La NBA ne cesse jamais d’évoluer. Qu’il s’agisse de systèmes, de profils de joueurs ou de philosophies collectives, chaque décennie – et même presque chaque année – apporte son lot de bouleversements. Et si les 2010s ont été marquées par l’essor spectaculaire du space and pace, il semble bien qu’en 2025, les défenses aient trouvé la parade. Notamment grâce à la combinaison drop coverage et stunts.
Ces stratégies arrivent à maturité et la défense a pris la main. Les équipes possèdent enfin les profils pour les parfaire. Une nouvelle fois, l’attaque est sommée de s’adapter. Et avec elle, le spacing tel que nous l’avons connu.
Le spacing, l’homme à abattre
Avant de nous plonger dans les nouvelles dynamiques qui semblent rebattre les cartes, il paraît nécessaire de revenir sur ce que l’on entend par spacing, ce concept omniprésent dans le basket moderne.
Dans un article publié en 2021 sur QiBasket, on vous rappelait avec que le spacing désigne avant tout « l’art d’occuper le terrain ». Le terme ne renvoie pas uniquement à la distance entre les joueurs, mais à la qualité de leur positionnement sur le demi-terrain. Il faut créer des lignes de passe claires, générer des espaces d’attaque et contraindre la défense à faire des choix. On pourrait croire qu’il s’agit seulement d’étirer la défense pour prendre plus de tirs à trois points ; c’est en réalité une lecture incomplète – et parfois trompeuse – de l’évolution offensive des 20 dernières années.
Car si le spacing s’est progressivement imposé comme le mètre étalon de toute attaque moderne, c’est bien parce qu’il permet avant tout une chose : faciliter l’accès au cercle.
Pour essayer de mettre les choses au clair, on va à chaque fois repartir de ce schéma :
L’objectif du spacing : attaquer le cercle
À première vue, l’explosion du volume de tirs longue distance, l’arrivée de snipers dans chaque recoin du parquet et l’omniprésence du tir dans le jeu peuvent laisser penser que l’obsession du spacing vise à mieux tirer. Pourtant, l’enjeu principal est ailleurs. Le spacing n’a jamais été une fin en soi pour tirer à 3 points, mais un moyen de créer des conditions optimales d’agression du cercle.
Pourquoi ? Parce que le tir au cercle reste, de loin, le tir le plus rentable en termes d’efficacité. Un lay-up a 65% de réussite, une coupe vers le panier, un dunk ou un floater pris sans aide défensive à proximité sont des situations statistiquement bien plus rentables qu’un tir longue distance en sortie de dribble ou un mi-distance contesté.
L’idée est donc simple : plus on espace le terrain, moins les aides défensives peuvent venir perturber les attaques vers le cercle. Deux conséquences directes :
- Pour le porteur de balle, un bon spacing permet de jouer ses un-contre-un sans voir surgir 2 ou 3 défenseurs dès le premier dribble ; c’est ainsi que James Harden a bâti ses années MVP, en évoluant dans des attaques où les shooteurs figeaient les aides, il pouvait jouer son isolement sans craindre une congestion défensive dans la raquette.
- Pour le pivot, ce même spacing ouvre des couloirs vers le cercle : que ce soit en pick-and-roll ou en coupe, il n’a plus à slalomer entre une forêt de bras. L’espace libéré par les extérieurs permet des passes lobées, des rolls fluides et des finitions plus nettes.
C’est donc bien pour rendre l’agression du cercle plus fluide et plus fréquente que le spacing est devenu une norme tactique. Ce qui était autrefois dense (la raquette), les attaques cherchent désormais à le désengorger.
Et pour se faire, dans un premier temps, on a eu une suroccupation des zones 4, 5, 6 et 7 de notre schéma, autrement dit, les corners et les angles à 45 degrés :
La réaction des défenses : cibler le maillon faible
Comme souvent dans l’histoire du basket, chaque évolution offensive appelle une adaptation défensive. Et face à l’expansion du spacing, à la prolifération des shooteurs, à l’étirement du jeu jusqu’aux angles les plus reculés du terrain, les défenses ont répliqué avec un réflexe pragmatique : laisser le moins bon shooteur du 5 adverse libre, pour mieux protéger la peinture.
