Michael Porter Junior. Incontestablement le prospect le plus mystérieux de cette classe de draft 2018. Absent toute la saison universitaire à cause d’une grave blessure au dos (détails plus bas), il intrigue énormément les scouts et les observateurs NBA pour une raison simple : il est incontestablement le meilleur joueur de la draft sur le poste qui domine la ligue à l’heure actuelle.
Il est parfois étrange, quand on regarde ce qui se dit sur l’intéressé dans la communauté NBA France, de constater que généralement elle ne sait pas vraiment pourquoi. Le jeu du téléphone arabe marche à fond avec ce prospect, dont on ne voit généralement que des résumés, des fiches draft, sur qui on a entendu des choses qui ne sont généralement rien d’autre que des ouï dire, etc..
Porter est ce joueur qui fascine parce qu’on en sait très peu sur lui si ce n’est que physiquement, il a tout pour devenir un nouveau membre de la caste qui domine actuellement la NBA. Un ailier aussi grand (2″08/2″10), aussi délié et aussi fin ne peut que faire penser à un prototype de Kevin Durant 2.0. Or comme à chaque fois qu’un prospect est comparé à un futur Hall of Famer, on entend/lit tout et n’importe quoi à son sujet.
J’ai donc voulu écrirer un article détaillé qui explique avec précision qui est ce joueur, quelles sont ses forces et faiblesses, quel préjudice peut lui porter sa blessure au dos à l’échelon supérieur, quelle franchise serait la plus à même de le faire exploser, etc.. En bref, une vraie synthèse, qui permette à nos lecteurs de vraiment pouvoir se faire un avis sur le bonhomme à base d’éléments factuels. Précisons cependant qu’il est ultra difficile de trouver des matchs entiers de High School, c’est même une galère sans nom.
Liminaire: L’influence des Playoffs sur la Draft: Le règne sans partage de l’élite du poste 3
Michael Porter Jr est-il surcôté ?
On peut légitimement se poser la question pour tous les prospects chaque année, mais la question se pose avec une particulière acuité dans le cas de Michael Porter Jr puisqu’il a la combinaison entre le physique et les skills qui caractérise les quelques joueurs qui écrasent actuellement la NBA: l’élite du poste 3.
Dans une NBA où la polyvalence est devenu l’atout ultime pour dominer, on constate que depuis quelques années, ce qui était à l’origine un duo d’ailier ultra polyvalents et ultra dominants est devenu une véritable caste dont la liste des membres ne cesse de s’allonger: LeBron James, Kevin Durant, Kawhi Leonard, Paul George, Giannis Antetokounmpo et maintenant (ou très bientôt pour les plus sceptiques) Ben Simmons et Jayson Tatum. Porter est-il le suivant ?
D’emblée rappelons de simples faits: LeBron est donc drafté en 2003, KD en 2007, George en 2010, Leonard en 2011, Giannis en 2013, Simmons en 2016 et Tatum en 2017. Autant vous dire que si ça ne court ni les rues ni les drafts.. Il y en a de plus en plus.
Le profil de Michael Porter Jr est de très loin le plus recherché en NBA actuellement: géant, ultra mobile, très délié, au potentiel offensif quasi infini, capable de se créer son tir et capable d’être efficace en isolation.
Avant de parler du joueur en lui-même, il faut évidemment parler de sa blessure. On commence avec la partie sponsorisée par Santé-Médecine.
1- Une blessure briseuse de carrière ?
Avant toute chose je me dois de remercier les 3 kinés, les 5 médecins du sport et le chirurgien qui ont bien voulu répondre à mes questions. Très peu d’informations ont filtré au niveau de sa blessure. Sa nature exacte est actuellement inconnue. De cet état de fait est sortie une foule d’hypothèses plus ou moins foireuses, aussi vais-je tenter d’apporter des éclairages sur le sujet.
La déduction la plus lue actuellement est que, vu qu’il se présente à la draft dès cette année, les séquelles seraient forcément importantes. En effet, s’il était totalement remis, que n’attendrait-il pas l’année prochaine pour revendiquer le statut de numéro 1 incontesté de la draft et faire taire tous ceux qui doutent de lui ?
Evidemment il est impossible de réfuter complètement cette analyse, pour la simple raison que l’on a pas son dossier médical et que l’on ne saurait réfuter une hypothèse.. par une autre hypothèse.
