21 juillet, 17h08. Shams Charania annonce via son twitter, la signature d’un an de Chris Paul en Californie. CP3 retrouve donc les Clippers, ses Clippers, dans ce qui ressemble à un dernier tour de piste (selon certains insiders) à 40 ans. Un retour symbolique, qui a fait remonter beaucoup de souvenirs. Alors, forcément, je me suis replongé dans ses premières années à L.A, et dans cette époque particulière où les Clippers incarnaient, avec d’autres franchises, l’extrême densité de la Conférence Ouest.
De 2011 à 2016, une rivalité à quatre têtes, entre les San Antonio Spurs, Memphis Grizzlies, Oklahoma City Thunder et L.A. Clippers, a marqué la conférence OUEST et la NBA, à travers de magnifiques affrontements en playoffs. Une période où les confrontations entre ces équipes sont devenues une tradition printanière. Et pourtant, on n’en parle quasiment jamais.
Mais pourquoi ?
Parce que pour les Clippers n’ont jamais atteint les finales de conférence, tout en étant souvent décevants à cause des nombreuses blessures de CP3 et de Blake Griffin.
Parce que l’identité défensive des Grizzlies, le fait que Memphis soit un petit marché et qu’il n’y avait pas de star médiatique dans cette équipe, ont fait que cette équipe n’a pas la même legacy que d’autres. De surcroît, les Grizzlies n’ont jamais atteint les Finales NBA.
Parce que les Spurs de cette période sont un super collectif, où Tim Duncan affichait 35 ans n’était sans doute plus une superstar, et où Kawhi Leonard était encore un jeune prospect de la Ligue.
Parce que le Thunder n’a pas gagné de bague et que la mémoire collective s’est concentrée sur le départ de James Harden avant la dernière année de son contrat rookie, du départ de Durant aux Warriors, et sur l’incapacité de Westbrook et d’OKC à dépasser le premier tour avec le meneur au centre du projet.
Et surtout : parce que la lumière était ailleurs. À l’Est, avec les Heatles de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh. Ou un peu plus tard, avec l’hégémonie des Warriors (cinq finales NBA consécutives entre 2015 et 2019). Ou alors même un peu plus tôt, avec les 3 finales de suite des Lakers, de 2008 à 2010, avec la superstar Kobe Bryant.
Mais ce relatif oubli nous semble immérité. Entre 2011 et 2016, ces quatre équipes ont joué 14 séries de playoffs entre elles. Elles ont cumulé les saisons à 55 victoires ou plus, des net ratings élites en saison régulière, des stars, des rôle players et des coachs impressionnants, des moments clutchs. Elles ont donné naissance à des styles reconnaissables, à des rivalités discrètes, à des revanches et à des bagarres mémorables en playoffs (au sens propre comme au sens figuré).
Le contexte : l’Ouest en ébullition
Ces années-là succèdent à l’époque « deadball era » des années 2000, où il était monnaie courant d’avoir des matchs de playoffs qui se finissaient avec moins de 80 points au compteur pour les deux équipes. Et ces années-là précèdent la révolution totale du spacing, accélérée par les Splash Bros des Warriors. Le mouvement était pourtant déjà été amorcé, notamment par les Suns de D’Antoni et de Steve Nash, avec leur tactique de jeu « 7 seconds or less ».
À cette époque, on voit fleurir de plus en plus d’intérieurs talentueux en attaque, qui ont tous au moins un petit shoot à mi-distance : LaMarcus Aldridge, David West, Brook Lopez, Tim Duncan, Pau et Marc Gasol, Zach Randolph, Blake Griffin, Chris Bosh, Serge Ibaka, Kevin Love… Et même des spécialistes « grande taille » à 3 pts comme Channing Frye ou encore Ryan Anderson.