Le raisonnement est limpide. Plutôt que de se crisper sur un tir à trois points à 32–34% de réussite, autant renforcer la protection du cercle, là où les pourcentages explosent. Cette stratégie n’a rien de nouveau en soi — les playoffs ont souvent servi de laboratoire pour ce genre de prises de risques — mais elle s’est raffinée, jusqu’à devenir une des grandes lignes directrices défensives dans la NBA contemporaine.
Ce choix défensif se traduit souvent par le ciblage d’un joueur-type : le role player au tir hésitant, mais au profil défensif essentiel, celui qu’on garde sur le terrain pour verrouiller une star adverse.
Prenons l’exemple récent de Derrick Jones Jr. aux Dallas Mavericks, au cours des playoffs 2024. En attaque, son tir extérieur restait irrégulier, parfois volontairement ignoré par les défenses. Mais en défense, son activité, sa polyvalence, sa capacité à gêner les extérieurs explosifs en font un pion crucial des Mavs. Résultat : les défenses acceptent de s’écarter de lui pour concentrer leurs efforts ailleurs, notamment dans la raquette.
Ce type de configuration crée une tension permanente pour l’attaque, avec une interrogation majeure : comment maintenir l’efficacité offensive de l’équipe quand une pièce du puzzle, primordiale d’un côté du terrain, est délibérément ignorée par la défense offensivement ?
La contre-offensive : exister sans tirer, via le spacing « vertical »
Pour faire face à cette problématique — et contourner la trappe défensive autour du cercle — certaines équipes ont développé une nouvelle logique d’occupation de l’espace : le spacing vertical.
L’idée est la suivante : si on ne peut pas écarter efficacement tous les joueurs à l’horizontale, alors autant menacer la défense dans la profondeur. Autrement dit, utiliser des joueurs capables de jouer au-dessus du cercle, en l’air, pour maintenir la défense sous pression même sans tir extérieur. L’objectif est alors d’amener un joueur situé dans les zones 6 et 7 de façon dynamique, dans la zone 8, au cercle :
Pour plus de détails, je vous renvoie à ce thread qui explique plutôt bien le déroulé :
Comment Kidd a maximisé Derrick Jones Jr ?
J’aime beaucoup l’évolution de l’utilisation de Derrick Jones Jr sur la série entre Dallas et les Clippers.
Elle symbolise la façon dont les Mavs sont en train de prendre le contrôle de cette série.
Je vous explique ça
⬇️⬇️ pic.twitter.com/fobOVVMxlQ
— Benj (@DebriefSportif) May 2, 2024
C’est ainsi que les profils de rim runners, de pivots très mobiles, de finisseurs explosifs ont gagné en importance ces dernières saisons. Un joueur incapable d’espacer le jeu par le tir peut tout de même créer de l’espace… par sa gravité verticale. Un simple écran, posé par un joueur dont la menace verticale est réelle, peut dès lors suffire à aspirer un défenseur vers l’arceau, contraindre l’aide côté faible à coulisser pour empêcher un lob et rouvrir des passes en périphérie pour les tireurs.
Cette évolution tactique a redonné de la valeur à certains profils : des intérieurs sans tir, mais avec des qualités athlétiques hors normes. Des joueurs capables de punir toute aide défensive trop ambitieuse par une coupe soudaine, un alley-oop ou une finition rapide au cercle.
Dans cette logique, le terrain ne se pense plus seulement en largeur, avec des points d’ancrage dans les coins ou en tête de raquette, mais aussi en hauteur, en ajoutant une dimension verticale aux menaces offensives.
L’essor des stunts : couper l’accès au cercle, encore et toujours
Après avoir poussé le spacing jusqu’à ses extrêmes — en largeur avec les shooteurs, en hauteur avec les finisseurs — il fallait s’attendre à une nouvelle vague de contre-mesures défensives.
Le drop coverage, une première réponse
Face au spacing généralisé, les défenses ont donc misé sur un principe : protéger la raquette coûte que coûte. Le système qui en a découlé s’appelle le drop coverage, notamment observé chez les Bucks de Mike Bundenholzer, qui ont ancré cette évolution.