Toutefois le moins qu’on puisse dire est que cette théorie repose sur quasi rien: non seulement il n’est en aucun cas assuré d’être le numéro 1 de la draft 2019 où il subirait en prime la concurrence d’un autre gros prospect sur son poste, mais en plus ce n’est pas comme s’il était annoncé vers la 20e place. Une sélection dans le top 5-8 assure une sécurité financière pour plusieurs vies, ce qui est un élément absolument primordial dans le processus de décision de se présenter ou non à la draft.
Une précision importante s’impose: cet article ne prétend en aucun cas détenir la vérité. Au bout du compte seul l’avenir pourra dire ce qu’il en est. In fine, on ne peut que conclure que Michael Porter Jr est le genre de prospect qui fait passer le GM qui l’a drafté pour un génie si c’est une réussite ou pour un sombre abruti si c’est un échec.
On sait est qu’il a subi une microdisectomie lombaire au niveau des vertèbres L3-L4. Partant de là, nombreuses sont les suppositions à pouvoir être avancées et cet article ne prétend en aucun cas vous livrer une information sûre et certaine. Bien évidemment, l’on ne peut que faire des hypothèses et seuls les workouts privés qu’il fera avec les franchises intéressées pourront apporter des éléments de réponse. Pour autant, ce type d’opération reste un assez gros indice.
Crédit image: Veritas Health
Voici en images ce que vous avez entre chacune des vertèbres qui composent votre colonne vertébrale. Vous vous doutez bien (et si ce n’est pas le cas vous vous coucherez moins con ce soir) que les vertèbres en questions ne frottent pas les unes contre les autres os contre os au moindre mouvement. Si c’était le cas vous hurleriez à la mort au moindre mouvement.
Comme au niveau des genoux, la nature a prévu des disques, sortes de coussins protecteurs qui permettent à l’ensemble de bouger avec fluidité et surtout sans que les os ne frottent les uns contre les autres.
Ces disques sont composés d’un annulus fibrosus qui est composé de fibre de collagène de type I et II. Cet anneau entoure un nucleus qui est composé de tout un réseau de fibres qui flottent dans un gel fait de mucoprotéines (qui est constitué notamment avec du protéoglycane, pour les étudiants en médecine qui nous lisent).
Les fibres de l’annulus scellent le nucleus gélatineux et permettent de répartir la pression sur l’ensemble du disque. Les deux parties agissent comme deux cylindres concentriques: la partie extérieure a des extrémités cartilagineuses qui attachent le disque à la vertèbre en haut comme en bas.
On en arrive à ce que peut être la blessure de Michael Porter.
La piste la plus probable semble (malheureusement) une sciatique hernie discale.
Schéma: Institut parisien du dos, Pôle Rachis Bayonne
Le sport de haut niveau sollicite beaucoup les disques intervertébraux. Plus le disque est endommagé, plus il a tendance à s’écraser et donc à bouger vers là où il ne devrait pas.
Plutôt que de me perdre en explications sur de la technique pure, je vous renvoie à l’excellente interview parue sur SB Nation sur le sujet.
Sur les conséquences, les avis que j’ai sollicités sont partagés. Le seul point qui a fait l’unanimité entre tous ces spécialistes a été qu’il est pratiquement impossible de savoir précisément s’il reviendra à son meilleur niveau, pour la simple raison qu’il y a très peu de cas référencés pour des hommes de sa taille et de son âge et encore moins parmi des sportifs de haut niveau.
Le chirurgien a bien insisté sur le fait que l’opération en elle-même n’a que très peu de chances de laisser des séquelles directes: le risque est inférieur à 5% en moyenne. Autant vous dire que pour un athlète pareil qui a probablement eu parmi les meilleurs chirurgiens du pays, le risque est infime.
Peut-il revenir au top niveau ?
Les médecins du sport (dont un ostéopathe), m’ont d’abord précisé que tout dépend in fine de l’état du disque concerné: si les dommages sont déjà grands, il devra procéder à beaucoup d’adaptations sur son jeu et son rythme de travail pour ne pas se reblesser.
