Le 27 février dernier, Shams Charania donnait quelques nouvelles des négociations entre la ligue et le syndicat des joueurs (NBPA) au sujet du futur collective bargaining agreement, ou, en VF, le nouvel accord collectif régissant les règles contractuelles NBA prises au sens large.
Alors que les discussions semblaient figées ces derniers mois, les choses semblent peu à peu progresser, et Shams Charania de nous apprendre qu’outre les histoires de gros sous, les uns et les autres discutent également de plusieurs sujets annexes, dont notamment le fait d’abaisser à 18 ans l’âge requis pour entrer dans la Grande Ligue, contre 19 aujourd’hui.
Un ajustement probablement anodin pour certains, tandis que pour d’autres, la nouvelle ne manquera pas d’être saluée, ou bien, au contraire, décriée. La règle du one-and-done, en vigueur depuis 2006, compte en effet son lot de partisans et de détracteurs, tous affûtés d’arguments depuis près de 20 ans que la règle existe. Un débat qui mélange NBA, NCAA, joueurs, société, égalité, et j’en passe, et donc, forcément un débat intéressant, du moins pour votre serviteur. Et mine de rien, ça fait déjà une bonne raison d’écrire. De là à dire que ça fait une bonne raison de lire, il n’y a qu’un pas… Que la modestie m’empêche de franchir.
Regardons tout ça de plus près.
Le one and done, la garantie de ne pas voir Icare se brûler les ailes ?
Petit rappel historique tout d’abord. En 1971, la décision Haywood vs. National Basketball Association de la Cour Suprême des Etats-Unis vient mettre un terme à la règle NBA selon laquelle seul un joueur ayant effectué son cycle universitaire complet de 4 ans puisse y jouer. En déçà de ces 4 ans, l’accès n’y était pas autorisé.
Cette victoire, les joueurs NBA la doivent à Spencer Haywood, drafté par les Sonics, et qui ne cherchait alors rien d’autre que le droit de jouer “légalement” en NBA. Auparavant joueur en ABA, l’autre ligue majeure de l’époque, Haywood avait pu bénéficier d’une clause particulière de la ligue autorisant les joueurs en difficulté financières à entamer leur vie professionnelle plus tôt. Une “hardship exception” que la NBA ne connaissait pas, et qu’elle mettra en place dès 1971, en conséquence de cette décision de la Cour Suprême, et ce jusqu’en 1975 et l’adoption de la procédure actuelle.
Puis, entre 1975 et 2006, rien ne bougea. Ce n’est qu’au cours des négociations du CBA à l’été 2005, que le sujet de l’âge d’entrée dans la ligue est de nouveau évoqué. Les propriétaires veulent instaurer une limite d’âge à 20 ans, tandis que les représentants des joueurs eux, n’en veulent pas. Finalement, un terrain d’entente sera trouvé : 19 ans, pas un de plus. Un an après le lycée, et on est bon : one, and done.
Entre 1976 et 2006, jusqu’à l’entrée en vigueur de ladite règle, dans toute l’histoire de la Grande Ligue et parmi l’intégralité des joueurs draftés, seuls 41 jeunes joueurs auront connu la chance d’être sélectionnés dès leur sortie du lycée. Un chiffre risible, voire totalement dérisoire. Alors pourquoi a-t-il fallu à tout prix empêcher ce qui ne semblait finalement concerner qu’une poignée d’élus ?
La réponse résidait sans doute dans une certaine idée de “garantir” la NBA, la NCAA et même les jeunes joueurs contre certaines dérives… Que celles-ci soient supposées, fantasmées, ou réelles.
Pour la NBA, la crainte était en effet que certains jeunes joueurs, tout droit sortis du lycée, le soient sans être réellement préparés à faire le grand saut, et ne viennent finalement que ternir l’image de la ligue et le niveau de celle-ci. En accueillant des joueurs dont la formation n’était pas terminée, qu’il s’agisse ici d’aptitudes physiques, de qualité de jeu ou de maturité plus globale, la NBA craignait de voir augmenter significativement le nombre de joueurs inaptes à affronter les obstacles d’une vie NBA dans les années à venir. A tort, ou à raison ?