Les équipes optimisent leur spacing et posent les bases du jeu moderne. Toutefois, la bataille athlétique, le talent offensif et le combat au rebond restent essentiels pour gagner une série de playoffs au meilleur des 7 matchs. L’Ouest regorge d’équipes physiques, techniques et puissantes. À l’Est ? Le niveau est bien plus inégal et la conférence sera dominée pendant 8 ans par un seul et même homme (vous savez qui).
Les forces en présence
Memphis Grizzlies :
Grit and Grind. Défense de fer, jeu lent, demi-terrain, isolations pour Zach Randolph, guerre de tranchées chaque soir. Pas de superstar marketing, mais un vrai collectif : Mike Conley, Tony Allen, Randolph, Marc Gasol.
Los Angeles Clippers :
Lob City. CP3, Blake, DeAndre Jordan, mais aussi Matt Barnes, JJ Redick, Jamal Crawford. Un maestro à la baguette (Chris Paul) et des surathèltes dans leur prime athlétique à cote de lui (Griffin et Jordan). Une équipe aussi spectaculaire qu’irrégulière. Coachée successivement par Vinny Del Negro puis Doc Rivers.
Oklahoma City Thunder :
KD, Westbrook, Harden jusqu’en 2012, 3 joueurs draftés par le Thunder devenus MVP par la suite. Puis aussi Ibaka, Reggie Jackson, Steven Adams, Dion Waiters ou Nick Collison. Une armée de jeunes stars dans un petit marché, capable d’aller en Finales NBA (2012) mais jamais jusqu’au bout. 5 saisons en 6 ans à +67% de victoires (~55) en saison régulière.
San Antonio Spurs :
Le socle Duncan–Parker–Ginobili, enrichi année après année : Kawhi Leonard, Boris Diaw, Danny Green, Patty Mills, LaMarcus Aldridge… L’intelligence collective portée à son paroxysme. Un top 3 coach all time avec Popovich (et pas 3ème).
***
Il est temps à présent de raviver ces souvenirs.
Voici un top 10 des meilleures séries entre Spurs, Clippers, Grizzlies et Thunder sur la période 2011-2016 — selon les critères subjectifs du rédacteur (importance du contexte, intensité, déroulé des matchs, charge émotionnelle, niveau de jeu…).
10 – Los Angeles Clippers – Memphis Grizzlies au 1er tour 2013 (4-2 MEM)
Le contexte : deux équipes à 56 victoires sur la saison régulière pour un duel au sommet au 1er tour. Les Clippers se sont renforcés à l’été en ajoutant Matt Barnes et Jamal Crawford. Memphis s’est renforcé en ajoutant Tayshaun Prince à la mi-saison, contre Rudy Gay. Marc Gasol finit la saison en tant que meilleur défenseur de la Ligue, devant un certain LeBron James.
La statistique : les premier tours qui dépassent les 110 victoires cumulées entre les deux équipes en saison régulière au 21e siècle se font rares :
- 2013 : Grizzlies (56) + Clippers (56) = 112 victoires.
- 2015 : Clippers (56) + Spurs (55) = 111 victoires.
- 2008 : Spurs (56) + Suns (55) = 111 victoires.
Les moments marquants de la série : citons d’abord le game winner de Chris Paul (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un autre buzzer beater dont on parlera dans cet article) lors du game 2. Il met les 8 derniers points des Clippers dans les dernières 3m43 minutes du match, alors même que les Clippers n’avaient plus scoré depuis 3 minutes :
Vous pouvez l’admirer ici.
Évoquons ensuite le game 6, où les 30 points / 10 rebonds de Matt Barnes à 11/14 au tir ainsi que les 28 points de CP3 à 11/13 à 2 points, n’auront pas suffi. Memphis remporte ce match et file en demi finale de conférence.
Remarques : les Clippers ont pris les deux premiers matchs avant que Memphis ne recolle au score à domicile. Blake Griffin s’est blessé entre les matchs 4 et 5. Les Grizzlies ont donc renversé la série après avoir été menés 2-0. Cette série sera la dernière de Vinny Del Negro sur le banc des Clippers et acte également doucement la fin de la pige de Lionel Hollins sur le banc des Grizzlies.