Le problème avec ce type de blessure est que s’il est possible d’en réduire les symptomes (les kinés ont évoqué des massages, du renforcement musculaire, il est impossible d’en supprimer la cause puisqu’une fois abîmé, le disque ne peut plus retrouver son aspect originel. La compression du nerf sciatique disparaît avec l’opération, mais les dégâts infligés demeurent.
La question la plus discutée à été celle d’une éventuelle rechute. Stricto sensu, c’est tout à fait possible. Pour autant, comme cela a été souligné par le chirurgien précité, si l’opération a été correctement réalisée, les risques sont acceptables.
Ma dernière question a été de leur demander pourquoi est-il en apparence si serein quant à la pérennité de son avenir sportif.
Outre l’hypothèse de l’écran de fumée (on parle quand même d’un contrat à presque 40M de dollars), la piste qui est le plus souvent revenue est que Michael Porter aurait subi non pas une simple microdiscectomie mais que tout le disque aurait été enlevé et remplacé par une prothèse… Affaire à suivre.
Parlons maintenant du joueur.
2- Qui est vraiment Michael Porter Jr ?
La comparaison avec Durant est tentante parce que tous deux sont des ailiers démesurément grands, très élancés, très doués techniquement.. mais il n’y a qu’un seul Durant. Là où le MVP 2014 possède une vraie science du jeu et une polyvalence qui n’est surpassée que par LeBron James, Michael Porter est encore extrêmement limité quand on le sort du scoring. Il n’est pas un grand playmaker et ce n’est pas que par égoïsme: c’est simplement qu’il ne comprend pas encore assez bien le jeu pour avoir ce type d’emprise sur lui.
Pour en finir sur la comparaison avec Durant, j’ajouterai qu’au même âge, le Finals MVP en titre était vraiment beaucoup, beaucoup plus fort. Il y a au bas mot 4 ou 5 classes d’écart entre Durant rookie et ce qu’est actuellement Porter Jr.
Je ne parlerai que brièvement de l’aspect défensif ici. Pour la simple raison qu’il est difficile de le juger sur le peu qu’on a vu à Missouri. Néanmoins, pour ce que j’ai pu en voir, il n’a pas levé le petit doigt de toute l’année quand il était à Nathan Hale. Vous me direz oui mais Simmons, Ball et cie c’était pareil. Oui mais non. Surtout pour Simmons. Il faut bien faire la différence entre un joueur qui ne fait rien parce qu’il a une flemme triple XL et un joueur qui ne fait rien parce qu’il ne sait absolument pas défendre. Porter Jr se situe dans la seconde catégorie. Il ne sait ni se placer ni anticiper et est très très souvent perdu. Je vous laisse imaginer le carnage sur le jeu en transition une fois en NBA.. Disons que les situations de crossmatching seraient hautement rémunératrices pour l’équipe adverse. Si on ne devait retenir qu’un défaut (peut-être le pire), c’est que les situations où il se retrouve en no man’s land sont presque plus fréquentes que celles où il est à peu près bien placé.
J’en viens à la question de son corps.
Un physique pas prêt ?
Michael Porter Jr est grand. Très très grand. Un ailier de 2m13 avec la mobilité d’un meneur d’1″75 et j’exagère à peine. Pour autant, très clairement, son corps n’est pas prêt. Du tout. Si vous avez pensé à Durant en lisant la première phrase oubliez de suite cette comparaison: KD était certes très fin à son arrivée dans la ligue mais beaucoup plus costaud et apte à encaisser. Suite à sa blessure il n’a évidemment pas pu se renforcer cette année, et ça risque de lui être vraiment très très préjudiciable lors de ses 2 premières années.
A mon sens c’est la raison majeure qui fait qu’il ne doit pas être titulaire d’entrée en NBA, car d’une part il sera plus simple de le cacher en le faisant défendre au maximum côté faible et d’autre part il pourra scorer plus facilement sur des défenseurs bien plus faibles.
La question de son physique est également un point où la comparaison avec Durant est une inanité: malgré ses 2″08 sous la toise, Porter Jr ne fait “que” 2″13 d’envergure, contre 2″25 pour le Slim Reaper.. ce qui est énorme.