Si nous avons évoqué plus haut les 41 joueurs draftés issus directement de high school, 30 l’ont en réalité été en 5 ans, entre les drafts 2000 et 2005. Cette dernière édition établira d’ailleurs un record, avec 9 joueurs concernés. Et en reprenant l’historique, le virage semble effectivement s’opérer au tournant du XXIè siècle.
Entre 1976 et 1995, pendant près de 19 ans et jusqu’à ce que le jeune Kevin Garnett fasse part de son choix de s’inscrire à la draft 1995, aucun joueur issu de high school n’allait être drafté. Garnett le sera en 5è position de la draft 1995. L’année suivante, en 1996, Kobe Bryant et Jermaine O’Neal feront de même, puis Tracy McGrady en 1997.
Il y a fort à parier que vu le succès de chacun de ces joueurs dans leurs premières années (même si l’éclosion d’O’Neal sera plus tardive que ses 3 comparses), ils auront inspiré les futurs lycéens talentueux des années 2000 à tenter leur chance sans passer par la case college basketball.
Vu les premiers noms précités, on peut dès lors légitimement s’interroger : la crainte de voir des “bust” se multiplier était-elle légitime de la part de la NBA ? S’est-elle finalement matérialisé plus tard, une fois le virage des années 2000 opéré ?
Le premier vrai “flop” identifié chez les lycéens draftés remonte à vrai dire à la draft 1999 : avec le 5è choix, les Raptors sélectionnent Jonathan Bender, envoyé directement dans l’Indiana, chez les Pacers. Au total, 10 saisons NBA dont 3 sur le flan, pour 252 petits matchs joués. Une âme de passage.
Après Bender, il y a celui dont tout le monde se souvient malgré lui, Kwame Brown.
Sélectionné en first pick par les Washington Wizards lors de la draft 2001, Brown connaîtra un parcours chaotique, héritant d’une étiquette et d’un costume que le joueur lui-même, conscient de son immaturité et de son manque de préparation, n’a jamais souhaité enfilé. Si ça ne tenait qu’à lui, Kwame Brown aurait sans doute choisi d’aller aiguiser ses armes et son physique impressionnant chez les Gators de Florida, en NCAA, sous les ordres de Billy Donovan. Mais, pour reprendre les termes de l’article qui lui est dédié sur QiBasket, “la vie en a décidé autrement : septième enfant d’une famille marquée par une forte pauvreté et un père violent (qui a quand même fini en prison pour meurtre, pour vous donner une idée de la douceur du personnage), Kwame Brown a la possibilité d’apporter enfin un peu de bonheur et d’argent dans la vie de ses proches en intégrant la NBA le plus tôt possible. Ainsi, malgré les doutes, il se présente à la draft 2001 et est sélectionné en n°1 par les Wizards, comme prévu. Le début de la galère.“.
En-dehors de Bender et de Brown, aucune trace d’un autre “bust” dans l’histoire des lycéens draftés. Bien sûr, certains noms ne nous disent rien, ou pas grand-chose, mais force est de constater que la plupart des joueurs draftés entre 1996 et 2006 en sortie de lycée, ont au moins tous connus un semblant de carrière, voire pour certains, de réelles solides carrières. Jugez plutôt :
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- 2000 : Darius Miles, DeShawn Stevenson
- 2001 : Tyson Chandler, Eddy Curry, DeSagana Diop
- 2002 : Amar’e Stoudemire
- 2003 : LeBron James, Travis Outlaw, Kendrick Perkins
- 2004 : Dwight Howard, Shaun Livingston, Sebastian Telfair, Al Jefferson, JR Smith
- 2005 : Andrew Bynum, Martell Webster, Gerald Green, Monta Ellis, CJ Miles, Lou Williams, Amir Johnson
Alors, quoi ? Le séisme Kwame Brown a-t-il été si fort que cela pour la ligue ? A-t-elle, en 2005, anticipé les dérives de voir intégrer en son sein une part de plus en plus importante de très jeunes joueurs, à la maturité incertaine ? Peut-être bien. Dès lors, la règle du one and done était perçue comme une idée bienvenue pour s’assurer d’un verrou utile à plus d’un titre.