Le principe ? Le défenseur intérieur ne monte pas agresser le porteur de balle sur pick-and-roll mais reste en retrait, dans la raquette, prêt à défendre le cercle.
L’objectif est double : ne pas se faire prendre dans un lob et dissuader toute tentative de drive. C’est une défense qui fait le pari de laisser le tir mi-distance ou le tir à trois points en sortie de dribble — des tirs plus difficiles, moins rentables – plutôt qu’une opportunité au cercle.
Ce système a été porté à son paroxysme par deux références absolues en la matière :
- Rudy Gobert, par sa capacité à protéger le cercle et à dissuader les drives rien que par sa présence et son envergure ;
- Anthony Davis, par sa mobilité latérale hors-normes, capable de défendre la peinture tout en gardant une menace sur les extérieurs qui osent s’approcher.
Mais à mesure que les lectures offensives s’affinaient, le drop a montré ses limites. Car même si le tir laissé au porteur est souvent un step-back difficile ou un pull-up en rythme, il reste un tir sans pression immédiate de la défense. Autrement dit, le porteur de balle peut dicter le tempo : il peut hésiter, fixer, reculer, scanner, ré-accélérer. Bref, il devient maître du demi-terrain — et même sans tirer, cette liberté de manœuvre permet de générer des décalages certains, surtout avec certains profils de porteurs de balle, générateurs de chaos total si on leur laisse le moindre espace de liberté.
Il fallait donc ajouter une couche défensive intermédiaire, une menace qui n’annule pas la structure du drop, mais qui en densifie la pression.
Une deuxième réponse : les stunts à 45°
C’est ici qu’interviennent les stunts, ces aides mi-furtives, mi-agressives venues des défenseurs placés à 45 degrés. Leur rôle est simple : sortir momentanément de leur joueur pour venir gêner le porteur de balle, l’obliger à jouer plus vite, à prendre une décision sous pression.
Ces stunts n’ont pas pour but de provoquer une interception ou un stop direct. Ils visent à désorganiser l’attaque, à la ralentir. Le défenseur vient “montrer” une aide, lever un bras, se placer un instant dans la ligne de drive… Puis repart immédiatement sur son joueur, souvent par un close-out ultra dynamique. L’idée est de montrer au porteur de balle, à qui l’on a volontairement laissé dans un premier temps le champ libre, que le champ n’est pas aussi libre que ça. On se montre pour fermer un axe de drive, et on repart.
C’est une défense qui demande une lecture collective instantanée, mais surtout des athlètes longs et rapides pour exécuter ces allers-retours défensifs sans se faire punir. Et ça tombe bien : en 2025, les meilleures équipes NBA regorgent de ces profils hybrides capables de fermer les angles sans trop s’exposer.
Des joueurs comme Jaden McDaniels, OG Anunoby, Herb Jones, Derrick White ou Jalen Williams en sont devenus des experts : rapides à lire la trajectoire, dissuasifs sans se désengager de leur rôle initial et impitoyables en close-out. Car l’idée n’est pas non plus d’ouvrir une ligne de passe hyper facile, pour encaisser un trois points derrière en une seule passe.
Ces stunts ont changé la dynamique : ils ont réintroduit de la densité défensive dans un jeu qui semblait voué à l’isolement ou au tir ouvert. Ils ont brouillé les lectures des stars, gêné les tempo de jeu, rendu les pick-and-roll moins lisibles. On l’a d’ailleurs vu avec les Minnesota Timberwoles. Anthony Edwards pensait, avec l’augmentation dantesque de son efficacité et de son volume sur le pull up à trois points avoir trouvé la solution. Et pourtant, il a été piégé contre le Thunder.
Vers une nouvelle (r)évolution du spacing ?
En 2025, on assiste à une inflexion décisive dans la manière dont les équipes pensent leur spacing. Non pas un retour en arrière, ni une rupture frontale avec les principes précédents, mais plutôt une adaptation aux contraintes imposées par les défenses modernes.