9 – San Antonio Spurs – Oklahoma City Thunder en finale de conférence 2014 (4-2 SAS)
Le contexte : les Spurs sortent d’une saison à 62 victoires. Ils ont rajouté Bellinelli à leur effectif à l’intersaison. Après avoir galéré à battre les Mavs en 7 matchs, ils déroulent face aux Blazers en demi-finale (4-1). D’ailleurs, Nicolas Batum dira chez First Team 10 ans plus tard qu’il n’avait jamais eu un tel sentiment d’impuissance face à une équipe que lors de ce second tour des playoffs 2014 face aux Spurs.
Le Thunder vient d’être témoin d’une saison all time de Kevin Durant : MVP de la ligue, à 32 points de moyenne. Oklahoma s’est également renforcée à la mi-saison, en intégrant Caron Butler à l’effectif.
Les moments marquants de la série : au game 4, Russell Westbrook était en mission : 40 points, 10 passes décisives et 5 interceptions pour égaliser à 2-2. Sans doute son meilleur match en carrière en playoffs.
Au game 6, la rencontre va en prolongation. Avant cela, à 27 secondes de la fin du 4e QT, Ginobili rentre un 3 points bien clutch sur une remise en jeu, après un écran de Tim Duncan : 100-99 pour les Spurs. Manu loupe un lancer par la suite et Westbrook égalise sur la ligne à 101-101. Duncan croit mettre un tip-in au buzzer pour gagner la série… mais c’était trop tard. Les deux équipes disputent les prolongations. Duncan nous sort sa spéciale : un petit hook sur la tête de Westbrook et Reggie Jackson, à 20 secondes de la fin. San Antonio se qualifie et peut grandement remercier Boris Diaw et ses 26 points sur le match.
Remarque : Pas la meilleure série de ces années-là, car les 5 premiers matchs ne sont pas serrés. Mais une série à ne pas louper : le super collectif des Spurs (qui s’imposera face au Heat en 5 matchs juste après) face à KD et Westbrook au sommet de leur art. OKC regrettera la blessure d’Ibaka, dans le match 6 du tour précédent face aux Clippers, qui lui fera louper les deux premiers matchs de la série face aux Spurs, dans lesquels OKC subit deux défaites.
8 – Oklahoma City Thunder – Memphis Grizzlies en demi-finale 2011 (4-3 OKC)
Le contexte : OKC vient de remporter la première série de playoffs de sa jeune histoire au tour précédent face aux Nuggets, après une saison régulière couronnée de 55 victoires. Westbrook connait sa première sélection au match des étoiles et sa première ALL NBA Team. Ibaka devient titulaire à plein temps sur la fin de saison. Perkins arrive à la mi-saison en échange de Jeff Green.
Même scénario pour Memphis, qui a gagné sa première série au tour précédent face aux Spurs. Zach Randolph finit ALL NBA Team, Tony Allen est arrivé à l’intersaison 2010 pour finir top 4 DPOY. Shanne Battier revient à la maison à la mi-saison (il avait commencé sa carrière aux Grizzlies). Malheureusement pour Memphis, Rudy Gay, leur 2è meilleur scoreur, s’est blessé avant les playoffs et les ratera dans leur intégralité.
Les moments marquants de la série : il est impératif de citer le game 3 de Zach Randolph, qui plante un merveilleux 21 points, 21 rebonds. Memphis mène 2-1 après 3 matchs.
Que dire, surtout, du game 4, qui a donné lieu à une TRIPLE prolongation historique. Westbrook marque 40 points, Conley s’illustre avec un très moche 2/12 au tir, mais rentre à un trois-points à 3 secondes de la sirène du 4ème quart-temps. Geivris Vasquez plante un trois points de l’espace à 9 secondes de la fin de la première prolongation. Mais c’est bien le Thunder qui l’emporte et égalise à 2-2.