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- Utile pour la ligue, d’abord, car elle se préservait contre les éventuelles mauvaises surprises, et les velléités hasardeuses de certains jeunes lycéens, pas assez préparés, mais attirés par l’opportunité qu’une carrière NBA pouvait représenter. Si dans la mythologie, Icare s’est brûlé les ailes en volant trop près du soleil, hors de questions pour la Grande Ligue de voir se multiplier les échecs, ou même de voir poindre l’idée d’une éventualité de la sorte !
- Utile encore pour les franchises NBA, qui bénéficiaient d’un an supplémentaire pour étudier le jeu et la personnalité d’un jeune joueur, et assurer leur scouting : on verse ici dans l’idée, que l’on développera plus bas, d’une règle qui servirait avant tout de “réducteurs de risques” pour les entreprises que sont les franchises de la ligue.
- Le “one and done” serait également bénéfique pour les joueurs, premiers concernés : eux peuvent en effet mettre à profit cette année supplémentaire pour peaufiner leur jeu, acquérir en maturité, et se préparer à la nouvelle vie NBA qui les attendait possiblement. Le tout, qui plus est, au sein d’un programme universitaire de qualité, sans frais, et qui bénéficie bien souvent d’une visibilité leur permettant de ne pas tomber aux oubliettes, et au contraire, de faire grimper leur côte auprès des scouts NBA en cas de succès.
- Enfin, du côté de la NCAA aussi, le one and done a ses vertus. Avec cette règle, la ligue universitaire peut s’assurer de la présence des top prospects repérés au lycée, et ainsi gonfler l’intérêt des fans et observateurs en tout genre, mais également des médias. Et qui dit intérêt croissant et important dit, bien évidemment, revenus croissants et importants… Ce à quoi, fort logiquement, la NCAA n’était pas insensible. D’aucuns tendaient également à penser que la présence de ces quelques gros noms du lycée au sein des programmes universitaires du circuit NCAA D1, ne serait-ce que pour un an, contribuait à améliorer le niveau de jeu global du basketball universitaire nord-américain : meilleurs joueurs, meilleures équipes, meilleur niveau global.
Bref, le one and done, que demander de mieux ? Sauf qu’en réalité, comme pour bien des choses, tout est plus compliqué qu’il n’y parait, et si l’instauration de la limite d’âge à susciter le débat à sa mise en place et depuis lors, ce n’est pas sans raison, loin s’en faut.
Pourquoi couper les ailes d’Icare, plutôt que de lui apprendre à voler ?
Car à dire vrai, aucun des arguments avancés à l’instant n’est entièrement satisfaisant. Qu’il s’agisse de la NBA, des franchises, des joueurs ou de la NCAA, si tous semblent bénéficier utilement des bienfaits de la règle du one and done, est-ce le cas en réalité ? Vous vous en doutez, la réponse est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et il s’agit, comme souvent, d’une histoire de sensibilité et de choix.
Nous parlions précédemment de l’un des arguments des défenseurs d’une limite d’âge NBA à 19 ans, à savoir le fait que le “one and done” serait avant tout destiné à agir comme un “réducteur de risques” pour les franchises, une vision économique à n’en pas douter et qui tient sa logique du fait que les franchises NBA sont avant tout des entreprises privées, destinées à rapporter de l’argent pour leurs heureux propriétaires. Dès lors, pour limiter le risque d’erreur d’une franchise qui aurait misé sa reconstruction sur un choix de draft aussi important, il faudrait inévitablement limiter l’âge d’entrée, afin d’éliminer, de facto, tous les joueurs trop “jeunes”, trop “bleus” pour le haut niveau qu’est la NBA. On viendrait ainsi en quelque sorte aider la franchise, en réduisant sa marge d’erreur possible.