La comparaison étant assez extrême, j’ai donc cherché les mensurations de l’élite du poste 3: LeBron James et Ben Simmons font 2″14, Durant 2″25, 2″21 pour Giannis et Leonard, et enfin 2″11 pour George et Tatum. Sachant que seuls Giannis et Durant font à peu près sa taille et que les autres lui rendent entre 5 et 10cm cela met en relief le fait que pour sa taille, son envergure est en réalité assez réduite.
Vraie machine à scorer ou simple croqueur ?
On a souvent lu/entendu que Michael Porter Jr est un authentique croqueur.
Ce propos est à nuancer car, malgré tout, il s’agit d’un énorme prospect, et au lycée personne ne lui a sans doute jamais rien dit car il ne fallait sous aucun prétexte risquer de contrarier la pépite locale pour ne pas risquer de le voir aller ailleurs.
Malgré tout, et je dois bien le reconnaître, à force de le regarder jouer, force est de constater que le garçon a une mentalité très “shoot first”, adore jouer en isolation et scorer, scorer et encore scorer. La différence entre le soliste hyper élégant et la machine à scorer ultra efficace est souvent là. Si je devais faire la comparaison je dirais qu’il a beaucoup plus la mentalité d’un Melo que d’un Durant, qui, très vite, a été dans une quête d’efficacité absolue.
Porter, lui, force très souvent des tirs improbables, avait cette habitude atroce de prendre des pull ups à 3 points complètement hors rythme… habitude à oublier de toute urgence s’il ne veut pas cirer le banc en NBA. Globalement, son QI basket est vraiment moyen, il n’a pas du tout la science des appuis
Sur sa qualité de shoot stricto sensu, j’ai trouvé presque autant de qualités que de défauts: d’un côté il relâche très haut son ballon, ce qui combiné à sa taille lui permet de shooter sur la tête de pratiquement tout le monde, l’alignement est bon, l’ensemble est très bon, très propre, mais d’un autre côté il force énormément sur sa sangle abdominale pour s’élever (appuis souvent très rapprochés), a un shoot très peu économique et finalement assez peu fluide.
Son shoot, dans son état actuel, ne lui permettra pas de devenir une superstar. Contrairement aux superstars qui se reposent sur leur qualité de tir (Durant, Curry, Thompson pour ne pas les citer) qui ont tous un 1 motion shot, Porter Jr a un 2 motion shot. Cela ne ne poserait pas de problème s’il s’agissait d’un joueur hyper athlétique type LeBron, Kobe, Ray Allen, etc. mais ce n’est pas le cas. Même s’il peut shooter sur la tête de beaucoup de monde, il met, par rapport à cette catégorie de joueurs, un temps considérable pour dégainer et cela peut être vraiment handicapant à l’étage supérieur même s’il a cette qualité rare de “tough shot maker”.
Le garçon a du shoot, là n’est pas la question: il peut sans problème fusiller son vis à vis les deux pieds collés au sol mais on est très loin du shooteur élite que peut être un Trae Young ou de la machine à scorer qu’était déjà Durant dès son arrivée en NBA.
Son handle est très bon, si son dos le laisse tranquille il pourra sans problème jouer en low stance face à des grands et les punir grâce à sa vitesse. Sa capacité à se créer de l’espace est très bonne mais il lui manque encore tous ces petits détails dans lesquels Durant, DeRozan et Melo époque Nuggets sont des références absolues à savoir le placement des appuis, les feintes, etc.
J’en termine avec la dernière caractéristique des poste 3 élite : tous savent jouer au poste et y être dominants d’une façon ou d’une autre.
Là aussi Porter risque d’avoir énormément de difficultés à scorer… Mais pour le coup cela devrait s’estomper avec le temps. S’il a toute la panoplie requise pour rentrer des fadeaways et réaliser des moves intéressants, il manque encore cruellement de puissance pour pouvoir réellement s’y imposer. C’est tout bête mais prenons l’exemple du maître en la matière, LeBron James. Sur les derniers playoffs, comment a-t-il fait pour rentrer des fadeaways aussi incroyables avec une telle régularité ? Outre l’aspect purement technique, c’est aussi parce qu’il est bien plus simple de réussir ce type de move quand on ne recule pas à chaque coup d’épaule.
Un mauvais slasher ?
Compliqué d’évaluer cet aspect du jeu offensif de Porter Jr vu sa blessure, mais, on a quand même un certain nombre d’éléments intéressants.