Au game 6, Randolph sort un de ses meilleur match en playoffs en carrière : 30 pts, 13 rebonds, avec 12 points dans le 4e QT. Memphis revient à 3-3. C’est pourtant Kevin Durant qui aura le dernier mot, avec ses 39 points au game 7 : direction les Finales de Conférence pour OKC.
Remarque : une série entre deux équipes encore jeunes et inexpérimentées, qui, malgré un game 4 incroyable, ne verra aucun match finir avec un écart inférieur à 8 points. Premières finales de conférence pour OKC avec ce groupe (qui au passage, devient l’équipe la plus jeune de l’histoire à atteindre ce stade de la compétition), qui devra attendre l’année d’après pour aller en finales NBA. En effet, en finale de conférence 2011, Dirk Nowitzki en a décidé autrement.
7 – Oklahoma City Thunder – San Antonio Spurs en finale de conférence 2012 (4-2 OKC)
Le contexte : les Spurs enchainent deux sweeps face au Jazz et aux Clippers, après une saison à 50 victoires, mais en 66 matchs à cause du lock-out en début de saison. Tony Parker finit top 5 au classement du MVP pour la première fois de sa carrière. San Antonio recrute notre Boris Diaw national, qui s’était fait couper par les Hornets à la mi-saison. Stephen Jackson débarquera également au même moment.
OKC ne fait qu’une bouché de ses deux premiers tours de playoffs : 4-0 face aux Mavs, puis 4-1 face aux Lakers. KD termine à nouveau top 2 du MVP sur la saison régulière, Ibaka top 2 du DPOY et Harden meilleur 6è homme.
Les moments marquants de la série : San Antonio remporte le game 1 avec un écart de 3 points., en collant un 39-27 dans le 4e QT. Le banc flambe à 9/10 au tir sur ce dernier QT : Neal, Splitter, Manu, Stephen Jackson marqueront 28 de ces 39 points. Au game 2, malgré un excellent James Harden (30 pts à 10/13 au tir) les Spurs l’emportent car Parker est injouable : 34 pts à 16/21 au tir ! Spin move, tear drop, floater, il leur a tout fait.
Au game 4, Durant est en feu dans le 4e QT : 18 pts à 7/9 au tir. Les Spurs essaient tout pour le contenir, envoient des prises à 2 de partout, mais l’ailier était sur une autre planète. A noter le match parfait d’Ibaka au tir, qui finit à 26 pts à 11/11 au tir. OKC revient à 2-2. Harden est injouable au match suivant, surtout dans les 12 dernières minutes : 4/4 au tir, dont 3/3 à trois points. Il plante un tir décisif à 28 secondes de la fin en isolation sur Kawhi (son futur coéquipier une décennie plus tard) pour passer à +5. Manu avait mis 34 pts, mais OKC l’emporte.
La série se clôture avec les 34 points et 14 rebonds de Kevin Durant au game 6, pour qualifier OKC pour ses premières Finales NBA.
Remarque : la dernière victoire de James Harden en playoffs avec le Thunder (ses premières et dernières finales NBA également jusqu’à ce jour) face à un Kawhi Leonard rookie. Une série qui montrera à quel point le trio du Thunder pouvait être dominant, avant sa dissolution l’été suivant.
6 – Los Angeles Clippers – Memphis Grizzlies au 1er tour 2012 (4-3 LAC)
Le contexte : les Clippers recrutent Chris Paul à l’intersaison, après avoir été témoin d’une saison rookie légendaire de Blake Griffin. Ils avaient ramené Mo Williams un an et demi plus tôt, contre un futur premier tour de draft 2011 qui deviendra…..KYRIE IRVING ! Malheureusement pour les Clippers, Billups se fait le tendon d’Achille après seulement 20 matchs et sera forfait pour le reste de la saison. On notera aussi les arrivées de Caron Butler et de Nick Young dans l’effectif.
Côté Memphis, exit Vazquez, Sam Young et Battier, remplacés par Pondexter et Speights. Marc Gasol connaitra sa première sélection au match des étoiles au cours de la saison.