Or, cette idée ne peut emporter entièrement satisfaction.
Outre le fait que l’analyse des drafts antérieures à 2006, réalisée plus haut, nous laissait déjà dubitatifs sur la pertinence de l’équation “joueurs en sortie de lycée = probabilité d’un bust plus élevé”, cette idée tendrait à nous faire croire qu’en enlevant du pool de joueurs disponibles ceux de moins de 19 ans, les general managers et staffs NBA commettraient moins d’erreurs… Si seulement !
Il n’y a qu’à jeter un œil sur quelques noms des drafts de l’ère one and done pour s’en apercevoir, en laissant le bénéfice du doute aux dernières cuvées :
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- 2017 : Josh Jackson (4è choix), Jonathan Isaac (6è), Frank Ntilikina (8è)
- 2016 : Dragan Bender (4è choix), Marquese Chris (9è), Thon Maker (11è)
- 2015 : Jahlil Okafor (3è choix), Mario Hezonja (5è), Willie Cauley-Stein (6è), Stanley Johnson (8è)
- 2014 : Adreian Payne (15è choix), James Young (17è)
- 2013 : Anthony Benett (1er choix !), Alex Len (5è).
Que la limite d’âge soit fixée à 18, 19 voire 20 ans n’empêchera aucun GM, aucune franchise de commettre une erreur. C’est le propre de la draft : le potentiel oui, les certitudes non.
Pour ce qui concerne la NCAA, tout dépend si vous êtes de l’équipe du verre à moitié vide, ou du verre à moitié plein : soit vous considérez, comme vu plus haut, que la ligue universitaire bénéficie bien plus de la présence des top prospects lycéens qu’elle n’en pâtit, soit l’inverse.
A lire les uns et les autres, le point de discorde se cristallise sur l’identité du grand gagnant de cette règle du one and done dans le milieu universitaire : quand les uns jugent que programmes et joueurs en bénéficient à part égale, les autres crient au contraire au manquement à l’égalité, avec une idée phare, celle que cette règle ne favoriserait, au final, que la NCAA, délaissant les joueurs.
La première idée est d’ailleurs la seule certitude du débat : la NCAA se gave allègrement de la présence des prospects lycéens qui font déjà, pour certains, les gros titres tant leur hype est considérable, d’autant plus dans une ère où les canaux de diffusion et de communication sont autant diversifiés. Cela n’est pas, et ne saurait sérieusement être remis en cause : la NCAA reste une entité privée, dont le but est avant tout de gagner de l’argent, et l’ignorer ou le minimiser serait une bêtise.
Creusons néanmoins l’autre aspect de la réflexion, tenant à la liberté des joueurs, en prenant pour exemples deux prospects plus ou moins récents, tous deux débarqués dès leur sortie du lycée avec l’étiquette de futur grand de la ligue, j’ai nommé Andrew Wiggins et Zion Williamson.
Nous sommes ici face à deux joueurs qui, en sortie de lycée, bénéficiaient d’une cote telle qu’il est facilement imaginable qu’en dépit de leur statut de lycéen, ils auraient été sélectionnés en first pick si la possibilité leur en avait été laissée de se présenter à la draft l’année de leurs 18 ans. Les partisans de l’abolition de la règle du one and done plaident donc ici la rupture de liberté pour les joueurs, et d’égalité pour les programmes universitaires.
D’une part, en effet, force est de constater que pour Wiggins et Williamson, il y avait tout à perdre à végéter durant un an en NCAA, avec comme énorme risque celui de voir sa côte chuter : heureusement pour nos deux protagonistes, il n’en sera rien. Mais reste que le risque était bel et bien présent, et même majeur. On se rappellera notamment que durant sa seule et unique année à Duke, Zion Williamson s’est blessé à la cheville, faisant ainsi naître l’idée que, pour préserver au mieux ses intérêts, il ferait mieux de faire saison blanche… Ou encore de l’exemple d’un autre énorme prospect en sortie de lycée, Michael Porter Jr.