Dans l’ensemble, malgré un premier pas assez quelconque, ses finitions au cercle sont bonnes et il ne devrait pas avoir trop de problèmes de ce côté là. Par contre, gros point négatif : on sent qu’il n’aime pas vraiment le contact. Il faudra vraiment qu’il se fasse violence en NBA pour ne pas faire ce qu’a fait Paul George par exemple cette année, à savoir se reposer uniquement sur son tir et ne presque plus aller chercher ses points près du cercle ou sur la ligne. S’il fait ça la sanction sera très simple: George est un taureau, pas lui. S’il se prend des closeouts hyper agressifs à chaque fois qu’il touche la balle et qu’il ne peut pas les sanctionner avec une efficacité suffisante gare aux pourcentages en chute libre.
Malgré tout, une fois encore, s’il veut être performant en NBA il va vraiment falloir qu’il sculpte son corps pour pouvoir encaisser les impacts sans perdre sa mobilité.
Il ne s’agit en aucun cas d’un joueur type LeBron James capable de jouer tout un match en isolation (même s’il adore ça).
Quid de son playmaking ?
Clairement le gros point faible de son jeu. Tunnel vision en transition, ne comprend pas très bien le jeu, ne voit pas les lignes de passe, bref, il y a du boulot.
Là où cela peut être très problématique c’est que tous les poste 3 élite que j’ai cités précédemment ont cette faculté à voir les mouvements à l’opposés et à repérer très rapidement le coéquipier démarqué tout en jouant une séquence en isolation. Porter, lui, ne voit pas ce genre de choses. Rien que maîtriser le drive and kick/dish lui simplifierait énormément la vie.
J’en viens par conséquent à la question de comment l’optimiser au maximum.
Pour l’instant, vu qu’il est court voire très court physiquement et qu’il risque de s’en prendre plein la poire, je pense personnellement qu’il doit être utilisé dans un rôle de mismatch killer pour faire le maximum de dégâts aux bancs adverses. Pour cela j’évoquerai deux possibilités: l’une en tant qu’ailier et l’autre.. au poste de pivot. Vous voyez les séquences (assez rares j’en conviens mais très intéressantes) où Kevin Durant joue pivot et massacre le banc adverse ? Je pense que cette configuration est celle où il serait le plus efficace.
Je pense aussi qu’il vaut mieux éviter de tenter de le faire jouer comme Ben Simmons/LeBron James sur transition car il ne s’est pas encore montré suffisamment fiable pour exploiter ces situations. Mon autre hypothèse serait de lui donner exactement le même rôle que Jayson Tatum aux Celtics mais cela exige la présence sur le banc d’un coach suffisamment intelligent et souple d’esprit pour savoir s’adapter très vite.. chose que très peu de franchises possèdent.
Peut-il être day one starter ?
A mon sens, cette possibilité n’est ouverte que si et seulement si il revient à 100% de ses capacités. Et encore. Pas dans un premier temps à mon sens sauf vide intersidéral sur le poste. A ce moment là il faudrait le faire jouer dans une philosophie “pace and space” en prenant soin de couvrir défensivement avec un protecteur de cercle solide et un bon défenseur contre l’isolation pour limiter la casse au maximum de ce côté du ballon.
3- Quid de son futur en NBA ?
Avant toute analyse commençons par régler la question de sa potentielle destination.
A l’heure actuelle il paraît assez vraisemblable qu’il partira entre 3 et 7 voire 8 dans le pire des cas, sachant que dans cet intervalle là, les Hawks, Grizzlies, Mavericks, Bulls et le Magic ont tous comme problème majeur d’avoir un véritable désert au poste d’ailier. Si l’on affine un peu, vu que la classe de draft de cette année est très chargée en big mens, on en arrive vite à la conclusion que les destinations les plus probables sont Atlanta (désert complet), Memphis (pas d’ailier, Marc Gasol déjà établi au poste 5), Chicago (parce qu’ils ont déjà manifesté leur intérêt et parce qu’il est possible/probable que Mohamed Bamba soit pris plus haut) et Cleveland (départ probable de LeBron James). On pourrait voir Dallas le sélectionner mais il paraît quand même beaucoup plus vraisemblable de voir les Mavericks sélectionner un intérieur pour régler une partie de leurs problèmes défensifs plutôt qu’un joueur d’attaque supplémentaire qui ne permettrait pas d’équilibrer le roster. De la même manière, le manque le plus criant du Magic est de toute évidence le poste 1, d’où il suit que Michael Porter est une piste moins probable qu’un Trae Young par exemple.