Les moments marquants de la série : le game 1 est le témoin d’un comeback monumental des Clippers, qui étaient menés de 27 points (!!) à la fin du 3è QT. Ils collent un 35-13 dans le 4e quart. Nick Young plante trois tirs à 3 pts consécutifs entre 2:47 et 1:47 de la fin pour recoller au score. Lors du game 3, les Angelenos mènent 6 points à 14 secondes de la fin. Rudy Gay plante un trois-points. Bledsoe manque un lancer et Gay fait rebelote à 9 secondes de la fin. Bledsoe choke ses deux lancers derrière… mais Gay loupe son dernier tir. LAC peut souffler : 2-1 pour eux.
Le match 4 se solde par une prolongation au cours de laquelle Chris Paul score 8 points en 5 tirs pour fermer la boutique : 3-1 Clippers. Terminons par évoquer le game 7, au cours duquel Conley et Randolph passent totalement à travers : 4 / 26 au tir en cumulé. Dans leur sillage, c’est tout Memphis qui coule offensivement : 0 / 13 à trois-points. Rideau et victoire des Clippers.
Remarque : une série de tranchées, comme on les aime. Les 100 points sont atteints seulement une fois pour chaque équipe sur la série, et quatre rencontres seront décidées à moins de 4 points. Les Clippers réussissent à l’emporter, malgré les blessures de CP3 et Blake Griffin au match 5.
5 – Oklahoma City Thunder – Los Angeles Clippers en demi-finale 2014 (4-2 OKC)
Le contexte : duel de titans, entre les Clippers, 2è meilleur net rating de la saison régulière (+7,2) et le Thunder qui pointe juste derrière (+6,6).
Doc Rivers a succédé à Vinny Del Negro à l’intersaison. JJ Redick est venu renforcer l’attaque des Clippers, qui finit meilleur offensive rating sur la saison. DeAndre Jordan devient un élément encore plus important de la rotation de LA en passant de 24 à 35 min par match sur la régulière, et en finissant 3è du DPOY. Darren Collison et Glenn Davis intègrent l’effectif avec succès. Blake Griffin finit même 3è du classement du MVP.
En face, KD se voit décerner le trophée du MVP. Reggie Jackson finit dans le top 5 du 6MOY, Steven Adams débarque à la draft, et Ibaka finit pour la 3è fois consécutive dans la All NBA Defensive 1st Team.
Les moments marquants de la série : en ouverture de la série, Chris Paul est incandescent : 32 points à 12/14 au tir, 8/9 à trois-points, 10 passes décisives. Les Clippers ouvrent la marque.
Au game 3, Kevin Durant et Blake Griffin se rendent coups pour coups : 36 et 34 points. Oklahoma domine largement au rebond : + 34% de rebonds offensifs sur les 3 premières rencontres de la série. OKC mène 2-1. Que dire du Darren Collison Game (match 4), qui score il score 10 points dans les 5 dernières minutes du 4e QT ? Une anomalie qui permet à LA de recoller à 2-2.
Au cours du game 5, Westbrook termine le match à 38 points. Les Clippers menaient 104-97 à 45 secondes de la fin. KD plante un trois-points sur la tête de Glen Davis (fallait pas mettre Baby Davis en défense sur KD le Doc !!!). Puis Jamal Crawford loupe son lay-up et KD en profite pour ramener OKC à -2 sur une contre-attaque. Et là, c’est le DRAME : CP3 perd la balle, puis fait faute sur un tir primé de Westbrook (bon, pour être honnête, il n’y avait pas grand-chose). Temps mort, remise en jeu et… Chris Paul perd ENCORE la balle. Oklahoma mène 3-2.
Kevin Durant termine les Clippers au game 6, avec 39 points et 16 rebonds, dont 25 points en 2e MT à 8/11 au tir. OKC file en finale de conférence face aux Spurs.