Avec plus de 36 points et 13 rebonds de moyenne lors de sa dernière saison au lycée et auréolé du statut de prospect 5 étoiles, Porter Jr était vu comme l’un des probables candidats au first pick de sa classe de draft. Malheureusement, lors de sa seule et unique saison NCAA à Missouri, il se blessera lors du premier match face à Iowa State, sera opéré en novembre 2017 du dos, ne refoulant les parquets que le 8 mars 2018, principalement pour redonner confiance aux équipes NBA sur son état de santé. Du statut de first pick probable à top 10, il finira drafté 14è par les Denver Nuggets en 2018.
C’est donc ici l’une des premières idées défendues par les partisans de la fin du one and done : la liberté n’appartient plus aux joueurs. Ceux-ci sont contraints, et forcés, de prendre leur mal en patience une année durant, avant de pouvoir réaliser ce à quoi ils sont destinés… En n’ayant absolument rien à y gagner, et tout à y perdre.
D’aucuns opposeraient à cela le fait que les joueurs bénéficient en contrepartie d’une belle vitrine d’exposition, dans des programmes universitaires de haute volée, et sans frais. Mais la question mérite d’être posée : est-ce que des joueurs comme Wiggins, Williamson, Karl Anthony-Towns, Anthony Davis et autres top prospects, ont réellement besoin de cela ? Eux qui sont, de toute manière, attendus au plus haut niveau, et pour lesquels la règle du “one and done” ne semble au final constituer qu’une vaste salle d’attente ?
Argument qui est d’ailleurs utilisé par les partisans de la fin du one and done, qui critiquent par ce biais la fausse conscience qu’essayent de se donner NBA et NCAA : s’il est donné l’apparence d’une formation universitaire, celle-ci n’a au final rien de tangible. Un an, un seul, dans un programme aussi prestigieux soit-il ne fait pas de vous un étudiant chevronné ou “diplômable” : dès lors, quel intérêt, quel sens à cela ? Et le débat de rebondir d’interrogations en interrogations.
Autre point et effet pervers de cette règle du “one and done” pour ses opposants : la règle aurait tendance à favoriser les programmes les plus prestigieux. Quitte à devoir patienter un an durant en NCAA pour avoir le droit de candidater à la draft, qui irait choisir de se planquer dans un programme du fin fond du pays ? La plupart du temps, ce seront donc les gros programmes du coin qui seront favorisés, avec l’idée de se montrer et de, pourquoi pas, briller à la March Madness pour asseoir son statut.
Au-delà de la liberté même des joueurs qui serait entravée par cette règle, certains observateurs, critiques du mécanisme du “one and done“, viennent également mettre en cause les effets pervers de la règle d’un point de vue sociétal. Selon eux, la règle viendrait ainsi perpétuer les inégalités raciales, sociales et économiques qu’ont à connaître les jeunes afro-américains, premiers concernés par cette règle.
L’idée est la suivante : souvent issus de milieux défavorisés, avec des problèmes financiers importants dès leur plus jeune âge, les jeunes afro-américains décuplent leurs efforts pour essayer de sortir leur famille d’une spirale négative. Arrivés en fin de lycée et auréolés du statut de prospect NBA, les contraindre à patienter un an de plus au sein d’un programme universitaire ne ferait qu’accentuer le risque, pour ces jeunes, d’échec. On ne va pas vous faire un dessin, mais la différence entre les contrats promis à des joueurs du top 10 d’une draft et ceux de début de 2nd tour sont énormes pour ces jeunes-là, et en cela, le one-and-done serait un frein réel voire, pire encore, un vecteur de réitération de ce schéma.