En 2025, la chasse aux « mismatchs » dicte la composition des 5
La première tendance marquante des derniers playoffs, c’est le poids grandissant du « mismatch hunting » dans la structure offensive des équipes, autrement dit : la volonté systématique d’attaquer le maillon faible défensif adverse (la recherche de l’avantage, en VF). Les attaques cherchent désormais à isoler le défenseur le plus vulnérable, à le faire monter sur pick-and-roll, à forcer la défense à changer, et à le traquer possession après possession. Tu es le maillon faible, et tu le paieras : voilà l’idée.
Face à cette menace permanente, les coachs ont ajusté leurs rotations. Le critère numéro un est l’absence de carence défensive. Un joueur qui peut se faire cibler devient presque injouable en fin de série de playoffs, peu importe son efficacité offensive. Il suffit de voir le temps de jeu fluctuant de certains scoreurs, incapables de résister sur plusieurs possessions isolées.
La conséquence est directe : les 5 majeurs des prétendants au titre se construisent autour de joueurs solides, disciplinés, capables de tenir leur poste sans devenir une cible défensivement. Et dans ce contexte, les stars ont de plus en plus souvent autour d’elles des profils peu autonomes offensivement.
C’est le cas, par exemple :
- Du Thunder d’OKC, où Shai Gilgeous-Alexander est entouré de défenseurs d’exception mais qui ont finalement du mal à être impactant offensivement lorsqu’il leur est demandé autre chose que de conclure un décalage ;
- Des Knicks, où Jalen Brunson incarne la seule menace constante balle en main, et que l’on a entouré d’ancrages défensifs absolus.
Le tir mi-distance, dernier bastion de liberté
Ce phénomène mène à un constat troublant : les zones classiques de spacing — la raquette et la ligne à 3points — sont aujourd’hui sur-défendues. Les défenses sont optimisées pour les fermer, y compris avec l’usage massif des stunts dont nous parlions précédemment.
Dans l’émission Mind the Game, Steve Nash évoquait récemment ce paradoxe : alors que l’analytique avait banni le tir à mi-distance, c’est désormais la dernière zone où les stars peuvent respirer. Plus assez rentable ? Peut-être. Mais dans un contexte où les défenses demi-terrain prennent la main sur les attaques, le tir à mi-distance redevient « suffisant ».
Ce n’est donc pas un retour du mi-distance par nostalgie, mais une réhabilitation contextuelle, dans un moment de l’histoire du jeu où les défenses ont maté la méta des attaques. La vie est une histoire de cycle, et la NBA n’y échappe pas.
Le mi-distance, que l’on considérait (à tort) ignorer, redevient alors une question cruciale pour le jeu NBA. Les coachs se remettent au travail pour tenter, le plus possible de libérer ces zones intermédiaires, en revoyant leur manière d’occuper le terrain. Le spacing ne se pense plus seulement en largeur ou en verticalité, mais c’est toujours la même chose : il faut vider le terrain là où la star veut opérer.
Reprenons notre schéma :
On constate différentes situations :
- En vert, sur les zones 6, 7, 12 et 13, la ligne de fond est densifiée, avec 3 joueurs stationnés dans les coins ou sous le cercle, figés ou prêts à couper ;
- En bleu, sur les zones 1 à 5, c’est là que seront isoler les 2 joueurs principaux de l’attaque généralement la star et un poseur d’écran, pour jouer un jeu à 2 dans une zone totalement libérée ;
- En rouge, la zone 11, celles où des coupes ou écrans dans le dos permettront de faire reculer les défenseurs, pour ouvrir le tir intermédiaire,.
Dans certaines possessions, on peut même voir 4 joueurs placés en ligne de fond, laissant toute la partie haute du demi-terrain libre pour un duel à mi-distance.
Prenons le match 2 de la finale NBA entre le Thunder et les Pacers. Lors de la première rencontre, la mise en contexte des isolations de Shai était assez mauvaise. Le canadien était souvent coincé par les aides des Pacers et avait du mal à passer du mi-distance long au mi-distance court. Pour remettre en scelle sa star, Daignault va appliquer ces principes.
Exemple 1 : la libération d’un tier de terrain pour du jeu à deux.