Remarque : KD finit la série à 33 points de moyenne, meilleur total de points par matchs sur une série avec OKC. Westbrook finit lui à 28 points de moyenne, son meilleur total de points par matchs sur une série, sur la période où KD était à OKC. Les deux sont à 61 de TS%. La série de l’apogée individuelle de ce duo merveilleux.
4 – Memphis Grizzlies – San Antonio Spurs au 1er tour 2011 (4-2 MEM)
Le contexte : Côté Grizzlies : se référer à la 8ème place de notre classement. Côté Spurs : San Antonio dépasse les 60 victoires en régulière pour la 3è fois de leur histoire et termine en tête de la conférence Ouest. Manu finit dans le Top 8 du classement du MVP pour la seule fois de sa carrière.
La statistique : les plus gros upsets en playoffs, en écart de victoire, depuis 1990 :
- 25 victoires entre les Mavericks et les Warriors en 2007 ;
- 21 victoires entre les Supersonics et les Nuggets en 1994 ;
- 16 victoires entre les Warriors et les Cavaliers en 2016 ;
- 15 victoires entre les Spurs et les Grizzlies en 2011.
Les moments marquants de la série : pour débuter la série, Manu Ginobili est absent à cause d’une blessure. Shane Battier rentre un trois-points très clutch à 24 secondes de la fin, alors que Memphis est à -2. Memphis arrache ce premier match. Au game 3, les Grizzlies mènent de 2 points à 40 secondes de la fin. Randolph, qui est à 0/7 dans le 4e QT, rentre un trois-points salvateur et Memphis mène 2-1.
Le match 5 est marqué par le buzzer beater de Gary Neal, qui égalise pour aller en prolongations. Ginobili (33 points sur ce match) pensait avoir égalisé juste avant sur un énorme shoot de loin, mais il avait mordu la ligne. San Antonio réduit l’écart à 3-2 et se donne un sursis dans la série.
C’est Zach Randolph qui plie la série au game 6 avec 31 points dont 17 au dernier quart-temps. San Antonio chute.
Remarque : Upset monumental des Grizzlies qui gagnent leur première série de playoffs de l’histoire, et QUELLE SERIE !!! Duncan fait la pire série de sa carrière jusque là (seulement 12 pts de moyenne), mais s’était blessé 3 semaines avant.
3 – San Antonio Spurs – Oklahoma City Thunder en demi-finale 2016 (4-2 OKC)
Le contexte : les Spurs sortent d’une saison à 67 victoires, avec le meilleur net rating de la Ligue (+11,7), donc un meilleur net rating que les Warriors et leurs 73 victoires (!). Kawhi Leonard est DPOY et top 2 du MVP. LaMarcus Aldridge et David West ont rejoint l’équipe à l’été précédent.
En face, le Thunder du nouveau coach Billy Donovan arrive avec ses deux monstres (Russ et KD finissent respectivement 4è du MVP pour Russ, et 5è pour KD), et une rotation profonde : Adams, Enes Kanter, Waiters, Andre Roberson et Ibaka. Duel au sommet.
Les moments marquants de la série : au game 1, LaMarcus Aldridge explose à 38 points à 18/23 tir. Kawhi Leonard est dans son sillage : 25 points à 10/13 à tir. San Antonio écrase tout. L’ailier-fort poursuit sur sa lancée au game 2 : 41 pts à 15/21 au tir. Malgré tour, Oklahoma résiste et l’emporte.
Le Thunder recolle une nouvelle fois au game 4, grâce à Kevin Durant : 41 points, dont 17 dans le dernier QT à 6/6 au tir. Au match suivant, Westbrook claque 35 points, 11 rebonds et 9 passes décisive en y rajoutant de la clutchitude. À 92-91 pour OKC, il met un lay-up avec la faute à 6 secondes de la fin, pour mettre les Spurs à 4 points et tuer le match.
Enfin, au game 6, Kevin Durant fait sa spéciale : 37 points. OKC termine les Spurs et se qualifie pour les finales de conférence.