La fin du “one and done“, les acteurs NBA face à leurs responsabilités ?
Si la règle du one and done vit effectivement ses derniers instants, la NBA et les franchises qui la composent vont devoir en effet se montrer à la hauteur. Le tournant des années 2000, nous l’avons vu, avait conduit à une augmentation du nombre de lycéens se présentant immédiatement à la draft sans passer par la case universitaire, et il y a fort à parier que le phénomène reprendra de plus fort une fois la règle abrogée.
Face à cette augmentation probable, les franchises NBA vont devoir, une fois n’est pas coutume, faire preuve d’intelligence et prendre leurs responsabilités de plus fort, car si la règle du one and done est abandonnée, hors de question de revenir sur celle-ci dans quelques années, en mettant, une fois encore, la faute sur les “jeunes joueurs peu matures”.
A 18 ou 19 ans, qui dit jeune joueur, dit conscience du travail à effectuer pour terminer sa formation. On entend souvent dire qu’un joueur, aussi bon soit-il, qui débarque en NBA dispose encore de 2 à 3 saisons de développement pour achever sa formation. Encore heureux, en effet, qu’à 20 ans on ne soit pas figer dans sa progression. Pourtant, nombre de franchises ne disposent pas des environnements les plus sains, propices au développement serein d’un prospect, et cela pour différentes raisons.
Mais il n’empêche que le risque doit peser sur ceux qui sont le plus en mesure d’agir, d’accompagner, d’encadrer, d’apprendre, autrement dit, sur les franchises, et non sur des jeunes joueurs qui n’ont comme objectif que de réaliser leur rêve.
On espère donc – soyons fous ! – que l’abrogation du one and done sera l’occasion pour les franchises de réfléchir plus en profondeur à tous les “à-côtés” de la vie d’un joueur NBA, qui plus est d’un très jeune joueur, et notamment sur l’accompagnement qu’elle est en mesure de lui proposer pour qu’ils se familiarisent à cette nouvelle vie pleine de tentations et de pièges à éviter.
Concernant la NCAA, certaines inquiétudes pourraient poindre. La fin d’une limite d’âge avancée pour entrer en NBA pourrait faire craindre d’une fuite des gros talents, et donc d’une baisse d’intérêts pour le college basketball. Fort heureusement, ce dernier est bien plus solide que cela, et les gros noms universitaires ne sont d’ailleurs pas forcément ceux qui perceront le plus en NBA, loin s’en faut. Les exemples en sont légions, et ce depuis des années. La NCAA conservera son intérêt et sa magie, avec ou sans présence de quelques prospects lycéens qui auront décidé de faire le grand saut.
La NCAA pourrait même être bénéficiaire de cette abrogation. Critiquée pour son modèle économique, ou plutôt non-économique du point de vue des joueurs, elle a en effet vu du coin de l’œil se développer plusieurs alternatives à son modèle. Qu’il s’agisse pour certains prospects de fuir à l’étranger (on pense ici à la jurisprudence Lamelo Ball) ou du développement de l’équipe G-League Ignite, ou évoluait cette année Scoot Henderson, projeté n°2 de la prochaine draft 2023, abolir le one and done pourrait conduire à tuer dans l’œuf ces alternatives, en séduisant les talents les plus précoces pour sauter le pas en NBA.
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Affaire à suivre donc pour l’avenir du one and done ! Vous l’aurez compris, ici, on ne sera pas nécessairement du côté des attristés de cette nouvelle. Bien qu’il soit impossible de prédire les tendances d’une telle abrogation probable, espérons que celle-ci soit l’opportunité pour la NBA d’accueillir de nouveaux talents et pour les franchises de progresser dans l’accompagnement des jeunes étoiles de demain. La liberté des uns appelle la responsabilité des autres : gageons alors que pour que les jeunes joueurs soient libres de choisir le déroulé de leur carrière, les franchises NBA leur donnent les moyens de s’épanouir. Que jeunesse se fasse !