On voit bien dans cette séquence la surcharge de la ligne de fond pour laisser de la place à Shai. Elle rend impossible le drive. Mais qu’importe, puisque tout le monde sait désormais le défendre. En revanche, elle lui libère le mi distance. Et en l’occurrence, le « short » mi-distance, niveau floater. En reprenant les couleurs évoquées ci-avant : la zone verte est surchargée, Chet pouvant représenter une menace au cercle en cas de lob ; les deux joueurs impliqués offensivement sont en zone bleue, et la zone 11, intermédiaire, est totalement abandonnée défensivement, et optimisée offensivement. Et SGA, dans le midrange… Bingo.
Exemple 2 : la surcharge à 4
Sur cette séquence, vous pouvez voir la course étonnante de Lu Dort, qui vient surcharger une raquette déjà pleine. Mais naturellement, Nesmith le suit, ce qui libère totalement l’espace des lancers francs pour SGA.
Ce n’est plus un spacing “scientifique” où chaque mètre compte pour optimiser le tir à trois points, mais quasiment un spacing “psychologique”, destiné à créer du confort pour le joueur offensif, à restaurer un peu de contrôle pour la star étouffée par les aides. Il demande en revanche d’avoir de très, très forts joueurs de mi-distance… Comme SGA. Ce qui pourrait être in fine, venir parachever leur réhabilitation ? Et ce même si, en réalité, les stars n’ont jamais abandonné le mi-distance.
Une fenêtre tactique à apprivoiser… jusqu’à la prochaine ?
Ce que nous montrent les Playoffs 2025, c’est que les attaques ont identifié une nouvelle brèche. Face à des défenses hyper structurées, qui verrouillent aussi bien la raquette que la ligne à trois points, le mi-distance est redevenu un territoire stratégique. Pas parce qu’il serait plus rentable qu’auparavant, mais parce qu’il est… disponible.
Doucement, le jeu se déplace vers cette zone intermédiaire, en adaptant l’occupation de l’espace, en isolant les zones d’intervention, en jouant avec le vide autant qu’avec les écrans. Finalement les meilleures attaquent de ces playoffs ont su l’exploiter. Shai et Brunson comme nous l’avons dit, mais pas que. Les Nuggets avec Jokic et Murray. Les Pacers, qui ont surutilisé leurs roles players sur le tir à mi distance. Les 4 meilleures équipes de ces playoffs savent s’en servir.
Mais cette révolution n’en est qu’à ses débuts. Elle ouvre des opportunités, certes, mais elle pose aussi de nouvelles questions, et notamment jusqu’où peut-on dépendre d’un seul créateur ?
Car si l’objectif est de vider l’espace pour laisser s’exprimer une star, encore faut-il que cette star puisse porter l’ensemble de la création offensive, et c’est là que le modèle montre ses premières failles. En construisant une attaque centrée autour d’un seul joueur, on crée une dépendance structurelle offensive… et donc une attaque limitée.
Que se passe-t-il si cette star est ciblée défensivement par des prises à deux systématiques ? Que se passe-t-il si elle perd en lucidité ou en efficacité sur une série entière ? Et plus simplement : que se passe-t-il si elle sort ? Quid des plans B, C ou même D, si le plan A est verrouillé, ou hors de forme, de rythme ?
Des équipes comme OKC ou les Knicks ont parfois montré les limites de ce système, déjà. Lorsque Shai Gilgeous-Alexander ou Jalen Brunson sont ralentis, le reste de l’attaque peut peiner à créer du danger, tant elle est construite autour de leur capacité à punir en un-contre-un. Alors peut être que le besoin sera de récupérer un autre danger balle en main, une autre star, ou de développer des options viables à partir de profils offensifs limités… Et la NBA, de revivre un nouveau cycle ?
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C’est donc un moment charnière. Les contours de la prochaine évolution sont là mais tout reste à construire autour. Quel type de rotation peut accompagner cette liberté sans la parasiter ? Comment créer des relais secondaires, des solutions de sortie, sans refermer la zone que l’on cherche à libérer ?
Le génie des coachs entrera vite en jeu. Ceux qui sauront créer des contextes favorables — pas seulement des systèmes figés — pour exploiter cette nouvelle géographie offensive pourraient bien avoir une longueur d’avance. Car si les défenses ont su s’adapter au spacing horizontal et vertical, le spacing à mi-distance pourrait être le nouveau problème.
Co-écriture Val et Benj