Remarque : le Thunder élimine une des meilleures versions de San Antonio, dans ce qui sera la dernière série de Tim Duncan, qui prendra sa retraite après la série. OKC mènera 3-1 face aux Warriors au tour suivant, avant de « blow a 3-1 lead ». Et KD sortira de sa zone de confort (selon lui) à l’été suivant.
2 – Oklahoma City Thunder – Memphis Grizzlies au premier tour 2014 (4-3 OKC)
Le contexte : Dave Joerger est arrivé au coaching à l’été précédent à Memphis, succédant à Lionel Hollins. Memphis se renforce également en faisant revenir Mike Miller, et en prenant Courtney Lee et Beno Udrih à la mi-saison.
Pour OKC, c’est déjà la 3ème série de ce classement au cours de la saison 2013-14.
Les moments marquants de la série : le game 2 est particulièrement serré. Durant score 14 points (4/4 au tir) dans le dernier quart-temps. Udrih, sur ces 12 même minutes, marque 8 points à 4/6 au tir. Memphis mène de 5 points à 13 secondes de la fin de la rencontre. Durant plante un trois-points de nulle part en total déséquilibre avec la faute : 98-97. OKC fait faute et Conley lâche un lancer sur la ligne. Kendrick Perkins en profite sur l’action suivante pour mettre un buzzer beater sur son rebond offensif pour emmener son équipe en prolongation.
Memphis l’emporte quand même et égalise à 1-1.
Au game 3, Russell Westbrook rentre un trois-points important à 57 seconde de la fin de la rencontre pour conclure un run de 17-0 et égaliser à 81-81. Ensuite, Tony Allen met deux lay-ups après deux erreurs du meneur d’OKC. Celui-ci replante un tir primé (avec la faute) pour à nouveau égaliser. À l’instar du match 2, Memphis l’emportera tout de même et mène 2-1.
Au rang des anomalies, les 32 points de Reggie Jackson au match 4 (11/16 au tir, 17 points dans le dernier quart-temps) sont bien classées. Le match file en prolongations. Durant (5/21 au tir) et Westbrook (6/24) passent à côté de leur match, mais se font sauver les miches par un Jackson héroïque : 2-2 dans la série.
Dans une fin de match 5 irrespirable, Westbrook intercepte une balle dans les mains de Mike Conley à 7 secondes de la fin, puis dunk en contre attaque pour égaliser à 90-90. Randolph manque de donner la victoire aux siens sur un lay-up pour… 0,1 seconde. Le match file en prolongations. Au cours de celle-ci, Ibaka claque la balle dans le cercle… 0,1 seconde trop tard. Memphis l’emporte et se retrouve aux frontières de la demi-finale.
Le game 6 est marqué par les 36 points de Durant, mais aussi par le craquage de Zach Randolph, qui passe ses nerfs sur le rookie qu’était Steven Adams. Z-Bo est suspendu pour le game 7. Celui-ci est dominé par Oklahoma, emmenée par les 33 points de Durant et les 27 points / 16 passes décisives de Westbrook. Le Thunder l’emporte à l’arrachée.
Remarque : Westbrook est de retour, un an après avoir manqué la série face aux mêmes Grizzlies. Et quelle revanche. Cette série est une anomalie : 4 matchs consécutifs en prolongation, du jamais vu. Memphis aura pris ses 3 victoires en prolongations.
1- Los Angeles Clippers – San Antonio Spurs au 1er tour 2015 (4-3 LAC)
Le contexte : deux équipes à avec au moins 55 victoires en saison régulières (55 pour les Spurs, 56 pour les Clippers). Deux équipes top 3 net rating sur les 82 matchs (Clippers 2e, Spurs 3e). Kawhi Leonard est DPOY pour la première fois. La dernière chance sans doute pour la dynastie Spurs de faire enfin un back to back, après leur titre de 2014.