Si l’on ne retient qu’Atlanta, Memphis, Chicago et Cleveland, on a 4 situations radicalement différentes: Atlanta est de très loin l’équipe la plus pauvre en talent de toute la NBA mais a recruté un très bon coach en Lloyd Pierce, très réputé dans la ligue pour le développement des prospects, ex assistant de Brett Brown à Philadelphie et que certains considèrent comme l’architecte de ce qui fut cette année la 3e meilleure défense de la ligue.
Comme je l’ai expliqué plus haut, Michael Porter a surtout besoin d’être coaché et bien coaché. A Atlanta en plus de cela il aurait beaucoup de temps pour se développer car la franchise n’aura aucune obligation de résultats avant au minimum 3 ans, ce qui est un énorme point positif vu que l’intéressé est un prospect qui aura besoin de pas mal de temps pour récupérer ses capacités et se développer pleinement.
A l’inverse, aux Grizzlies, il serait très attendu vu que la franchise espère jouer les playoffs et plus si affinités dès la saison prochaine après une saison de tanking d’opportunité. S’il ne trouvera aucun coach dans le Tennessee (non désolé, J-B Bickerstaff ne compte pas), il trouvera néanmoins beaucoup de vétérans qui pourront le guider et l’encadrer en Mike Conley, Marc Gasol, Tyreke Evans (s’il reste) et Mario “Top 10 meneur” Chalmers. Chose qu’il ne trouvera pas chez les Hawks. Personnellement je vois ce scénario comme étant très “high risk high reward” pour lui parce que si ça marche, il deviendra l’ailier All-Star que Memphis attendait depuis si longtemps. Si en revanche l’aventure devait mal tourner, il pourrait très bien se retrouver échangé dès l’été prochain.. A voir.
Quid de Chicago ? Les Bulls ont la particularité d’avoir l’obligation de couvrir Markkanen avec un pivot protecteur de cercle. Robin Lopez peut très bien faire l’affaire (il était même très bon avant d’être sorti de la rotation pour que le tanking fonctionne, merci les reverse stats), mais en dehors du fait qu’il ne soit plus tout jeune, il est assez loin d’avoir le potentiel d’un Bamba. On peut douter que les Bulls hésitent une seconde si jamais ils se retrouvent à choisir entre Porter et Bamba ou Jackson Jr.
Si d’aventure cela se produisait, il aurait du temps, l’association avec Markkanen pourrait être intéressante en jouant un small ball (certes pas très naturel) avec le finlandais en 4 et l’ex star de Missouri en 5 + des défenseurs extérieurs solides pour limiter la casse ou en jouant la carte du scoring à fond avec des LaVine et compagnie. Seul problème: le coach est mauvais, et rien que pour cela, j’ai peur de ce qu’il pourrait donner chez les Bulls, malgré la présence d’un excellent directeur du scouting en Ivica Dukan.
Mon analyse personnelle est que l’idéal pour lui serait de tomber chez les Mavericks, où il recevrait les conseils d’une véritable icône, une légende du jeu avec qui il ne serait pas en rivalité et qui pourrait clairement être un vrai mentor pour lui pendant au moins une année. Outre Dirk, les Mavs ont un coach référencé et respecté, un gros prospect en Dennis Smith Jr (qu’il connaît très bien pour l’avoir affronté sur pas mal de camps, celui de Stephen Curry notamment) et quelques joueurs intéressants comme Harrison Barnes, Yogi Ferrell, Seth Curry, JJ Barea et Wes Matthews. Chez eux il ne serait pas livré à lui-même, encadré et challengé en permanence. Néanmoins, comme je l’ai déjà expliqué, il est assez peu probable que les Mavericks le sélectionnent car il serait logique de leur part de sélectionner celui de Bamba ou de Jackson Jr qui n’aura pas encore été pris et qu’en dehors de ça Porter lui-même peut très bien être pris plus haut.
Voilà qui conclut ce dossier, rendez vous ce soir à 1h pour l’un des meilleurs moments de l’année ! Bonne soirée et bons matchs à tous !