour un bien puisque l’opération n’excluait pas nécessairement une fin de saison.
Oui mais voilà, au cours de la rééducation, une gêne persiste. Nous sommes en avril, l’espoir est toujours de mise, mais plus les jours passent, plus le cas a de quoi laisser perplexe. Face à cette gêne, la franchise joue la prudence et refuse de forcer le retour du meneur. Objectif : se retaper en vue de la saison 2022-23.
Sauf que cet été, le meneur a continué de ressentir la même douleur. Aux abords du training camp, la franchise commençait à remettre en question les chances de voir Ball en tenue pour la reprise. Finalement, il y a quelques jours, interviewé, le joueur déclare :
« Je ne peux toujours pas jouer au basket. Je ne peux ni courir, ni sauter. Il y a un angle, lorsque mon genou est plié entre 30° et 60°, où je n’ai aucune force. Et je ne peux pas me rattraper. Donc jusqu’à ce que je puisse faire ces choses, je ne peux pas jouer. »
En définitive, quelques heures plus tard, la nouvelle tombe : le joueur part pour une 2è opération en moins d’un an sur le genou, la 3è de sa carrière. Vous l’aurez compris, Lonzo Ball est un élément clé de cette équipe. Et malheureusement, sa rééducation a régressé en cours de route au point d’obliger l’ensemble des partis à accepter de remettre ça. L’heure est aux incertitudes pour le genou du joueur, mais également pour la franchise. A Alex Caruso, Ayo Dosunmu, Coby White et Goran Dragic de venir pallier efficacement l’absence de Zo.
Nikola Vucevic, encore ou no more ?
Lorsque Nikola Vucevic a débarqué à la trade deadline 2021, le mouvement était audacieux. Les Bulls étaient en cruel manque de talent offensif. Pour autant, quelques mois après avoir posé ses valises, le bilan était mitigé pour le pivot. L’impact de sa présence sur les résultats allait de très faible à nul, et l’association avec Zach LaVine n’avait pas fait d’étincelles.
Quelques mois plus tard et avec un effectif largement remanié, il y avait de quoi être circonspect sur la présence du pivot dans le groupe. Tout d’abord, Vooch n’apporte pas de plus-value défensive sur un poste qui a pourtant bien souvent le rôle clé d’une défense. Dans ce registre, si Vucevic n’est pas désastreux, il a tout de même plutôt tendance à compliquer les choses pour son équipe. Par ailleurs, sur le plan offensif, les Bulls sont largement renforcés, et Vucevic est un joueur certes très complet en attaque, mais pour autant globalement inefficace. De ce point de vue, on aurait pu espérer que la présence de beaucoup plus de talent offensif dans le roster lui aurait facilité les choses : il n’en fut rien.
Car oui, Vooch prend moins de tirs qu’au Magic d’Orlando (20 tirs/match l’année de son arrivée à Chicago), mais il ne score pas mieux. En réalité, il fait même pire, puisqu’il troque un faible 54,5% d’eFG, contre 51,8. Et pour cause, il chute dans le 15e percentile en termes de points par tirs pris. En d’autres termes, 85% des joueurs à son poste scoraient plus efficacement que lui… Pire encore, même lorsque les blessures se sont amoncelées côté Bulls, le joueur n’a pas semblé trouver un meilleur rythme pour compenser les absences, et retrouver un semblant de rôle de leader offensif.
Au final, si l’effectif a vu initialement certains fans et observateurs s’inquiéter de la cohérence du roster, l’essentiel des joueurs a su trouver sa place et jouer son basket. Pour preuve, Chicago conservait le 13e offensive rating de la ligue l’an passé malgré l’avalanche d’absences. Mais si un joueur a su se montrer hermétique à cette bonne marche collective, c’est bien le monténégrin, qui n’a pas su utiliser le talent offensif disponible pour mieux tirer son épingle du jeu.
Ainsi, si Arthuras Karnisovas a voulu jouer la stabilité et continuer à s’appuyer sur Vucevic, rien ne dit que la franchise ne cherchera pas à s’en séparer si ses performances ne s’améliorent pas, tout du moins en attaque, pendant la première partie de saison. Alors, partira, partira pas ?
Comment améliorer la 2nd unit ?
Les Bulls ont été une bonne formation offensivement, mais il n’en reste pas moins que certaines lacunes demeurent. Le banc a été éprouvé et si de bonnes surprises en sont sorties à l’instar du rookie Ayo Dosunmu ou d’un Javonte Green remplaçant au pied lever Patrick Williams, voire Tony Bradley, toujours est-il qu’il était difficile de trouver des options régulières en attaque derrière le tandem DeMar DeRozan – Zach LaVine.
En attestent certainement les 20 joueurs au total qui auront porté la tunique de Chicago l’an passé, dont une partie (8 joueurs exactement) aura joué moins de 20 matchs.
Cette saison, si le front office a prôné la stabilité, les deux nouveaux venus que sont Goran Dragic et Andre Drummond seront nécessairement scrutés quant à leur apport en sortie de banc. A cela s’ajoute l’espoir d’une nouvelle bonne surprise à la draft. Plus d’adresse, plus de régularité globale pour sanctionner les espaces, c’est ce dont Chicago aura besoin de la part de son banc. D’ailleurs, au-delà même du banc, c’est également ce qui sera globalement attendu des joueurs autour de la paire offensive LaVine-DeRozan.
Au final, on attendra d’Alex Caruso plus de consistance en attaque, de Coby White de continuer sa mue en meneur de jeu, Ayo Dosunmu, Javonte Green ou Patrick Williams de perpétuer les belles saisons ou les beaux flashs que nous avons aperçus. En somme, ne pas compter sur des clutch times démentiels de DeMar DeRozan pour remporter des matchs qui auraient dû être maîtrisés…
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Une équipe de Chicago en bonne santé. Nous l’avons assez dit dans la preview, le facteur présence sera crucial pour cette équipe. Si parfois des franchises perdent beaucoup de joueurs en volume, elles ont la chance que toutes les blessures ne touchent pas les cadres de l’équipe… loin de ce que Chicago a connu l’an passé (seulement 3 joueurs ont joué + de 70 matchs)! Bref, on aimerait bien que l’infirmerie ne se remplisse pas trop et permette à ce groupe de réellement exploiter son potentiel. A ce titre, vu que les choses démarrent assez mal, on espère une opération qui résolve les ennuis pour Lonzo Ball et un retour en grâce.
Mais au-delà de la simple loterie des blessures, c’est une équipe qui retrouve son alignement en défense que l’on veut voir. Chicago possède une multitude de joueurs possédant un potentiel indéniable en défense. Si le secteur intérieur soulève des questions de ce point de vue et rend compliqué d’imaginer des Bulls dans le (très) haut du panier, recouvrer cette énergie qui avait tant séduit en début de saison dernière serait un atout majeur pour une équipe qui a trop dépendu d’exploits individuels en attaque pour sauver les fins de matchs.
S’il est difficile d’attendre de DeRozan une aussi belle maestria que celle de l’an passé, figurer parmi les défenses solides de la ligue faciliterait très certainement les choses. Pour Chicago, désormais, l’objectif est de valider un haut spot de playoffs. La conférence Est s’étant renforcée, cela rend assez floues les chances de ce groupe d’arracher l’avantage du terrain, mais une saison à 50 victoires et la possibilité de débarquer en post-saison en pleine possession de leurs moyens serait déjà une franche réussite. Fan des Bulls, c’est tout ce que nous vous souhaitons !