Les moments marquants de la série : au premier match, Chris Paul sort un match dantesque à 32 points à 13/20 au tir pour une victoire des siens. Le surlendemain, les Spurs mènent 94-92 alors qu’il reste 13 seconde sur l’horloge. Griffin perd la balle en isolation face à Bellinelli. Sur la contre-attaque des Spurs, CP3 fait faute sur le lay-up de Patty Mills. San Antonio s’imposera en prolongations dans ce game 2.
Le match 3 est un blowout sponsorisé par Kawhi Leonard : 32 points à 13/18 au tir, record en carrière à l’époque. Les Clippers recollent dès le match suivant, avec un Chris Paul en mode MVP : 34 points à 11/19 au tir. Le jeu du chat et de la souris se poursuit et les Spurs reprennent le lead au cinquième match, en s’imposant avec 4 points d’écarts, notamment grâce à un Boris Diaw très clutch : 8 points dans le 4e quart-temps.
Après la victoire des Clippers dans un match 6 sans grand intérêt, vient l’heure de l’un des plus grands game 7 de l’histoire récente. Chris Paul rentre le game-winner sur la tête de Tim Duncan, malgré une cuisse touchée (déjà !). Il termine sa rencontre avec 27 points à 9/13 au tir.
Remarque : un des meilleurs premiers tours de l’histoire de la Grande Ligue. Trois derniers matchs ULTRA serrés. Le sommet de la rivalité Spurs-Clippers. Et le peak de Chris Paul à L.A, à un match seulement de la finale de conférence au tour suivant, après avoir mené 3-1 face aux Rockets. Ce premier tour a été tellement incroyable que l’année suivante, la NBA a supprimé la règle qui permettait au champion de division d’avoir l’avantage du terrain en playoffs, même si son bilan est inférieur à des équipes classés 2è de leur propre division.
Conclusion
Avant toute chose, voici les 4 autres séries entre ces 4 équipes, qui ne figurent cependant pas dans ce top 10 :
- Memphis Grizzlies – Oklahoma City Thunder en demi-finale 2013 (4-1 MEM) : OKC sans Russel Westbrook toute la série, game winner de Durant au match 1 ;
- San Antonio Spurs – Memphis Grizzlies en finale de conférence 2013 (4-0 SAS) : on peut souligner la grosse performance de Parker au game 4 : 37 points à 15/21 au tir ;
- San Antonio Spurs – Memphis Grizzlies au 1er tour 2016 (4-0 SAS) ;
- San Antonio Spurs – Los Angeles Clippers en demi-finale 2012 (4-0 SAS).
De la même manière, voici le bilan des affrontements entre chaque équipe au cours de cette courte période :
- Los Angeles Clippers – San Antonio Spurs : 1-1 ;
- San Antonio Spurs – Oklahoma City Thunder : 1-2 ;
- San Antonio Spurs – Memphis Grizzlies : 2-1 ;
- Los Angeles Clippers – Oklahoma City Thunder : 0-1 ;
- Los Angeles Clippers – Memphis Grizzlies : 1-1 ;
- Memphis Grizzlies – Oklahoma City Thunder : 1-2.
De 2011 à 2016, l’Ouest a offert à la NBA une densité rare de séries épiques. Cinq ans d’affrontements sans relâche entre quatre franchises à l’identité marquée, qui se sont croisées, recroisées, parfois éliminées, parfois vengées. Cinq ans de bagarres, de buzzer beaters, de prolongations, de hooks de Duncan et de cross de CP3, de Z-Bo en mission et de KD en ascension.
Au cœur de ce cycle, les Spurs incarnaient la maîtrise, les Clippers le show, le Thunder la fougue, et les Grizzlies la résistance. Quatre manières d’aborder le basket. Quatre visions qui se sont percutées jusqu’à l’usure, souvent sans bague à la clé (sauf pour les Spurs), mais toujours avec une intensité totale.
Ces duels ne sont pas ceux des Finales. Ils n’ont pas tous accouché de champions. Mais ils ont gravé leur place dans la mémoire des fans. Parce qu’au fond, ces séries-là ont raconté autre chose : la beauté du combat, même sans récompense ultime.